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24 juin 2010 4 24 /06 /juin /2010 20:22

pour aschkel.info et lessakele

Benilou 

 

 

 


 

LES KURDES RECHAUFFENT LE FRONT TURC

Par Jacques Benillouche.

 

LES KURDES RECHAUFFENT LE FRONT TURC (2)ECOUTER ICI-copie-1

 

 



 

La coïncidence n’est jamais fortuite. La réactivation des actions militaires kurdes contre la Turquie coïncide avec le refroidissement des relations israélo-turques. Si les israéliens cherchaient à se venger d’Erdogan, ils ne trouveraient pas meilleur aubaine. A l’inverse de la CIA qui a déstabilisé certains pays par des opérations secrètes, le Mossad a toujours refusé de s’immiscer dans les affaires intérieures des Etats. Cependant il ne s’est pas privé de soutenir matériellement les groupes d’opposants et d’armer les militants nationalistes pour contrer ses ennemis.

 

Le Mossad et Öcalan

 

            L’idylle israélo-turque était au firmament lorsque le Mossad avait été accusé d’avoir participé à l’enlèvement d’Abdullah Öcalan, leader du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan), à Nairobi en 1998. Les israéliens avaient certes leurs raisons pour s’en prendre à celui qui les avait reniés alors qu’ils l’avaient soutenu matériellement et financièrement pendant de longues années. Les soupçons étaient tellement ciblés que le chef du Mossad de l’époque, Ephraïm Halévi, habitué d’ordinaire au silence et à la discrétion, avait tenu à faire sa mise au point : « il faut que cela soit clair pour vous, Israël n’a strictement rien à voir avec l’arrestation d’Öcalan » [1]. Il n’avait alors convaincu qu’à moitié son auditoire qui était persuadé qu’Israël ne pouvait rien refuser au grand allié musulman au point de vendre son âme en ne reconnaissant pas le génocide arménien. Dans son combat contre les rebelles, la Turquie avait largement bénéficié des services du renseignement israélien [2] puisque des satellites espions Ofeq-5 aidaient à la localisation des bases du PKK en Syrie et des sites possibles de déploiement de missiles S-300 sur le territoire chypriote.

            Face à l’opposition du Congrès américain, les israéliens avaient vendu des armes frappées d’embargo américain et européen et utilisées dans les opérations militaires turques contre le PKK au milieu des années 1990. Cependant, malgré la collaboration étroite entre les armées israéliennes et turques, le Mossad n’avait jamais négligé le potentiel de collecte d’informations et de déstabilisation que représentait la minorité kurde, non arabe, disséminée dans six pays du Moyen-Orient : Irak, Iran, Turquie, Syrie, Arménie et Russie. Elle avait été intégrée dans la stratégie de défense de Tsahal.

            Dès 1958, dans le cadre d’une alliance avec le Shah d’Iran, Israël avait armé et entrainé les kurdes du nord de l’Irak pour les aider dans leur lutte contre le gouvernement de Bagdad. Le soutien, limité à l’origine, devait se transformer, en 1963, en aide massive acheminée par l’intermédiaire de l’Iran et en envoi de conseillers techniques militaires. Les officiers kurdes reçurent directement dans les montagnes du Kurdistan des cours de formation dispensés par des officiers israéliens tandis que Téhéran abritait de nombreuses réunions avec les leaders kurdes.

 

Guerre de six-jours

 

            Des informations confidentielles, dévoilées récemment, précisent que les kurdes avaient monté une offensive contre l’Irak, en 1967 durant la Guerre de Six Jours, afin d’empêcher ce pays de participer activement à l’attaque des pays arabes contre Israël et de le contraindre à s’orienter vers d’autres frontières. En remerciement, l’Etat juif avait équipé les kurdes avec tout le matériel russe récupéré après la guerre sur les armées égyptienne et syrienne. Le leader Massoud Barzani a confirmé avoir reçu, pendant de nombreuses années, plusieurs millions de dollars de la part d’Israël pour financer sa révolte. Mais, le Shah ayant signé en 1975 un accord avec l’Irak sous l’égide d’Henri Kissinger [3], l’aide aux kurdes avait été stoppé car elle ne pouvait plus transiter par l’Iran.

            Les israéliens se sont alors résolus à abandonner leur soutien actif aux kurdes au profit du développement de leurs relations exclusives avec la Turquie. Ils avaient été déçus qu’Öcalan s’allie avec le Hezbollah et la Syrie dans sa stratégie de lutte contre son ennemi turc. Cette alliance, qui avait pour conséquence de s’opposer au gouvernement israélien, devait signer son arrêt de mort politique et transformer les kurdes en ennemis.

 

Fin du cessez-le-feu

 

            La quasi-rupture avec la Turquie semble réactiver les liens entre Israël et les kurdes qui se sont détachés du leader emprisonné du PKK. Israël n’a aucun intérêt à envenimer ses relations avec la Turquie qui hésite à rompre définitivement avec Israël malgré l’incident de la flottille. Des hauts dirigeants israéliens pointent l’importance stratégique de ce pays de l’OTAN dans le système offensif israélien et suggèrent de ménager cet allié musulman. Cependant Ankara considère Israël comme responsable des deux attaques simultanées intervenues le 31 mai contre des objectifs navals turcs. Un commando avait alors attaqué la base navale d’Iskenderun, à la frontière syrienne, entrainant la mort de sept soldats turcs tandis que, simultanément, le navire turc Marmara de la flottille subissait l’assaut des commandos israéliens.

            Erdogan veut voir, dans ce réchauffement du front kurde, la main manifeste des israéliens dans une tentative de déstabiliser son régime. L’attaque de la base militaire a certes été exécutée par le PKK qui l’a d’ailleurs revendiquée mais les autorités turques soupçonnent Israël de l’avoir suscitée car il n’est pas dans les habitudes des rebelles de quitter leurs repaires montagneux pour attaquer des cibles navales. Un groupe séparatiste kurde a confirmé le 22 juin son attaque à Istanbul d'un autobus transportant du personnel militaire et leurs familles au cours de laquelle cinq morts ont été dénombrés, dont la fille d'un officier turc.

            Les autorités turques pointent du doigt Israël puisque le vice-président de l’AKP, Hüseyin Celik trouvait « une coïncidence » dans ces actions tandis que le chef de l’opposition, Kemal Kiliçdaroğlu, estimait « cette concomitance significative » après l’annonce officielle par les kurdes, le 4 juin, de la fin du cessez-le-feu. Ces derniers semblent vouloir exploiter la situation nouvelle pour se rappeler au bon souvenir des israéliens dont ils attendent un armement de haute technologie puisqu’Ahmed Denis, responsable des relations extérieures, réfugié dans les montagnes de Qandil, au nord de l’Irak a confirmé que « le cessez-le-feu unilatéral avec la Turquie avait pris fin ». Il prend prétexte de l’arrestation en une année de 1500 membres du PKK et du nouvel accord irano-turc assimilé à une «coopération en matière militaire et de renseignements pour anéantir le peuple kurde et sa juste cause ». La pendaison de cinq militants kurdes le 9 mai par l’Iran vient en appui à son argumentation confirmant la volonté iranienne de donner des gages par une politique de répression.

 

Attaques et représailles

 

            Le revirement vis-à-vis du PKK de Massoud Barzani [4], président de la région autonome du Kurdistan irakien, reste une inconnue car, en visite à Ankara, il a estimé que : «nous sommes opposés à la poursuite de la violence. Nous ne considérons pas la sécurité de la Turquie séparément de la nôtre ». Mais le PKK ne l’entend pas ainsi et veut intensifier ses attaques contre les turcs, sous le regard discret et bienveillant d’Israël. Ces attaques sanglantes ont bien sûr entrainé des représailles sous forme d’une incursion dans le nord de l'Irak, dans la nuit du 20 juin, entrainant la mort de quatre rebelles kurdes. Il semble à présent que le cycle, attaques et représailles, est enclenché pour les semaines à venir. 

            Cette réactivation du front kurde n’est pas pour déplaire à Israël. Certains l’accusent même de fomenter en sous-main ces troubles pour faire comprendre aux turcs qu’ils avaient beaucoup à perdre de leur changement d’alliance. Pour résister à cette nouvelle flambée de violence, l’armée turque réclame de nouveaux armements et cette nécessité d’approvisionnements explique en partie la modération du gouvernement turc. Elle vient de recevoir six drones israéliens mais la formation du personnel ne s’effectuera que durant les prochaines deux semaines à Tel-Aviv et Jérusalem. Une délégation vient en effet d’arriver pour tester les drones Heron et se familiariser à la maintenance de ces nouveaux matériels dont l’exploitation intense et efficace nécessitera encore plusieurs semaines.

            Cependant Benjamin Netanyahou a accepté d’honorer sa signature sur la livraison de drones prévue de longue date mais, par mesure de rétorsion, il a refusé une nouvelle commande adressée par Tayyip Erdogan pour la fourniture de systèmes de missiles israéliens, de roquettes antichars « Spike »,de missiles « Barak-8 » pour la marine et de blindés « Namer »pour le transport de troupes. Tous ces matériels sont exigés par les militaires pour faire face au front kurde s’ils veulent maintenir l’efficacité et la domination  d’une armée habituée sur le terrain aux armements et aux conseillers militaires israéliens alors que les échanges d’informations militaires satellitaires ont été suspendus. La capacité de nuisance des kurdes pourrait conforter les israéliens dans leur conviction que leurs anciens alliés souffriront beaucoup plus qu’eux du revirement politique qu’ils ont décidé. Benjamin Netanyahou est ainsi conforté dans la justesse de sa stratégie d’adopter une attitude ferme face aux dirigeants turcs.

 

 

[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Abdullah_Öcalan

 

[2] http://www.thirdworldtraveler.com/New_World_Order/PowerBloc_TurkeyIsrael.html

 

[3] http://www.monde-diplomatique.fr/2003/04/A/10101

 

[4] http://fr.euronews.net/2010/06/04/barzani-a-ankara-le-kurdistan-irakien-veut-participer-a-la-lutte-contre-le-pkk/

 

 

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