Netanyahou oublie systématiquement ses électeurs dès qu’il prend le pouvoir. Outre l’illustration par excellence de la Mishna mettant en garde contre le pouvoir qui se montre concerné par le peuple uniquement lorsqu’il a besoin de lui pour l’abandonner juste après, il a la dangereuse particularité de se prendre pour le bras exécutif du président des Etats-Unis en poste. Son aisance en anglais n’arrange pas les choses, il se sent chez eux vraiment chez lui, et il a alors l’impression naturelle d’être un gouverneur américain nommé par eux en Palestine. Convaincu que c’est là son véritable rôle, il est sincèrement désolé de n’avoir pas le choix et d’être contraint d’appliquer les décisions de ses patrons, Clinton ou Obama,
La réaction de l’opinion, qui commence à le connaître, ne se fait pas attendre, et les yeux se dirigent vers la Maison Blanche, très attentifs aux positions du président américain, bien sûr. La servilité de Netanyahou annule de facto l’indépendance du peuple juif et le rend presque aussi vulnérable que lors des trop nombreuses tribulations de son exil. Je dis bien presque, car en cas de danger d’extermination totale, Israël ne se fie plus à personne et sait se servir de ses armes.
Or, non seulement l’emploi par Israël de ses armes répond à un danger quasi mortel pour l’ensemble de la population comme à la veille de la guerre des Six Jours, par exemple, ou pendant la guerre de Kippour, trop longtemps après son déclenchement, mais ses dirigeants restent bien trop naïfs ou confiants quand le danger reste limité, même lorsque qu’il tue des milliers de personnes et en mutile des dizaines de milliers d’autres, comme les accords de Gaza et Jéricho d’abord ou d’Oslo.
Un autre symptôme du renoncement à l’indépendance consiste dans les prétendues garanties sécuritaires promises par l’Amérique dans toutes sortes d’actions inconsidérées et irresponsables comme l’établissement d’un Judenrein islamique à Gaza, à la suite duquel Israël a dû se battre seul contre des ennemis acharnés qui les bombardaient jusqu’à Ashdod et Beer-Shev’a. Il s’est de surcroît retrouvé seul dans l’arène internationale, les E-U n’ayant pas daigné imposer leur véto dans l’affaire Goldstone. Quoi qu’il en soit, les Américains ont déjà beaucoup de mal à faire avancer leurs propres intérêts en Irak ou en Afghanistan, ce qui rend encore plus improbable tout engagement aux côtés d’Israël.
Là encore, les mêmes E-U se porteraient garants au cas où la situation se renverserait, quand ils demandent à Netanyahou de geler la construction, préambule à une nouvelle expulsion des Juifs et à un énième Etat arabe palestinien, le dernier en date occupant actuellement la région côtière de Gaza. Nul n’est besoin d’être prophète pour s’imaginer l’ampleur des futurs bombardements. Une simple ébauche de raisonnement par a fortiori suffit.
Et, de la même façon, l’implication du défenseur américain se bornera peut-être a empêché l’adoption de la prochaine résolution-accusation onusienne, au cas où Israël parviendrait à reprendre la Judée et à mettre une raclée à la prochaine « entité hostile » offerte par le gouvernement au grand cœur envers les autres et à la matraque facile envers les siens. Dans le cas contraire, l’implication américaine pourrait consister à la fondation d’un nouveau mémorial avec gerbes de fleurs. Le ministère de l’Intérieur aura peut-être le temps – à moins que ce ne soit déjà fait – de transmettre les noms des citoyens israéliens afin qu’ils soient inscrits dans le futur mémorial.
Compter sur l’aide des autres n’a jamais été salutaire pour les Juifs. En Hongrie, la déportation a commencé une semaine après le débarquement américain, les Britanniques contrôlaient le ciel jusqu’aux Carpates, mais pas une bombe n’a été larguée sur le fameux pont, seul passage ferroviaire pour les trains de la mort. Le talmud le dit: « On ne peut pas faire confiance aux Nations » (אין אמונה בגוים). N’essayons pas d’être plus sages que le Talmud. L’idée mère du sionisme politique est d’avoir ce principe en tête et de ne compter sur personne.
Or, les dirigeants renoncent non seulement à cette conscience mais aussi à l’indépendance, laissant s’ingérer les Américains qui ont commencé par en voyer leurs propres inspecteurs sillonner le pays de Sion pour dénoncer les Juifs qui construisent, avant que le ministre Barak (Ehoud) ne prenne le relai.
Plus le Juif courbent n’échine, plus l’appétit des Nations grandit. Il ya deux semaines, Netanyahou a proclamé la reddition et la soumission de son gouvernement aux exigences américaines, en interdisant aux Juifs de construire dans l’ensemble des territoires de Juda et d’Ephraïm, les contraignant dans un premier temps à la promiscuité, et à vivre entassés dans des habitations de plus en plus étroites. (Les « dix mois » qui paraissent atténuer le décret n’ont pas d’importance, qui prête foi aux paroles d’un homme qui se dédit si facilement de toutes ses promesses?)
Cette mesure raciste et discriminatoire a été accueillie avec la plus grande satisfaction dans le monde « libre ». Ça faisait longtemps qu’on n’avait plus vu appliquer de pareils décrets. A quand remonte, en effet, la dernière fois que des Juifs travaillant avec toutes les patentes et les autorisations requises, ont été d’un seul coup empêchés de travailler par un pouvoir émettant un décret éclair, et employant la force pour refouler leur indignation ? Comme cet entrepreneur consciencieux de la ville d’Ariel, en Samarie, dont les clients, qui avaient déjà réglé la plus grande partie des frais, attendaient la livraison de leur appartement ?
Il est vrai qu’un autre ministre, fort apprécié par tous ceux qui veulent freiner le retour d’Israël sur sa terre, Barak, n’hésite pas à frapper sur d’autres Juifs pour faire appliquer par la répression et la terreur le décret antisémite du président américain.
Le résultat ne s’est pas fait attendre: sommet de vingt-sept pays pour discuter du statut de Jérusalem. Mais comment peuvent-ils discuter du statut d’une ville souveraine? Tout simplement en comprenant le renoncement à cette souveraineté qu’exprime notre servile Premier ministre.
Même Olmert, avec ses coups mortels, avait tenu tête au « grand méchant blanc » Bush et lui avait fait comprendre qu’il ne pouvait empêcher le développement de la ville de Ma’alé Adoumim. Toute soumission est le préambule à la soumission suivante. Encore une fois, nul besoin d’être devin pour comprendre que revenir aux frontières de 67 inviterait des pressions en vue du retour aux frontières de 48, puis de 47, puis de 42.
Mais cette attitude sinon peureuse de presque tous les gouvernements israéliens des trois dernières décennies, de gauche ou de droite, élus pour défendre les droits légitimes du peuple d’Israël sur sa terre, ou se déclarant alternativement partants pour des concessions douloureuses aux résultats encore plus douloureux, est irrationnelle: au lieu d’adopter une position sans équivoque, qui obligerait les nations à accepter la réalité sur le terrain et qui désarmerait leur animosité, ces tractations hésitantes semblent destinées à éveiller leur colère et à les provoquer, comme pour inviter de leur part l’offensive. Est-ce de cette manière que se réaliseront les textes prophétiques que chacun pourra lire lui-même dans le Livre du peuple du même nom, que d’aucuns appellent la fin des temps, et que je n’ai pas besoin de citer ici ?
[Mercredi 09/12/2009 19:51]