Merci Alain
pour aschkel.info et lessakele
Le 27 juin 2010
Al’attention Sharan BURROW Présidente de la Confédération Syndicale Internationale
Copie à Guy RYDER Secrétaire général
Copie à Avital Shapira-Shabirow- Histadruth- Tel Aviv Israël
Copie à l’association des Nouveaux amis de la Histadruth
Pour information à la coalition syndicale TULIP
Objet : antisémitisme « syndical » concentré
Mesdames et messieurs
Madame le Président de la CSI
Ayant appris certain vote et le climat d’hostilité haineuse qui a entouré la représentante de la Histadrouth lors du dernier congrès de la CSI, climat d’hallali c’est ainsi qu’on peut le qualifier, je me suis demandé si je pouvais encore vous appeler camarades.
En effet, en tant que Juif, -syndiqué depuis le printemps de 1963, en tant que militant ayant pris la parole devant deux à trois mille ouvriers métallurgistes de la Régie Renault de l’usine de Billancourt le 16 mai 1968, pour les appeler à rejoindre la grève générale qui avait commencé l’avant-veille à Nantes-Bouguenais à l’usine aéronautique qui fabrique aujourd’hui les airbus, en tant qu’exclu de la CGT colonisée et politisée par le stalinisme, parce que m’opposant publiquement aux effets de l’accord Moscou-de Gaulle qui passait par la dislocation de la plus grande grève ouvrière de l’histoire alors que j’étais convaincu qu’elle pouvait permettre d’obtenir plus que ce que l’on a appelé les « accords de Grenelle »-, je suis frappé de stupeur par le vote du congrès de Vancouver.
Comment est-il possible qu’un congrès syndical adopte une position purement politique, basée sur une position partisane et partiale, fondée par ailleurs sur une méconnaissance ou un refus absolu de connaître la situation réelle pour dire autre chose que ce qui est et s’est produit?
Est-ce que, comme ici en France, le congrès de Vancouver condamne Israël parce qu’il à riposté à une de ces actions prétextant un blocus alimentaire et médical inexistant pour chercher à « forcer le blocus » ? Ces actions anti « blocus » ont un objectif : rendre au Hamas et à Téhéran du putschiste Ahmadinejad la maîtrise d’échanges maritimes entre Gaza et Téhéran ; échanges dont vous savez tous qu’ils n’ont pas de buts humanitaires ; échanges dont vous savez tous qu’ils ont pour but de réaliser : au sud-ouest, avec Hamas et Gaza, ce qui a été réalisé au sud du Liban avec Hezbollah et ses fortifications équipées de missiles et bourrées de matériels de guerre.
Ici, en France, dans les médias et les partis, sans s’interroger sur la réalité du prétendu blocus qu’il faudrait forcer, on a qualifiée l’action d’Israël de « raid » contre une flottille « humanitaire ». Il s’agissait, vous ne pouvez l’ignorer, d’un guet-apens organisé méticuleusement, un guet-apens préparé soigneusement par une organisation djihadiste turque (l’IHH) dont trois des membres, -qui ont été parmi les trois citoyens turcs tués,- avaient fait savoir, avant de se s’embarquer sur le Marmara, qu’ils s’en allaient y chercher une mort glorieuse. La flottille n’avait d’humanitaire que le nom.
Guet-apens destiné, pour eux, à trouver le « martyre » en luttant physiquement contre les « yahoud » qu’on allait « jeter par-dessus bord ».
Guet-apens que votre congrès a refusé de voir, alors que les médias turcs ont montré, à des millions d’exemplaires, ces quelques hommes bien décidés à en découdre, qui se sont filmés eux-mêmes pendant qu’ils se préparaient et se motivaient pour ce traquenard sanglant « à la gloire d’Allah » !
Les médias turcs n’ont pas fait comme l’agence Reuters. L’agence de presse a préféré ne pas montrer le poignard dans la main d’un des candidats « Shahid », pendant qu’il participait au lynchage d’un soldat israélien. Au contraire, les médias turcs ont dit et montré ce que le congrès de Vancouver n’a ni dit ni montré quand il a discuté de ce « raid », ce qu’il a refusé de dire et de montrer pour mieux accabler et accuser Israël, en laissant cyniquement le représentant de la FGTB et celui de la COSATU proférer des contre- vérités énormes et grossières aux fins de couvrir les agissements du Hamas et ceux de ses auxiliaires ou alliés…
Les délégués au congrès de Vancouver sont-ils restés tellement isolés qu’ils n’ont rien su des préparatifs de djihadistes turcs et des actes, filmés par eux-mêmes, de ces hommes de « l’humanitaire » IHH, hommes décidés au combat, qui se sont organisés pour « jeter à la mer les yahoud » (les inspecteurs israéliens), quand ils viendraient vérifier le contenu du bateau et le faire accoster à Ashdod pour y transférer à Gaza, par route, ce qui serait effectivement aide humanitaire dans les cales du vaisseau.
Monsieur le Président, aucun des délégués du congrès de Vancouver n’a-t-il vu ni entendu ces clameurs haineuses, ces vociférations contre les « yahoud », ponctuant les diatribes du chef du commando « humanitaire » de guerriers : « takfir ! Takfir !! Takfir !!! »
Autre réalité, manifestement ignorée ou cachée aux délégués à ce dernier congrès : les vivres et les médicaments débarqués ont été transférés à Gaza, pour tout ce qui était vivres et médicaments, et même ciment et autres matériels destinés à des ONG pour des activités strictement civiles vérifiables. Vous savez très certainement que le Hamas a refusé les vivres et les médicaments convoyées par le Marmara ? Soulignons qu’une partie était périmée ; mais cela justifie-t-il un refus qui laisse à penser que : soit les habitants de Gaza n’en avaient pas besoin, soit Hamas cherche à faire souffrir la population de Gaza… Enfin, c’est ce que l’on appelle, on le voit, un convoi humanitaire dont le contenu était impatiemment attendu...
Certains délégués ont osé accuser Israël d’organiser un embargo criminel privant de tout la population et transformant Gaza en nouveau ghetto de Varsovie.
Quel cynisme et quelle indécence ? Quelle impudence grossière ?!
On dit souvent, paraphrasant Marx, que l’histoire ne se répète pas mais qu’elle bégaye. Je ne sais comment qualifier les procédés diffamatoires employés aujourd’hui contre les Juifs et leur état national. Comme leurs prédécesseurs, ils sont bâti sur la répétition jusqu’à la nausée des plus impudents et grotesques mensonges. Les arguments employés devant le congrès de la CSI illustrent bien le fait.
Ils reprennent sous forme à peine modifiée les procédés consistant à accuser les Juifs de tuer quelques chrétiens pour confectionner les matzot de la Pâque juive (Pessah). Le but reste le même. Dans le passé, on inventait des meurtres rituels pour justifier un pogrome et/ou l’expulsion d’un pays. Aujourd’hui, avec l’appui d’un congrès syndical, on invente un blocus inhumain, un blocus alimentaire et médical, et on prépare en riposte une sorte de pogrome moral, accompagné de violences, comme la manifestation du dimanche 27 juin à Paris, ou de lynchages intellectuels, comme on en a jamais connus, le tout destiné à obtenir une expulsion de Juifs, ceux d’Israël, qui n’a eu de précédent que les déportations, loin dans les provinces de l’empire romain, de ceux des hommes juifs n’ayant pas péri dans les combats consécutifs aux révoltes de 67-70 et 130-135 contre l’empire romain puis à celle de 501 contre l’empire Byzantin.
Question à ceux qui ont, devant vous, osé comparer Gaza au ghetto de Varsovie : est-ce que chaque Juif enfermé de 1940 à 1943*2 dans la petite portion de Varsovie, prévue pour une vingtaine de mille d’êtres humains mais qui en a contenu presque un demi-million pendant deux ans et demi, disposera alors d’une demi tonne de fruits et légumes par an (depuis le nourrisson jusqu’au moribond) ? 500 kilos de fruits et légumes en 2009, c’est la moyenne, par personne, des livraisons à Gaza par camions conduits par des camionneurs, souvent adhérents à la Histadrouth. Ultérieurement, -si vous le souhaitez et êtes désireux de mieux cerner le problème de savoir s’il y a ou s’il n’y a pas de blocus alimentaire et médical à Gaza-, je vous communiquerai des chiffres plus précis, que manifestement vous ne connaissez pas. Si vous les connaissiez et ayez voté cette motion, cela voudrait dire que le congrès aurait mentir grossièrement et sciemment aux syndiqués des pays représentés afin de justifier un énorme mensonge antisémite dans la tradition du tribunal militaire qui condamna Dreyfus bien que le sachant innocent des faits reprochés. Cela, je ne veux pas le penser.
Vous qui présidez la CSI, avez- vous hurlé avec les loups ?
Peut-être avez-vous rajouté quelque détail « réaliste » au concert du mensonge ?
Je veux croire que non.
En tout cas, c’est certain, le congrès a voté une résolution mensongère de A à Z.
Mensongère, il n’y a pas d’autre mot pour qualifier cette résolution.
Parlons embargo, puisqu’il en a été question.
Ø Embargo alimentaire de Gaza ? en 2009, et pour le premier trimestre de 2010 (chiffres connus), les livraisons à Gaza (fruits et légumes), via Israël, représentent, je l’ai dit, une demi tonne par an et par habitant de Gaza (moyenne établie en prenant en compte tous les habitants, du nouveau né jusqu’au moribond). L’accusation d’embargo alimentaire est donc un pur mensonge. Pourtant, vous faite comme si ce mensonge n’en est pas un. Le congrès a fait comme si la population de Gaza subissait un embargo de fer, un embargo alimentaire et médical impitoyable.
Ø Embargo en matière médicale, en matière de produits et soins médicaux ? 44500 habitants de Gaza ont été vaccinés sur leur demande contre le virus H1N1, dans un hôpital israélien. Embargo médical ? Ces derniers jours, des matériels médicaux sophistiqués sont passés par Ashdod jusqu’à Gaza. Mensonge pur et simple, que l’embargo médical, et vous le savez. Pourtant, vous avez voté et peut-être avez-vous soutenu l’infâme accusation ; vous avez peut-être même applaudi la proposition COSATU-FGTB visant à exclure la Histadrouth?
Monsieur le Président, je me réjouirai que vous n’ayez pas souscrit à des mensonges qui ont transformé le dernier congrès de la CSI en tribunal, en tribunal à charge exclusivement, à la manière du tribunal militaire qui avait décidé depuis le début qu’il condamnerait coûte que coûte l’officier Juif Dreyfus, même sans preuve et si nécessaire en utilisant des preuves fabriquées si cela devait s’avérer indispensable pour obtenir la condamnation.
Monsieur le Président, le congrès a-t-il condamné Israël à laisser agir librement contre lui le régime Ahmadinejad ? Vous ne pouvez ignorer qui est Ahmadinejad ? C’est un dictateur qui a spolié le peuple iranien des résultats de son vote de juin 2009 et le réprime par les armes, par la prison et par les potences. Le congrès a-t-il condamné Israël à laisser les Pasdarans fusilleurs de manifestants, les Pasdarans geôliers de plusieurs dirigeants syndicalistes iraniens*1, installer à Gaza des équipements de guerre destinés à compléter ceux installés et fortifiés au sud-Liban au nez et à la barbe des carabiniers de la FINUL ? Est-ce cela le vote du congrès ? Si c’était le cas, les délégués auraient été manipulés et instrumentalisés par des bateleurs politiques, par des menteurs professionnels parlant « d’embargo alimentaire et médical » n’existant que dans leur imagination haineuse, dans leur propagande, que pour empêcher la légitime défense de gens (Israël) qui sont face à d’autres qui ne cachent pas qu’ils n’ont qu’un but et un seul : les égorger, quoi qu’ils disent ou fassent, en les écrasant dés que possible sous les missiles et, pour ce qui concerne Ahmadinejad, en les « vitrifiant » à l’arme atomique !
Une dernière question et un commentaire, monsieur le Président.
Ce qui étonne et scandalise, ce qui étonnera et scandalisera tout syndicaliste n’étant pas mu pas des considérations de stratégie de parti, c’est que : on assiste, d’un côté à ce déferlement irrationnel, à ces exagérations du type « la sardine a bloqué l’entrée du port de Marseille », à ces mensonges impudents, tandis que les mêmes stratégies de parti, s’enveloppant dans la tunique de la vertu et de la compassion pour des souffrances alimentaires et médicales (imaginaires ou artificiellement provoquées par la dictature du Hamas) des habitants de Gaza, incitent à ce motif mensonger un congrès syndical à prendre une position politique, et qu’en même temps, les mêmes s’accommodent des persécutions contre les syndicalistes iraniens et ne réclament pas leur liberté immédiate. Pourtant défendre un responsable syndical emprisonné, c’est un devoir syndical de base. Ce n’est pas une prise de position politique partisane. Le congrès de la CSI devait réclamer la libération du Président du syndicat des travailleurs des transports en Iran. L’aurait-il fait sans que l’on en sache rien ?
Ce qui étonne et scandalise, c’est qu’un congrès syndical soit transformé en tribunal politique d’inquisition, au mépris des fondements statutaires d’un certain nombre de confédérations représentées, et que dans le même temps il s’accommode ou choisisse :
- d’ignorer l’écrasement des Darfouri et la situation des femmes et des enfants des camps de réfugiés du Darfour et du Tchad régulièrement victimes d’incursions meurtrières des cavaliers Jenjawid,
- qu’il n’ait pas un mot, ni pour les Kurdes de Turquie, toujours foulés aux pieds quand à leur droits nationaux élémentaires, ni pour ceux d’Irak régulièrement victimes d’attaques meurtrières des amis irakiens des « humanitaires » du navire Marmara,
- qu’il fasse comme si il ne connaissait pas la situation des Pakistanais Hammadides, musulmans pacifistes qualifiés d’hérétiques » en 1978 (par l’OCI) ; 112 d’entre eux ont été tués il y a deux semaines (100 assassinés dans leur mosquée de Lahore pendant la prière du vendredi, et douze survivants exécutés dans leur lit d’hôpital par des amis « idéologiques » des « humanitaires » turcs qui ont utilisé la flottille comme char d’assaut). Vous ignoriez cette situation ? Avec les critères opposés à la Histadrouth, on devrait demander légitimement, et plutôt mille fois qu’une, ce que font les responsables des organisations syndicales du Pakistan face à ces massacres de gens pacifiques?
Ce qui étonne, scandalise, étonnera et scandalisera, provoquant des remous, c’est qu’un tel vote, purement politique, invoque un embargo imaginaire pour dénoncer le droit d’Israël à exister et à se défendre, s’assortisse de la mise au pilori de la Histadrouth, quand le même congrès ne s’intéresse pas non plus aux nouvelles persécutions dont sont victimes de la part du tyran sanguinaire et putschiste iranien, les pacifiques iraniens Bahaï, jetés en prison avec pour toute perspective… la potence. Il n’y a qu’un lieu dans la région où il en aille autrement, où les Bahaï peuvent se mouvoir et croire librement et en sécurité, c’est en Israël. Sur le flan de la colline de Haïfa on trouve en effet leur centre mondial au grand dam du président putschiste, knouteur et pendeur, le sinistre Ahmadinejad!
Ce qui rend plus perplexe, ce sont les exigences et les menaces d’exclusion envers la Histadrouth, et les motifs invoqués par nos fanatiques « syndicalistes ».
Si la Histadrouth ne s’oppose pas ouvertement au gouvernement israélien, si elle ne le condamne pas, si elle n’obtient pas de résultat… Alors, il faudra l’exclure de la CSI.
Où est la bonne foi chez les représentant COSATU et FGTB ? Si on suit leur logique, il faudrait exclure de la CSI pas loin de la moitié des organisations adhérentes, en commençant par la COSATU elle même, les organisations de Namibie, d’Algérie, de Libye, de Syrie, du Pakistan, de Ceylan, du Congo et du zaïre, d’Indonésie*3, d’Egypte*4, de Turquie et de beaucoup d’autres pays. Mais peut-être qu’à la CSI règne, en 2010, le système dénoncé par la fable « les animaux malades de la peste », et qu’on n’exigera jamais d’aucun syndicat ce que l’on posera comme une condition impérieuse quand il s’agira de la Histadruth, même si le motif invoqué est imaginaire?
Alain Rubin
*1 Question : au printemps 2009, la ligue des droits de l’homme iranienne a informé l’opinion internationale pour qu’elle vienne en aide au peuple iranien. L’association dénonçait un régime sanglant qui pendant les trois premiers mois de la même année a envoyé à la potence, au cours d’exécutions publiques, plusieurs centaines d’iraniens, -dont deux adolescents de moins de 17 ans coupables du crime de relations amoureuses homosexuelles. Elle alertait l’opinion, ses médias et ses organisations. Au cours de la conférence de presse j’ai demandé ce qu’il en était du mouvement syndical. Ignorez-vous l’information qui fut donnée par la réponse que m’a faite le représentant de la Ligue des droits de l’homme en Iran ? Malgré la dictature fasciste, le mouvement ouvrier se reconstruit. De ce point de vue, le fascisme khomeyniste se trouve dans une situation analogue à celle du franquisme à la fin de la décennie soixante et au début de la décennie soixante-dix. Il ne peut plus interdire ouvertement les syndicats. Sa réponse est effectivement de type « franquiste ». Ne pouvant dissoudre les syndicats il s’en prend individuellement aux militants et responsables. C’est ainsi que j’ai alors appris ce que vous ne pouvez ignorer : le président du syndicat des travailleurs iraniens des transports croupissait en prison, dans un état de santé laissant craindre pour sa vie. Le congrès de la CSI, si sourcilleux, lorsqu’il s’agit d’Israël, voyant un embargo humanitaire quand il n’existe qu’un contrôle concernant l’armement, le congrès a-t-il demandé la liberté immédiate pour le Président du syndicat des transports des travailleurs d’Iran ? Oui ? Non ? Si non, pourquoi ne l’a-t-il pas fait ?
*2 Après l’effondrement militaire de la Pologne à l’été 40, cette dernière n’ayant pu qu’opposer des lanciers à cheval à des chars panzer, Varsovie a été déclarée ville ouverte et bombardée par la Luftwaffe. Les premières décisions des autorités d’occupation allemandes ont eu immédiatement trait aux Juifs. Très rapidement, elles ont expulsé les Polonais de certaines parties de la ville pour y entasser à leur place les Juifs de Varsovie, soit plus de trois cent mille personnes et pour y faire venir les Juifs de bourgades Juives de la Silésie intégrée au Reich, puis pour y transférer des milliers de Juifs d’Allemagne. L’enfermement derrière les murs du nouveau ghetto va durer jusqu’à l’anéantissement total (actions de déportations quasi-quotidiennes vers la chambre à gaz de Treblinka de l’été 42, liquidation totale des quelques dizaines de milliers de survivants d’avril-mai 1943). Pendant la période d’enfermement, aucun organisme international n’a assuré aux Juifs de Varsovie des livraisons quotidiennes de fruits et légumes représentant une demi- tonne par personne, ni même seulement quelques kilos par famille. Les Juifs ne pouvaient aller se faire soigner ou vacciner en dehors du ghetto dans les structures sanitaires allemandes. Toute activité sociale et religieuse était interdite, même l’école. L’orphelinat de Janusz Korczak est une des rares exceptions. Le 5 août 1942, la gestapo mettra fin à cette exception. Les quelques dizaines d’enfants abandonnés qui n’avaient plus personne d’autre pour s’occuper d’eux que le docteur Korczak devront se rendre à l’umschlagplatz pour y être enfermés dans un wagon à bestiau, direction le chemin noir de Treblinka. Concentrés à presque un demi-million sur un espace et dans des logements populaires polonais déjà exigus pour loger vingt mille personnes, les Juifs du ghetto, au sort duquel on entend comparer Gaza, vivront la faim au ventre, chaque instant de ces deux ans et demi. Après la liquidation, il ne restera en 1945 que quelques dizaines de survivants, ceux des Juifs du ghetto ayant pu fuir et s’orienter dans le dédale des égouts et après qui eurent la chance d’échapper à ceux des Polonais qui essayaient de gagner quelques zlotys en faisant chanter les survivants ou en les dénonçant directement. Ce qu’a vécu le ghetto de Varsovie, ce serait ce que vit Gaza ? Quelle grotesque et honteuse comparaison. Si c’était le cas, en 1945 on aurait retrouvé à Varsovie, non pas quelques dizaines, mais deux ou trois millions de Juifs…
*3 Le gouvernement indonésien a hérité de la période coloniale néerlandaise une partie de la Papouasie. Les peuplades mélanésiennes papoues n’ont jamais rien eu à voir avec les indonésiens et leur culture majoritairement musulmane. Malheureusement pour les Papous, leurs territoires tribaux, possessions tribales collectives plusieurs fois millénaires, sont riches de bois précieux. Le gouvernement central de Djakarta a lancé l’armée sur les petits clans papous, pour les déposséder au moyen de l’islamisation. Il est exigé des Papous qu’ils cessent d’aller vêtus seulement d’un étui pénien. Il est exigé d’eux qu’ils cessent de se nourrir des racines du taro et des petits cochons sauvages qu’ils élèvent depuis toujours et qu’il se mettent sur ordre à croire au Coran. Evidemment, leurs élevages ne sont pas conformes à la loi islamique que le gouvernement indonésien leur impose, en même temps qu’il remet la gestion et l’exploitation de leur forêt primitive à des compagnies locales et à des consortiums à capitaux mixtes, locaux et étrangers. Selon les ONG et les associations venant en aide au Papous, l’action des forces armées indonésiennes et des supplétifs s’est traduite par des dizaines de milliers de Papous tués. Pourtant, jamais et à aucun moment nos guerriers papous, seulement armés d’arcs et de flèches, n’ont expédié un seul missile sur Djakarta ou sur une quelconque localité (les colonies indonésiennes, de bonnes colonies celle-ci, elles sont musulmanes en terre polythéistes ?) indonésienne. Ils n’ont pas non plus envoyé un seul jeune ou une seule femme se faire exploser, au milieu des hommes et femmes indonésiens dont ils se retrouvent compatriotes malgré eux. Les Papous se retrouvent compatriotes des indonésiens, sans droit aucun mais avec beaucoup de devoirs. Dites-moi monsieur le Président, les organisations syndicales indonésiennes, il doit en exister, qui se sont reconstruites après le carnage de 1965 consécutif au renversement de Soekarno. Dites-moi, ces organisations doivent certainement dénoncer le gouvernement de leur pays et l’action des milices supplétives massacrant et dépossédant les Papous ? Non, elles ne le font pas ? C’est curieux, vous ne trouvez pas, cette unanimité contre la Histadrouth, coupable de ne pas assez s’opposer au gouvernement de son pays ; c’est curieux cette condamnation de la Histadrouth de la part de gens qui sont solidaires de leur gouvernement qui a fait en quelques années de ce 21ème siècle contre les petits clans Papous au moins autant, sinon plus, que ce qui a été fait aux amérindiens du 18ème au 19ème siècle ?
*4 J’évoquais la tragédie des Papous du Timor devenu indonésiens, par les vertus involontaires de la colonisation néerlandaise. Je ne dirai qu’un mot des Coptes. Ils sont les aborigènes de l’Egypte du Nord. Ils sont les descendants physiques des Egyptiens de la grande époque pharaonique auxquels la civilisation doit tant. Pourtant, ils sont chez eux des étrangers sans droit. Presque chaque semaine, éclatent des violences dont ils sont victimes. Chaque semaine, l’Egypte connaît des attaques d’églises ou de bourgades coptes, des assassinats, des enlèvements de jeunes filles, des viols. Dites-moi, monsieur le Président, vous avez lu beaucoup de communiqués, même un seul, des représentants du mouvement syndical en Egypte ? Vous avez lu beaucoup de communiqués de soutien aux Coptes, en provenance de leurs instances responsables ? Mais peut-être que pour agir plus efficacement, nos syndicalistes Egyptiens font-ils silence autour de leurs actions de solidarité avec les Coptes... Question : est-ce que la CSI est tenu au même devoir de réserve que les syndicats égyptiens ? Non, bien sur. Alors comment se fait-il que le congrès ne condamne pas et ne réclame pas l’égalité politique et la liberté religieuse pour les égyptiens autochtones ?
Mais au fait, l’embargo imaginaire qui a déclenché l’ire de la COSATU et de la FGTB, comme la bande de Gaza n’a-t-il pas deux côtés ? Le côté israélien et le côté égyptien. La presse et le site de la CSI n’en ont rien dit, mais j’imagine quand même que l’exigence adressée à la Histadrut l’a aussi été aux syndicats égyptiens ? Non ? Curieux quand même... et vous me direz que la mauvaise foi et le néo antisémitisme aveugle et borné n’ont pas présidé aux votes de ce congrès... au fait, que font les responsables syndicaux égyptiens contre leur gouvernement ? Exigent-ils et agissent-ils pour la démolition du mur d’acier enfoncé à neuf mètres de profondeur pour fermer hermétiquement la frontière de l’Egypte et de Gaza? Aucun ravitaillement légal ne passe du côté égyptien. Qu’en disent COSATU et FGTB ? Ils ne sont pas au courant peut-être ? Ceci nous ramène à notre objet : qu’est-ce que c’était que ce congrès, un congrès ou un tribunal diffusant un concentré de haine partisane contre le peuple juif, complété par une lâcheté sans nom qui n’eut de semblable que celle des négociateurs qui rencontreront Adolphe Hitler à Munich en 1938.
Dans l’attente de vous lire et peut-être de vous rencontrer, je vous prie, madame le Président, de bien vouloir agréer l’assurance de mes convictions syndicalistes.
Alain Rubin