La nourriture du désert
Lorsque les Hébreux sortirent d'Egypte et traversèrent le désert, Dieu fit tomber quotidiennement sur son peuple une nourriture céleste, ayant la consistance de la mie de pain. Grâce à cette manne, le peuple a pu se nourrir pendant tout son voyage vers la terre promise (Exode 16, 13-36).
Que peuvent nous apprendre les travaux des chercheurs et des archéologues sur ce sujet ? A priori, rien. Pourtant, des orientalistes se sont penchés sur la question, et ont mené l'enquête dans le désert. En 1823, un botaniste du nom de Ehrenbach rapporta qu'il existait une plante qui poussait dans le Sinaï, le tamaris, produisant une sécrétion parfaitement comestible. Ehrenbach assimila cette sécrétion naturelle à la manne des Hébreux. Au siècle suivant, les botanistes F. S. Bodenheimer et O. Theodor partirent en expédition dans le Sinaï, à la recherche de la manne céleste ... Ils trouvèrent effectivement une plante, une sorte d'acacia poussant dans la péninsule du Sinaï, et dont la résine était comestible : Tamarix mannifera Ehr [1].
Le tamaris pousse dans la région du Sinaï. (image : http://www.biologie.uni-hamburg.de) | Il produit des fleurs de couleur rose caractéristiques. (image : http://perso.wanadoo.fr/jj.baumann) |
La manne céleste serait une sécrétion naturelle du tamaris.
(image : http://www.slowfood.com)
La nourriture des Hébreux dans le désert n'a pas seulement consisté en manne. Ils se plaignirent de la monotonie des menus et demandèrent à manger de la viande. Bien que très irrité, Dieu leur envoya des volées entières de cailles, pour qu'ils puissent en manger. Des oiseaux en grand nombre vinrent recouvrir entièrement le camp des Israélites. Mais les consommateurs les plus voraces furent apparemment frappés d'une mort subite, due à un fléau divin, en punition pour leurs excès (Exode 16, 13 ; Nombres 11, 4-35).
Sur l'épisode des cailles, une explication a été proposée qui tient aux grandes migrations. Lorsque les cailles provenant de l'Egypte traversent la mer Rouge et arrivent dans la péninsule du Sinaï, elles se posent épuisées après avoir parcouru ce long parcours. Il suffit alors de tendre la main pour les saisir vivantes. C'est peut-être ainsi, selon certains chercheurs, que les Hébreux ont pu compter sur cette nourriture [1].
L'eau sortant du rocher
Lorsque les Hébreux s'enfoncèrent dans le désert du Sinaï, ils se trouvèrent rapidement sans eau potable. Ils firent remonter leur plainte auprès de Moïse, qui se tourna vers Yahvé. Alors Dieu dit à Moïse de prendre son bâton et d'en frapper un rocher. Il le fit, et de l'eau en jaillit (Exode 17, 1-7).
Cette scène n'a en fait rien d'étonnant pour un hydrogéologue actuel qui a étudié la région du Sinaï. Les montagnes du sud de la péninsule sont constituées de granite, de gabbro et de porphyre ; des fissures dans le granite sont comblées par des filons de porphyre faciles à creuser. Au prix de quelques coups de pioche, on atteint rapidement la surface de la nappe phréatique. En effet, cette couche est très proche de la surface, et fournit encore de l'eau potable aux bédouins d'aujourd'hui [5].
En fait, il se pourrait que les sous-sols des déserts du Sinaï et du Néguev contiennent des quantités d'eau immenses. Des géologues actuels comme Arie Issar, croient en l'existence d'une nappe d'eau gigantesque qui s'étendrait dans tout le sous-sol de la péninsule, jusqu'à la mer Morte. A l'appui de cette thèse, le chercheur montre les résultats de ses analyses isotopiques, qui sont identiques pour les eaux issues des diverses sources de la région. Si l'hypothèse était confirmée, cela ferait du Sinaï une région possédant des ressources en eau colossales, à considérer si nous voulons répondre aux besoins futurs de la planète [6].
Une source à Hammam Far'oan, dans le désert du Sinaï. Une source dite miraculeuse, supposée couler
dans le Sinaï depuis l'intervention deMoïse.
http://bible.archeologie.free.fr/