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11 septembre 2011 7 11 /09 /septembre /2011 13:36

Les ruines de la Synagogue Ohel Yitzchaq de Jérusalem après sa destruction par la Légion arabe en 1948

Photo du jour: La Synagogue Ohel Yitzchaq de Jérusalem

Construite en 1870 par des Juifs originaires de Hongrie sur un terrain acheté en 1867 au clan Khalidi situé à proximité du Kotel, la Synagogue était connue sous le nom deUngarin Shul, construite au sein du Kollel Shomrei haChomot. C’était une des plus importantes synagogues de la Vieille Ville de Jérusalem.

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18 août 2011 4 18 /08 /août /2011 21:57

 

 

http://www-org.guysen.com/article_Un-Coeur-pour-la-paix-quand-un-chirurgien-puise-le-don-de-vie-dans-le-judaisme_16157.html


Un Cœur pour la paix : quand un médecin puise le don de vie dans le judaïsme
Par Isabelle Kersimon - Jeudi 18 août 2011 à 19:17

Isabelle Kersimon


Le professeur Azaria Rein est Juif orthodoxe. Il est médecin spécialisé en cardio-pédiatrie à l'hôpital Hadassah Ein Kerem à Jérusalem, vénérable institution créée en 1912 par un groupe de femmes sionistes et qui accueille et soutient l'association "Un Cœur pour la paix". Des enfants palestiniens en danger de mort y recouvrent la vie. Entretien.


Vos actions en faveur des enfants palestiniens interrogent les Juifs religieux.
Les juifs religieux interrogent le projet en général : ils se demandent quel est le rapport entre la religion juive, et entre un Juif religieux dans un projet qui n’implique pas du tout ni les Juifs ni les Juifs religieux, mais qui implique une action humanitaire vis-à-vis de Palestiniens qui, sans être des ennemis sur le plan politique, ne sont pas forcément nos amis.
Et ce rapport entre la religion et cette action n’est pas direct ; il se comprend au niveau de l’individu, de ce que je suis.
Quel Juif orthodoxe êtes-vous ?
Je suis un Juif orthodoxe pratiquant, né à Paris dans une famille orthodoxe pratiquante dans les années cinquante, une famille juive orthodoxe d’origine alsacienne pratiquante depuis des générations que l’on ne compte pas… avant le XVIIe siècle. Je suis né avec cette « tare ». Pour moi la religion n’a rien de nouveau.
Mais être religieux pour moi, c’est d’abord être né Juif et avoir baigné dès le plus jeune âge dans la pratique. Lorsqu’on est élevé dans la religion, les actes religieux ne posent pas question : on apprend à agir avant de comprendre pourquoi on agit.
Dans toute éducation, l’enfant va copier les gestes, les paroles, les regards et les sourires des adultes avant de comprendre dans quelle situation il va sourire ou faire une grimace. Si c’est un enfant religieux, il va copier les actes des adultes religieux avant de comprendre leur sens. Je n’ai pas eu à découvrir la religion, mais plutôt à la comprendre à l’âge adolescent, quand on se pose des questions : pourquoi mange-t-on kasher, pourquoi fait-on le kiddousch, pourquoi garde-t-on Shabbat…
La réponse se situe parfois au niveau d’une tradition transmise que l’on ne comprend pas toujours, que l’on ne comprend parfois jamais.
Que vous a enseigné le judaïsme ?
A l’adolescence j’ai découvert quelle est la particularité de notre religion. Toute religion est acceptable, mais la religion juive a la particularité de mettre certaines valeurs en avant que l’on ne retrouve pas dans toutes les religions. Et pour moi, l’une des valeurs primordiales ou principale du judaïsme, c’est la vie humaine.
Beaucoup diront que les religions ont mené à des actes de barbarie, d’assassinats, de tueries en leur nom. Ca n’a jamais été le cas pour la religion juive, en tout cas telle qu’elle a évolué au cours des générations.
La vie pour ce qu’elle est, aux plans biologique et philosophique, est une vie entièrement préservée, et la Torah nous le dit. C’est l’un de ses préceptes de base. Quand on parle des mitsvot, des commandements, à la fin de ce verset qui en parle, on dit « Vehai bahem », « il vivra à travers ces mitsvot ». Et l’un des enseignements de base délivré par nos sages, qui n’est pas suffisant mais qui est nécessaire dans la religion juive, c’est que si quelque chose vous empêche de vivre, si un commandement vous empêche de vivre, vous ne devez pas le suivre. Par exemple, on ne doit pas garder Shabbat si une vie peut être mise en danger, ou si un doute existe. Ce n’est pas que l’on peut transgresser Shabbat, mais bien que l’on n’a strictement pas le droit de garder Shabbat s’il y a un danger.
La religion s’efface devant la vie
En médecine, on apprend aussi que s’il y a un doute sur un risque de danger de mort ou un danger sérieux chez un patient, on n’a même pas le droit de se poser la question de savoir si l’on va transgresser Shabbat. On le transgresse.
La religion s’efface devant la vie. Quand on comprend ce principe, on comprend que l’on ne peut pas tuer au nom de la religion. Je pense que c’est important à dire aujourd’hui en 2011. Aucun cas de figure ne permet de tuer, et préserver la vie est l’un des principes les plus importants de la morale juive.
Nous avons été éduqués ainsi, et l’humanitaire tel que je le conçois, et tel que beaucoup de mes collègues le conçoivent à l’hôpital Hadassah, fait partie de nos normes. Nous ne sommes pas dans la charité. Nous sommes dans ce qui nous constitue.
A qui cela s’applique-t-il ? A tout le monde, dans la mesure où tout individu est créé à l’image de Dieu, qu’il soit Juif ou non-Juif. Donc toute personne doit être prise en charge, qu’il s’agisse d’un homme, d’une femme, d’un enfant, d’une personne handicapée – je fais allusion à ce qu’il s’est passé pendant la seconde guerre mondiale, où les personnes handicapées étaient conduites aux chambres à gaz comme les Juifs, en quelque sorte handicapés de leur religion. Toutes les personnes ont pour dénominateur commun d’être des êtres humains vivants. A partir de ce moment, un homme qui fait partie du judaïsme, qu’il soit religieux ou pas, fera de l’humanitaire sans aucun conflit.
Des conflits immédiats peuvent se poser, mais le principe de vie l’emporte toujours.
Combattre, mais soigner
C’est valable en médecine, c’est valable à l’armée aussi.
Je me souviens très bien que pendant la première guerre du Liban à laquelle j’ai participé en tant que soldat réserviste, nous avons combattu des commandos syriens dans la ville de Bahamdoun. Une fois que nous avons remporté la bataille, nous sommes allés les soigner. Les journalistes qui nous interviewaient à ce moment-là ne comprenaient pas comment d’un côté nous pouvions les combattre, et de l’autre les soigner. On les combat parce qu’il faut se défendre ; mais une fois qu’ils sont battus, ce sont des hommes.
C’est l’un des exemples du principe de vie si important chez nous. Cela n’est pas conflictuel. Cela peut paraître conflictuel dans un contexte d’Europe occidentale, qui fait passer avant tout peut-être le courage et l’honneur. Chez nous, ce qui passe avant tout ce n’est pas le courage et l’honneur, c’est la vie.
Le Cœur pour la Paix est évident, ce n’est même plus une question
Mes rapports humains avec les Palestiniens sont vraiment excellents, sans arrière-pensées, sauf la question de savoir comment faire pour ne pas être paternaliste, qui nous vient sans doute de notre éducation européenne. Parce que quand j’étais petit, j’étais nourri d’histoires sur Albert Schweitzer – je ne vais pas critiquer ce qu’il a fait, mais tout n’a pas été évident. Ce n’est pas notre propos, et nous faisons très attention à ce que notre action humanitaire ne soit pas interprétée comme une forme de paternalisme, de colonialisme…
Nous avons d’abord essayé de soigner des enfants qui allaient mourir, puis de créer une structure palestinienne qui serait en mesure de soigner ces patients de manière autonome.
Nous avons aussi veillé à n’en tirer aucun profit. Jusqu’à présent, « Un Cœur pour la paix » a sauvé 345 enfants depuis septembre 2005, et on a fait attention à ce que ces enfants reviennent dans leur village, dans leur famille, sans en tirer un quelconque profit politique ou financier.
« Un Cœur pour la paix » a moins de 1% de frais de fonctionnement : 0,75% de ces frais sont destinés au commissaire comptable, ce qui est obligatoire en France, et les 0,25% restants aux quelques frais de secrétariat. Les médecins ne sont pas payés, ni les chirurgiens, ni les infirmières. Nous sommes tous volontaires.
L’hôpital Hadassah paie la moitié des frais d’hospitalisation, et notre association l’autre moitié.
Israéliens et Palestiniens, Juifs et musulmans
Dans l’équipe nous sommes 7 médecins, 2 chirurgiens – dont l’un est Palestinien et travaille un jour par semaine à Hadassah et le reste du temps à Hébron. Notre équipe est très diversifiée. L’un de nos techniciens est Palestinien aussi, que nous formons à l’échographie cardio-pédiatrique.
On n’a pas non plus de profit politique : il y a un spectre très large de tendances politiques dans notre service, de droite à gauche, de médecins issus de la ville ou de kibboutzim, de milieux religieux et non religieux.
Nous vivons en parfaite harmonie avec nos collègues palestiniens avec qui nous partageons les repas, avec qui nous discutons, avec qui nous partageons les temps de prière… On respecte vraiment l’autre.
En ce moment, notre collègue palestinien fait le Ramadan, ce qui n’est pas évident, donc nous l’aidons dans la mesure du possible.
Le seul véritable profit que nous tirons de cela, c’est que l’on apprend à se connaître, à connaître la culture de l’autre. On parle très souvent, à table, de Coran et de Bible, et on fait des découvertes de part et d’autre, c’est passionnant.
Je pense qu’on peut vivre ensemble, que l’on doit vivre ensemble, que l’on doit rester sur ses positions mais que l’on peut vivre ensemble, surtout la vie de tous les jours.
Pour le reste, je pense qu’on a encore du chemin à faire de part et d’autre. Je pense pour ma part que nous avons du chemin à faire surtout de notre côté, mais peu importe.
Les accusations antisémites
Nous avons été accusés par d’autres médecins, surtout en Belgique, de mener nos actions pour « se faire la main sur les Palestiniens ». Je pense que quelqu’un qui ne nous aime pas ou qui nous hait ne peut pas comprendre cet acte humanitaire, puisqu’on ne gagne pas d’argent – puisqu’on en perd – et puisqu’on n’en retire aucun profit d’aucune sorte … Non seulement cette réaction est antisémite, mais en outre elle est ridicule, dans la mesure où l’on est obligés de créer des listes d’attente aussi pour nos concitoyens, puisque nous soignons les citoyens israéliens juifs, chrétiens, musulmans, druzes, tcherkesses, en parallèle avec les non-citoyens israéliens que sont les Palestiniens.
Je ne trouve pas de mot assez fort pour qualifier cette accusation outrageuse.
Nous, nous savons pourquoi nous faisons cela. Nous le faisons parce que l’homme juif pense avant tout à la vie.
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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 15:13

http://www.guysen.com

 

 par Isabelle Kersimon - Jeudi 16 juin 2011 à 13:11 

 Israël, démocratie multiculturelle et multiconfessionnelle à la pointe de la recherche médicale, est très en retard en matière de don d’organes. Une question religieuse est à l’origine de cette carence. Une structure, la Société pour le don d’organe halachique (HOD Society, qui se veut conforme à la loi juive), l’a prise en charge.

Nous avons rencontré Robby Berman,  son fondateur et directeur.

 

 

 

Quand et comment en êtes-vous venu à investir cette cause ?


Je suis un ancien journaliste. J’ai découvert cette problématique du don d’organe en travaillant sur le sujet. J’ai découvert que plus de cent Israéliens meurent chaque année en attendant une greffe. Lorsque j’ai cherché à savoir pourquoi les gens ne donnaient pas leurs organes, ils m’ont répondu qu’ils pensaient que c’était contraire à la Loi juive (la Halacha).
 

J’ai trouvé cela assez curieux, parce que la plupart des Israéliens ne sont pas orthodoxes, que la plupart d’entre eux ne se soucient pas de la Halacha. Mais quand il s’agit de donner des organes, les gens ont tendance à devenir plus religieux.
 

Les gens pensent qu’ils doivent être enterrés le corps préservé dans son intégralité, donc ne pas donner d’organes, etc. J’ai créé cette organisation pour rééduquer les Juifs, et leur montrer que la Loi juive encourage au contraire cette pratique.
 

J’ai commencé il y a neuf ans. A l’époque, seulement deux rabbins orthodoxes avaient pris leur carte de donneur. Aujourd’hui, ils sont plus de deux cents. Seuls 3% des Israéliens étaient détenteurs d’une carte, et à ce jour ils sont 11%. Il y a eu un énorme progrès ces neuf dernières années, mais nous sommes toujours très en deçà du reste du monde : les pays occidentaux comptent 30% à 40% de donneurs, Israël seulement 11%.

 

Vidéo promotionnelle de l'association regroupant des témoigages d'orthodoxes en faveur du don d'organes.


Est-ce un problème relevant des juridictions nationales ou est-ce exclusivement religieux ?


La question des lois nationales relatives au don d’organe n’entre pas en compte. Aux Etats-Unis par exemple, il y a 30% de donneurs, alors que la loi n’est pas celle de la France, ou de l’Europe en général où le don est automatique sauf à s’y opposer formellement.


Il y a deux catégories de problèmes. Le premier tient à ce que les gens ne comprennent pas bien dans la Loi juive, et le second à la légitimité à dire cette loi. Les gens ne comprennent pas certains concepts du judaïsme. Il y a une valeur dans le judaïsme selon laquelle vous devez être enterré, le corps préservé dans son intégralité. Les gens pensent que vous devez toujours et de tout temps être enterré ainsi, mais ce n’est pas vrai. C’est de l’ordre de la superstition. Si vous pouvez sauver une vie, il n'est pas nécessaire d'enterrer le corps dans son intégralité. Pour sauver une vie, vous avez le droit de prélever une part d’un corps mort.


Le débat principal occupant la Loi juive autour de cette question concerne le moment de la mort. Les organes sont prélevés sur des gens en état de mort cérébrale. Certains rabbins estiment que les gens en état de mort cérébrale sont morts et que vous pouvez donner leurs organes. Mais d’autres rabbins, principalement haredim, ne sont pas de cet avis parce que le cadavre est ventilé : le corps du patient est oxygéné artificiellement avec un cathéter enfoncé dans sa gorge jusqu’aux poumons, relié à une machine qui respire pour lui et qui permet au cœur de battre quelques jours de plus avant de s’arrêter. Ces rabbins pensent que la personne est encore vivante aussi longtemps que son cœur bat. Ils ne vous autoriseront donc pas à donner ses organes, parce que si vous faites cela, dans leur esprit vous tuez le donneur.
 

C’est le point halachique précis qui est censé provenir de la Loi juive. L’autre point, c’est la superstition.
 

Quelles sont vos actions, concrètement, pour enregistrer de tels progrès ?

Je donne des conférences éducatives, je rencontre des rabbins avec qui je débats pour les convaincre de prendre une carte de donneur. Nous avons des publications, nous diffusons de l’information, nous avons un site web (www.hods.org), nous promouvons notre travail. Notre site est traduit en allemand, en italien, en anglais, et bientôt en français.
 

Votre action pédagogique s’adresse à tous les Juifs. A qui s’adressent ses résultats ?

Le public avec lequel je travaille est principalement orthodoxe. Je tente de convaincre une masse critique de Juifs orthodoxes de donner leurs organes. Et si tous les orthodoxes donnaient leurs organes, les laïcs ne pourraient pas arguer que les orthodoxes n’autorisent pas cette pratique.
 

Nous encourageons le don d’organe des Juifs pour tous les publics, juifs et non-juifs. Partout où vivent les Juifs, en France, à New York, en Allemagne... Nous nous concentrons sur le public juif du monde entier, afin de l’encourager à donner également aux publics du monde entier.

Photo : Moshiko Sharon, enfant de 10 ans vivant et Israël et ayant bénéficié d'une greffe de rein. 

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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 17:43

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Shmuel Trigano : « Voir le judaïsme du dehors et du dedans »

  février 22nd, 2011   claude-Europe-Israël.org

 

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trigano_1_-69d0bPhilosophe et sociologue, Shmuel Trigano élabore, dans un livre fleuve, une théorie générale qui mêle la Genèse et Marx, la Torah et Spinoza.

 

 C’est son dix-huitième livre. Mais c’est aussi le premier d’entre eux, l’essentiel, qui rassemble les fils dispersés en un paysage unique. Depuis son ouvrage inaugural, Le Récit de la disparue. Essai sur l’identité juive (Gallimard, 1977), on savait Shmuel Trigano philosophe.

 

Sans cesser de l’être, il est apparu aussi sous le visage d’un professeur de sociologie à l’université Paris-X. Ce sociologue hyperactif fonde, en 2000, l’Observatoire du monde juif, s’engage dans plusieurs polémiques, crée en 2006 la revue Controverses, qui porte bien son titre.

Longtemps, il eut l’impression de mener une double vie, comme les marins, un amour dans chaque port. C’est fini. Car ce millier de pages réunit ses divers chemins de pensée. « Au bout de quarante ans de cheminement, il arrive qu’on se retourne et qu’on comprenne le chemin qu’on a suivi. J’ai eu la chance extraordinaire de vivre un moment de ce type-là », dit-il.

Schématiquement, le sociologue s’est demandé, en parlant comme Max Weber : un «  idéal-type «  du judaïsme est-il pensable ? Le philosophe a répondu en proposant une théorie générale, un modèle capable de rendre compte de tous les aspects du judaïsme – des plus intérieurs aux plus externes, des plus classiques aux plus hétérodoxes. La construction de ce modèle ouvert fait se rejoindre métaphysique et histoire, ontologie et politique.

 

Retour au texte

Tout a commencé, paradoxa-lement, par saint Paul. « Quelle logique interne au système pouvait expliquer qu’on en sorte tout en s’inscrivant, d’une certaine ma-nière, dans son sillage ? J’ai commencé à poser cette question en travaillant à un livre publié en 2003, L’E(xc)lu. Entre Juifs et chrétiens. Je me suis aperçu en chemin qu’un certain nombre de juifs "non juifs" – qui le sont pourtant tout en affirmant qu’ils se déjudaïsent – tels que Paul, Spinoza, Freud, Marx – présentaient des parallélismes frappants dans des registres intellectuels totalement différents. Cela m’a conduit à aborder le judaïsme du dehors de lui-même, à rendre possible une perspective qui rende compte de son éthique et de son ethos, à en élaborer un idéal-type plus vaste que toutes les formes effectivement réalisées dans l’histoire, et si pos-sible en mesure de les englo-ber toutes. »

A partir de là, retour au texte biblique, immersion dans l’hébreu. Exploration d’un autre paysage, un lieu métaphysique de l’être juif, qui se déploie dans un mouvement de dédoublement. Alors qu’on croit le monothéisme régi avant tout par un principe d’unité, Shmuel Trigano fait voir au coeur du judaïsme le jeu perma-nent d’une dualité. Elle in-tervient entre les deux sexes, mais aussi, dans le texte biblique, entre deux Eden, deux langues, deux rituels, deux Torah, deux noms de Dieu, deux royau-mes d’Israël… Mais cette dualité n’équivaut jamais à un dualisme qui mettrait face à face des éléments depuis toujours séparés et distincts.

Tout se joue, au contraire, dans une perpétuelle déhiscence interne, une séparation d’avec soi-même dont la création du monde fournit le premier modèle. « En hébreu, Dieu se nomme « l’être ». Il est tout l’être et cependant un monde apparaît : voilà le premier paradoxe que s’efforce d’explorer la pensée juive. Le surgissement de l’homme implique que Dieu s’absente de son propre monde, « se retire ». C’est autour de sa place vacante, de ce vide dont la figure féminine est la quintessence, que se constitue l’existence. Il en découle une autre idée fondamentale, celle d’un inachèvement du monde, qui fait corps avec ce processus originaire : Il s’agit toujours de savoir comment le « second être » adviendra – que ce soit l’homme par rapport à Dieu, la femme par rapport à l’homme, Israël par rapport aux nations, les Lévites par rapport à Israël, etc. »

Ce qui compte : Maintenir l’inachèvement, garant du souvenir et de la source de l’origine, laisser l’histoireouverte, toujours à poursuivre vers la naissance d’une humanité encore embryonnaire. « L’unité plane, mais elle ne se pose jamais. Elle siège toujours entre les deux visages de l’être, ne se réalise pas – ce qui est une autre façon de parler d’alliance, car il est impérieux, pour qu’elle existe, que les deux partenaires ne fusionnent pas. »

 

Termes grecs

Passant de la métaphysique à l’histoire, le philosophe-sociologue repère dans l’histoire du peuple juif la présence constante d’une altérité au dedans : « Le peuple qui porte ce paysage de l’être est accompagné, à travers l’histoire, d’un autre intérieur. L’autre transcendant, bien sûr, mais aussi immanent. Depuis les temps bibliques, on peut repérer cette réalité structurelle permanente, présente sous toutes sortes de formes conflictuelles ou problématiques : au sein d’Israël (dissociation des Lévites et des tribus), mais aussi entre tout Israël et un autre qui est toujours là, le Samaritain, le Cananéen, le Philistin, aujourd’hui le Palestinien. »

Parmi toutes les questions à poser, en choisir une, laissant l’histoire inachevée. Les matériaux de ce livre sont presque tous hébraïques, les exemples et les notions sont empruntés à la Torah. Pourtant, des termes en provenance du grec – éthique, ethos, ethnos, ethnikos – structurent la progression des analyses.


Pourquoi n’avoir pas cherché les équi-valents hébreux ? « Le jeu sur cette racine grecque m’a séduit ! Il n’existe pas en hébreu. En fait, cette dualité du grec et de l’hébreu exprime exactement mon projet : voir le judaïsme du dedans et du dehors à la fois. Le projet de description est « grec », l’être à décrire est hébraïque. »

Une somme à la diversité de thèmes vertigineuse

UN GRAND MILLIER de pages. En perspective : la Genèse et Marx, Abraham et Spi-noza, les noms de Dieu et Freud, la Torah et ses avatars dans la chrétienté et l’islam. Voilà qui n’est pas courant. C’est même exceptionnel, car une vraie cohérence s’impose à mesure que se déploient les analyses.

Le projet de Shmuel Trigano est bien de mettre en lumière une matrice fondamentale du judaïsme, une structure profonde capable de rendre compte, par ses variations, aussi bien de l’orthodoxie rabbinique que des reniements du judaïsme par des juifs qui, en se déjudaïsant, prolongent en fait un même processus fondateur.

Cette somme est divisée en quatre grandes parties. Elles s’intitulent respectivement « Ethique » (les ancrages méta-physiques du judaïsme), « Ethnos » (le peuple d’Israël, – élection, séparation), « Ethos » (la manière juive d’être au monde, avec ou sans reli-gion), « Ethnikos » (ce que les nations dans l’histoire re-prennent du judaïsme ou en répètent en le transformant).

Sans doute faudra-t-il du temps pour entendre et discuter les apports de ce travail monumental, et en discerner toutes les implications. Mais il est d’ores et déjà assuré qu’il s’agit là d’une oeuvre de grande envergure, destinée à devenir une référence.

Source : JFORUM.fr, R.-P. D

Le Judaïsme et l’Esprit du monde, de Shmuel Trigano. Grasset, 1 056 p., 25 ¤. © Le Monde

 

 

colloque raison garder


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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 07:23

Je remercie Madame Géraldine ROUX pour l'envoi de cette annonce.

A diffuser

 

Centre Rachi

 

 

Colloque - Ethique, politique et messianisme. Autour de Gérard Bensussan.à l'Institut Universitaire Européen Rachi

Mercredi 26 et Jeudi 27 janvier 2011 

Ce colloque sera consacré à la pensée de Gérard Bensussan, philosophe français et professeur de philosophie à l’université de Strasbourg.

Dans Qu’est-ce que la philosophie juive ?,

Gérard Bensussan propose une lecture audacieuse de la temporalité singulière de la philosophie juive.

Ces différents moments sont désignés comme des « segments », comme si les segments participent d’une même histoire mais à partir d’une coupure répétée, d’un écart indépassable.

La segmentation de la philosophie juive participe-t-elle d’une brisure – temporelle, historique – plus générale, dont elle serait, pour ainsi dire, un symptôme ?

Cette modalité historique engage la pensée d’un temps disjoint, d’un déboîtement toujours possible, avec en creux la possibilité de la libération ou du désastre.

Et ce déboîtement ne traverse-t-il pas la philosophie juive, non seulement dans son contenu mais également sur sa forme ? Pour Franz Rosenzweig, il n’y a pas de philosophie du judaïsme comme il existe une philosophie du droit ou des sciences ou même comme il existe une philosophie allemande ou anglo-saxonne : comment comprendre cette aff irmation ?

Tenter de penser l’événementialité pure doit-il passer par la rupture radicale avec la philosophie ? Penser, comme le fait Gérard Bensussan, une philosophe juive segmentée, peut-être dans un déboîtement perpétuel avec elle-même, peut-il être une réponse à Rosenzweig ?

Avec ces questions, se pose également celle de la traduction : Qu’en est-il du double rapport à Athènes et à Jérusalem ?

Comment faire entrer les mots de Japhet dans les tentes de Sem ?

Se joue plus précisément le thème de la traduction inventive, de l’impossible nationalisme de la langue, inextricablement lié à celle de l’universalité.

Enfin, il sera question de l’expérience de la justice, de son articulation au politique et de la question de l’amour à travers sa réflexion sur Emmanuel Levinas.

PROGRAMME DES JOURNÉES

Mercredi 26 janvier 2011 :

14 : Ouverture du colloque.

14h15 : Dimitri Sandler (Paris)
Le judaïsme dans l'oeuvre de Gérard Bensussan, de l'autobiographie transfigurée au dispositif critique.

15h00 : Aïcha Liviana Messina (Santiago)
La philosophie entre l’amour, le corps et le temps.

15h45 : Pause

16h : Silvia Geraci (Messine)
Temps messianique et messianicité structurelle.

16h45 : Joseph Cohen (Dublin)
Les "lettres carrées" de Schelling.

17h30 : Michel Vanni (Lausanne)
Messianisme et politique.

19h00 : Débat Les temps de l’histoire

L’histoire est-elle toute dans l’histoire ? Peut-on en déchiffrer intégralement le « sens » à partir des causalités qu’elle semble mobiliser ? Faut-il en élucider le cours comme déploiement de la Raison ou n’y voir que bruit et fureur ? Ces questions seront ouvertes à partir des lectures et des interprétations de Schelling et Rosenzweig engagées par Gérard Bensussan. Elles seront aussi élargies en y convoquant notre propre rapport à l’événement, ici, aujourd’hui.
Intervenants : Gérard Bensussan, Géraldine Roux, Michel Vanni



Jeudi 27 janvier 2011

9h30 : David Brezis (Paris)
Le temps messianique : attente infinie ou eschatologie au présent.

10h15 : Géraldine Roux (Troyes)
Segmentation et sédimentation de l’histoire.

Pause

11h15 : Petar Bojanic (Londres-Belgrade)
Messianité et révolution.

12h : Danielle Cohen-Levinas (Paris)
Inactuel comme le vieux mot « amour ».

14h30 : Andrea Potestà (Paris-Milan)
Nostalgie saturnienne.

15h15 : Marcello Ruta
Respect et révolution - un espace kantien dans le temps messianique.

16h35 : David Banon (Paris-Strasbourg)
Différentes approches de l'histoire juive.

17h15 : Marc Goldschmidt (Lille)
Gérard Bensussan, penser les blancs non symbolisables



18h30 : Débat Ethique, morale et politique
Toute politique doit-elle être « morale » et la morale a-t-elle naturellement vocation à s’appliquer dans une politique déterminée ? A partir de la matrice lévinassienne Ethique / Justice ressaisie selon son « intraductibilité », la discussion reprendra cette question, « grecque » et « juive » à la fois, intempestive et d’une actualité qui ne se dément jamais, ce qui constitue peut-être l’indice de son ancienneté interminable.
Intervenants : David Banon, Gérard Bensussan, Marcello Ruta



Plus d’informations :

Institut Universitaire Européen Rachi
2 rue Brunneval
10000 Troyes
Tel. 03.25.73.82.67
Web : www.institut-rachi-troyes.fr
E-Mail : institutrachi@wanadoo.fr

 

 

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24 décembre 2010 5 24 /12 /décembre /2010 14:02

 

 

 

Merci Yéhouda pour ce rappel

 

tradition-et-psychologie-contemporaine

 

Ana becoah'

Ana Bécoah' - Esther Guénassia

VOIR LES OEUVRES D'ESTHER

ICI

 

UNIFICATION

Par Yéhouda Guénassia

Pour aschkel.info et lessakele.  

‘’On peut dire que le retour d’Israël se présente comme une marche vers l’Unité. Unité d’Israël d’abord, mais aussi unité des nations, et, au delà, unité de tous les mondes. Cette vision de l’Unité, dans toute l’étendue et dans toute la profondeur du Réel, ne supprime naturellement pas les différences et les tensions et, dans un premier temps, elle éveille au contraire les oppositions et les heurts. Mais dans un monde qui semblait figé dans des divisions insolubles, cette vision de l’unité n’introduit pas seulement l’espérance, elle rend possible l’action, elle introduit une dynamique, qui, toute  souterraine qu’elle

 

puise être parfois, n’en sera pas moins unificatrice.

Unité d’Israël, avons-nous dit. Le Rav Kook montre en effet le caractère complémentaire des trois forces principales qui luttent à l’intérieur de la société israélienne : l’orthodoxie religieuse, le nationalisme et l’humanisme socialisant. Il n’est point de société saine sans la présence de ces trois forces.

            «

 

 Ces trois familles de pensée plongent, en effet, leurs racines dans les régions les plus profondes de l’esprit humain…Il est clair que tout organisme sain a besoin de la présence de ces trios forces… car elles supportent les trois exigences fondamentales, dont toute vie, la nôtre, comme celle de tout homme, est nécessairement composée, la transcendance du sacré, la nation et l’homme » (Orot p.70)

Seul le jeu d’opposition entre ces diverses familles morales peut préserver chacune d’elles des excès où l’entrainerait inévitablement son isolement.

            « Car toute force morale isolée ne peut éviter certains développements négatifs, lorsqu’elle s’étend à l’excès au détriment des autres forces. Et il n’est point en cela de différence entre le sacré et le profane : l’un et l’autre ont besoin de mesure d’équilibre » (Orot p.71)

Il est clair que si le Rav Kook peut envisager la nécessité, pour chaque camp spirituel, inclusivement le camp religieux orthodoxe, de réduire ses prétentions pour laisser place aux autres, ce n’est peut-être que grâce à une vision plus large de la réalité du peuple d’Israël et de l’action providentielle du divin dans notre histoire.’’

             In ‘’Le retour d’Israël et l’espérance du monde’’ Abraham Livni Ed du Rocher p.345

 

 

 


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12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 05:56

 

 

 

Après moi le déluge.

Par Yéhouda Guenassia

 

Merci Yéhouda pour l'envoi de ce texte

Pour aschkel.info et lessakele.

 

Sisyphe.jpg

 

 

tradition-et-psychologie-contemporaine

Création/Destruction. Création/Destruction.                                                                                                                                                                                                                                                                                       

Sommes-nous voués indéfiniment à ces cycles infernaux ? Disposons-nous d’assez de force, de courage, de désir de vie pour nous extraire de cette maladive pulsion de mort qui nous entraine toujours, encore et encore vers la même désespérance.

Notre inconscient collectif semble réglé sur cette  même longueur d’ondes, pour obtenir toujours, finalement ce même résultat. Paradoxalement unis dans ce que nous pourrions nommer un désir orienté vers…nous-mêmes, qui lorsqu’il prend le dessus sur celui de partager avec l’autre, nous mène inexorablement dans un non-lieu vide de sens.  

Contingence personnelle, le moi régnant en maitre absolu, moi avant les autres, et après moi le déluge.

Et c’est ce qui arriva. La génération de Noé comme la nôtre -selon la Tradition nous ne serions ici que pour tenter une nouvelle fois l’expérience de transformation de ce désir effréné vers soi-même en une conscience plus élargie- tomba dans un narcissisme résistant à toute épreuve, même à celle de la destruction. Et il ne s’agissait pas  de tenter l’aventure de   l’altruisme, ce qui aurait encore été trop utopique, mais seulement d’essayer de vivre en toute humanité dans un respect minimum des limites de la vie en communauté.

Limites ? Oh ! Le mot déplaisant. Les contemporains de Noé n’en voulaient point. Les nôtres non plus. Les mots d’ordre (sic) sont plutôt de nos jours : libre entreprise, gain, profit, croissance. Il existe bien quelques faux semblants dé culpabilisateurs : commerce équitable et autre écologie verdâtre, pour faire passer la pilule de ‘’Prends, consomme, sers toi sans limite et tu seras heureux’’. Le gain le plus facile au détriment de l’autre sans être sanctionné, une sexualité débridée sont la cause de ce qui est nommé dans la Bible : Hamas. Oui, vous avez bien lu. Le mot est jeté. Un concept dont un seul, à l’époque, a pu se défendre, et cela uniquement en construisant une arche de protection entre la négativité environnante et ce qui devait être sauvé de l’humanité.

Clin d’œil magnifique du Réel, l’humanité d’aujourd’hui envoie de Turquie, lieu où  certainement a  échoué l’arche de Noé (sur le mont Ararat), de multiples arches pour cette fois sauver le Hamas actuel, maître incontesté dans la pratique de la malversation, la mauvaise foi et le détournement de conscience.

Nous sommes devenus coutumiers de ce genre d’exercice auquel l’humanité nous a depuis longtemps habitués.

Alors, nous avons le choix entre continuer de rester prisonniers du mythe de l’absurde, et tel Sisyphe répéter, ad vitam aeternam, ce dont on ne voit jamais la fin et le sens.

Ou bien libérer nos inconscients de l’emprise de la mythologie, en utilisant le seul remède ‘’anti-mythes’’ efficace,  je veux parler de la Tradition de la Transcendance que la philosophie grecque n’a eu cesse d’étouffer, et, ainsi, de par notre propre lucidité retrouvée, nous élever au dessus de la stupidité du monde. Ce monde qui ne pouvait, et ne peut toujours pas, se représenter qu’un projet cohérent le guide, dans l’impossibilité où il se trouve de décrypter que derrière le chaos apparent peut se cacher une force unificatrice. Règne absolu des forces de la nature comme déterminantes et autonomes, ni Dieu ni maitre, et après moi le déluge…

Si je me pense tout puissant, pourquoi m’appliquer des restrictions, des limites. L’autre n’existe pas et  je peux en disposer comme bon me semble. Si l’aveuglement de mes désirs ne me permet pas de lire le Réel, de donner du sens à ce non sens ambiant. Je suis perdu.

Comprendre,  c’est unifier.

 Tout débute par la conscience et rien ne vaut que par elle. « Bereshit… » Le premier mot de la Bible nous indique la voie, la direction. Nous pouvons décomposer ce mot ainsi: BeroshiTav. En hébreu, cela signifie dans ma tète, un Tav, dans ma tète, un signe. Quelque chose qui laisse une trace qui demande à être entendu, à  prendre sens, signification.

  Le véritable discernement procède de la sphère de Binah, et uniquement de ce lieu  une juste vision du monde peut se développer.  Pour y accéder, je n’ai d’autre choix que de me construire une arche, une Tevah. Dans la langue du sacré, Tevah signifie: mot.

La véritable protection, l’arche que nous sommes dans l’obligation de construire c’est celle de notre intelligence, de notre compréhension, de notre conscience. De quoi finalement est constituée la conscience, sinon de mots  formant un langage intérieur signifiant, permettant à  chacun de se faire une idée de lui-même et de son propre environnement. Cependant, seulement depuis le niveau de Binah, du vrai discernement, peut s’ouvrir une conscience unifiée et non tronquée pouvant lire avec exactitude les messages du Réel et ainsi permettre le déplacement nécessaire à un autre possible. Un point de vue ne s’appuyant pas sur la partie étriquée de nous-mêmes, mais sur  le noyau sacré dont chaque être est dépositaire,  ouvert sur les autres et sur le grand Autre. Alors seulement  nous pouvons être  à même de construire une réalité nouvelle différente.

 Ou bien nous resterons figés dans nos éternels recommencements, nos gestalts inachevées, nos cycles de création/destruction sans pouvoir atteindre le niveau de réhabilitation, de rémission, de grâce qui nous fait tant défaut. Il s’agit de l’accès à ce que l’on nomme en hébreu Teshouva: Retour sur soi,  retour vers l’autre, responsabilité, une certaine abilité à recevoir et à donner des réponses L’unique opportunité de stopper le cycle infernal grâce à une ‘’ response/abilité’’ nouvelle, et ainsi trouver l’ajustement créateur. Et je ne suis pas en train de parler de religion mais d’union réparatrice, de réconciliation bienfaisante, de conjonctions de tous les  opposés, de fonction symbolique réunificatrice, du seul choix possible face à la séparation diabolique dans laquelle continue de se perdre le monde et qui l’entraine invariablement  vers de nouveaux déluges.

Cet éternel message, le peuple devenu juif en fut dépositaire, il accepta la responsabilité de le transmettre, de l’enseigner aux peuples de la terre. S’il reste conscient de sa mission, la poursuit, ses souffrances n’auront pas été inutiles. Sinon…

Au sein de chaque peuple, des voix éclairées se sont de tout temps élevées, ainsi celle  du grand poète persan Saadi (1184-1290), qui, un jour, interloqua son audience avec éloquence :

"Les enfants d’Adam sont garants les uns des autres, ayant été créés de la même essence. Quand une calamité affecte un membre, les autres membres ne peuvent demeurer inactifs. Si vous n’avez pas de sympathie pour les ennuis des autres, vous ne méritez pas qu’on vous appelle un homme".

Yehouda Guenassia

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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 05:19

 

 

 

 

 

PSYCHOPATHOLOGIE DE L’HABITAT/LA BAÏT

Par Yéhouda Guenassia

Pour aschkel.info et lessakele.

 

 

Beth.jpg

BLUE BETH Oil on canvas 80x80cm Private collection

www.art-kabbalah.com


 

 

A VISITER

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Notre Tradition enseigne qu’un homme qui n'a pas de domicile n'est pas un homme.

Le fait qu’un homme vive dans une maison est l'une des définitions essentielles de son être. L’importance que revêt le lieu d’habitation  dans la vie et le rôle caché quoique fondamental qu’il joue dans la vie psychique de chacun, n’a d’égal que l’équilibre vécu au quotidien. Ce foyer qui véritablement  prend soin et protège ceux qui y résident peut aussi dans certains cas  rendre malade …

Notre esprit est peuplé du souvenir de tous les murs, qui nous ont vus naître, et grandir, ils ont été les témoins de nos succès ou de nos peines.  Qu’il s’agisse de murs psychiques ou de ceux de nos maisons, les uns comme les autres parlent de ce qu’il y a de plus cher, de plus intime, de plus sensible en nous, ils parlent de notre « maison intérieure », symboliquement du  ventre qui nous a portés.

 Cet endroit sensé être chaud et nourricier peut vite être transformé, lorsqu’il se trouve attaqué de l’intérieur par les comportements aberrants ou névrotiques de certains parents, en un lieu où l’insécurité et la peur viscérale s’exprimeront par le mal-être de ses habitants, contraints alors à symboliser grossièrement les souffrances qui les rongent en symptômes physiques ou psychologiques de toutes sortes. Accumulées au sein du foyer familial, les énergies  régulièrement établies entre l’homme et sa maison, si elles sont perverties et non retravaillées,  trahiront sans aucune pitié ceux qui n’en tiennent pas compte.

Au niveau psychologique, il est intéressant d’observer combien nous gardons en nous les traces, positives ou négatives des lieux que nous avons habités et qui nous habitent encore.  De même, c’est à partir de ce ‘’lieu de vie’’ que se manifestera notre courage ou au contraire, notre peur de vivre. C’est dire l’importance que revêtent toutes ces expériences accumulées depuis l’enfance dans nos différentes maisons et la nécessité d’y mettre bon ordre.

La maison grâce à ses  murs entoure une personne de loin, sans aucun contact physique. Le foyer est ainsi appelé makif hara’hok, ce niveau de divinité ou de conscience qui entoure quelqu’un de loin. Il est également appelé chomer, garde. Le but d'une maison est d’être un bouclier protecteur. La maison devrait empêcher toute influence étrangère indésirable d’y pénétrer.

Lorsqu’une famille juive emménage dans une nouvelle maison, il est coutumier de donner un repas de fête pour inaugurer le nouveau foyer. Ce repas est une réminiscence de l’inauguration du Temple. Chaque maison juive est destinée à être un mikdach mé'at, un  sanctuaire, un Temple miniature. La conscience au sein de tout foyer juif doit être celle d’un microcosme du Temple. Et le comportement de ses habitants doit être conforme à celui adopté à l’intérieur d’une enceinte sacrée. Ordre, propreté, respect des murs et de ceux qui s’y trouvent. C’est le lieu où tous les secteurs de la vie peuvent, doivent être travaillés, dynamisés. Tout écart de langage ou d’attitude se répercutera irrémédiablement sur un de secteurs essentiels de la vie : prospérité, santé, créativité, renommée, progéniture, amitiés, connaissance, etc.… L’expression familière ‘’les murs ont des oreilles’’ prend tout son sens, dans cette vision, certainement nouvelle pour certains, de l’inter influence de l’homme envers son habitat et  de l’état de sa maison sur lui-même. Nos prêtres devaient quelquefois procéder à de véritables ‘’nettoyages énergétiques’’ des habitations et étaient souvent contraints de faire disparaitre jusqu’aux pierres des maisons mal habitées. Cette conscience  fait souvent gravement défaut, et nous savons que certaines maisons sont source de maladies graves de l’âme et du corps.

Chaque pièce de la maison correspond à une zone différente du Temple et à la fonction qui lui était assignée. Par exemple, la salle à manger est comparable à la cour où se tenait l’autel extérieur. Nos Sages comparent la table sur laquelle mange un Juif à l’autel. Ainsi, l’acte apparemment trivial de manger est en fait de nature spirituelle et divine. Le ‘’Saint des Saints’’ est évoqué, dans la Torah (Rois 2, 11:2), comme étant « la chambre à coucher ».  C’est le foyer où se retrouvent le Mari Divin et son Epouse, qui sont D.ieu et la Chekhina.

Une fois par an, le nettoyage de Pessah  n’est pas seulement symbolique, il représente une véritable transformation énergétique du lieu d’habitation, et, de même avant chaque Shabbat il nous est vivement conseillé de remettre de l’ordre et de la propreté dans notre ‘’ mini Temple’’ afin que la présence divine puisse venir y résider.

En fait, l’habitat représente, sans conteste, ceux qui y vivent, et, peut tout à fait être un support de diagnostic d’une précision infaillible qui permettra au thérapeute disposant des clés que nous avons évoquées, de tracer avec ses consultants les pistes de travail nécessaires afin de rééquilibrer l’ensemble de la maisonnée.

 

‘’Dis moi comment tu habites, je te dirai qui tu es…’’

Yéhouda Guenassia

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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 14:11

 

 

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''D.ieu le monde et les signes'' 

Par Yéhouda Guenassia

Pour aschkel.info et lessakele.

 

 

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Le monde, ni D.ieu, ni l’absence ne se laissent représenter. Plus encore que d’un interdit, il s’agit d’une impossibilité. Mais cette impossibilité, une fois conçue, est source de toutes les puissances de la Création. Les signes ne ressemblent pas au monde et pourtant, seuls ils en peuvent contenir la figure et en désigner la limite. Des signes, nous faisons quotidiennement un usage hâtif, inconsidéré, un usage diabolique. Or prendre soin des signes, de leur figure, de leur secrète nature, c’est en faire un usage symbolique qui littéralement tisse ou retisse la substance du monde, et nous lie ou nous relie: c’est prendre soin du monde et prendre soin de nous.

 

 Une des plus grandes choses que nous pouvons apprendre de notre Tradition,  c’est comment passer par la douleur de la vie, sans souffrance.

 

 Le Zohar explique que la douleur épure et enlève les coquilles de la négativité (Klippot) qui entourent notre lumière intérieure. Ces coquilles sont créées par nos actions négatives, elles couvrent et limitent notre développement spirituel. Elles sont des barrières entre nous et la Lumière.

 

 La souffrance est juste une résistance à cette douleur.

 

 Nous approchons souvent nos vies quotidiennes avec la mentalité d’éviter la douleur à tout prix. Et au moment où nous la sentons, nous recherchons immédiatement des manières de l'anesthésier. Le Zohar enseigne qu'en résistant à la douleur, nous créons seulement de plus grands problèmes pour nous-mêmes dans l'avenir.

 

La douleur est transitoire, tandis que la souffrance en restant autour de nous   nous maintient prisonniers.

 

Et c’est ainsi chaque fois que nous nous investissons complètement dans un travail et qu’il échoue, chaque fois que quelqu'un que nous aimons part au loin, chaque fois que notre confiance est brisée, en d'autres termes, chaque fois que nous prenons un risque et qu’en retour nous sommes blessés.

 Contrairement à ce que nous ressentons dans l’instant, la douleur est en  réalité un signe que quelque chose de bon est en train de se passer. Pensez aux moments douloureux de votre passé. Est-ce que ce que j’écris sonne juste pour vous ?

 

 Ainsi, il est important de se souvenir au seuil de cette nouvelle année, que paradoxalement  la douleur est bonne - elle est là pour  fendre nos Klippot.

Suite à cette séparation douloureuse mais guérissante, nous serons plus forts, plus sain(t)s et aurons ainsi atteint une étape supplémentaire vers  notre réalisation véritable.

 

 

‘’Il nous faut accepter notre existence aussi loin qu’elle peut aller; tout et même l’inouï doit y être possible. C’est au fond le seul courage qu’on exige de nous; être courageux face à ce que nous pouvons rencontrer de plus insolite, de plus merveilleux, de plus inexplicable.’’

 

Shana Tova à tous et à chacun le meilleur… 

 

Yehouda Guenassia 

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25 août 2010 3 25 /08 /août /2010 11:14

 

 

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LETTRE OUVERTE AU PROFESSEUR

 RAPHAEL DRAI

 


LA RELATION DIASPORA ISRAEL

N’EST-ELLE QU’UNE QUESTION A « PURGER » ?

 

Par le Docteur Roland Yehouda DAJOUX (Djaoui)


      A l’initiative de la dynamique Claude Grundman Brightman, le Collège académique de Netanya a organisé le 17 aout 2010 une très belle rencontre réunissant deux éminents professeurs venus de France pour parler de leur pétition intitulée « Raison garder ».

   Monsieur le Professeur Raphael Drai, permettez-moi, tout d’abord, de vous témoigner mon admiration pour votre parcours universitaire qui honore le  judaïsme d’Afrique du nord et de France.  

   Vous avez jugé bon de débuter votre propos en décidant de «  purger » la question : « Un juif vivant en dehors d’Israël a-t-il le droit de s’immiscer dans les décisions de l’Etat d’Israël ? ». Cette précaution oratoire était habile car, pensiez-vous ainsi, que cette question n’aurait plus de raison d’être posée par vos auditeurs vivant en Israël et qu’elle induirait une réponse positive, comme allant de soi.

   Eh bien non Monsieur le Professeur, les choses sont plus complexes.  

   En effet, cette question loin d’être accessoire, mérite plus qu’une esquive. Elle est, me semble-t-il, au cœur même de la relation actuelle entre la diaspora et Israël et vous savez bien, Monsieur le professeur, qu’éluder une question n’est pas la résoudre !

   Je voudrais donc, avec respect, soumettre à votre réflexion deux citations de Maitres qui me confortent dans mon action et dont je ne suis qu’un humble élève.

Voici tout d’abord la position du Rav Kook sur ce sujet dans son livre OROT (premier chapitre, premier paragraphe) :



ארץ-ישראל איננה דבר חיצוני קנין  חיצוני לאומה רק בתור אמצעי למטרה של ההתאגדות הכללית והחזקתקיומה החמרי או אפילו הרוחמי

 


 

       “ La Terre d’Israël n’est pas une réalité extérieure, un bien extrinsèque à la nation ; elle n’est pas uniquement un instrument visant à établir notre unité globale et affermir notre existence matérielle ou même spirituelle. Non, la Terre d’Israël est une entité consubstantiellement rattachée à la nation par un lien de vie, toute entière affectée de caractères internes spécifiques à sa réalité. Aussi, est-il impossible de rendre compte du contenu de la sainteté du sol d’Israël et d’exprimer la profondeur de son amour, en se basant sur les seules données de la raison humaine. Le souffle divin qui repose sur l’ensemble du peuple, qui imprègne de façon naturelle l’âme d’Israël, qui plonge ses rayons authentiques dans tous les canaux de la création sensible, répand une lumière suprême proportionnelle à la Sainteté divine qu’il émet et remplit de vie et de grâce sublime, le cœur des esprits purs et des détenteurs absolus de la pensée juive ; c’est ce souffle-la qui seul explique la valeur particulière de la Terre d’Israël. Evoquer le Pays d’Israël, en lui conférant une valeur accessoire nécessaire à l’unification de la nation, même quand cette pensée a pour but de renforcer le judaïsme diasporique afin de lui conserver son caractère propre, d’affermir la foi et la piété et assurer convenablement la pratique des ordonnances divines, voila bien une intention totalement stérile et viciée à la base, puisqu’elle ignore la sainteté éminente de la Terre d’Israël. Le Judaïsme de l’exil tire sa force uniquement de l’élan profond qui l’attire vers la Terre sainte et il ne recevra son originalité authentique que dans la mesure où il est constamment dépendant des espoirs de cette Terre. L’aspiration au salut est le pouvoir qui maintient encore en vie le Judaïsme de l’exil, tandis que la vie juive sur la Terre d’Israël constitue ce salut même ».


   De son coté le Rav Aviner  nous propose une formule beaucoup plus laconique :« Le plus grave dans l’exil, c’est d’oublier que l’exil est l’exil ».


   Monsieur le Professeur Drai si nous partageons tous la « segoula » d’appartenir au Peuple d’Israël et l’amour de la Thora, il est indéniable qu’au delà des  4000kms qui nous séparent encore c’est toute la problématique de la messianité et la sainteté de la Terre d’Israël qui nous interrogent.


   Monsieur le Professeur Drai, ne soyez pas en retard d’une ou de plusieurs prophéties, rejoignez nous en Israël comme vous l’a si subtilement suggéré Claude Grundman Brightman en conclusion de ce colloque, apportez nous votre savoir, votre culture et votre manière d’être homme.


   Israël est le seul endroit ou tous les Juifs peuvent guérir de la maladie de l’exil. Vous comprendrez alors combien, ici nous sommes loin des querelles de clochers entre intellectuels français universitaires reconnus ou non et des batailles de chiffres, statistiques dérisoires par rapport au destin du Peuple d’Israël qui redevient le Peuple hébreu sur sa terre retrouvée.


Chalom de Jérusalem

Docteur Roland Yehouda DAJOUX (Djaoui)

daju@netvision.net.il

 

 

    Sefer OROT du Rav Abraham Isaac Hacohen Kook ; traduit par Abraham Elichama ; sous la direction du Rav Yehouda Ben-Ichay et  sous l’égide de la Fondation Abraham Djaoui zal. 

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