Le discours que n'a pas prononcé Netanyahou
Par Yéochoua SULTAN
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La direction politique de Netanyahou, réitérée mais présagée par son discours
Une fois de plus, Netanyahou, a lancé, ce dimanche, un appel mélodramatique au chef terroriste du Fatah pour qu'il accepte de reprendre les négociations. Certes, depuis le discours de Bar-Ilan, pour ne pas remonter au-delà de son présent mandat, Netanyahou a une curieuse façon de faire avancer ses pions.
Pourquoi ne cherche-t-il pas à satisfaire ses électeurs et à respecter la charte de son parti? Pourquoi applique-t-il une politique extrêmement dure à l'encontre des habitants de Judée-Samarie et de Jérusalem, alors qu'aucun gouvernement avant lui n'avait été aussi intransigeant?
Obama est pourtant sous un certain angle moins terrible que Bush. Bush venait les bras ouverts avec un grand sourire qu'on avait très peur de voir s'effacer, alors qu'Obama ne sourit pas, et qu'il n'y a donc pas de risque pas de le fâcher.
Apparemment, outre le manque de déterminisme et de courage, c'est l'absence d'un véritable idéal qui marque sa politique. Il suit donc une logique qui n'est que tactique, et ses pions évoluent en s'inscrivant dans la dynamique suivante: le monde qui l'entoure est partagé entre les gens qui l'approuvent ou le soutiennent et les gens qu'il faut amadouer.
La droite le soutient, les Juifs de Jérusalem et de Judée en général le soutiennent, donc plus besoin de les contenter. On peut cocher la case correspondante et considérer que le travail a été fait. Qui faut-il encore contenter, pour que le monde entier l'approuve et se mettre de son côté?
Les Américains, les Européens, le monde arabe, et la gauche soudoyée de l'extérieur. Or, pour les satisfaire, il faut frapper sur les premiers ; mais cela ne pose pas de problème à la logique qui le guide.
De la sorte, aussi surprenant que cela puisse paraître, ce que l'on pourrait prendre pour des zigzags ou des changements de directions qui rappellent les mouvements d'une girouette correspond en réalité à une ligne bien déterminée consistant à toujours chercher à contenter les mécontents.
Netanyahou, selon un jeu bien défini, ne recule ni même ne s'écarte jamais de sa piste: les gens acquis à sa cause, ceux qui sont déjà contents, comprendront en se disant: «Netanyahou lui-même agit contre son propre gré, car il n'a pas d'autre choix, il limite au mieux les dégâts dans la douleur!
Qu'aurait fait quelqu'un d'autre à sa place?» La preuve, c'est qu'il n'y a jamais de grande manifestations, ni de petites, contre les décrets dirigés contre le public de Jérusalem et de la Judée, bien entendu dès lors que Netanyahou occupe le poste de Premier ministre.
En revanche, contenter les adversaires politiques, même s'ils ne voteront jamais pour lui, est une démarche qui devrait les rendra suffisamment reconnaissants de sorte qu'ils ne s'acharnent pas à le faire tomber.
D'où le choix de Barak comme ministre de la Défense, du gel de la construction, de la non-reprise de la construction une fois les dix mois écoulés, des débordements d'ennemis syriens sur le territoire d'Israël sans une véritable dissuasion en mai dernier etc.
Dans la même optique, pour ne froisser personne, il lui faut s'absenter ou s'abstenir quand des votes concernant des lois qui auraient obligé à plus de transparence et à moins d'ingérence de l'Onu et autres tribunaux se déroulent à la Knesset, le tout pour contenter tout le monde.
Pourtant, l'effet obtenu est aux antipodes de l'effet recherché. Il aura fallu moins d'une semaine après l'échec de la loi des financements des ONG de gauche – qui aurait dû juguler les aspirants agitateurs qui cherchent à imiter les révoltes des glaciations arabes en exploitant les masses – pour que les opposants, soulagés, ne se montrent non pas reconnaissants mais dix fois plus agressifs.
Alors, comment expliquer dans ce cas que Netanyahou ne s'empresse pas de libérer de nouveau l'expansion naturelle là où elle a été bloquée il y a bientôt deux ans, pourquoi ne relâche-t-il pas la pression de cet étau contrenature imposé à son propre peuple?
Pourquoi ne cherche-t-il pas à remotiver le public qui l'a soutenu mais qui le regarde se dépêtrer navré, désolé que le Premier ministre persiste à scier la branche sur laquelle il est assis? Tout simplement parce qu'il est enfermé dans son système.
Comme nous l'avons établi plus haut, les contentés ne sont plus à contenter et les mécontents doivent être contentés. S'ils ne le deviennent pas, c'est qu'il faut insister, attendre, en faire toujours plus.
Si ce principe est vrai pour l'extrême-gauche, qui finira par comprendre qu'elle ne doit pas lui en vouloir, il ne l'est pas moins pour les véritables ennemis ; et ce qui pousse Netanyahou à insister pour que reprennent les négociations avec une organisation terroriste dont les dirigeants évoluent en toute impunité, c'est la même incapacité ou manque de volonté, qui ne peut s'expliquer que par un manque d'idéaux, de conviction, ou plus simplement de ligne politique, à modifier sa conceptualisation du jeu politique.
Un événement politique relativement récent mais largement oublié, mais dont la demande pathétique adressée à Abbas ce dimanche n'est que la suite logique, alors que Netanyahou avait fait la une de la presse mondiale, en dit long sur la claustration politique de l'esprit d'un dirigeant qui se montre incapable de changer de cap, comme si le gouvernail était bloqué.
Il s'agit bien sûr du discours prononcé en présence des représentants des deux chambres du Congrès américain. Le plus intéressant est sans doute la diversité inattendue des réactions et des commentaires aussi bien de l'opinion publique que de la classe politique, quand Netanyahou a été salué par les uns pour son courage et sa détermination, et considéré comme décevant pour les autres qui l'ont trouvé bien trop défaitiste vis-à-vis de la «cause» des terroristes.
A croire que les différents observateurs ne parlaient pas du même discours. Il est vrai qu'il y avait, comme le dit le dicton, «à boire et à manger pour tout le monde».
S'il a certes refusé catégoriquement un retour aux frontières indéfendables définies par le cessez-le-feu de 1949, et insisté sur le caractère indivisible de la capitale d'Israël réunifiée, ce qui lui a valu une avalanche d'applaudissements, il a par contre flatté l'amateur de Judenrein et négateur de la Shoah, le criminel des enfants de Ma'alot et propagandiste dont les ressortissants approuvent le massacre d'Itamar. Il l'a aussi qualifié du titre prestigieux de président, se déclarant prêt à lui faire cadeau d'un important territoire au détriment du tout petit Etat d'Israël, afin qu'il puisse, sur le compte de la terre de nos ancêtres, comme l'a définie lui-même le Premier ministre, avoir un Etat bien à lui.
Certes, Netanyahou a émis quelques conditions, énumérant quelques formalités verbales ou quelques signatures qu'il attend toujours de la part de son interlocuteur négationniste et antisioniste, mais en bafouant les aspirations multimillénaires du peuple juif, rassemblé sur sa terre, comme s'il était partant pour un nouvel exil.
Au lieu d'affirmer: «Cette terre est à nous, et nous nous battrons s'il le faut pour la garder», il a choisi de dire: «Cette terre est à nous… mais nous vous en faisons cadeau».
Difficile de se débarrasser des maladies de l'exil!
Une fois de plus, on suit la dialectique qui veut que l'on contente les parties non encore contentées, et que l'on passe complètement à côté des véritables enjeux et des valeurs pour lesquelles la nation d'Israël a toujours prié et pour lesquelles elle se bat encore aujourd'hui.
Mais reprenons le discours tel qu'il n'a pas été prononcé, après une ouverture pourtant prometteuse, qui a bien fait ressortir le côté privilégié et durable des relations entre les Etats-Unis et Israël.
Pourtant, ce qu'on eût été en droit de s'attendre à écouter, avant cet incroyable virage vers l'extrême gauche de la politique du Likoud, qui a dans un passé relativement récent engendré cette «chose», à savoir ce parti politique né de l'escroquerie du «redéploiement», eût certainement pu être exprimé en ces termes:
«Les développements survenus simultanément comme une traînée de poudre en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, et jusqu'au Yémen, montrent à quel point les régimes sont instables et précaires dans cette région du monde.
Combien de vos alliés, qui semblaient pourtant solides, ont basculé pour devenir vos ennemis les plus acharnés?
Je ne vais pas les passer ici en revue, ce n'est pas l'objet de ma visite. Je ne citerai en exemple que l'Iran, véritable oasis occidentale dans un monde obscur, allié sincère du monde libre qui, du jour au lendemain, est devenu le principal pivot de l'Axe du mal, s'acharnant de surcroît à vouloir préparer une seconde Shoah contre le peuple juif, enfin souverain sur la terre de ses pères.
Nous ne sommes pas les Anglais en Inde, ni les Belges, une fois, au Congo. Nous sommes les descendants directs des Hébreux et nous vivons ici sur la terre de nos ancêtres.
Qui aurait le droit de nous en déloger?
Qui peut se permettre aujourd'hui de prétendre nous en chasser?
Que celui qui conteste notre légitimité sur cette terre se mette à vérifier ses propres origines, et qu'il reprenne le chemin de la terre de ses propres ancêtres!
Non, soyons sérieux! Je vois ici des amis et de longue date, démocrates et républicains, alliés inébranlables de la cause d'Israël, de la démocratie et de la liberté!
Serions-nous assez inconsidérés et suffisamment stupides, alors que tellement de pays soutiennent le terrorisme international qu'ils nourrissent et téléguident, mettant au monde des bêtes immondes comme Al-Qaïda, le Hezbollah ou le Hamas! pour créer de nos propres mains un nouvel Etat axé sur ces mêmes modèles que sont l'Iran ou la Syrie?
Serions-nous assez ridicules pour couronner un mouvement dont le sens donné à l'existence est de tuer le maximum d'Israéliens ou de Juifs, voire d'Occidentaux?
Je sais que mon pays porte la lourde charge de l'aveuglement de mes prédécesseurs, qui ont cru pouvoir faire la paix avec des ennemis.
Mais se sont-ils au moins repentis?
Ont-ils exprimé le moindre regret pour tous les attentats qu'ils ont perpétrés, alors que Mahmoud Abbas inaugure en personne des places à la gloire de terroristes ayant fait un maximum de victimes innocentes?
Non, mes amis!
Il est temps de mettre en place un tribunal, étant donné l'incompétence de la Cour suprême en mon pays, qui s'attache à traîner en justice et à condamner tous ces chefs terroristes qui écument Israël et le monde libre depuis près de cinquante ans. J'ai moi-même perdu un frère qui a dirigé l'opération de sauvetage des otages à Entebbe.»
Et, emporté dans son envolée lyrique, en digne chef du Likoud, et non pas un chef potentiel d'un possible «Kadima 2, le retour», il eût pu conclure sous les ovations:
«L'iniquité n'a que trop duré. Et je voudrai avant de vous quitter dénoncer une injustice qui va bientôt fêter ses 90 ans, j'ai nommé: la trahison de l'Angleterre qui a usurpé 80% de notre territoire, de notre terre d'Israël historique qu'elle avait été chargée par la Société des Nations de gérer pour organiser la fondation de notre Foyer national. Je ne vois pas pourquoi notre peuple devrait continuer à payer pour les querelles et les sacs de nœuds chez les princes et monarques saoudiens. Qu'ils se réconcilient et qu'ils rentrent tous dans leur pays.»
En attendant le réveil…
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