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4 septembre 2009 5 04 /09 /septembre /2009 07:16



par Levi Brackman
http://www.fr.chabad.org/


Jusqu’à la Révolution française de 1789, la société était divisée en trois groupes : le clergé, l’aristocratie et les paysans. Dans la terminologie du philosophe français post-moderne Jacques Derrida (1930-2004), les propriétaires terriens et l’église étaient le « centre » alors que les paysans constituaient la « périphérie ». Les deux ne se mélangeaient pas. L’éducation, la richesse et le pouvoir étaient concentrés entre les mains de l’élite. Les paysans, eux, ne jouissaient pas de tels privilèges. Après la Révolution, il fut octroyé à la « périphérie » certains des privilèges qui étaient auparavant l’apanage du « centre ». Bien que les seigneurs locaux et les élites instruites fussent encore considérés comme le « centre », la nouveauté de cette situation résidait dans le fait que les paysans avaient désormais la possibilité de pénétrer ce domaine exclusif.

L’ère post-moderne, selon Jacques Derrida, fut une époque de « déconstruction ». Alors qu’auparavant la réalité était perçue comme un ensemble d’éléments allant par paires dont l’un des membres était systématiquement supérieur à l’autre – riches et pauvres, instruits et ignorants, puissants et faibles, etc –, la perception déconstructiviste tient que la condition de riche n’est pas nécessairement supérieure à la pauvreté et que, parfois, être pauvre peut même s’avérer avantageux. Dans cette optique, le pauvre est le nouveau « centre » et le riche devient alors la « périphérie ». Derrida va même plus loin en affirmant que la hiérarchie ne devrait pas exister et que toutes les barrières qui séparent le centre de la périphérie devraient être déconstruites.1

La société occidentale est, à bien des égards, une civilisation déconstruite. Les lois modernes protégeant les droits de l’homme ont assuré que les points de vue des minorités sont respectés et pris en compte. Alors que, jadis, les femmes étaient tenues pour inférieures, elles sont aujourd’hui souvent considérées comme supérieures aux hommes.

On retrouve également dans le Judaïsme ces deux approches philosophiques : ce que j’appellerai la conception non-kabbalistique du Judaïsme et sa conception kabbalistique. Bien qu’elles se réclament toutes deux des Treize Principes de Foi (les croyances et doctrines fondamentales du Judaïsme, dans la formulation de Maïmonide) et adhèrent pleinement à la Halakhah (la loi juive énoncée dans la Torah, développée dans le Talmud et codifiée dans le Choul’hane Aroukh), la première constitue une approche quasi « féodale », alors que la seconde relève d’une perspective déconstructiviste.

Dans le Judaïsme non-kabbalistique, le centre reste déconnecté de la périphérie. Une enclave d’érudits en Torah (exclusivement masculine) se maintient à bonne distance des masses ignorantes et spirituellement insignifiantes. Dans la théologie, le centre est occupé par ce qui est saint et spirituel et la périphérie par le matériel et les soucis de la vie quotidienne. Le peu de contact ou de mouvement qui existe entre le centre et la périphérie est voué au service du premier par la seconde.

La Kabbalah, en particulier dans l’interprétation qu’en donne l’école de pensée ‘Habad-Loubavitch, ajoute une note déconstructiviste au Judaïsme. Elle souligne la supériorité intrinsèque des femmes sur les hommes et annonce qu’à l’époque messianique leur rôle sera prépondérant. Parallèlement, la Kabbalah déconstruit les frontières qui séparent le spirituel du matériel. Alors qu’un Judaïsme non-kabbalistique tient le spirituel pour être au-dessus du matériel, la Kabbalah enseigne qu’en définitive le matériel est plus puissant.

Le principe est simple : plus la source est élevée, plus elle descend bas. Esaü est ainsi considéré avoir une origine spirituelle plus élevée que celle de Jacob. Celui qui s’adonne à la méditation peut atteindre des sommets spirituels, l’essence de D.ieu n’en demeurera pas moins éternellement hors de sa portée. Paradoxalement, la Kabbalah enseigne que la seule façon d’être connecté à l’Essence Divine est à travers la matière. Les degrés spirituels sont par nature conscients de leur dépendance vis-à-vis de leur source. À l’inverse, les objets physiques projettent une aura d’égocentricité : leur existence semble ne dépendre de rien d’autre que d’eux-mêmes. Cette aura est, d’une certaine manière, un reflet de la nature de l’Essence Divine dont l’existence est seule à être réellement indépendante.2 D’après les kabbalistes, le caractère ex nihilo de la création de l’univers physique exige une intervention directe de l’Essence Divine. C’est cette intervention qui confère – et autorise – au monde matériel son aura d’égocentricité. Il y a donc une similarité – ne serait-ce que schématique – ainsi qu’un lien entre le monde matériel et l’Essence Divine.

Ceci projette un éclairage particulier sur les Mitsvot qui sont essentiellement des gestes physiques plutôt que des méditations mystiques. C’est précisément à travers l’acte matériel d’une Mitsva que la connexion la plus profonde avec le Divin est atteinte. En réalité, d’après un Midrache3 – revendiqué par les kabbalistes – le monde fut créé pour que les êtres humains révèlent l’Essence Divine dans les parties de l’univers les plus dénuées de perception de la divinité. Ceci souligne la valeur fondamentale des aspects les plus triviaux et les moins raffinés de l’existence, là où la mission est la plus nécessaire. Dans cette optique, les frontières sont totalement déconstruites4 : ce qui, sans l’apport de la Kabbalah, était considéré comme le centre constitue dorénavant la périphérie, et vice versa.

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