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6 septembre 2009 7 06 /09 /septembre /2009 13:15

Sur l'excellent site de Yérouchalmi
http://yerouchalmi.web.officelive.com/default.aspx



L’Europe face à l’Iran
François Nicoullaud* ancien ambassadeur de France en Iran



L'Europe peut-elle peser sur le nucléaire Iranien ?
 *auteur de « Le turban et la rose »  
Adaptation du texte par Yerouchalmi



 L'Europe a démontré des forces et des faiblesses. Sur l'initiative de la France, son avant-garde de négociateurs a détourné pour un temps le risque de crise ouverte, d'escalade dans les sanctions, en neutralisant, un temps, l'unilatéralisme américain. Si l'Europe a suspendu la montée de crise, elle ne l'a pas réglée. Du côté iranien, la crise paraît encore plus difficile à régler du fait du régime des Conservateurs et ‘ultra-Conservateurs’. Du côté US, la nouvelle donne issue des élections offre des perspectives et l'Europe a tout de même gardé sa capacité à pousser une approche multilatéraliste. 


...Analyse tout en finesse d'une délicate démarche par un expert du sujet...



L'Europe veut convaincre l’Iran de ne pas accéder à l’arme nucléaire  



1) L'Iran a-t-il droit à la bombe ? Dans les années 60, lorsque la France travaillait elle-même à son nucléaire, elle n’excluait pas une centaine de pays nucléaires vers  2000 ! Heureusement, seuls 9 en sont dotés, ceci grâce au Traité de Non-Prolifération (TNP). Tant qu'on n'aura pas trouvé autre chose de crédible que ce traité (quelque peu inégal car privilégiant les Nations déjà nucléarisées), il demeure l'horizon indépassable de la non-prolifération. L’Iran a été un de ses premiers signataires, du temps du Chah, il répète à l’envi qu’il respectera ses engagements d’utilisation pacifique de l’atome. Nous avons tout à fait intérêt à nous fonder là-dessus


2) L’Iran nucléaire ne constituerait-il pas un facteur d'équilibre, en formant avec Israël le couple classique sur lequel se fonde toute dissuasion (le risque de destruction mutuelle préservant la paix) ? Le problème, c'est que si l'Iran a la bombe, l'Egypte voudra l'avoir, l'Arabie saoudite de même en faisant jouer le « droit de tirage » que lui pourrait lui avoir conféré son aide financière au Pakistan, et à un moment ou à un autre, la Turquie, si elle a perdu l'espoir de rejoindre l'Europe. La Syrie pourrait être tentée de rejoindre le club, l'Irak aussi s'il a reconstitué ses forces. Même si le nucléaire rend sage, la présence de 5 pays nucléaires au Moyen-Orient dans les 20 ans à ne peut absolument pas être considérée comme un facteur d'équilibre ! 


Qu'y a-t-il de positif dans ce qui a été fait côté européen? 

        

D'abord la prise d'initiative
 et on en avait perdu l'habitude. Elle n'a été possible que parce que 3 pays (et non pas 27 engoncés dans leur loudeur) se sont auto-proclamés investis du dossier : la France a convaincu l'Allemagne et la Grande-Bretagne. Nous avons d’abord pensé qu'il fallait donner une chance à l'Iran de renoncer de lui-même à toute technologie sensible, cela en bravant la mauvaise humeur américaine. Et l’Iran a accepté en 2003 de suspendre sa centrifugation le temps de la négociation et de signer un protocole de l'AIEA autorisant ses inspecteurs à procéder à des inspections surprises, y compris sur des sites non déclarés. 
        

Après ce succès et 2 ans d'efforts,
 cette négociation a échoué : l'Iran a repris sa centrifugation, et on voit les limites des capacités européennes, car les USA, la Russie, la Chine sont montés en 1ère ligne pour l’adresser au Conseil de Sécurité. On se flatte de contrôler cette crise avec des sanctions progressives, mais le temps favorise des imprévus rendant le dossier incontrôlable !


Pourquoi les Européens ont échoué? 

    
 

1) Les Iraniens ont l'illusion 
que l'Europe leur offre l'occasion d'enfoncer un coin entre Europe et USA. Les Européens n'avancent donc qu'après avoir au moins consulté les USA dont le seul objectif reste l'abandon définitif de la technologie sensible de la centrifugation. Or ceci est déclaré inacceptable par les Iraniens. 
    

 2) Dans l'espoir de séduire,
 les Européens font miroiter des coopérations dans les technologiques avancées et des garanties de fourniture de combustible nucléaire, mais sans aucun moyen de remplir ces promesses sans la levée des sanctions des américains (compte tenu des intérêts européens aux USA) qui considèrent prématuré tout assouplissement des sanctions. 


Les Européens ne peuvent donc que faire traîner la négociation
 
et les Iraniens tiennent bon 2 ans jusqu’à ce qu’à mi-2005, l’Europe ainsi impuissante perde presque tout crédit à leurs yeux. 
Les Iraniens, à tort, ne saisiront pas la nouvelle occasion de l'offre intéressante de négociation faite par Bush un an plus tard.
 
    

3) L’Europe a commis des erreurs 
de comportement liées à un "complexe de supériorité" inconscient, mais ressenti par les iraniens. Les Européens ont également manié sans nuance la carotte et le bâton en pérorant de trop sur les sanctions à l’unisson des USA qui en rajoutaient sur "l'axe du mal" et sur leurs plans de frappe. Ils ont oublié la règle de base : il y a un temps de la négociation, et un temps de l'ultimatum, qui ne doivent pas se mélanger. Quand on négocie, il faut négocier de toutes ses forces et sans réserve mentale. Si la négociation échoue, alors seulement, le temps de l'ultimatum arrive !


L'Europe a-t-elle encore une chance de reprendre la main ? 

      

Oui mais au prix d’une autocritique dont les équipes actuelles ne sont pas forcément capables. 
     

Le programme iranien se heurte à des difficultés
 technologiques et le temps peut jouer favorablement. Il convient de garder en mémoire que les Iraniens sont déjà de facto sous sanctions internationales lourdes, puisque presque tout commerce, presque tout investissement significatif venant d’entreprises occidentales y est interdit. Ces sanctions n’ont pas mis les Iraniens et leur régime à terre. Ce qui fait la difficulté d'imaginer des sanctions nouvelles efficaces
     
 

Il faut prendre les Iraniens au mot 
quand ils proclament leurs intentions pacifiques, et leur expliquer qu'ils devraient alors accepter une auto-limitation et des contrôles internationaux sur leurs activités sensibles. Il faut leur faire comprendre que ce qu'on leur demande est simplement de se comporter en membre responsable de la communauté internationale, comme pour tout autre membre du TNP dans la même situation. Mais les Iraniens, pour des raisons historiques, n'ont pas plus confiance en nous que nous n'avons confiance en eux. Ce n’est qu’au fil de la négociation et de l'application d'un accord que la confiance pourrait très progressivement réapparaître. 
     

Le succès n’est certainement pas assuré
 
du fait d'Ahmadinejad et son entourage, qui estiment positif, pour assurer leur cohésion avec le pays, de maintenir une posture de confrontation avec l'Occident. Mais il serait injustifiable d'en arriver éventuellement à une action de destruction si l'on n'avait pas auparavant tout essayé. 
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