FRANCE ISRAËL - L'ECRIVAIN AMOS OZ RECOIT LE PRIX MEDITERRANEE 2010. OZ : "JE PARTAGE MA VIE ENTRE DEUX ACTIVITÉS, RACONTER DES HISTOIRES ET DIRE AU GOUVERNEMENT ISRAÉLIEN D'ALLER AU DIABLE."
Par IsraelValley Desk
Rubrique: Culture
Publié le 4 octobre 2010
L’écrivain Amos Oz a reçu le Prix Méditerranée 2010 pour son recueil de nouvelles “Scènes de vie villageoise”. Poète et citoyen engagé, auteur d’une oeuvre aux multiples facettes, il nous a accordé un entretien. Amos Oz est l’un des plus grands écrivains israéliens. Intellectuel engagé proche des Travaillistes, il a rallié en 2008 la Nouvelle gauche, afin de contrer le Likoud dirigé par Benjamin Netanyahu. Une vingtaine de ses romans ont été traduits en français.
Que représente pour vous ce Prix Méditerranée ? C’est très important pour moi d’être considéré et reconnu comme un écrivain méditerranéen. Car je suis profondément méditerranéen et Israël est un pays méditerranéen.
Pensez-vous que l’Union pour la Méditerranée créée en 2008
à l’initiative de la France puisse influer sur la résolution du conflit israélo-palestinien ?
Certainement. Je n’ai pas de doute quant à l’avenir commun d’Israël et de la Palestine qui font partie de cette grande zone méditerranéenne.
Dans vos romans, vous parlez de gens simples, ordinaires, pourquoi ?
Ce n’est pas que j’éprouve le besoin de montrer que les Israéliens sont des êtres humains comme les autres, avec des passions, des bonheurs et des malheurs. Cette question illustre la grande différence qu’il y a entre Israël qui est montré par les médias internationaux et la réalité d’Israël tel qu’il est.
Par ailleurs, vous êtes très engagé politiquement. Pourquoi cela n’apparaît-il pas dans vos romans ?
Je partage ma vie entre deux activités, raconter des histoires et dire au gouvernement israélien d’aller au diable. Ce sont deux choses très différentes pour moi. Quand j’écris des romans ou des nouvelles, je parle d’amour, de désir, de solitude, de mort. Quand je suis en colère, j’écris un article en direction du gouvernement pour lui dire tout le mal que je pense de sa politique. Je n’ai jamais écrit de littérature pour dire aux Israéliens pour qui ils devraient voter.
Dans “Scènes de vie villageoise”, chaque nouvelle décrit à un moment un comportement absurde d’un des personnages. Pourquoi ?
Je parle de personnes qui ont perdu quelque chose. Ils ne savent pas quoi, ni où, ni pourquoi. Mais ils cherchent, sans savoir ce qu’ils cherchent et c’est forcément un peu absurde et c’est naturellement parfaitement intentionnel.
Pour quelles raisons ?
Simplement pour dire que nous sommes tous en quête de quelque chose. Je pense que c’est une condition universelle de l’homme.
Il y a quelques jours, Israël a mis un terme au moratoire gelant les constructions en territoire occupé. Qu’en pensez-vous ?
La construction de maisons et d’immeubles dans la zone occupée est une erreur depuis le début et je m’y suis toujours opposé. Depuis 40 ans, des Israéliens se battent pour la solution de deux états et pour un compromis historique. Un tel compromis est aujourd’hui possible et je pense que la majorité des citoyens palestiniens et israéliens sont prêts. Le problème réside dans les gouvernements des deux côtés. Les leaders politiques n’ont pas le courage de faire ce que tout le monde pense être impératif de faire.