Pour Aschkel et Lessakele
- My Life, Bill Clinton (Mémoires, New York 2004, pp.936-945) - Rappel du jugement de Bill Clinton sur les négociations de 2000, et sur la "colossale erreur" qu'il impute à Arafat. En 2008, la proposition encore plus généreuse d'Olmert (100% virtuels de Cisjordanie après échanges de territoires + partage de Jérusalem + internationalisation des lieux saints + retour symbolique d'un nombre substantiel de "réfugiés" en Israël) a aussi été rejetée sans contre-proposition par Abbas, ce dernier expliquant que "le fossé était trop grand" entre ce qu'il voulait et ce qu'on lui proposait...
"Décembre 23 [2000] a été une journée fatidique pour le processus de paix au Moyen Orient. (...) Concernant le partage du territoire, j'avais conseillé de réserver 94 à 96 pour cent de la Cisjordanie aux Palestiniens, tout en faisant en sorte que soit bien compris que les 1 à 3 pour cent conservés par Israël incluent 80 pour cent des implantations. (...)
Sur Jérusalem, j'ai recommandé que les quartiers arabes soient situés en Palestine et les quartiers juifs en Israël, et que les Palestiniens devraient avoir la souveraineté sur la partie Haram du Mont du Temple tandis que les Israéliens auraient la souveraineté sur le Mur des Lamentations et sur tout l'"espace sacré" dont il fait partie, et ce sans qu'il y ait de travaux divers autour du mur ou sous le mont, du moins sans consentement mutuel.
Sur les réfugiés, j'ai dit que c'est le nouvel Etat de Palestine qui doit être la patrie pour les réfugiés déplacés durant la guerre de 1948 et peu après, mais sans exclure la possibilité qu'Israël accepte certains réfugiés, du moins sous la juridiction de ses propres lois et décisions souveraines, le tout en donnant la priorité aux réfugiés situés au Liban. J'ai également recommandé un effort international pour accompagner l'arrivée de ces réfugiés puisqu'il s'agit de les aider à ériger des maisons non seulement dans le nouvel Etat de Palestine, mais aussi dans les zones qui doivent être transférées, ou encore dans leur pays d'accueil actuel, voire dans d'autres pays volontaires, ou même en Israël. Les deux parties doivent convenir que cette solution répond à la Résolution 194 du Conseil de Sécurité [erreur ici de Clinton : il s'agit d'une résolution de l'Assemblée générale, sans valeur exécutoire]. (...)
J'ai aussi dit que ces critères étaient non négociables et qu'ils représentaient vraiment tout ce que j'avais pu faire de mieux. J'exigeais donc que les deux parties concernées fassent elles aussi au mieux avec ces différents paramètres. (...) Le 27 décembre, le cabinet de M. Barak a approuvé ces critères, avec des réserves, mais toutes ses réserves s'inscrivaient dans l'horizon de ces paramètres, et seraient donc soumises aux négociations ultérieures. C'était historique : un gouvernement israélien avait déclaré qu'il était prêt à la paix, et que pour y arriver il y aurait un Etat palestinien sur environ 97 pour cent de la Cisjordanie, sans compter les échanges de territoires, et aussi l'ensemble de la Bande de Gaza, où Israël avait également des implantations. La balle était donc bel et bien du côté d'Arafat. (...)
Je n'arrive toujours pas à croire qu'Arafat a pu faire une telle colossale erreur (en refusant de signer)."