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Today’s Zaman, le quotidien en ligne des milieux d’affaires d’Ankara,  annonce aujourd’hui que l’armée turque a décidé de remplacer ses drones israéliens Héron par des avions sans pilotes turcs pour ses missions de reconnaissance et de surveillance.

Les équipes d’instructeurs israéliens se sont en effet retirées la semaine dernière en raison de la crise diplomatique entre les deux pays.  TSK, l’armée turque, a donc actionné son plan B, c’est-à-dire la mise en service des drones de la société turque Baykar.

Le drone  de Baykar est actuellement opérationnel dans le sud-est du pays où les kurdes du PKK donnent du fil à retordre à Ankara. Cet avion sans pilote, équipé d’une caméra thermique, a un rayon d’action de 15 km et vole à 55 km/h jusqu’à 12 000 pieds avec une autonomie de 60 mn. Zaman ne précise pas qu’il s’agit du mini-drone ‘Bayraktar’ d’un mètre vingt de long. Sans comparaison bien entendu avec l’avion sans pilote israélien qui joue dans une toute autre catégorie.

 Today’s zaman annonce encore que  Baykar et la société turque Kale Kalip spécialisée dans les matériaux composites se sont associées pour construire un nouveau drone: le Çaldıran. Dont certaines spécifications surpasseront, paraît-il, celles du Héron. Le journal turc rappelle que la Turquie avait passé commande de 10 drones Héron à Israel en 2004 pour un montant de 180 millions d’euros, et conclut, perfide, que les délais n’ont pas été respectés pour les livraisons, pas plus que les performances annoncées dans le cadre de l’accord.

En avril dernier le spécialiste international des questions de défense,Jane’s annonçait pour sa part que le SIBAT, bras export du ministère de la défense israélien, gelait ses ventes de plateformes avancées notamment de guerre électronique (EW). Déjà à cette époque, SIBAT examinait les demandes turques au cas par cas. Dans le tuyau des commandes potentielles: les missiles Spike de Rafael; les Barak 8 mer-air ou encore le véhicule de combat Namer. L’exclusion des exercices aériens « anatolian eagle »a porté l’estocade et, selon Jane’s,  Israel s’est dès lors  tourné vers la Roumanie pour accueillir ses avions de chasse.

Enfin, révèle le quotidien Haaretz, les milieux de défense israéliens accueillent avec perplexité la nomination le mois dernier du nouveau patron des services de renseignements turcs (MIT). Très proche de la mouvance du premier ministre, il représentait la Turquie auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) l’an dernier et y épousait la position iranienne. Les transferts d’information en direction de la Turquie se feront donc désormais avec circonspection.  

Sur le plan civil et privé, une autre tonalité se fait entendre. le site Israelvalleyrappelait ce matin que d’après le patronat israélien et l’Israel Export Institute, près de 900 compagnies israéliennes sont actuellement actives sur le marché turc, principalement dans les domaines pharmaceutique, de la chimie et de l’informatique. Dan Catarivas directeur international du patronat israélien concluait : La décision de la Turquie de suspendre tous les partenariats commerciaux ” est une décision gouvernementale … dont je questionne la portée puisqu’elle contredit les nombreux traités internationaux dont la Turquie fait partie, telles que l’Organisation Mondiale du Commerce ou bien encore l’OCDE – lesquelles interdisent de telles prohibitions.”

Dominique Bourra, CEO NanoJV.

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