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12 octobre 2009 1 12 /10 /octobre /2009 13:12

Laurent Murawiec : La pensée néoconservatrice perd l'un de ses plus vailants soldats (in mémoriam)





Laurent Murawiec 's Prince of darknessAFP : agence de presse chargée de la propagande extérieure de l’Autorité palestinienne. (Voir aussi Reuters).

Le Monde : journal clérical pratiquant de confession laïco-islamique. Bêtisier permanent de la génuflexion islamophile.

Envoyé spécial : toujours disponible au bar du grand hôtel pour partager ses tuyaux avec ses collègues, qui les ont reçus des mêmes sources. Aurait pu écrire son papier avant d’arriver, sauf le prénom (Ahmed) du chauffeur de taxi, qui permet de donner un visage humain à la souffrance palestinienne.

Enderlin (Charles) : Scénariste et producteur de fictions. Capable de transformer le vivant en mort ; de faire apparaître et disparaître les cicatrices ; d’empêcher les blessures par balles de guerre de saigner. Journaliste à l’objectivité sans faille. Modèle professionnel de Jacques Chirac et des journalistes français. Détenteur de rushes invisibles, mais néanmoins accablants. Les montrera le jour suivant la Saint-GlinGlin 2019, à cause d’une clause signée avec les acteurs, MM. Al-Dura père et fils. Laurent Murawiec

L’approche américaine du Moyen-Orient depuis 1945 a été tout entière guidée par l’impératif géostratégique – parfaitement légitime en tant que tel, insistons-y – du pétrole : s’assurer de la “station-service”, empêcher que d’autres puissances n’en privent les États-Unis ou s’y servent elles-mêmes. (…) Témoignage de son importance, cette stratégie acquit même un nom en 1956 : la “doctrine Eisenhower”. (…) L’impunité et l’immunité ont pris fin à la date du 11 septembre 2001. (…) Afin de mener la guerre contre le terrorisme, le président Bush a répudié et abrogé la “doctrine Eisenhower”. Laurent Murawiec
Les “pacifistes” croient donner une chance à la paix. En fait, s’ils donnent une chance, c’est à l’aveuglement et à lui seul. Les manifestations de samedi dernier c’est l’union sacrée de John Lennon et de Neville Chamberlain. Une naïveté poussée jusqu’à l’absence complète de discernement le dispute au mépris de la réalité. Il n’y a rien à attendre d’une telle alliance. Laurent Murawiec
Obama demande pardon pour les faits et gestes de l’Amérique, son passé, son présent et le reste, il s’excuse de tout. Les relations dégradées avec la Russie, le manque de respect pour l’Islam, les mauvais rapports avec l’Iran, les bisbilles avec l’Europe, le manque d’adulation pour Fidel Castro, tout lui est bon pour battre la coulpe de l’Amérique. Plus encore, il célèbre la contribution (totalement inexistante) de l’Islam à l’essor de l’Amérique, et il se fend d’une révérence au sanglant et sectaire roi d’Arabie, l’Abdullah de la haine. Il annule la ceinture anti-missiles sise en Alaska et propose un désarmement nucléaire inutile. (…) Plus encore, cette déplorable Amérique a semé le désordre et le mal partout dans le monde. Au lieu de collaborer multilatéralement avec tous, d’œuvrer au bien commun avec Poutine, Chavez, Ahmadinejad, Saddam Hussein, Bachir al-Assad, et Cie, l’insupportable Bush en a fait des ennemis. (…) Il n’y a pas d’ennemis, il n’y a que des malentendus. Il ne peut y avoir d’affrontements, seulement des clarifications. Laurent Murawiec

Qu’aurions-nous fait (et qu’allons-nous faire) sans la lucidité et la plume affutée de Laurent Murawiec?


A l’heure où, avec le Comité Nobel, “l’union sacrée de John Lennon et de NevilleChamberlain” vient de révéler au monde toute l’étendue de son ineptitude …

Retour, en forme d’hommage en ce lendemain de sa disparition (58 ans suite à un cancer), sur l’un des très rares chercheurs français à avoir gardé, tout au long des années Bush et de la longue Guerre d’Irak, sa lucidité face aux génuflecteurs islamophiles de nos médias comme au véritable tsunami d’obamalâtrie qui a depuis envahi le monde.

A savoir l’analyste stratégique franco-américain Laurent Murawiec, qualifié tout à tour, par la presse française quand elle consent à parler de lui, de “faucon français” (Figaro), “néoconservateur français” (RFI), “parcours atypique” (Le Monde) ou “ancien conseiller de LaRouche (qu’il reconnaitra avoir effectivement fréquenté quelques années) et de Chevènement” (Réseau Voltaire du négationniste Thierry Meyssan).

Et dont l’énorme érudition et la langue comme la plume acerbes avaient fait la réputatio (à l’instar de son Petit dictionnaire d’idées reçues qui nous avait valu notre exclusion des blogs du Monde).

De la Rand où il avait atteint le plus haut niveau (”senior policy analyst”) mais s’était fait remercier suite à la médiatisation d’un virulent rapport sur le “seul business familial ayant un siège aux Nations unies” (alias l’Arabie saoudite) qu’il proposait de confronter après les attentats du 11/9 (18 des 19 terroristes sans compter l’essentiel du financement étaient, on s’en souvient, saoudiens), au non moins célèbre Hudson Institute où il poursuivait sa brillante carrière jusqu’à sa disparition.

Echantillons avec la longue interview qu’en avait fait il y a un an notre confrère du blog Drzz …


Extraits:

Sur Chirac et Sarkozy:


Il y a eu le long épisode d’hystérie et d’imbécillité chiraquienne, où Chirac a fait des tas de choses inutiles, s’est pris pour le chef du Tiers-Monde, avec un crétinisme parfaitement chiraquien, et a pissé sur les rapports franco-américains, de façon parfaitement ridicule, inutile, la moins nécessaire. On aurait parfaitement pu considérer que la France ait dit, en 2003 : « – on est contre l’intervention, mais les Etats-Unis sont notre allié ». On ne fait pas comme l’autre crétin de De Villepin, le tour des dictateurs du tiers-monde, pour voir si Mugabe est contre « l’attitude anti-démocratique » des Etats-Unis pour le rallier sous la bannière blanche de Pierre Laval et du Maréchal Pétain… C’est Talleyrand qui disait de l’assassinat du Duc d’Enghien : « – c’est pire qu’un crime c’est une faute », ça décrit assez bien ce qu’a fait Chirac. Chirac a mobilisé sur l’antique haine des Etats-Unis. Des gens comme J.F. Revel ont écrit là-dessus, et je n’ai rien à y ajouter, sur cette espèce d’énervement pathologique des élites françaises, « qui ne pardonnent jamais à ceux qui leur ont sauvés la peau à plusieurs reprises »… Sarkozy est un juste retour des choses. C’est un rapport apaisé.

En affaires internationales, on n’a pas d’amis permanents on a que des intérêts permanents, c’est Disraeli qui l’a dit, je crois. Mais, il n’y a pas de raison de s’attendre à une « idylle »…

Mais là, au Moyen-Orient avec une Politique américaine idiote, et par-dessus le marché, Paris qui en rajoute dans les pires zig-zag : c’est une véritable honte ( !), cette invitation de la Syrie, qui est quand même celle qui nous a tué 58 paras (Drakkar, 1983), on a toujours pas tué Rifaat El Assad, – ce qu’on aurait dû faire depuis longtemps-, on a vendu le Liban pour rien, on continue, c’est épouvantable ! Et la visite clownesque à Beyrouth fait mal au ventre, c’est une honte, ils sont passés devant les caméras du Hezbollah, ils ont donc leurs bobines dans les archives informatisées du Hezb., vraiment c’est glorieux ! Ce n’est pas la première fois que la France trahit le Liban, pas la première et sans doute pas la pire, mais ça continue. Et de ce point de vue-là il (Sarkozy) ne fait pas mieux que Chirac !


Sur Obambi:


La vulnérabilité d’Obama, c’est qu’il présente une persona qui n’a rien à voir avec sa carrière réelle. Ca tient à des choses comme le fait qu’il bosse depuis longtemps avec un mouvement d’extrême gauche très violent, Acorn[5], et en tant que membre du conseil d’une fondation ou autre chose, il a contribué à leur donner des centaines de milliers de $ ; eux, en retour, ont été les troupes de sa campagne électorale au Sénat, il y a 3 ans ; et récemment, ils ont fait campagne pour lui. il y a une synergie entre l’un et les autres. Vous trouverez cela dans National Review on line : Stanley Kurtz, qui est un journaliste remarquable a fait un boulot d’enquête formidable à Chicago, qui fait partie des choses qui vont sortir ; et l’image « lisse », actuellement, d’Obama est un peu écornée, donc…


Interview exclusive : Laurent Murawiec
 (1) par Marc Brzustowski

INTERVIEW EXCLUSIVE “LE BLOG DRZZ”

1ere partie : Géopolitique


MARC B. : Tout d’abord, Laurent Murawiec, je vous remercie de bien vouloir accepter de répondre aux questions des lecteurs du Blog Drzz.

J’aimerais vous poser quelques questions au sujet de la reconfiguration de la carte du Proche et Moyen-Orient, à la veille du départ de G.W Bush de la Maison Blanche:

A posteriori : l’administration Bush a t- elle, selon vous, pris les bonnes options (l’Irak/Afghanistan) ou les seules possibles à l’époque ?

L’Afghanistan d’abord :


MURAWIEC : On a fait ce qui fallait, on a renversé les Taliban, on les a chassés. On a essayé d’installer dans un pays qui n’a jamais réellement eu d’Etat central effectif, – parce que c’est une mosaïque de tribus-, un gouvernement central qui marche cahin-caha, avec le problème lié aux services de Renseignements de l’armée pakistanaise, qui sont les créateurs des Taliban. (Services) qui ont essayé de reconstruire leur créature, de recréer un mini-Talibanistan au Waziristân, autour de Peshawar. Et, tant que la question, particulièrement difficile, du Pakistan ne sera pas réglée, on aura des problèmes en Afghanistan. Dans ce cadre-là, sachant que le Pakistan est le problème et pas la solution, les options prises sont les bonnes. Rien ne fera de l’Afghanistan un pays stable et bien gouverné ; ce qu’on peut espérer c’est qu’il ne sème pas le désordre partout aux alentours, tant que subsisteront un certain nombre de problèmes, et l’un est particulièrement grave : c’est celui de l’Empire de la drogue, – dont font partie les Taliban-, qui, remonte de tous les côtés, vers l’Asie Centrale notamment, et qui pourrit tout son environnement. Voilà pour l’Afghanistan…


MARC B. : L’Irak ensuite ?


MURAWIEC : Concernant l’Irak : on a renversé Saddam Hussein et c’était une bonne chose à faire. On est en train de gagner cette guerre en ayant infligé une défaite écrasante et humiliante à Al Qaeda ; ce qui n’était pas notre objectif au départ, mais ce n’est pas une mauvaise raison même a posteriori.


MARC B
. : Y a eu plusieurs périodes dans cette guerre, dont certaines n’étaient peut-être pas envisagées ou évaluées correctement au départ ? Dont cet afflux massif d’Al Qaeda…


MURAWIEC : Il y a eu au moins trois phases dans cette guerre : la phase militaire de trois semaines, le renversement de Saddam, qui a été brillante ; une période où la stratégie américaine a complètement déraillé et qui nous a coûté très cher, avec des erreurs majeures qui n’étaient pas nécessaires, tenant plus de Washington que de l’Irak ; et une troisième phase, à partir de la nomination du Général Petraeus et du Général Odierno, où cette guerre est gagnée, et où les terribles erreurs et leurs terribles conséquences ont été rattrapées in extremis.

La meilleure documentation sur la nature de ces erreurs et leur origine est, sans doute, l’ouvrage de Douglas Faith[1], qui est une documentation assez implacable de la manière dont ça s’est passé.

Quoi qu’il en soit, on est aujourd’hui, dans une situation où Al Qaeda a été écrasé, où les milices chiites, l’Armée du Mahdi, ont été écrasées et ont dû reculer, reculer, reculer, à Bassorah ou ailleurs. Où une grande partie des tribus chiites se sont ralliées, pour des raisons qui sont les leurs, à notre bagarre contre Al Qaeda et contre les milices chi’ites ; et où l’Iran, – je le dis de façon prudente parce qu’on a fait beaucoup de bêtises à cet égard -, où l’Iran ne s’est pas emparé de l’Irak.


MARC B. : Est-ce que cela ne concerne « que » l’Armée du Mahdi (cette infiltration, mise en orbite de relais pro-iraniens), ou d’autres segments ? Je sous-entends, y compris dans les arcanes du pouvoir, je pense à certaines franges du parti Al Dawah, ou encore au SIIC (Conseil suprême Islamique Irakien), ses Brigades Badr[2]…


MURAWIEC : Ecoutez, il y a une erreur à ne pas commettre, lorsqu’on parle du monde arabe en général et de l’Irak en particulier : c’est, je crois, qu’il faut se garder de considérer les partis arabes comme des structures équivalentes à leur formes européennes. Ce n’est pas un monde wébérien[3], où les partis sont organisés, régulés et représentent des structures permanentes… etc. Les groupes politiques en pays arabes, – lorsqu’il y a de la politique : c’est-à-dire qu’en Arabie Saoudite, il n’y a pas de politique, actuellement ; en Egypte, il n’y a pas de politique (intérieure) ; – Mais, ces partis fonctionnent sur une base clanique, familiale, tribale, à base de qui met la main sur l’argent de la corruption… Et donc quand on regarde, que ce soit Al Dawah ou d’autres, ce sont des regroupements fluctuants.

Et d’un côté, et bien l’Irak a comme voisin l’Iran. Comme le dit Auguste Comte, « la géographie est un Destin ». Nous, Américains on s’en ira, mais l’Iran, lui, ne s’en ira pas. Quel que soit l’Iran en question, d’ailleurs.


MARC B. : C’est ce qui explique les déplacements d’Al Maliki en Iran, qui ne concernent pas les Américains – i.e : qu’on ne peut interpréter comme une façon indirecte pour les Américains de « négocier » avec un Etat désigné comme « voyou » ?


MURAWIEC : On négocie en permanence avec le doigt sur la gâchette et le kandjar -la dague recourbée- derrière le dos, en essayant de tirer avantage maximum d’une situation. Mais, je ne blâme pas du tout Al Maliki d’aller rencontrer ce criminel d’Ahmadinedjad, parce que c’est son voisinage. L’Irak a, pour son malheur, comme voisins : l’Iran, la Syrie, l’Arabie Saoudite, la Jordanie et la Turquie, – la Jordanie et Turquie, c’est déjà mieux, mais c’est quand même pas un voisinage très plaisant !

Et donc cette guerre on a fini par la gagner, mais comme Churchill le disait : « les Américains font ce qu’il faut faire… après avoir essayé tout le reste ! » Et on peut dire que c’est exactement ce qu’on a fait en Irak. Quoque, franchement, l’histoire la 2nde Guerre mondiale n’est pas si glorieuse si on la regarde de près, que lorsqu’on la regarde avec un demi-siècle de distance. Il y a aussi eu, à l’époque, des imbécilités militaires et politiques qui sont à crier de honte, mais cette guerre, on l’a gagnée.
Donc voilà une longue réponse à votre question, je crois !


MARC B. : Que peut-on dire aujourd’hui de la fameuse « stratégie des dominos » -a-t-elle vécu ?-, qui consistait à promouvoir par l’exemple l’effondrement des « régimes-voyous » ? Parce qu’au moins deux pays-clés, l’Iran et la Syrie, subsistent aisément et, même pire, continuent d’avancer leurs pions… ? C’est ce qui semble être le lot du futur président, quelles que soient ses options…


MURAWIEC : Personnellement, je blâme énormément Bush pour avoir été incohérent, avoir mené une politique en zigzag, sans continuité. En 2003, quand on a pris Bagdad, il faut savoir qu’à Damas, le régime Assad faisait déjà ses valises, tellement il avait peur qu’on lui envoie deux ou trois tanks… Et puis, à l’époque le secrétaire d’Etat Colin Powell a pris l’initiative, sans en référer à Bush, d’ailleurs, d’aller à Damas l’assurer de nos « bons sentiments ».

Alors, primo, on a assuré la pérennité du régime baasiste d’Assad, deuxio, on lui a permis d’assurer la complicité plus qu’active du régime dans l’infiltration d’Al Qaeda contre nous et le gouvernement Irakien ; et tertio, pire que ça, on l’a laissé faire au Liban : on a soutenu la « révolution du Cèdre » et puis, quand les Syriens ont assassiné Hariri – et ce, après toute une ribambelle d’hommes politiques en général maronites – on a laissé faire sans rien dire, on l’a assuré de son impunité. Au Moyen-Orient où c’est encore la force et la puissance qui comptent, l’impunité leur a permis d’agir à sa guise. Aujourd’hui, je blâme l’Occident pour la perte du Liban. Le Hezbollah et les Aounistes ont la quasi-totalité des rênes du pouvoir entre leurs mains…


MARC B. : Et sur l’Armée… ?


MURAWIEC : L’Armée au Liban, c’est une farce ubuesque de même que son actuel Président, d’ailleurs (Michel Sleiman), c’est « farcesque ». Je blâme donc très vivement Bush d’avoir accepté la coexistence de plusieurs politiques, d’avoir laissé toute une autre politique se développer au sein de son propre gouvernement, de l’avoir laissé faire et, – en rapport aux dominos-, ceux qui auraient dû tombés ne sont pas tombés, au contraire. Le seul domino, éventuellement, à être tombé, c’est le programme nucléaire de Muhamad Khadafi qui a su lire, ce qui était marqué « sur le mur »[4] pour reprendre l’image de Nabuchodonosor dans la Bible, et en a tiré ses conclusions avec sagesse.

Ceux qui commençaient à avoir peur se sont rassurés en disant, « les Américains n’ont pas de suite dans les idées, ou ils ont trop d’ennuis en Irak pour venir nous ennuyer » ; et, hélas, ils ont eu raison.


MARC B: Aujourd’hui, on a un peu l’impression d’un double-encerclement : certes, de l’Iran/Syrie d’un côté, mais aussi par effet de rétorsion, d’Israël, par le Hezbollah, Hamas, Syrie… ? Est-ce une vision qui se tient ? Celle d’un équilibre de la terreur ?


MURAWIEC : L’Iran serait encerclé s’il y avait une stratégie américaine visant à écrabouiller, destituer les Mollahs d’une manière ou d’une autre. Il n’y a, d’ailleurs, pas besoin de leur envoyer des bombes ; je pense qu’un mois d’embargo de toutes leurs exportations (notamment pétrolières) serait un coup de semonce terrible pour eux pour les amener à un certain code de comportement (sinon à être « raisonnables »). On cause aux Iraniens et on ne fait absolument rien de sérieux.

Mais, actuellement, il n’y a plus aucun équilibre, Bush peut manier une certaine rhétorique, elle ne trouve aucun prolongement dans la politique suivie, aucune cohérence et aucune stratégie. Il y a des bouts de stratégies et autant ne rien faire que de suivre une stratégie incohérente.


MARC B. : On peut considérer que Colin Powell, Condi Rice, etc, ont constitué une sorte de minorité de blocage au sein de l’Administration tout au long de ce mandat ?


MURAWIEC : Il n’y a eu aucune suite politique logique. Ca fait bien longtemps qu’un certain nombre de secteurs de l’Administration est en insurrection ouverte contre la politique déclarée de Bush, et il ne leur est jamais rien arrivé. Il a choisi les mauvais hommes ou femmes, le Département d’Etat et la CIA sont en mutinerie déclarée depuis 2002. Et si vous avez les 2/3 qui sabotent votre politique par tous les moyens possibles, vous n’arrivez pas à grand-chose. Je ne vois aucune stratégie contre l’Iran, Bush agit au coup par coup.

Il y a le second « encerclement » : celui d’Israël, d’abord c’est le problème d’Israël (l’Amérique n’est pas directement en cause). Entre le Liban-Sud, le Golan et Hamas à Gaza, Israël risque de devoir faire face sur 3 fronts. Ce pseudo-gouvernement Olmert-Livni-Barak a perdu une guerre, il y a deux ans, qu’il aurait dû normalement gagner. Et ils se sont mis dans un pétrin épouvantable – et évitable ; une situation extrêmement dangereuse. Ils ont reconstitué l’armée, qui est capable de mener ses missions, ce qu’elle n’était pas, il y a deux ans. Et admettons qu’Olmert finisse par partir à la poubelle, ni Livni ni Barak ne sont dotés d’un esprit, d’une réelle vision stratégique. Barak est un tacticien hors-pair ; Livni est une « diplomate » avec une politique assez lamentable. Et au bout du compte, l’actuel Kadima est l’héritier du dernier Sharon. A l’époque, étant partisan du premier Sharon, j’étais plutôt pour ce retrait ; mais il est maintenant d’une évidence criante que ça été une erreur stratégique de première ampleur, on a donné le pouvoir à Hamas et le Hamas s’en sert aujourd’hui. Et Israël ne fera pas l’économie d’une reconquête de Gaza, qui fera couler beaucoup de sang et dont les résultats ne seront pas permanents.


MARC B. : Oui, mais, une reconquête, pour quel résultat ? Qui va reprendre et gérer Gaza ? Est-ce qu’Abbas est en mesure de reprendre les choses en main ?


MURAWIEC : Abbas est un notable de province sans pouvoir, sans capacité d’imposer quoi que ce soit. Il est une sorte de fonctionnaire qui gère l’héritage (d’Arafat) et réunit tous les mythes de la cause palestinienne de vieille date, si on veut. Mais, il est incapable de gérer Gaza ou quoi que ce soit d’autre. Si son pouvoir tient, en Judée-Samarie, c’est uniquement grâce à l’Armée Israélienne. Il n’a pas les moyens de s’imposer. Il n’y a pas de solution politique ou diplomatique à la clé parce que pour qu’il y en ait une, il faudrait être deux… Or Israël n’a pas d’interlocuteur (de poids). Il n’y a rien – de tangible – de l’autre côté.

http://www.drzz.info/article-20718929.html


2eme partie : La complexité des politiques moyen-orientales américaines :


MARC B. : La Guerre anti-terroriste a t- elle généré une dépendance accrue d’Israël vis-à-vis des Etats-Unis ou, au contraire, peut-on dire que les liens, le partenariat stratégique, se sont renforcés (concernant Israël/Etats-Unis) ?


MURAWIEC : Ecoutez, il me semble qu’à mesure que les choses s’aggravent, dans le monde arabo-musulman : 1) la Turquie n’est plus un allié sûr des Etats-Unis comme durant 1⁄2 siècle, 2) l’Egypte est dirigée par un despote vieillissant, avec un gros point d’interrogation sur ce qui vient après … dans ce contexte, les Etats- Unis ont en Israël un allié stable, extrêmement important. C’est un rapport stratégique qui est extrêmement étroit, dans le militaire, le renseignement …

D’autre part, quand on analyse les rapports israélo-américains, il faut se méfier des simplifications. Elles sont très faciles en l’occurrence. Parce qu’il n’y a pas, jamais, pour le Moyen-Orient comme pour le reste, une seule politique américaine : il y a une coexistence de plusieurs politiques qui se déploient simultanément. Le gouvernement des Etats-Unis, lui-même,- contrairement à ce que croient beaucoup de gens dans le reste du monde-, n’est pas une espèce de monolithe qui agit d’un seul tenant. Il y a toujours plusieurs lignes qui coexistent y compris pour le Moyen-Orient. Depuis 1944, la ligne dominante est celle qui dit : « – au Moyen-Orient il y a du pétrole. Au-dessus du pétrole, il y a des émirs et des dictateurs, sunnites en général, c’est donc avec eux qu’il faut faire affaire et rien d’autre ne compte ».

C’est une des lignes permanentes. Une autre dit : « – mais non mais non, Israël, pays démocratique compte énormément, c’est un allié sûr, on l’a vu en 67 et 73, contre les Soviétiques, on l’a vu depuis. On peut compter sur eux, Israël est un allié précieux » … Mais, ces deux lignes ne sont pas les seules, au-dessus il y en a encore bien d’autres…

Nous parlons d’un pays aussi extraordinairement puissant que les Etats-Unis, avec des intérêts mondiaux aussi multiples et une situation nationale aussi diversifiée,… Il n’y a pas « une » politique pétrolière américaine, il y en a même plusieurs. Pourquoi ? Parce que les compagnies pétrolières n’ont pas les mêmes objectifs, les mêmes réserves, les mêmes fournisseurs, donc les mêmes intérêts…

J’essaie toujours de souligner à quel point les simplismes pour le Moyen-Orient ne sont vraiment pas de mise. L’action des Etats-Unis est toujours la résultante de forces et de lignes extrêmement diverses.

Ainsi donc, les rapports israélo-américains sont compliqués…

En ce qui concerne Israël, ça paraît plus facile, mais c’est finalement pas si simple que ça, puisqu’il n’y a pas que les Américains : en Israël, il y a aussi la gauche israélienne, dont la ligne n°1 depuis plus de 30 ans est de dire : il faut faire en sorte que les Américains forcent Israël à rendre les Territoires, Israël est trop puissant, pour son propre bien, il faut qu’il rende les territoires,… Ces idées ont été exprimées, pour la première fois, par le Général à la retraite Harkabi[1]. Et depuis, toute la gauche, toute une intelligentsia de gauche très active, ont pour objectif n°1 de faire en sorte qu’Israël ait les poings liés par les Etats- Unis !… Et tous les Américains, (-heureusement !-) ne sont pas d’accord avec ça ! Mais ça donne un rapport éminemment complexe !

Cela dit, dans le Moyen-Orient présent, avec la question du nucléaire iranien en première ligne, les Etats-Unis ont besoin d’une alliance étendue avec Israël.

Ce qui me soucie le plus, je vous l’avouerais, c’est la présence, à Washington, d’un certain nombre de gens qui comptent sur Israël pour faire le « sale boulot » avec l’Iran, cette tendance est là depuis plusieurs années : « ils (les Israéliens) ont un problème de survie : ils vont, à tout le moins, nous gagner plusieurs années en écrasant une partie du programme nucléaire iranien, et de notre côté on pourra dire : « ah non ! C’est très vilain », et les féliciter par derrière,… je crains vraiment cette attitude.


MARC B. : C’est ce qui semble se dessiner (notamment avec le rapport de la NIE –de novembre-décembre 2007) ?


MURAWIEC : C’est ce que je disais, tout- à- l’heure, en parlant d’insurrection de la CIA contre Bush, ç’en est un exemple flagrant. Et aujourd’hui, même si le Patron de la CIA, lui-même et d’autres, ont laissé entendre que le titre – et non pas le rapport en totalité-, ou les premières phrases du rapport, étaient complètement faussées et délirantes, on souffre encore d’une absence de stratégie, de véritable politique de la part de l’Administration à l’égard de l’Iran ; d’où le danger : parce qu’il y a une disproportion des motifs : pour Israël c’est un problème existentiel à court terme, pour, admettons, les 5 à 10 années qui viennent, pour les USA c’est un danger stratégique à moyen terme.

La disproportion des motifs est telle que s’il y avait une vraie stratégie, une politique cohérente, on se baserait sur le moyen et long terme, pour pouvoir agir à court terme. Nous ne le faisons pas, et donc ça laisse Israël, qui est pressée de beaucoup plus près, dans une position, à tout le moins, très inconfortable.


MARC B. : Quand on parle des pouvoirs d’obédience chiites/sunnites : que penser depuis Doha de cette bipolarisation : avec, d’un côté, les pays arabes réputés « modérés »/ et de l’autre, ceux qui sont sous dominante et influence iranienne (chiites ou non) ?


MURAWIEC : Que nous avons laissé l’Iran se créer une position stratégique assez enviable : c’est la première fois, depuis les Fatimides du Caire[2], qu’une puissance Chiite a pignon sur rue, sur la Méditerranée, par exemple. C’est une chose qui, stratégiquement parlant, est d’une grande importance. Bon, d’un autre côté, il n’y a pas, à proprement parler, « de croissant chiite »[3], parce que la Syrie –hors alliances stratégiques – n’est pas chiite. Si on devait faire quelque chose avec la Syrie, c’est avec la majorité sunnite qu’on aurait en face de nous, qu’il faudrait le faire ; quelque soit ce qui en sortirait, et là on peut douter – et s’inquiéter – de ce que cette société déstructurée pourrait engendrer, mais c’est une autre affaire …

Quand on regarde le Moyen-Orient, il me semble qu’on peut partir du principe d’analyse suivant : quand chacun des chefs d’Etats de la région se lève ce matin et se regarde dans le miroir pour se raser, – se regarde dans le miroir sans se raser pour certains-, il calcule ce qu’est le rapport de force du jour et se dit : « quel est le rapport de force ? – le Roi d’Arabie Saoudite, par exemple- : entre moi et l’Iran, moi et les Américains, x, y, et z ? ». Chacun fait la même chose, et se repositionne en permanence. Il fait une espèce de calcul intégral. L’art de gouverner des Arabes, c’est ça. Ce n’est pas de faire des choses, c’est de calculer le rapport de forces, au jour le jour, pour savoir si untel a la capacité de les tuer aujourd’hui ou demain. Ou si, lui, a la capacité de tuer l’autre ou celui qui le menace directement, aujourd’hui ou demain. Et tout le monde fait la même chose. Quand on parle de « politique arabe », « arabo-musulmane » ou d’ « axe sunnite/chiite »… Dès que les Etats-Unis agissent de façon un peu sérieuse, y compris vis-à-vis de l’Iran, -ça arrive-, untel ou untel, dirigeant arabe se dit : « – Tiens, les Américains… Attention, il faut que j’y mette 5% de plus »,

Quand l’Ambassadeur américain rencontre l’Ambassadeur Iranien à Bagdad, c’est comme ça que ça se passe, le roi d’Arabie Saoudite se dit : « – tiens, il faut que je fasse quelques risettes aux Iraniens… tiens, il faut que j’invite Ahmadinedjad à Ryad… » ; en réalité c’est comme ça que ça se passe au jour le jour…

Quand les Américains sont arrivés à Bagdad, quand tout le monde a cru qu’on allait écraser le régime syrien, les Iraniens ont eu très peur [4] et ils ont baissé le ton sur un certain nombre de choses…

Ou encore : quand la guerre de juillet 2006 a débuté, tout le monde s’est dit : Israël ne va faire qu’une bouchée du Hezbollah. Et l’Arabie Saoudite a émis, au début, un soutien absolument sans équivoque à Israël. Il y a eu une tapée de clercs saoudiens qui ont émis une fatwa condamnant l’action et la provocation du Hezbollah. Et, parce qu’on a vu qu’on s’était mis le doigt dans l’œil, que la stratégie israélienne était inepte, quand tout le monde a vu que ça n’allait pas dans le sens prévu, à ce moment-là…, on s’est dit : « ah, ben… »


MARC B. : Je crois me souvenir de votre position, en 2002, après le 11 septembre, de votre exigence d’action énergique contre l’Arabie Saoudite, que vous considériez comme le problème et non comme un élément de la solution. Vous disiez que, parallèlement à l’Irak, il fallait aussi en faire payer le prix à l’Arabie Saoudite. Votre position est-elle identique aujourd’hui ou a t- elle évolué avec le temps… ?


MURAWIEC : Le Djihad contemporain a deux grandes sources : la source wahhabite et la révolution islamique chiite iranienne, ça n’a pas changé du tout. Ce que j’ai proposé en 2002 au Pentagone, je ne vois, actuellement, pas de grandes raisons de changer d’avis : le royaume wahhabite, autant que l’Iran, est une vraie menace, parce que le Royaume est à la source du Djihad contemporain. Donc je suis toujours partisan de parler fort et de taper très fort du poing sur la table, j’avais préconisé au Pentagone de donner un ultimatum au Royaume : « – vous faites les choses qui suivent ou ça ira très mal ». C’est vrai qu’on s’est, sans doute, relativement affaibli dans notre capacité d’action depuis, mais la puissance américaine n’est pas entamée, donc il n’y a pas de raison de ne pas les mettre en garde.


MARC B. : Et est-ce que le « message est passé » en toute ou partie ? Est-ce que cette voie de la « réforme » ou des réformettes a changé des choses ? Ou c’est encore un rapport de forces ?


MURAWIEC : On donne des miettes au petit canard qu’est là ; le canard veut qu’on arrête d’enfermer les femmes dans des sacs à patates noirs, alors on donne quelques permis de conduire,… Tout ça, c’est du vent, il y a une oligarchie parasitaire de rois fainéants dont le seul talent est de piller, de prélever la djezia (pétrolière) sur les Dhimmis et de survivre. Rien n’a changé.

Le royaume saoudien, et la famille Al Saoud, se fonde depuis 1745 sur l’alliance wahhabite, sur l’interpénétration avec les clans les plus radicaux. Les deux sont consanguins, c’est un mariage consanguin sans cesse renouvelé, où l’élite du royaume résulte de branches incestueuses. Alors que Machin, Truc, parmi les Princes soit un alcoolique, ou ne pratique pas l’islam comme Al Wahhab le préconisait, moi je viens bien, qu’est-ce que ça change ? Vous savez, sous le Troisième Reich, l’homosexualité était extrêmement répandue chez les SA et SS, d’un côté ; et, de l’autre, ça n’empêchait pas le Reich d’enfermer les homosexuels, non membres du Parti, en camp de concentration. La Nomenklatura soviétique ne faisait pas ce qu’elle disait, mais ça ne l’empêchait pas de l’imposer aux autres. Ce n’est pas parce que certains prendraient des libertés que l’ordre en est modifié.

J’avais lu une étude qui avait analysé le cas de 150 djihadistes capturés en Irak sur une période assez courte, et, parmi eux, il y avait 65% de Saoudiens. Ils étaient le contingent n°1, de très loin, et c’est plus parlant que le baratin sur les réformes. Ils ont fait le Royaume d’une certaine manière et le Royaume selon la façon dont ils l’ont fait, est djihadiste.


MARC B. : Oui, on ne peut même pas penser qu’il s’agirait de « dissidents », de plus « extrémistes » ne trouvant pas à s’exprimer chez eux ?


MURAWIEC : Le roi Abdallah a maintenu le contact avec les extrémistes, a conçu son pouvoir sur l’équilibre des forces avec les Djihadistes, c’est la même chose que ce qu’on disait tout- à- l’heure pour les rapports interarabes ; La politique saoudienne, se résume comme suit : le Roi reçoit, toutes les semaines, les chefs tribaux , des tas de gens qui veulent quelque chose. Il a son Majliss, chacun de ceux qui a accès au Roi fait la même chose, chacun des princes fait la même chose etc. C’est la structure tribale traditionnelle. Les princes ont constamment maintenu, certains plus que d’autres, le contact avec les extrémistes. On est globalement dans le même monde.


MARC B. : Est-ce qu’on peut dire sensiblement la même chose concernant le Pakistan ?


MURAWIEC : Le Pakistan, ce n’est pas le même type de société, beaucoup plus développée, évoluée, avancée. C’est une autre paire de manches, la situation au Pakistan était extrêmement pourrie, dégénérée, extrêmement difficile. Mais au Pakistan, il y a une société éduquée, civile, des universités qui fonctionnent sur un mode non-wahhabite. Il n’y a pas ce mépris du travail, si typique de l’Islam, qu’on retrouve en Arabie Saoudite, en premier lieu. Le paysan pendjabi est quelqu’un qui travaille très dur. Il y a de l’industrie, du commerce, le Pakistan n’est pas un parasite sur l’économie mondiale. Autant c’est un pays qui a échoué à se créer une vraie conscience nationale, mais autant il y a une différence formidable entre les rentiers tribaux d’Arabie Saoudite et un pays comme le Pakistan.

http://www.drzz.info/article-20719965.html


3eme partie : relations internationales / présidentielles américaines


MARC B. : Les lobbies moyen-orientaux aux Etats-Unis : que pourriez-vous nous dire du pouvoir d’influence du lobby saoudien à Washington ? Comme il s’exprime à travers des « hommes de paille », tels que « Dhimmi » Carter ?


MURAWIEC : Le lobby saoudien, c’est d’abord un type : le Prince Al Waleed. C’est un lobby hyper-centralisé – quand j’entends des crétins comme John Mearsheimer et Stephen Walt qui parlent du « Lobby Juif » je rigole doucement, car ce n’est encore rien comparé au Lobby Saoudien, qui est extrêmement influent !- Pendant 23 ans le prince Bandar, fils du Prince Sultan, a été le grand corrupteur des EU, et il a fait des ravages énormes et ça continue ; ou le prince Al Waleed (Ben Talal Ben Abdul Aziz)[1] : Georgetown a reçu 20 millions de $ du prince Al Waleed, on y a établi un centre « pour la compréhension islamo-chrétienne », dirigée par John Esposito[2]. C’est un centre de propagande. De même, Harvard a reçu 20 millions du Prince en question. Carter est un « homme de paille », mais ça va beaucoup, beaucoup plus loin. Des types comme Brent Scowcroft[3], patron du CSCI sous Bush Senior, pourtant républicain, opposé résolument à la guerre en Irak. Mais encore, de grandes firmes de lobbying, de grands cabinets d’avocats, etc. sont dans la poche des Saoudiens : le Carlyle Group[4], un énorme groupe d’investissements privés, qui est une importante banques d’affaires, avec des tas de gens qui ont tenu les rênes du pouvoir : comme Franck Carlucci, ancien directeur-adjoint à la CIA sous Carter, puis à la Défense (sous Reagan). Voilà ce qu’est cette corruption saoudienne, avec toutes les bonnes raisons du monde ( !). Le lobby saoudien est extrêmement puissant, centralisé et l’homme qui compte c’est l’Ambassadeur.


MARC B. : Et là, par contre, il y a une « vraie stratégie » ?


MURAWIEC : La stratégie, c’est corrompre un maximum de gens et ils peuvent compter sur des amitiés extrêmement diversifiées pour s’ouvrir un maximum de portes (« Super Door Openers »)


MARC B. : Il y a d’autres lobbies (affaire Rezko : accointances pétrole contre Nourriture), le NIAC de Trita Parsi, qui le concurrencent,… comment est-ce que tout cela s’organise ?


MURAWIEC : Le NIAC, c’est très américain, c’est un marché, parfaitement légal, on peut même y trouver une base constitutionnelle qui donne le droit de pétitionner en vue de groupes d’intérêts ; mais ça fonctionne comme un marché, où le lobby des lobbies est saoudien. Mais les Etats-Unis sont tellement puissants qu’il n’y a rien qui se passe dans le monde qui n’influe sur la politique des Etats-Unis, ni rien aux Etats-Unis qui n’ait pas un retentissement dans le monde : qui sera le président, qui sera à la chambre, qui sera au Foreign Relations Committee du Sénat,… Et tout un chacun s’efforce d’acquérir, d’acheter de l’influence à Washington, parce que Washington est la capitale du monde : il faut y avoir son pied à terre, « pignon sur pouvoir », si j’ose dire ; franchement ça devait être la même chose à Rome en l’an 200 après JC, et la même chose, de façon moins diversifiée, dans la Grande-Bretagne impériale de 1900 : si vous êtes la Capitale du monde, tout le monde veut y être. Et vous avez besoin d’être partout.


MARC B. : Parmi ceux qui prônent le dialogue avec les Mollahs (Kissinger, Allbright…) : peut-on différencier, de l’extérieur, un travail de lobbying en arrière-fond d’un raisonnement dans l’intérêt strict des Etats-Unis ?…


MURAWIEC : Cela dépend des individus, certains je les soupçonne beaucoup moins de corruption ; quand on dit corruption il faut faire preuve d’imagination, ce n’est pas que l’argent : mais du prestige, de la flatterie, des invitations, une remise en selle quand on a disparu de la scène publique…

Quand Schultze, par exemple, dit quelque chose, je ne le soupçonne pas de corruption, parce qu’il est là depuis longtemps, on le connaît… par contre, quand je vois Scowcroft faire quelque chose, le soupçon monte immédiatement, parce que j’ai une idée assez claire de la manière dont il procède et du pourquoi, de même qu’il fait partie des pires courants qui réclament depuis toujours l’impunité pour les dictateurs.

MARC B. : Que dire aujourd’hui des rapports France/Etats-Unis, de leur « jeu de rôles », avec, en arrière-fond, la pilule amère de : Bachar à Paris/ La France à Beyrouth ?

MURAWIEC : Il y a eu le long épisode d’hystérie et d’imbécillité chiraquienne, où Chirac a fait des tas de choses inutiles, s’est pris pour le chef du Tiers-Monde, avec un crétinisme parfaitement chiraquien, et a pissé sur les rapports franco-américains, de façon parfaitement ridicule, inutile, la moins nécessaire. On aurait parfaitement pu considérer que la France ait dit, en 2003 : « – on est contre l’intervention, mais les Etats-Unis sont notre allié ». On ne fait pas comme l’autre crétin de De Villepin, le tour des dictateurs du tiers-monde, pour voir si Mugabe est contre « l’attitude anti-démocratique » des Etats-Unis pour le rallier sous la bannière blanche de Pierre Laval et du Maréchal Pétain… C’est Talleyrand qui disait de l’assassinat du Duc d’Enghien : « – c’est pire qu’un crime c’est une faute », ça décrit assez bien ce qu’a fait Chirac. Chirac a mobilisé sur l’antique haine des Etats-Unis. Des gens comme J.F. Revel ont écrit là-dessus, et je n’ai rien à y ajouter, sur cette espèce d’énervement pathologique des élites françaises, « qui ne pardonnent jamais à ceux qui leur ont sauvés la peau à plusieurs reprises »… Sarkozy est un juste retour des choses. C’est un rapport apaisé.

En affaires internationales, on n’a pas d’amis permanents on a que des intérêts permanents, c’est Disraeli qui l’a dit, je crois. Mais, il n’y a pas de raison de s’attendre à une « idylle »…

Mais là, au Moyen-Orient avec une Politique américaine idiote, et par-dessus le marché, Paris qui en rajoute dans les pires zig-zag : c’est une véritable honte ( !), cette invitation de la Syrie, qui est quand même celle qui nous a tué 58 paras (Drakkar, 1983), on a toujours pas tué Rifaat El Assad, – ce qu’on aurait dû faire depuis longtemps-, on a vendu le Liban pour rien, on continue, c’est épouvantable ! Et la visite clownesque à Beyrouth fait mal au ventre, c’est une honte, ils sont passés devant les caméras du Hezbollah, ils ont donc leurs bobines dans les archives informatisées du Hezb., vraiment c’est glorieux ! Ce n’est pas la première fois que la France trahit le Liban, pas la première et sans doute pas la pire, mais ça continue. Et de ce point de vue-là il (Sarkozy) ne fait pas mieux que Chirac !

Pour résoudre le problème libanais, il faut casser la gueule aux Iraniens et tuer Nasrallah, là le Liban aura une chance. Une autre occasion n’a pas été exploitée : c’est le fameux rapport Mehlis concernant le Tribunal International, de la faute des Etats-Unis et de la France, on a eu une chance avec le rapport Mehlis, pour l’instant ça traîne et on a rien fait. Pour l’instant, il n’a pas grande incidence : si, en plus, on invite Bachar, on ne va pas le traduire (en justice), c’est le discours de Marc Antoine, dans Jules César de Shakespeare, le discours funéraire de J.C, à qui l’auteur fait dire : « parce que Brutus et Cassius sont des hommes honorables » tant et tant qu’à force de le répéter, on comprend que ce sont des crapules, ici, c’est pareil, « Bachar est un homme respectable, on ne va quand même pas l’ennuyer »… Donc hélas, il faut craindre que ce rapport et ce Tribunal International, il n’en sorte pas grand-chose…


MARC B. : Pour conclure, quel serait votre pronostic socio-politique concernant la présidentielle américaine : Obama/ le clan Clinton/son rapprochement éventuel avec Mc Cain… ?


MURAWIEC : Mme Clinton doit, à la fois, avoir l’air de faire campagne pour Obama pour ne pas se perdre aux yeux du Parti Démocrate et faire en sorte qu’il perde pour pouvoir se glisser à sa place dans 4 ans. Elle doit gigoter beaucoup, c’est son problème, pas le mien. Et les Clinton ont une propension au gigotement sans équivalent.

Quand va arriver le mois de septembre, les Républicains vont commencer à sortir les tombereaux de dossiers sur Obama, un dossier qui n’est pas piqué des vers( !). Il y a eu un certain nombre de choses (qui sont déjà sorties), mais rien en comparaison à ce qui sortira à l’automne ; ça ne sert à rien de sortir ces rapports trop tôt. Mais 15 jours après la convention démocrate, vers mi-août, les choses vont commencer à sortir. Je pense que ça va saigner beaucoup. La vulnérabilité d’Obama, c’est qu’il présente une persona qui n’a rien à voir avec sa carrière réelle. Ca tient à des choses comme le fait qu’il bosse depuis longtemps avec un mouvement d’Extrême Gauche très violent, Acorn[5], et en tant que membre du conseil d’une fondation ou autre chose, il a contribué à leur donner des centaines de milliers de $ ; eux, en retour, ont été les troupes de sa campagne électorale au Sénat, il y a 3 ans ; et récemment, ils ont fait campagne pour lui. il y a une synergie entre l’un et les autres. Vous trouverez cela dans National Review on line : Stanley Kurtz, qui est un journaliste remarquable a fait un boulot d’enquête formidable à Chicago, qui fait partie des choses qui vont sortir ; et l’image « lisse », actuellement, d’Obama est un peu écornée, donc… Et pour peu que Mc Cain fasse une bonne campagne comme il faut, … à voir. Au départ, je ne suis pas d’un grand enthousiasme mais je voterai Mc Cain : on a besoin de lui, donc, prenons-le, je pense qu’il va gagner mais ce n’est pas dans la poche.

Il y a des choses extrêmement indicatives de l’état de l’opinion, ce qu’on appelle le Middle America, notamment sa déclaration à San Francisco sur les « petzouilles » qui « collent à leur religion et leur fusil » : il a perdu 7 à 8 points en Pensylvanie en quelques jours. Si vous voulez, j’habite Washington, itou à San Francisco, qui ont voté Kerry à 90% ; par contre, quand on est en West-Virginia ou au Texas, etc., ce sont 2 pays très différents, ce qu’on peut appeler l’Amérique moyenne, le « pays réel ».

C’est, un peu aussi, une des erreurs les plus graves de gens comme Ben Laden est qu’ils confondent Hollywood et CNN avec le pays réel, Saïd Houd a passé 2/3 années aux Etats Unis, il n’a rien vu rien compris. Et quand tous ces types-là parlent des Etats-Unis, ils ne comprennent pas et, comme ils ne les comprennent pas, ils font des bêtises. Ils ne voient jamais le pays réel. Le pays réel, c’est hors Washington et hors- Obama, qui, dans un autre sens, est un pur produit intellectuel Harvardien de la plus belle eau.


MARC B. : Que penser du Rôle des guerres, dans cette élection ? L’Amérique est-elle lassée et capable de se laisser tentée par le ticket Obama ? Une voie de retour aux préoccupations ordinaires, « isolationnistes » ?


MURAWIEC : Le plus problématique là-dedans est, selon moi, à quel point on paye maintenant, le prix de 7 ans de Bush. Et l’incapacité radicale de Bush à mener et faire passer sa politique. J’attends avec impatience les débats Mc Cain-Obama qui vont être, pour la première fois depuis très longtemps, de vrais débats avec de la substance. Les débats Kerry-Bush, il y a 4 ans, en comparaison, ont été terribles… Là on va avoir deux candidats qui parlent anglais, à la différence de Bush ; l’incapacité de Bush à s’exprimer, à expliquer pourquoi ses décisions, ce n’est pas seulement un problème de communication, comme on dit, mais bien de substance, de décision, de suivi etc. Mais ça fera du bien d’avoir de vrais débats sérieux… là je crois qu’on paie 7 ans de Bush…


MARC B. : Et comparativement, Mc Cain est un vrai candidat ? Il sait s’exprimer ?

Mc Cain, oui, oui, sans aucun doute, je l’ai entendu, ce type, dans des conférences, à plusieurs reprises, etc. il parle bien, il est drôle, il sait être convaincant. Encore une fois, ce n’est pas un type qui m’enthousiasme énormément, il y a des points de son programme qui m’ennuient sérieusement,… Mais c’est un type qui a de la ressource, beaucoup plus que Bush.

Mais, d’autre part, les Républicains vont prendre une dégelée, une rouste terrible, au Sénat et à la Chambre, ils vont perdre plusieurs sièges au Sénat, peut-être plusieurs dizaines à la Chambre. Et si Mc Cain gagne, son problème sera sans doute d’être face à une grosse majorité démocrate. Le Président propose et la chambre des représentants dispose. Ce n’est pas le Président qui décide du budget pour les Etats- Unis : la constitution donne primauté à la Chambre et au Congrès, sur un certain nombre de points. Le président a le pouvoir de la parole, une puissance d’initiative formidable. Reagan, par exemple, a dû gouverner durant la totalité de ses deux mandats, avec une majorité démocrate, ce qui ne l’a pas empêché de faire de merveilleuses choses. Mais ça complique énormément les choses….


MARC B. : D’autres choses que vous aimeriez préciser avant que l’on se quitte ?


MURAWIEC : Je crois qu’on couvert beaucoup de choses, on a fait le tour de pas mal de points… On ne va quand même pas étouffer vos lecteurs ! C’est un peu étouffe-chrétiens !

(off-record) J’ai de la sympathie pour ce que fait Drzz (prononcé d’edzedzed à la façon de la guêpe…) fait, c’est bien, un peu comme Pajama medias, les « vaches vertes » ici, y en a besoin.


MARC B. : C’est aussi un blog qui permet de rendre compte d’une politique qui n’a pas toujours été bien comprise, c’est le moins que l’on puisse dire, notamment, en France…


MURAWIEC : C’est le moins qu’on puisse dire ! A ce sujet, vous savez, j’ai été invité par la France officielle pour la 1er fois depuis 4 ans en mars dernier, ça c’est un effet-Sarkozy, après 4 ans d’embargo où je n’étais pas « en cour » si j’ose dire. Et là je reçois une invitation, ils veulent m’entendre, ben c’est bien, tant mieux pour eux (rires) ! …

Ma 1ère préoccupation est me débarrasser du cancer qui me fait chier, ça pourrait être fait rapidement si diverses choses marchent. Si je suis bien, je serais en France en aout, en vacances, mais on verra l’an prochain. Je pense que j’aurais des trucs à faire en France. Je suis plus en Chine qu’en Europe… Si à l’occasion je peux rencontre les Drziiistes, on fait un déjeuner avec plusieurs drzzzziiiistes et… c’est bien de se connaître ! Ok !


MARC B. : Je vous souhaite un prompt rétablissement et je vous dis donc à très bientôt, Monsieur Laurent Murawiec…


MURAWIEC : Oh ! Pas besoin du « Monsieur » !


MARC B. : Donc, à très bientôt, Laurent !



[1] War and Decision, mises en cause, notamment : de Colin Powell, Tommy Franks et Paul Bremer

[2] NDLR : qui se sont récemment -2006 – défaits de leur allégeance à l’égard de l’Iran (Qom) et du principe de : Velayat-e-faquih : celui-ci impose et reconnaît comme seule autorité le gouvernement du « Docte » juriste-théologien, soit l’inféodation aux décisions du Guide Suprême. Ce principe n’est plus valide dès que les chiites Irakiens se réfèrent à l’autorité de l’Ayatollah Ali Sistani et à l’école de Nadjaf.

[3]Max Weber : Le Savant et le Politique (1919), préface de R. Aron et traduction par J. Freund, Plon, 1959.

[4] L’angoisse de Balthazar, l’un des successeurs babyloniens de Nabuchodonosor voyant selon la bible s’écrire sur le mur les mots : Méné, Téqel, Uofarsin… lit-on dans un des derniers chapitres du prophète Daniel : « ton règne a été pesé, tes raisons trouvées légères, et tout sera divisé ».

[1] Major-Général « Fati » Yehoshafat Harkabi, l’un des négociateurs de l’Armistice de 1949, ancien chef du renseignement militaire israélien, à partir de 1955 et universitaire orientaliste (ou islamologue), diplômé d’Harvard. « Arab attitudes to Israel », écrit en 1972, est à la base de ses théories « pessimistes » sur l’avenir de la Région. La Guerre de 1967 est, selon lui, une opportunité pour la Paix. Il recommande un retrait total des Territoires « disputés ». Il devient le Gourou de Shalom Akhshav, la « paix maintenant », mais reste en très mauvais terme, y compris avec l’Itzakh Rabin d’après 1993.

[2] La ville du Caire (Al-Q_hira, La Victorieuse ou La Martienne en raison de l’horoscope) fut fondée en 969 comme résidence royale des califes fatimides, qui se prétendaient descendants de Fatima, la fille de Mahomet. Les chiites Fatimides s’installent en Egypte et établissent leur capitale au Caire, réduisant l’autorité des Abbassides. Le tracé de la ville est fait au Nord des faubourgs de l’ancienne capitale musulmane du pays, Fûstat. La construction de la mosquée d’Al-Azhar commencera un an plus tard.

[3] « Le croissant chiite » : slogan, mythe ou réalité ? François Thual, Hérodote, n° 124, 1er Trimestre 2007.

[4] Ce serait, alors, le sens des indices du rapport de la NIE : programme « gelé » par Khatami et relancé presque aussitôt.

MARC B. : Donc, à très bientôt, Laurent !

[1] Al Waleed (Ben Talal Ben Abdul Aziz) : considéré comme l’homme le plus riche du monde après Bill Gates. Investissements dans la Banque Citigroup, en crise dans les années 90, renflouées par Al Waleed à hauteur de 600 millions de $.

[2] J. Esposito : Modernizing Islam, St Petersburg, Florida, 2003.

* [3] Brent Scowcroft, a co-signé avec Zbigniew Brzezinski, et Richard Murphy, un texte intitulé Differentiated Containment, dans lequel ils appelaient à en finir avec la stratégie de « double endiguement » visant à la fois l’Iran et l’Iraq et ils souhaitaient l’ouverture de négociations entre Washington et Téhéran, notamment sur l’appui de la République islamique au terrorisme, son refus d’accepter les accords de paix israélo-arabes et ses tentatives de se procurer des armes de destruction massive (et notamment de se doter de l’arme nucléaire).
* Membre du directoire de Qualcomm depuis 1994. [1] [2]
* Fondateur et président de The Scowcroft Group. [3]
* Membre du comité directeur et administrateur du Forum for International Policy. [4] [5]
* Administrateur du CSIS. [6]

[4] http://www.infoguerre.fr/fichiers/Le%20Reseau%20Carlyle.pdf : critique de la relative désinvolture de « le Réseau Carlyle », où François Missen, journaliste, lauréat du Prix Pulitzer et du prix Albert Londres, met en lumière les compromissions politico-économiques du Groupe Carlyle. Cela dit, le style adopté reste celui du « romanquête » de BHL. Y sont décrits notamment : le travail de « recrutement » de « super Door openers », dont le premier d’entre eux est Frank Carlucci, Directeur adjoint à la CIA en 1978 sous Jimmy Carter, secrétaire d’Etat à la Défense, 7 ans plus tard, emblème de la portée et de la puissance que peut avoir le Groupe. Il y aura ensuite, l’arrivée de James Baker à la tête du groupe. 1994 : entrée de George Soros, puis, le 12 septembre 2001, entrée du Saudi Ben Laden Group à hauteur de 2 Millions de $ US… La famille Ben Laden pourra quitter les Etats-Unis peu de temps après, par un avion affrété par… Carlyle Group.

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