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3 janvier 2010 7 03 /01 /janvier /2010 13:29

L’intransitivité

[Dimanche 03/01/2010 12:24]


par Ygal Soleth



Les amis de mes amis sont mes amis. Qui ne connait pas cet adage, bien que pas nécessairement infaillible. Cette expression impose arbitrairement deux groupes, les éléments du premier étant ami de ceux du second. D’une certaine façon, on pourrait dire: «  Les amis de mon groupe rejoignent mon groupe ». Par extension, l’ennemi de mon ami est mon ennemi, et l’ennemi de mon ennemi est mon ami, car inclus dans le groupe des ennemis ; et l’ennemi de mon ennemi devrait être donc mon ami. La question qui peut se poser, c’est l’éventuel passage d’un groupe à l’autre, à savoir: « Si je me fais l’ennemi de mon ami, obtiendrais-je la grâce de mon ennemi ? »

Essayons d’analyser, au regard de ce que nous venons de poser, certains tenants de la politique israélienne. Comment le gouvernement, quel qu’il soit, doit-il s’y prendre pour se faire des alliés parmi les grandes puissances qui ne portent pas l’Etat d’Israël dans leur estime ? En particulier, personne n’ignore l’hostilité de la Maison dite Blanche envers ce pays. Il suffit de constater l’incroyable verdict dont souffre encore l’espion israélien Pollard dont la période de détention a dépassé depuis bien longtemps celle de criminels dangereux ; le tout en dépit des accords de collaboration en matière de renseignements, justement, sur des ennemis communs. Voici donc déjà une première faille au troisième des principes énoncés  ci-dessus, (l’ennemi de mon ennemi est mon ami) mais ne nous éloignons pas de notre sujet.

Posons la question plus clairement: L’Etat juif, en s’attaquant à un sous-groupe de Juifs, pourrait-il obtenir le non-antisémitisme (ou le non antisionisme) des puissances internationales ?

Les habitants juifs des régions du territoire d’Israël récupérées plus tardivement sont devenus les « Juifs » des habitants juifs des zones souverainement plus anciennes. Si tous ne se laissent pas prendre aux stratagèmes imposés par les médias avant de ne l’être par le pouvoir, quand les « nouveaux juifs » sont considérés comme responsables de tous les problèmes de la société – entre autres accusations, on peut entendre que les investissements en Judée-Samarie sont effectués au détriment des habitants des autres régions, les rendant responsables de la pauvreté ; à l’époque de la présence juive à Gaza (Goush Katif), on accusait ses habitants d’être responsables de la situation de guerre et de la mort des soldats tombés en raison de l’armement des terroristes (cette allégation s’étant révélée absurde par la suite), etc. – beaucoup sont en tout état de cause peinés, indifférents ou voire joyeux, quand les « colons » sont victimes de mesures discriminatoires, mais tous acceptent cette injustice comme une fatalité. Ainsi, la population globale est habituée, par bourrage de crâne interposé, à l’idée que tout ce qui peut frapper ces gens-là n’est imputable qu’à leur seule responsabilité ou culpabilité. Le ton enjoué sur lequel le journaliste de service avait annoncé le dernier service du bus pour Newe-Dekalim, à Gaza, en dit long sur cette conception.

Avant l’expulsion des Juifs de Gaza, les politiciens avaient promis une ère nouvelle, sans précédent, et une paix exemplaire, que des concessions douloureuses allaient certainement entraîner. Nul n’était besoin de traités de paix ni de pourparlers. Si les ennemis ne voulaient pas se transformer en amis de leur plein gré, Israël allait, en se montrant désarmant, les désarmer. Comment des dirigeants politiques avisés ont-ils pu s’imaginer une chose pareille ? Ils ont tout simplement dû considérer qu’en prenant leurs distances de ce qui représente le Juif aujourd’hui, ils allaient par conséquent se retrouver du côté de ceux qui le détestent. Mais cette nuit de cristal où la totalité des synagogues de Gaza ont été jetées en pâture aux ennemis qui auraient dû du jour au lendemain tourner la page et oublier leur rancœur envers le peuple d’Israël a tout au plus été bénéfique à titre individuel à un ou deux politiciens. Or, cette tragédie humaine ne s’est pas limitée à n’obtenir aucun effet, hormis peut-être la joie de voir les Juifs se laisser faire comme lorsqu’ils n’avaient pas de souveraineté. Les résultats ne se sont pas fait attendre et ont été bien plus lourds de conséquence qu’une simple indifférence: d’abord, les Israéliens ont dû subir une recrudescence des bombardements visant les populations civiles, commencés timidement d’abord, contre les seuls habitants du Goush Katif, pour atteindre Ashdod et Beer-Shev’a. Ensuite, comme il a bien fallu se défendre, et ne pas toujours se laisser faire comme pendant les terribles pérégrinations de l’exil, l’effet du sacrifice des villages juifs et des synagogues a été brusquement rompu pour changer radicalement de direction: accusations de crimes de guerre, et insécurité des Juifs en diaspora. 

Cette situation absurde n’a pas éveillé encore toutes les consciences. Il est vrai que les politiciens suivent un processus de réveil beaucoup plus lent que la population. On oublie que la victoire écrasante de Sharon contre Ehoud Barak a résulté du rejet de la politique de concessions censée amadouer l’ennemi. 65% des électeurs, qui avaient pris conscience du caractère suicidaire de cette vision politique ont été trompés. Leurs voix ont été détournées pour servir à interdire toute présence juive à Gaza. Même les responsables des partis d’extrême gauche les plus résolus avaient tout au plus évoqué le démantèlement des villages isolés de Netzarim et de Kfar Darom.

Certains observateurs s’offusqueront peut-être de la troisième proposition présentée en introduction. Pour eux, il n’est nullement question de s’écarter du noyau juif, qu’un récent sondage (Hanoukka 5770) a présenté comme les hasmonéens de notre temps, et encore moins d’essayer de se faire aimer des non-Juifs par des mesures prises contre leurs propres concitoyens. Même si les circonstances peuvent faire penser à un abandon des valeurs ancestrales, et même si les puissances s’en réjouissent, la raison de cette politique de destruction est tout autre: les gouvernements israéliens, par soucis de préserver à long terme l’Etat juif en tant que tel, doit à tout prix éviter que les Juifs s’y retrouvent en minorité. Un peu comme si en France, ou, plus largement, en Europe, à titre d’illustration, les villes ou départements à forte population hostile à la culture européenne étaient retranchés du territoire national, afin de garantir la pérennité de la civilisation indigène. Cette théorie présente bien des failles, car ses partisans ou ceux qui le sont devenus  n’ont pas hésité à amputer du territoire national le Sinaï, et ils semblent même prêts à faire subir le même sort au Golan, D. préserve, malgré la majorité juive qui y vit.

De plus, cette conception est précisément diamétralement opposée à ce qu’en pensent ceux qui la défendent: elle n’envisage que le court terme et manque totalement de rigueur. Si l’idée de se séparer d’une population étrangère, qui risquerait à la longue de prendre le pouvoir au cas où le droit de vote lui serait accordé et d’expulser les Juifs avec la bénédiction de la communauté internationale, consistait réellement à prévenir du danger que représente pour la démocratie, ou le droit du peuple juif à disposer de lui-même, elle ne se limiterait pas à une volonté ou tentative de déplacer les populations juives vers la zone côtière, mais elle envisagerait aussi un déplacement des populations arabes d’Ouest en Est, d’autant plus qu’elles disposent du droit de vote, contrairement à ceux du centre géographique et biblique du pays. Vingt pour cent d’électeurs dont quatre-vingt dix-neuf pour cent votent d’une façon monolithique contre tous les principes judaïques de l’Etat faussent dangereusement le droit du peuple juif à disposer de lui-même. Une expulsion totale de ses membres installés dans les monts de Judée, qui réduirait le pays aux frontières non viables d’avant la guerre des Six Jours ne serait qu’une répétition de la micro-expérience de Goush Katif, en beaucoup plus dévastatrice. L’Etat d’Israël ne serait absolument pas quitte des pressions qui auront alors prouvé leur efficacité. Le chantage n’en sera que plus virulent, avec des prétentions du type: « Après tous les efforts que vous avez fournis, il serait dommage, si près du  » but « , que vous fassiez tout rater. » Cette spirale infernale n’est pas une simple hypothèse en « si » dénuée de fondement. Avant Oslo, peut-être, mais après, c’est du déjà vu.

L’Etat réduit préconisé par les politiciens coupés du mouvement historique qui transcende la réalité serait, d’une part, la cible d’une agressivité décuplée, avec autant de nouveaux pays ou ressemblants à ajouter à la liste des ennemis, comme le montre d’une façon évidente Gaza, et d’autre part, une absurdité sans nom, faisant des Juifs la risée et l’irritabilité des nations, puisqu’ils seraient alors revenus sur leur terre après un exil horrible pour se défavoriser eux-mêmes indirectement en spoliant les droits de leurs frères désignés comme « nouveaux Juifs » et leurs propres droits, et remettre leur propre terre, pour laquelle ils ont priés près de vingt siècles, à des occupants étrangers.

Que leur intention soit une tentative de faire oublier la haine que leur vouent les nations en la projetant sur une néo minorité juive désignée selon sa situation géographique, ou qu’elle consiste en une aspiration à sauver l’existence d’une « entité » nationale juive en en sacrifiant le fondement, elle trahit la vocation de leur raison d’être. Ces politiciens doivent se ressaisir et s’identifier au combat existentiel de leurs frères de Judée-Samarie et des expulsés de Gaza qui n’est autre que le leur. Faire machine arrière les fera tous repartir de l’avant, à l’instar d’un homme qui sait retrouver son chemin balisé quand il se tient au bord du gouffre. La destinée du peuple juif est balisée depuis quatre millénaires ; inutile de tout saborder si près du but, si près de l’accomplissement de la destinée d’Israël, et inutile de le remplacer par un autre.

Il faut considérer dans toute sa mesure l’objection juste des politiciens qui craignent à la longue la domination en Israël des minorités. Or, pour ce qui est de déplacer des populations, il ne faut pas se tromper, et aspirer sérieusement non plus au déplacement des populations juives du cœur de sa terre, mais au déplacement des populations hostiles. Israël, vainqueur de toutes les agressions, avec l’aide de D., doit dans ce cas, et dans ce cas uniquement, s’inspirer des actes des nations, tout comme les Alliés qui ont dicté le tracé des frontières à l’Axe vaincu. Il doit d’autre part réapprendre à distinguer leurs véritables amis de leurs ennemis, et ne plus maltraiter les premiers pour amuser les derniers.

par Ygal Soleth

 

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