L'Irak passe commande pour des F-16 américains.
Sacha Berhgeim
Depuis la chute du régime de Saddam Hussein, l'Irak ne dispose que de quelques douzaines d'avions et d'hélicoptères, mais aucun ne pourrait servir lors d'opérations militaires d'envergure. La perspective d'un retrait des forces américaines et d'une indépendance complète rend la constitution d'une armée bien équipée plus urgente.
Ancienne première puissance du Golfe, les responsables militaires irakiens avancent que la défense du pays, une fois les Américains partis, passera par un équipement performant des forces aériennes permettant la surveillance accrue de l'espace aérien, et de mettre en place des opérations anti-terroristes sur le modèle de ce que font les Américains contre les Islamistes, notamment contre les forces shi'ites de l'armée du Mahdi.
Durant le règne du parti Baath, les principaux fournisseurs d'armement étaient la Russie et la France. L'Irak dispose encore de 18 Mirage-F1 dépassés.
Mais l'Irak d'aujourd'hui privilégie les contacts avec Lockheed-Martin et met sur la table une perspective de contrats juteux de plus de 10 milliards de dollars, incluant en plus des 24 avions F-16, un renforcement des forces armées et des postes de commandement militaires. Ce chiffre est à comparer avec les 23 milliards de dollars de vente d'armes américaines en 2009 d'après les chiffres du Defense Security Cooperation Agency.
F-16 Fighting Falcon
Dans cette perspective, il est fort probable que les autorités américaines (le Pentagone, le Congrès et le Département d'Etat doivent donner leur accord), à la différence du F-22 Raptor dont l'exportation est pour le moment restreinte.
La question de la souveraineté irakienne dépasse largement la question de la défense du territoire, qui s'avère un argument commode pour l'Etat-major irakien. Car le Général Nassir Abadi déclarait récemment que l'affectation budgétaire mettrait la priorité sur les forces aériennes, concentrant près de 70% des sommes investies dans l'achat de l'équipement le plus moderne, après avoir passé commande l'an dernier de plus de 400 blindés, et six C-130J servant au transport aérien.
L'approbation par l'administration Obama de F-16 polyvalents à l'Egypte, ainsi que l'achat par l'Iraq de 24 hélicoptères de combat ratifié par le Congrès, fournissent un motif suffisamment positif pour l'Irak: un signe de la confiance dans la reconstruction politique d'un Etat unitaire en Iraq, selon l'ex-premier ministre Nuri al Maliki.
De surcroît, l'image d'un Irak stabilisé aurait un impact politique déterminant pour Washington qui a plutôt donné jusqu'à présent une image d'atermoiement et d'indécion. La perspective du retrait d'Irak n'est pas non plus étrangère à cette demande.
La proximité géographique et les manoeuvres intenses de l'Iran pour intervenir dans le jeu politique irakien donnent une toute autre portée à cette commande de fourniture militaire : le retour des pétrodollars irakiens dans la course aux armements régionale ne doit pas non plus faire l'impasse de l'acquisition acharnée par Teheran d'un armement atomique.
Car le F-16, dont l'objectif premier est le combat aérien, peut également et surtout servir d'appui à des opérations terrestres ou lors d'opérations de bombardement ciblés.
Actuellement, l'Egypte, la Jordanie, le Maroc, Oman, Bahrain, l'Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, mais aussi Israel ou encore la Turquie ont équipé leurs armées de F-16.
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