La reculade provisoire et très " intéressée "d'Obama face à Nétanyaou
Par Richard DARMON sur HAMODIA
14/07/2010
L'assez grossière " opération de charme " organisée la semaine dernière par l'hôte de la Maison Blanche auprès du Premier ministre israélien poursuivait deux buts évidents : rétablir aussi vite que possible l'image d'Obama dans l'opinion américaine en perspective des élections de novembre prochain au Congrès, mais aussi tenter de décrocher un pseudo succès diplomatique dans le dossier israélo-palestinien qui pourrait aider à contrebalancer tous les échecs enregistrés depuis 18 mois par la nouvelle politique étrangère américaine…
Après avoir lamentablement échoué à dresser l'opinion américaine contre Israël et à faire chuter le gouvernement Nétanyaou, les proches conseillers (juifs) d'Obama lui ont suggéré une autre approche " réparatrice " de tous les dégâts intérieurs occasionnés au parti démocrate par ce double échec : revaloriser verbalement le " partenariat privilégié " et le " soutien inébranlable " à l'État hébreu en recevant enfin son Premier ministre avec tous les honneurs dûs à un hôte de marque, et en profiter pour tenter d'avancer des pions dans le lourd dossier du contentieux israélo-palestinien.
Car depuis qu'il s'était mis en tête d'épouser presque tous les termes du " consensus international " sur la plupart des grands dossiers agitant la planète - en conditionnant l'éventuel isolement de l'Iran à des concessions israéliennes aux Palestiniens, en voulant désengager l'US. Army d'Irak et d'Afghanistan, en croyant pouvoir résoudre le conflit israélo-palestinien " d'ici 2011 ", et en exigeant la " transparence nucléaire " d'Israël -, Obama a justement butté sur l'os que constituait pour cette stratégie multilatérale le gouvernement Nétanyaou. D'où les terribles pressions et le train de mesures de vexations et d'humiliations sans précédent décidées jusque-là par la Maison-Blanche contre l'État hébreu et son Premier ministre !
Un revirement bassement intéressé !
On s'attendait donc à une " rectification de tir " et à une " opération de charme " de la part d'Obama, mais ce qui s'est passé le 5 juillet dernier lors de la conférence de presse commune suivant l'entrevue du président américain et du Premier ministre israélien a dépassé toutes les bornes de l'hypocrisie, comme l'ont relevé nombre d'experts : alors que son langage corporel et les expressions pincées et tendues de son visage disaient tout le contraire, on y a vu un Obama multiplier les compliments sur l'importance des " liens privilégiés " avec Israël et sur " l'évidente volonté de paix " de Nétanyaou…
Outre le fait qu'Obama escompte ainsi retourner en sa faveur une opinion publique américaine en train de le lâcher et de lui reprocher, entre autres, son grave bilan d'échec en politique étrangère (poursuite du dangereux programme nucléaire iranien malgré la récente prise de sanctions formelles, laxisme contre les durcissements nord-coréen, syrien et maintenant turc, confusion sur les théâtres d'opération afghan et irakien), son administration nourrit l'espoir de pouvoir marquer quelques points dans l'épineux dossier israélo-palestinien.
Car même si ce bras-de-fer Obama/Nétanyaou semble pour l'instant - surtout après cette dernière entrevue - être à l'avantage d'Israël, Washington a déjà réussi à diminuer l'ampleur du blocus militaire de Gaza maintenu jusque-là par Tsahal contre le régime du Hamas. Ce qui équivaut en fait à une reconnaissance quasi-implicite, et catastrophique à bien des égards, du califat islamiste au pouvoir dans la Bande par les USA (on murmure en effet que la Maison Blanche est en train de prendre des contacts '' officieux " avec des leaders du Hamas) !
Une tactique " par étapes " pratiquée par Obama qui revient aussi à troquer la poursuite indéfinie du gel (au départ seulement " provisoire ") de la construction en Judée-Samarie et à Jérusalem-Est, contre la vague promesse américaine qu'Israël pourra conserver et annexer certains " blocs d'implantations " regroupés le long de l'ancienne Ligne verte au moment des discussions sur le statut final des territoires avec l'Autorité palestinienne (AP) - ce qu'avait promis George Bush dans une fameuse lettre adressée à Ariel Sharon en 2004).
Pire encore : Washington a bien fait comprendre à Jérusalem que dans ce contexte internationale fragile et volatile, toute initiative militaire de Tsahal contre les installations nucléaires iraniennes ne lui conviendrait pas du tout et a répété que son durcissement diplomatique actuel contre Téhéran dépendait toujours de la " bonne volonté israélienne " avec l'AP…
" Je pense que le Premier ministre veut la paix et qu'il est prêt à prendre des risques pour cela ! ", a ainsi affirmé le 5 juillet Obama en face de Nétanyaou. Il serait intéressant de savoir ce que vont devenir ces paroles rassérénantes après le 4 novembre prochain…