La Syrie arme le Hezbollah avec des missiles longue portée, selon de hauts responsables américains
Article du Wall Street Journal de Charles Levinson et Jay Solomon,
Adapté de l'anglais par Sacha Bergheim.
La Syrie a fourni des missiles Scud de longue portée à la milice shi'ite du Hezbollah, affirment des reponsables américains et israéliens, mettant en péril l'équilibre militaire au Proche-Orient et entravant les efforts diplomatiques de l'administration Obama envers Damas.
Le Président israélien Shimon Peres a mardi accusé publiquement le gouvernement de Bashar el Assad de fournir le Hezbollah en missiles Scud, affirmation niée par la Syrie et le Hezbollah. Mais de telles déclarations mettent la politique étrangère américaine dans une situation délicate : les Républicains encouragent la Maison Blanche à renoncer à donner les lettres de créance au nouvel ambassadeur américain à Damas.
Les missiles Scud de technologie russe ou nord-coréenne ont une portée de plus de 700km, ce qui place Tel Aviv, Jérusalem ou encore Dimona dans le viseur des forces militaires du Hezbollah. Durant la guerre de 2006, le Hezbollah utilisait des roquettes d'une portée de 30 à 100km. Les responsables israéliens estiment que les missiles Scud marquent une escalade dans le conflit du Proche-Orient et affirment que Assad associe de plus en plus le commandement militaire syrien avec ceux du Hezbollah et surtout de l'Iran.
Obama a fait de la Syrie des Assad la pierre angulaire de sa politique proche-orientale, en sollicitant Damas dans le processus de paix régional, notamment concernant la sécurisation de la frontière avec l'Iraq d'où Obama s'était engagé de se retirer et en l'attirant hors de l'alliance stratégique avec l'Iran. L'administration Bush avait instauré des sanctions contre Damas et soutenu la commission d'enquête mandatée par l'ONU concernant l'assassinat du premier ministre libanais Rafik Hariri, des mesures qu'Obama considère comme inefficaces, rapprochant celui-lui la Syrie de l'Iran. En plus de la nomination d'un ambassadeur, Obama est sur le point de lever les sanctions visant à emêcher la Syrie d'acquérir des pièces détachées pour ses avions ainsi que des logiciels.
Les mois derniers, des diplomates israéliens et syriens se sont mutuellement accusés de se préparer à la guerre. La fourniture d'armes à la milice shi'ite, contraire aux résolutions des Nations Unies pourraient ainsi être comprises comme une forme de dissuasion. Pourtant, les Israéliens ont repoussé des manoeuvres militaires dans un effort de conciliation avec Damas. Du côté syrien, l'objectif serait de revenir en force en montrant son rôle central dans l'enclenchement ou non des conflits, et de voir l'ensemble des sanctions levées rapidement, et enfin de faire pression sur le gouvernement israélien pour obtenir la rétrocession du Golan sans contrepartie.
Des critiques vis-à-vis de la politique américaine de rapprochement avec Damas se font entendre, et le transfert des missiles signifie clairement que la Syrie n'a aucune intention de desserer les liens stratégiques de la syrie avec Tehran ou le Hezbollah. „Il est très difficile d'affirmer que la politique de rapprochement a marché“, précise Andrew Tabler, un analyste de l'Institut pour la politique proche-orientale, basé à Washington.
Les responsables israéliens estiment que la Syrie pourrait également transférer des système antiaériens et des munition perçant les blindages à son allié shi'ite.
commenter cet article …