Le retour de la «politique arabe de la France»
Depuis qu’il est revenu à la tête de la diplomatie française, Alain Juppé a ramené vers le Quai d’Orsay le pouvoir d’orienter la politique extérieure de la France. Nicolas Sarkozy se concentre aujourd’hui sur quelques dossiers destinés à le mettre en valeur, comme la présidence du G20 ou l’intervention en Libye.
Pendant ce temps là, le maire de Bordeaux s’active à défaire ce que le président de la République avait mis en place au début du quinquennat. Il s’agit notamment d’un retour à cette trop fameuse « politique arabe de la France », totalement déséquilibrée en défaveur d’Israël.
Deux exemples éclairent cette regrettable inflexion : La France n’a à ce jour pas fait connaître sa position concernant sa participation à la conférence de l’ONU dite Durban III, supposée faire le bilan de l’action internationale contre le racisme. De nombreux pays occidentaux dont les USA, le Canada, L’Australie, l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie ont fait savoir qu’ils boycotteraient cette réunion. Ils ont constaté que les accents anti-israéliens, voire antisémites de la conférence de Durban de 2001, de sinistre mémoire, étaient toujours bien présents dans les documents préparatoires. Alain Juppé, lui, brûle d’envie d’y aller, et c’est ce qu’il fera si les protestations en France ne sont pas suffisamment vigoureuses.
Sur la question de la reconnaissance unilatérale de l’Etat palestinien demandé par Mahmoud Abbas à l’occasion de la prochaine assemblée générale de l’ONU, notre ministre est tout aussi en pointe, et dans le mauvais sens. Lors de la récente réunion des chefs de la diplomatie de l’Union Européenne, il s’est rangé dans le camp de ceux qui penchent pour un vote favorable, si le texte présenté par l’OLP est habilement rédigé.
Fort heureusement, l’UE n’est pas prête à se ranger unanimement derrière la France et l’Espagne qui font du lobbying pour l’Autorité palestinienne.
On ne peut que regretter que ce virage à 180° de la politique extérieure française n’ait fait l’objet d’aucun débat au parlement.