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3 août 2010 2 03 /08 /août /2010 10:47

 

 

Les Palestiniens, tous seuls


Titre original : The Palestinians, Alone


Par Efraim Karsh

Adapté par Marc Brzustowski,

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

The New York Times

 
2 août 2010


http://www.meforum.org/2696/palestinians-alone

 

 

On a longtemps tenu pour la sagesse populaire-même que la résolution du conflit israélo-palestinien est un prérequis pour la paix et la stabilité au Moyen-Orient. Aussi longtemps que les Arabo-musulmans se montrent aussi passionnés par le problème palestinien, l'argument a cours : l’impasse israélo-palestinienne alimente la colère et le désespoir dans la région, offre une plus vaste justification à la logique des groupes terroristes, comme al Qaeda et l’insurrection en Irak, et obscurcit l’horizon d’une coalition régionale qui aiderait à faire bloc contre la quête iranienne d’armes nucléaires.



Dès lors, comment pouvons-nous prendre [les résultats d'] un récent sondage réalisé pour le réseau télévision Al-Arabiya, montrant qu’un stupéfiant 71 pour cent des répondants arabes  ne manifestent aucun intérêt pour les pourparlers de paix israélo-palestiniens ? « C’est un indicateur alarmant », se lamente Saleh Qallab, éditorialiste du journal pan-arabe Al Sharq al Awsat. « Les Arabes, aussi bien le peuple que les régimes, ont toujours été aussi intéressés par le processus de paix, ses développements et particularités, qu’ils étaient engagés pour la cause palestinienne elle-même ».


Mais la vérité, c’est que l’observation des politiques arabes depuis la moitié des années 1930 suggère tout-à-fait autre chose. Alors que « la question palestinienne » a été, depuis fort longtemps un thème central des politiques inter-arabes, les Etats arabes ont fait montre de bien moins de préoccupation pour le bien-être des Palestiniens que pour leurs propres intérêts.


Par exemple,  il est de notoriété publique que l’invasion panarabe de l’état naissant d’Israël, en mai 1948, consistait plus en une ruée vers la possession du territoire palestinien, qu’il ne s'agissait d'un combat pour les droits nationaux palestiniens. Comme Abdel Rahman Azzam, le premier secrétaire-général de la Ligue Arabe, l’a autrefois admis devant un journaliste britannique, l’objectif du Roi Abdallah de Transjordanie « était d’engloutir les régions centrales  des collines de Palestine, et de se ménager un couloir vers la Méditérannée par Gaza. Les Egyptiens auraient obtenu le Neguev. La Galilée serait revenue à la Syrie, exceptée la partie méridionale plus lointaine d’Acre, qui aurait été annexée par le Liban. »


De 1948 à 1967, quand l’Egypte et la Jordanie présidaient aux destinées des Palestiniens de Gaza et de la Bande Occidentale (« Cisjordanie »), les états arabes se sont bien gardés de mettre ces populations sur la route de l’indépendance nationale. Ils ont également montré peu d’intérêt pour la protection des droits de l’homme les concernant, de même dans l’amélioration de leur qualité de vie –ce qui est, en partie, la raison pour laquelle 120 000 Palestiniens de la  rive ouest ont dû s’installer de l’autre côté, sur la rive Est du Jourdain, et qu’environ 300 000 autres ont émigré à l’étranger. « Nous n’y prêterions guère plus d’attention si tous les réfugiés mouraient », faisait remarquer, une autre fois, un diplomate égyptien. « Il y a assez d’Arabes tout autour ».


Il n’y a rien de surprenant à ce que les états arabes n’aient jamais hésité à sacrifier, à grande échelle, les Palestiniens dès que cela convenait à leurs propres besoins. En 1970, quand son trône se trouva sous la menace de l’Organisation de Libération de la Palestine, l’affable Roi Hussein de Jordanie, profondément occidentalisé, ordonna le massacre de milliers de Palestiniens, évènement connu sous le nom [de sinistre mémoire] de « Septembre Noir ».


Six ans plus tard, les milices chrétiennes libanaises, appuyées par l’armée syrienne, massacraient quelques 3500 Palestiniens, civils pour la plupart, dans le camp de réfugiés de Beyrouth de Tel al-Zaatar. Ces mêmes milices décimèrent, une fois encore, en 1982, des centaines de Palestiniens, dans les camps de réfugiés de Sabra et Shatila, cette fois, sous l’oeil vigilant d’Israël. Aucun des états arabes ne vint à la rescousse des Palestiniens.


Pire, au milieu des années 80, lorsque l’OLP –que la Ligue Arabe désignait officiellement comme « l’unique représentant du Peuple palestinien » - tenta  de rétablir sa présence militaire au Liban, elle en fut chassée de façon brutale par le Président syrien Hafez al-Assad.


Cette histoire des dirigeants arabes manipulant la cause palestinienne à leurs propres fins, tout en ignorant le sort des Palestiniens se poursuit de proche en proche. Saddam Hussein, dans un effort pour redorer son blason de prédateur, proclama qu’il n’envisagerait pas de mettre un terme à son invasion du Koweit, en août 1990, « à moins d’un retrait immédiat et inconditionnel, par Israël, des territoires arabes occupés de la Palestine».



Peu de temps après la Guerre du Golfe, les Koweitiens entreprirent ensuite de punir l’OLP pour son soutien à Saddam Hussein – par la rupture de leur parrainage financier, par l’expulsion de milliers de travailleurs palestiniens et le massacre de milliers d’entre eux. Le tribut à payer fut si lourd qu’Arafat lui-même fut contraint de reconnaître que « ce que les Koweitiens ont fait aux Palestiniens est bien pire que tout ce qu’Israël a fait à l’encontre des Palestiniens dans les  territoires occupés ».


A contre-pied d’une telle rétrospective, c’est un signe positif qu’autant d’Arabes soient devenus, à ce point, apathiques face au conflit israélo-palestinien. Pour autant que l’interventionisme des régimes arabes pour leur propre compte a dénié aux Palestiniens le droit de déterminer par eux-mêmes leur propre destin, le meilleur, voire même, le seul espoir de paix entre Arabes et Israéliens repose dans l’abandon de tout lien spécieux entre ce problème particulier et les autres problèmes régionaux et globaux.


Plus tôt les Palestiniens reconnaîtront que leur cause n'appartient qu’à eux, plus tôt ils seront susceptibles de faire la paix avec l’existence de l’Etat d’Israël et de comprendre la nécessité d'une solution négociée.


Efraim Karsh, éditorialiste du Trimestriel sur le Moyen-Orient(Middle East Quarterly), est professeur au Département des études Moyen-Orientales et méditérannéennes du Collège Royal de Londres (King's College London) et auteur, très récemment, de « Palestine trahie ». 

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