Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 18:26

GOMMER LA MEMOIRE DES JUIFS AMERICAINS.

Par
NINA

pour :lessakele et aschkel.info



Pour être américain et juif, il faut oublier son âme.

J'ai voulu aller au bout de cette affaire Jan Karski, cet homme qui visita le ghetto de Varsovie et put aller constater de visu le camp d'extermination de Belzec.

Il fait partie des témoins que Claude Lanzmann a interrogés longuement pour son film "Shoah".

Une polémique a lieu en ce moment entre un écrivain, Yannick Haenel, et Claude Lanzmann sur la qualité d'écoute de Roosevelt à propos des témoignages douloureux que lui auraient narrés Karski.

Lanzmann attaque et donne une version plus longue de l'interview de Karski extraite de son film Shoah.

Oui ou non ? Roosevelt aura-t-il été sourd au rapport de Karski sur la situation de ses compatriotes polonais et celle des juifs dans le ghetto de Varsovie mais aussi dans les camps de la mort ?

Selon Karski, le Président américain fut attentif, tout comme le fut le Ministre des affaires étrangères, Anthony Eden, quelques jours auparavant. Il posa quelques questions puis signifia l'arrêt de l'entretien.

Le surlendemain, nous sommes donc le 30 juillet 1943, Jan Karski, résidant à l'ambassade de Pologne, reçoit la visite d'un personnage important : Félix Frankfurter. Ami personnel et dévoué du Président Roosevelt, le juge à la Cour Suprême est juif de naissance. Même s'il s'est avéré être un partisan du sionisme, sa foi est selon ses dire "un accident de naissance". Il ne croira pas au rapport pourtant bien circonstancié de Jan Karski.

"Pensez-vous que je mens ?" demandera Karski.
"Non, bien sûr que non... seulement, cela reste difficile à croire...Vous savez que je suis juif ?"

Peu importe ce petit/grand moment de l'histoire. L'étendue des dégâts est quantifiable : 6 millions de juifs furent exterminés en Europe et un juif athée, respecté, juge à la Cour Suprême des Etats Unis, le plus proche conseiller du Président, ne veut pas y croire.

Il n'est pas le seul. Un autre juif, cette fois-ci dans la catégorie "juif libéral", va directement influencer Roosevelt et l'opinion publique en taisant ou refoulant en pages intérieures, les informations  nombreuses concernant les massacres des nazis sur les juifs européens.


http://www.artevo.com/mmPPA/Articles/Dr_Seuss/New%20York%20Times%202004.jpg


Cet homme est Arthur Sulzberger, patron du New York Times.

Le 27 Août 1943, soit un mois après les témoignages de Karski à Roosevelt et Frankfurter, un article annonçant l'anéantissement de trois millions de juifs par "la famine, le travail forcé, les déportations, les pogroms et les meurtres méthodiques, dans des centres d'extermination régis par les Allemands" a été publié
EN BAS DE LA PAGE 7 PLUTOT QU'EN UNE du New York Times.

Qu'y a-t-il de commun entre ces deux personnages éminemment influents de la vie politique et médiatique de l'Amérique d'alors ?

La volonté farouche de disparaître en tant que juifs pour ne vivre qu'en qualité d'Américains.

De manière obsessionnelle, farouche au point d'ignorer que le peuple, dans lequel ils sont nés, est en train de mourir, d'être génocidé.

Le prix de l'unique allégeance au drapeau américain aux yeux de l'opinion publique peut bien s'accommoder du "silence ! on tue".

Si le New York Times se taisait, le reste de la presse en ferait autant. Si une information n'était pas traitée dans la bible médiatique américaine, rares étaient les journaux qui osaient publier sur la question.

Sulzberger ne voulait pas de traitement de faveur. Tous les peuples européens souffraient et il ne fallait pas parler de la question juive. Une sorte de paranoïa qui aurait pu remettre en question sa loyauté vis-à-vis du drapeau étoilé, le mettait en transe, au point que ses collaborateurs journalistes n'osaient même plus proposer des papiers sur les informations concernant les juifs d'Europe.

L'option américaine du New York Times et seulement américaine est restée de rigueur pour ce puissant médium.

Certes, beaucoup de juifs journalistes contribuent à la rédaction de ce journal. Ils ont été formatés de façon à ne jamais prendre fait et cause pour l'état Juif Israélien.

Au contraire ! Il est de bon ton d'ouvrir ses colonnes aux points de vue dissidents, mensongers voire parfois révisionnistes ou totalement indécents. : Norman Finkielstein, Walt et Mearsheimer, Jimmy Carter avec son "Israel apartheid".

Edward Saïd a pu, lentement mais sûrement, tisser sa toile tant sur les colonnes du NYT mais aussi auprès de ses collègues universitaires et ses étudiants.

Personne n'aura osé remettre en question la biographie de Saïd qui parlait tant de son enfance heureuse à Jérusalem! Selon son autobiographie Saïd a vécu entre Le Caire et Jérusalem jusqu'à l'âge de 12 ans.

Biographie mise à mal. Il a été allégué par le chercheur israélien et ancien militaire de Tsahal, Julius Weiner, dans la revue de l'American Jewish Committee, qu'en réalité, Edward Said n'aurait jamais vécu à Jérusalem, ni été expulsé avec sa famille, d'une maison qui appartenait en réalité à sa tante, et où il avait l'habitude de passer ses vacances.

Mais c'est à Columbia, Harvard, Hopkins et Yale qu'il fit des dégâts. Son statut de professeur de littérature comparée, auréolé de sa gloire d'expulsé de sa demeure Yérosolomitaine, de son combat contre l'Etat d'Israël en faisait un atout majeur pour le renversement des valeurs juives et sionistes de l'après holocauste.

Est ce que Edward Saïd aurait eu un succès auprès de ses pairs, s'il n'avait réussi à transfigurer le visage du Palestinien expulsé par les juifs et prendre la place de ce dernier  dans les coeurs de cette jeunesse avide de référents, fondamentalement américaine et voulant détourner son regard comme le firent avant eux des Frankfurter et des Sultzberger ?

A nouveau, aux Etats-Unis, les juifs sont sommés de choisir la bonne attitude. Ils ont été formés pour cela. Des centaines de millions de dollars d'Arabie Saoudite, des pays du Golfe, des pays arabo-musulmans ont aidé les Universités prestigieuses à revoir leurs fondamentaux sur l'indéfectible défense américano-israélienne.

Ce travail d'érosion de sa judéïté de la population juive américaine, son endoctrinement antisioniste dans les Universités mais aussi dans des média puissants tels que le New York Times, a eu raison de quadra ou quinqua juifs qui se retrouvent maintenant sans complexe dans des organisations non gouvernementales, telles que Betselem en Israël, mais aussi dans J Street,dont le Directeur de communication auprès des média porte le nom et le prénom d'un illustre Rabbin et Kabaliste mort à Safed  au XVIè siècle : Isaac Luria.

On a gommé la mémoire de ces juifs américains. Ces anciens juifs, pétris d'humanisme, ces gosses gâtés qui n'ont connu que les sit-in contre la guerre du Viet-Nam, ces démocrates qui ont hissé Obama au rang de Messie, sont en train de préparer le terrain aux totalitaristes d'aujourd'hui : les arabo-musulmans.

Encore une fois, l'erreur de jugement, l'incapacité à se reconnecter avec leur mémoire juive pour cause d'unique allégeance faite à l'aigle américain, sera difficile à surmonter pour eux-mêmes, pour les générations futures, pas pour nous, pas en France. Nous savons trop bien ce qu'il nous en coûterait.

Nina

Références : "Relégué en page 7" De Laurel Leff. Edition Calmann-Lévy


 
Partager cet article
Repost0
17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 20:09
Cliquez sur l'image pour
lire ses autres textes


freds


Les influences juives de Nietzsche
ou la dette (presque) oubliée.

Par Frédéric Sroussi

pour aschkel.info et lessakele




Il est temps de rappeler l'importance de la «pensée juive» dans l'histoire de la philosophie nietzschéenne. 


photophilofred.jpg 

Nous savons que Nietzsche a été profondément imprégné par «l’Ancien Testament» mais aussi très influencé - et cela est trop souvent passé sous silence- par la pensée de deux philosophes juifs.
Le premier, qu’il ne put connaître personnellement,fut Friedrich Heinrich Jacobi (1743-1819) et le second fut un ami très proche, je veux parler de Paul Rée. L’influence de la pensée de ces deux philosophes juifs (en particulier celle de Paul Rée) est honteusement sous-estimée dans l’histoire de la philosophie nietzschéenne et Nietzsche lui-même n' est pas étranger à la minimisation de l' apport intellectuel de ces deux penseurs.


On peut dire que Nietzsche a contracté une dette vis-à-vis de Jacobi et de Rée.


L’idée de 
dette est justement très importante dans la pensée de Nietzsche puisqu’elle est au cœur – comme le précise Patrick Wolting - grand spécialiste du philosophe allemand – de sa manière de «penser les relations inter-humaines au sein d’une communauté». L’auteur d’Aurore avait donc pris comme modèle –ainsi que le souligne encore Patrick Wolting– la relation contractuelle entre créancier et débiteur pour décrire les relations inter-humaines : «la faute est interprétable comme dette, idée que Nietzsche asseoit une nouvelle fois sur l’analyse linguistique». 

En effet, Nietzsche s’était basé sur la pluralité des sens du mot s
chuld qui veut dire à la fois faute, culpabilité mais aussi dette. Il est intéressant de noter que l’«astuce» linguistique que Nietzsche a utilisée pour prouver sa thèse ressemble à l’une des méthodes herméneutiques très souvent employées par les Talmudistes qui recourent depuis des siècles à la polysémie afin de créer de nouvelles exégèses à partir d’un mot qui recèle donc une pluralité de sens.

Revenons donc aux deux «créanciers» de Nietzsche pour comprendre en quoi Jacobi et Rée ont influencé, voire parfois totalement transformé la pensée de Nietzsche.

Commençons par Friedrich Heinrich Jacobi, l’auteur de la
 Lettre à Fichte a certainement marqué Nietzsche qui connaissait son oeuvre.Citons, pour se convaincre de l'influence de Jacobi sur Nietzsche, les propos du philosophe Ives Radrizzani – spécialiste de Fichte et Jacobi –
qui a écrit : «La 
Lettre à Fichte constitue un document capital pour l’histoire des idées, dont l’intérêt déborde largement le cadre de l’idéalisme allemand.
C’est en effet non seulement le texte où figure la première occurrence connue du terme «nihilisme», mais encore il est d’emblée associé à une thèse forte concernant l’essence de la philosophie occidentale, accusée d’être dès l’origine une vaste opération d’arraisonnement du réel. Nietzsche, qui dans toute son œuvre, ne cite Jacobi qu’une seule fois de façon tout à fait annexe et de seconde main, lui doit assurément beaucoup.»


Quant à Paul Rée, on peut dire que son amitié avec Nietzsche eut de grandes repercussions sur l' oeuvre future du philosophe. Paul Rée fut celui qui introduisit Nietzsche dans le «l' univers» de l’aphorisme. Ce dernier est la «marque de fabrique» de Nietzsche, à tel point que le regretté Jean-François Lyotard avait déclaré que:«l’essentiel du message de Nietzsche, c’est son style»

En fait, le philosophe Paul Rée a grandement contribué à la création du style aphoristique de Nietzsche et a aussi donné à ce dernier le goût de la psychologie (Nietzsche s’est même défini par la suite comme «psychologue».) On doit souligner l'immense différence de style entre 
La Naissance de la tragédie (1872) et Humain, trop humain (1878) dans lequel s' affirme pour la première fois le style aphoristique de Nietzsche. C’est son admiration pour son ami Paul Rée qui amena donc Nietzsche à se tourner vers cette forme littéraire.


Paul Rée était en effet un admirateur des maîtres français de l’aphorisme tels que Chamfort et surtout La Rochefoucauld dont les 
Maximes étaient le livre de chevet. Paul Rée s’était déjà essayé à l’écriture d’un livre d’aphorismes en publiant en 1875 son œuvre maîtresse, Observations psychologiques (on notera une nouvelle fois avec attention que le livre de Rée traite de psychologie, discipline qui sera par la suite au cœur de l’œuvre nietzschéenne). Nietzsche fut emballé par le livre de Paul Rée qu’il loua avec vigueur. Dirk R. Johnson expliqua que «Nietzsche fut introduit à une tradition culturelle autre que germanique, en particulier celle des moralistes français, grâce au cosmopolite Paul Rée qui vécut en France».


On peut même aller plus loin puisque certains aphorismes de Nietzsche dans
Humain, trop humain(1878) sont presque des répliques exactes des aphorismes écrits par Rée dans Observations psychologiques (1875). En effet, Rée a écrit qu’«Il est plus facile de s’abstenir des plaisirs sensuels plutôt que de les vivre avec modération», Nietzsche, quant à lui, écrira par la suite cet aphorisme : «Il est plus facile de renoncer au désir que de le vivre avec modération…».
On peut aussi trouver «troublante» la ressemblance entre le titre du livre de Paul Rée publié en 1877,
L' Origine des sentiments moraux et celui de Nietzsche publié en 1887 et qui
s' intitule  
La Généalogie de la morale...C’est donc Paul Rée qui introduisit l’idée qu’il pouvait y avoir une approche «historique» du sens moral. 

L’influence de Rée sur Nietzsche fut si grande qu’un vieil ami et admirateur de Nietzsche, Erwin Rohde, fut tellement déstabilisé (et il ne fut pas le seul) par le changement de cap stylistique et philosophique de l’auteur de
 La Naissance de la tragédie, qu’il écrivit à Nietzsche une lettre empreinte de tristesse après la lecture de Humain, trop humain : «Je vous le dis ,mon ami, que cette surprise fut douloureuse. Comment peut-on enlever une âme et la remplacer par une autre ? Comment Nietzsche a t-il pu soudainement devenir Rée ?» (lettre du 16 juin 1878).
D' autres proches de Nietzsche telle que Cosima Wagner (fille de Franz Liszt et seconde femme de Richard Wagner) attribua à « l'esprit juif » de Paul Rée le changement stylistique et philosophique de Nietzsche...
 
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce sujet et je ne peux que vous renvoyer au passionnant livre de Robin Small, 
Nietzsche and Rée; a star friendship, qui décrit avec énormément de brio l’influence de Rée sur Nietzsche. Ce livre fut accueilli avec beaucoup d’intérêt par de nombreuses revues philosophiques y compris par Anthony K.Jensen du Journal des études nietzschéennes.
Le problème est que Nietzsche ne cita que très peu de fois et de façon très brève son ami Paul Rée, comme il le fit d' ailleurs pour Jacobi. Nous pensons que ces oublis sont une faute (schuld) et une dette (schuld) dont la pensée nietzschéenne reste encore coupable ("schuldig")...


logoaschkel.info 
Partager cet article
Repost0
3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 08:55


Emmanuel Levinas le père exceptionnel
By ELIAS LEVY, Reporter   

cjnews







Auteur d’une oeuvre philosophique majeure, Emmanuel Levinas a été l’une des figures intellectuelles les plus marquantes du XXe siècle. Quinze ans après sa mort -en 1995 à l’âge de 90 ans-, voici enfin publiée une édition de ses oeuvres complètes. Le premier volume vient de paraître: Carnets de captivité et autres inédits (Éditions Bernard Grasset/I.M.E.C, 498 p.).

Emmanuel Levinas 

 Cet imposant travail d’édition a été possible grâce à l’étroite collaboration de Michaël Levinas, fils et exécuteur testamentaire du philosophe.

Pianiste, concertiste et compositeur de renommée internationale -il est l’auteur de plusieurs opéras et de l’interprétation de l’Intégrale des Sonates pour piano de Beethoven, des Études de Scriabine, du Clavier bien tempéré de Bach… Michaël Levinas est professeur d’analyse au Conservatoire national supérieur de musique de Paris.

Dans l’entrevue exclusive qu’il a accordée au Canadian Jewish News, Michaël Levinas évoque ses souvenirs de ce père exceptionnel que fut Emmanuel Levinas.

Canadian Jewish News: Parlez-nous de la genèse de cet ambitieux projet d’édition.

Michaël Levinas: Je suis l’exécuteur testamentaire et le titulaire exclusif du droit moral des oeuvres d’Emmanuel Levinas. Ces Carnets de captivité et autres inédits proviennent du Fonds Emmanuel Levinas, que j’ai déposé en 1996 à l’Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine (I.M.E.C.). C’est le premier volume des oeuvres complètes d’Emmanuel Levinas, qui seront publiées en sept volumes. Dans un premier temps, seront publiés deux volumes de textes inédits. Le deuxième volume contiendra les conférences prononcées par Emmanuel Levinas, et non publiées de son vivant, au Collège de Philosophie, dirigé par Jean Wahl. Conférences dans lesquelles on peut voir s’organiser sa pensée préparatoire aux grands livres qu’il publiera dans les années 60, notamment Totalité et infini. Les principaux concepts de la pensée philosophique d’Emmanuel Levinas ont été établis durant cette période-là. Ces textes inédits ont été écrits entre 1950 et 1963.

J’ai confié ce travail de publication à un Comité scientifique coordonné par des spécialistes reconnus de l’oeuvre de mon père, qui étaient proches de lui: Jean-Luc Marion, Catherine Chalier, Rodolphe Calin, Miguel Abensour, Marc Faessler, Jean-Luc Nancy… Des jeunes philosophes aussi sont en train de se joindre à ce Comité scientifique.

C.J.N.: Ce Fonds d’écrits inédits est un précieux legs que votre père a tenu à transmettre aux nouvelles générations de philosophes et d’intellectuels férus de ses oeuvres?

Michaël Levinas: De toute évidence, il y avait chez Emmanuel Levinas une volonté de conservation du manuscrit et de toute trace d’écriture. On peut conclure que mon père attachait une grande importance à la transmission de ses oeuvres ainsi qu’à l’histoire de la mise en écriture de celles-ci. Le Fonds Emmanuel Levinas a une forme très émouvante parce qu’on retrouve à la fois des petits papiers collés les uns sur les autres -notes, cartons d’invitation, grâce auxquels on peut dater ses aphorismes…- et beaucoup de brouillons. Ce Fonds évoque la relation particulière qu’Emmanuel Levinas avait avec le brouillon et le papier, qu’il utilisait avec une mentalité d’économie marquée -je pense surtout à ses Carnets de captivité- par ses habitudes de prisonnier de guerre et aussi par ses origines familiales. Mon grand-père paternel était papetier et libraire. Ce sont des traditions d’Europe de l’Est.

J’ai retrouvé ces manuscrits -datant de l’avant-guerre, de son internement dans un stalag allemand et de son séjour à l’École Normale Israélite Orientale (E.N.I.O.) de l’Alliance Israélite Universelle- dans son domicile parisien, Rue Michel-Ange, rangés et classés avec une grande méticulosité -tout était catalogué. Cette rigueur dans l’organisation de son travail prouve qu’il y avait chez Emmanuel Levinas une véritable volonté de transmission de ses écrits.

C.J.N.: Qu’est-ce qui vous a motivé à publier ses “Carnets de captivité”?

Michaël Levinas: Écrits durant son internement dans un stalag, ces Carnets de captivité reflètent avec force l’expérience de la maturation, l’abandon des possibles. C’est-à-dire qu’avant d’être le philosophe pur, on découvre dans ces Carnets de guerre Emmanuel Levinas l’esthéiste. Il entretenait déjà une relation particulière avec les arts, la littérature, la poésie… Ces Carnets de guerre témoignent de cette situation de gestation. Ils ne nous révèlent pas toutes les faces cachées d’Emmanuel Levinas mais la façon dont va se métaboliser son écriture. Mon père considérait que le cheminement d’un créateur va vers une radicalisation. Dans ses Carnets de guerre, c’est qu’il appelle “les bifurcations”. Il faut accepter de les suivre et de les abandonner ensuite au fil de la lecture.

Ce qui m’a aussi motivé à publier ces Carnets de guerre, qui n’ont rien à voir avec les Carnets de guerre de Jean-Paul Sartre, c’est qu’ils sont un témoignage d’une pensée. Mon père a écrit ces Carnets dans un contexte qu’il appelait “l’honneur sans drapeau”. Il était alors prisonnier dans un stalag situé à proximité du camp de Buchenwald. C’était une période très funeste où toutes les valeurs humaines étaient abolies et où le mal était revendiqué en tant que bien -ce qu’il a nommé plus tard dans ses Cours de Rachi “l’esprit de Sodome”-.

C.J.N.: Comment Emmanuel Levinas a-t-il pu écrire ses “Carnets de guerre” dans un cadre aussi lugubre que celui du stalag allemand, où il a été emprisonné pendant cinq ans?

Michaël Levinas: Au stalag, Emmanuel Levinas lit en français, en russe et en hébreu. Dans le travail de recherche réalisé par le Comité scientifique chargé de la publication de ces oeuvres inédites, les Archives ont révélé l’étrange paradoxe du germanisme du nazisme. Il y avait une bibliothèque au stalag. Dans cette absence de drapeau, il y avait toujours l’honneur culturel. La vie dans un stalag était moins rude qu’à Buchenwald. Les prisonniers de guerre comme Emmanuel Levinas allaient lire le soir dans cette bibliothèque. On ne sait pas une chose. Au stalag, Emmanuel Levinas travaillait comme bûcheron la nuit dans la forêt. Il me l’a raconté personnellement. Le chef du stalag lui disait: “Soyez content de travailler la nuit car bientôt vous serez entre les mains des SS”. C’est dans ce contexte que ces Carnets ont été écrits. C’est la force symbolique de ces écrits inédits publiés aujourd’hui, soixante-dix ans plus tard.

C.J.N.: La correspondance inédite d’Emmanuel Levinas avec des illustres figures du monde philosophique, dont Maurice Blanchot, Martin Heidegger… augure sa vision très iconoclaste de l’avenir du monde?

Michaël Levinas: Cette correspondance est passionnante. À mon avis, elle sera un jour pour les chercheurs l’objet d’un véritable travail d’analyse parce qu’on voit très bien dans ces textes comment irradie progressivement une pensée qui ne correspond pas aux grands courants prépondérants de l’après-guerre, notamment à l’existentialisme de Sartre -bien qu’il y avait des liens très étroits entre mon père et Sartre-, au structuralisme, à la pensée analytique et au marxisme. Il me semble qu’au-delà de son grand dialogue-affrontement avec Martin Heidegger, qui portait essentiellement sur l’idéologie du nazisme et la question de l’identité de l’Autre, Emmanuel Levinas avait une vision prophétique de l’Histoire du monde. Il a pris conscience très tôt de la désorientation de l’humanité, au sens littéral du terme, et de la fin du grand espoir vingtiémiste, voire dixneuviémiste: le sens de l’Histoire progressiste. Sa manière très originale et audacieuse de penser la théologie à travers l’expérience philosophique, ce qu’il appelait Athènes et Jérusalem, a sans doute trouvé son éclosion de diffusion quand les grandes idéologies du XXe siècle se sont effondrées. C’est une innervation très lente à travers différentes cultures.

C.J.N.: Pourquoi la reconnaissance de l’oeuvre philosophique d’Emmanuel Levinas par le monde universitaire et intellectuel israélien a-t-elle été si tardive?

Michaël Levinas: Il est vrai que la reconnaissance de l’oeuvre d’Emmanuel Levinas par le monde universitaire et intellectuel israélien est assez lente. La traduction de cette oeuvre en hébreu se fait, mais lentement. Il semblerait que ce qu’Emmanuel Levinas a appelé le lien entre Jérusalem et Athènes, qui aujourd’hui se traduit tangiblement par une crise des idéologies et des interrogations lancinantes sur la désorientation de l’humanité, trouve un écho particulier dans un monde intellectuel israélien toujours en quête de la définition de l’identité juive israélienne.

Je recommande la lecture d’un texte inédit que le philosophe Bernard-Henri Lévy vient de publier dans sa revue, La Règle du Jeu. C’est une lettre qu’Emmanuel Levinas a envoyée à Maurice Blanchot le lendemain de la création de l’État d’Israël. Dans cette missive très importante, mon père aborde les questions fondamentales de la confrontation avec le temporel et de l’exception théologique qui devient strictement politique. Il me semble qu’il y a chez Emmanuel Levinas une pensée qui résonne avec cette interrogation très spécifique sur le Judaïsme temporel. Il faut savoir que mon père n’avait pas une vision prophétique d’Israël, mais une vision sioniste qui était une conception d’un Judaïsme certes sioniste mais qui pouvait survivre à toutes les déceptions. Il est indéniable que cette relation très complexe entre le théologique et le philosophique a aujourd’hui un écho très spécifique, au-delà des questions de mode, dans le milieu intellectuel israélien.

C.J.N.: Votre père a passé une grande partie de sa vie à l’École Normale Israélite Orientale (E.N.I.O.) de l’Alliance Israélite Universelle, dont il a été le directeur général pendant de nombreuses années. C’est à l’E.N.I.O. qu’il a écrit des pans majeurs de son oeuvre philosophique.

Michaël Levinas: Pour Emmanuel Levinas, l’expérience de l’E.N.I.O. de l’après-guerre fut tout à fait exceptionnelle. L’E.N.I.O. était un lieu très chargé à la fois de violence et de miracles. Pendant la guerre, l’E.N.I.O. fut un lieu terrifiant, où la milice française pronazie avait établi son quartier général. À la fin de la guerre, l’E.N.I.O. est devenu un lieu de convergence intellectuelle de la pensée juive, ce qu’on appelait l’École de Paris, avec la présence jusqu’en 1953 du très mystérieux Monsieur Chouchani. L’E.N.I.O. abritait aussi un jardin merveilleux, le jardin de l’Hôtel particulier de Mme Delvisius, qui, au XVIIIème siècle, avait accueilli chez elle tout le siècle des Lumières: Diderot, D’Alembert, le président des États-Unis, Thomas Jefferson… Dans cette magnifique allée des philosophes, Emmanuel Levinas conversait avec les jeunes philosophes de l’époque: Jean Wahl, Vladimir Jankélévitch, Eugène Minkowski, Gershon Sholem… C’était un moment d’exception qui a vu naître l’École de Paris et le Colloque des intellectuels juifs de langue française. C’est dans ce cadre intellectuel très stimulant qu’Emmanuel Levinas a écrit son oeuvre d’après-guerre.

C.J.N.: Quels souvenirs gardez-vous de votre enfance à l’E.N.I.O.?

Michaël Levinas: Je garde un souvenir de résurrection. L’E.N.I.O. était un cadre d’étude rythmé avec un rituel, notamment un rituel du travail de l’écriture. À l’E.N.I.O., les études juives prédominaient. L’appartement d’Emmanuel Levinas était devenu une sorte de maison d’étude talmudique, une Yéchiva. Mon père essayait de reconstruire le Judaïsme décimé par la Shoah. Le mal venait d’être vaincu. L’espoir était immense. Emmanuel Levinas vouait une véritable dévotion à la pédagogie des jeunes, mais à l’intérieur d’une restructuration intellectuelle et aussi religieuse. La lettre inédite qu’il a envoyée à Maurice Blanchot juste après la fondation de l’État d’Israël témoigne de cette situation d’exception.

C.J.N.: Quel père Emmanuel Levinas a-t-il été?

Michaël Levinas: Je pense que toute expérience de vie auprès de parents marque un enfant à tout jamais. La filiation est capitale, surtout dans la tradition juive. Emmanuel Levinas fut à la fois mon père et le père de beaucoup de jeunes. Il a été un père admirable et très exigeant, qui après avoir vécu le désespoir le plus abyssal s’est entièrement voué à reconstruire patiemment, à sa manière, le Judaïsme de l’après-guerre. Emmanuel Levinas a transmis à ses élèves le rite de l’écriture et le rythme de la discipline. Il s’est occupé avec beaucoup de dévouement de l’éducation d’adolescents qui étaient des survivants de l’horreur. C’est une expérience un peu exceptionnelle dont je me souviens tous les jours.

C.J.N.: Le cadre d’enseignement de l’E.N.I.O. était donc très austère?

Michaël Levinas: Le rite de la prière rythmait la journée des jeunes élèves de l’E.N.I.O., à 7 heures du matin et du soir. C’est en tapant du pied sur le plancher que mon père réveillait ces garçons pour qu’ils se rendent à la synagogue faire leurs prières. Parfois, je croyais entendre les bruits de la chambrée militaire où il avait fait ses classes et dont il me parlait souvent. Cette vie éminemment juive allait de pair avec l’amour profond que mon père vouait à la France et à ses institutions républicaines.

C.J.N.: C’est à l’E.N.I.O. qu’Emmanuel Lévinas a découvert le monde et le Judaïsme sépharades?

Michaël Levinas: Absolument. La seule famille qui me reste, ce sont les élèves sépharades de l’E.N.I.O. Je n’en ai pas d’autre. C’est à l’E.N.I.O., où la majorité des élèves étaient originaires du Maroc, de Tunisie, d’Iran et aussi quelques-uns d’Algérie, que j’ai connu le Judaïsme sépharade.

C.J.N.: Pourquoi Emmanuel Levinas a-t-il préféré faire une carrière d’enseignant à l’E.N.I.O. plutôt qu’à l’Université, où il aurait certainement assumé des fonctions professionnelles plus prestigieuses?

Michaël Levinas: À l’E.N.I.O., mon père a eu une vie d’employé modeste. Il était un employé de l’Alliance Israélite Universelle, avec ce que le mot “employé” peut avoir parfois de limitant. Il a commencé à travailler à l’E.N.I.O. comme surveillant quand il était un jeune licencié universitaire. Il avait 27 ans et venait de publier son premier livre, La Théorie de l’intuition. Ce sont des épisodes de la vie d’Emmanuel Levinas qu’on connaît mal. Vous m’avez demandé tantôt pourquoi sa carrière et la reconnaissance de son oeuvre ont été si tardives? Je vous ai donné des explications de nature intellectuelle. Mais, sociologiquement, il y a plusieurs raisons pour lesquelles sa carrière et la reconnaissance de son oeuvre ont été tardives.

Il y a eu d’abord une guerre effroyable, ce qui brise une vie et une carrière. D’autre part, Emmanuel Levinas est arrivé en France d’Europe de l’Est à l’âge de 17 ans. Après la publication de sa thèse de Doctorat, Théorie de l’intuition dans la phénoménologie de Husserl, devenue aujourd’hui un grand classique en philosophie, il s’adresse à Léon Brunschvig pour lui demander conseil sur ses perspectives de carrière. Ce dernier lui recommande fortement de ne pas passer l’Agrégation, parce qu’il a un fort accent est-européen, et d’entamer une carrière d’enseignant à l’Alliance Israélite Universelle. Mon père a beaucoup souffert de son retrait par rapport au monde intellectuel et universitaire du Quartier Latin, auquel il n’avait pas accès alors que cet univers était fondamentalement le sien.

Il faut dire les choses sans les enjoliver, je peux en témoigner. La relation d’Emmanuel Levinas avec l’Alliance Israélite Universelle fut complexe. Il y a l’aspect sublime, c’est-à-dire le reconstructeur des jeunes Juifs après la guerre, mais il y a aussi le pauvre petit bureaucrate à la Gogol, qui les dimanches matins collait des enveloppes et envoyait des courriers administratifs alors que, de toute évidence, il y avait chez Emmanuel Levinas, à l’âge de 30 ans, une étoffe de philosophe, de penseur et déjà une reconnaissance de son caractère intellectuel exceptionnel.

Mon père était très attaché à l’E.N.I.O. Je le dis avec beaucoup de reconnaissance pour l’Alliance Israélite Universelle, qui est à l’origine de la survie de ma mère pendant la guerre. Mais, il a été traité comme un simple employé. Il a vécu en même temps la tristesse de la bureaucratie et la non-reconnaissance du chef. Aujourd’hui, cette non-reconnaissance du chef est transcendée par son destin exceptionnel, qu’il doit à l’Alliance Israélite Universelle, et particulièrement à ce lieu fabuleux de confluence intellectuelle qu’a été après la guerre l’espace miraculeux de l’E.N.I.O.

C.J.N.: Quels sont pour vous les aspects les plus importants de l’oeuvre philosophique d’Emmanuel Levinas?

Michaël Levinas: Vous me posez une question très ardue. Il y a deux dimensions de l’oeuvre Emmanuel Levinas qui ne doivent pas disparaître derrière son message éthique, qui aujourd’hui est ce qui est le plus diffusé au sens médiatique du terme: la place politique fondamentale qu’il occupe entre Athènes et Jérusalem et la place exceptionnelle qu’il confère dans son oeuvre au visage, qui est capitale après l’expérience des horreurs nazies et staliniennes. Mais au-delà de ces deux éléments cardinaux de son oeuvre, je crois qu’on ne peut pas résumer sa pensée et ses écrits en quelques mots, si ce n’est pour les transformer en une sorte de message de gourou ou en une directionnalité qu’il aurait lui-même récusé.

Il ne faut surtout pas oublier la puissance conceptuelle de l’oeuvre d’Emmanuel Levinas, ce que l’on appelle “la philosophie pure”, qui disparaît souvent aux yeux du grand public derrière le message éthique. D’autre part, la force de l’expérience qu’il a vécue au coeur du XXe siècle, qu’il appelait “l’honneur sans drapeau”, ne doit pas être non plus éludée. Très nombreux sont ceux qui croient que cette expérience très singulière véhicule un message de sage. Je ne pense pas qu’on puisse ramener la pensée philosophique d’Emmanuel Levinas à un message de sage ou à des injonctions d’ordre mystique. Son oeuvre recèle toute la complexité de sa pensée. C’est ce vertige-là qu’il ne faut pas perdre de vue quand on aborde une oeuvre d’une telle dimension.

C.J.N.: Votre père soutenait-il votre vocation musicale ou aurait-il préféré que vous vous consacriez aussi à l’étude et à l’enseignement de la philosophie?

Michaël Levinas: La vocation musicale elle vous choisit et on la choisit. Mon père, je le constate aujourd’hui à travers ses correspondances, a toujours soutenu ma vocation musicale. J’ai eu une mère, d’origine russe comme mon père, qui était une très grande musicienne, formée au Conservatoire de Vienne. Dans l’après-guerre, mes parents, qui ont décelé très tôt mes prédispositions pour la musique, se sont sentis dans l’obligation de soutenir ma future vocation. Ce soutien parental a été pour moi une expérience très marquante. C’était très courant dans les familles russes, mais dans une famille comme la mienne, qui a subi dans sa chair les affres douloureuses de la Grande Guerre, le choix d’une carrière musicale, c’était plus rare. Mon père a soutenu ma vocation musicale jusqu’à son dernier souffle. Il y a eu aussi un geste parental encore plus symbolique: le prénom que mon père m’a donné, qui est est une interrogation: “Qui est comme Dieu?” Mon père m’a nommé Michaël pour rendre hommage aux six millions de Juifs assassinés dans les camps nazis.


In an interview, musician/artist Michaël Levinas, talks about the work of his father, philosopher Emmanuel Levinas, whose complete works are going to be published. The first of seven volumes was recently released.

Partager cet article
Repost0
19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 13:58
Sir Moses Montefiore
(5545-5645 ; 1784-1885)


Gershom Kursheedt And Sir Moses Montefiore , Dr. Yitzchok Levine


Par Nissan Mindel


Il y a dans le sud de l'Angleterre, au bord de la mer, une ville nommée Ramsgate. Elle est à deux heures de train de Londres. Là, on peut visiter un musée bien connu, le musée Montéfiore, qui contient beaucoup de documents et divers objets pleins d'intérêts, et se rapportant à la vie et aux activités d'un Juif célèbre : Mosès Montefiore. Non loin de là se trouve la synagogue qu'il fit édifier, et à côté de laquelle on peut voir sa tombe, copie exacte de celle de notre mère Rachel ; là il est enterré, de même que sa femme Judith. Une yéchivah, que fréquentent des étudiants d'origine séfarade, complète l'ensemble. Tel est le mémorial que laissa à sa mort Mosès Montefiore. Mais ce qu'il nous a légué de mieux, c'est la renommée qu'il gagna au service de ses frères juifs.

Il fut, en effet, l'ouvrier infatigable de leur bien-être, un médiateur et un intercesseur. Il fut aussi un homme d'État et un diplomate. Partout, rois et princes le reçurent avec cordialité, et il défendit toujours la cause juive avec fierté et vigueur, faisant tout ce qui était en son pouvoir pour le bien de ses coreligionnaires dans beaucoup de pays d'Europe.

Mosès Montefiore naquit le 13 'Hechvan en l'an 5545 (1784) à Livourne, en Italie. Son grand-père Mosès-‘Haïm Montefiore était juif séfarade, originaire de cette ville, et qui s'établit plus tard à Londres. Il avait dix-sept fils, dont l'un, Joseph-Eliyah, fut le père de Mosès. C'est au cours d'un voyage d'affaires, que Joseph-Eliyah faisait à Livourne en compagnie de sa femme, que Mosès naquit,

Un juif très pieux

Mosès Montefiore fut élevé en Angleterre dans une atmosphère de Torah et de mitsvot, et il demeura, tout au long de sa vie, un Juif d'une piété intransigeante. À Londres, avec son frère Abraham, il déploya une activité considérable dans le commerce. Tous deux furent en rapports d'affaires avec les Rothschild, avec le monde de la banque et des grosses firmes industrielles et commerciales. Ils fondèrent une compagnie d'assurances, une compagnie du gaz qui introduisit l'éclairage dans beaucoup de villes parmi les plus importantes d'Europe. Ils contribuèrent à la construction de voies ferrées, et eurent des intérêts dans de nombreuses entreprises financières.

Mosès Montefiore devint fort riche et partout célèbre. En 1837 il fut élu maire de Londres, deuxième Juif à occuper une charge aussi importante. La même année, la reine Victoria, qui venait de monter sur le trône d'Angleterre, l'éleva au rang de « Sir », et en 1846 lui accorda le titre de baron. Il occupa une place de premier plan dans les milieux aussi bien juif que social.

Mosès Montefiore fut différent de certains autres Israélites qui, au faîte de la richesse et des honneurs, se détournent, hélas, de leur religion. Contrairement à ceux-ci, il demeura, comme nous l'avons dit, un Juif d'une piété exemplaire toute sa vie durant. Encore jeune, il commença à s'intéresser au sort de ses frères. Plus tard, il usa de son influence, qui était grande, pour leur obtenir l'égalité des droits en Angleterre. Il occupa les fonctions de Gabbaï de la communauté séfarade de Londres, et fut élu six fois à la tête de celle-ci (Roche Kahal). Le Board of Deputies (Organisation des Communautés Unies et des officiels juifs, qui représentait l'ensemble des Israélites anglais) l'eut comme président trente-six années durant. Quand, à l'âge de 90 ans il démissionna, cette organisation lui offrit la somme de 12000 livres sterling comme cadeau d'adieu. Il en fit don afin qu'on construisît des logements pour les pauvres de Jérusalem.

Le gouvernement russe l'invite

Juif orthodoxe, il était naturel qu'il aimât la Terre Sainte. Il soutint et aida avec beaucoup de générosité les institutions qui le méritaient, et se rendit sept fois en Erets Israël, la dernière se situant en 1875, alors qu'il était âgé de 91 ans. Si l'on se souvient des grandes difficultés que comportait un voyage en ce temps-là, on mesurera le prix qu'un vieillard de cet âge y attachait pour l'entreprendre. Il distribua de grosses sommes d'argent en Erets Israël ; il y fit construire des synagogues, y soutint les yéchivoth et y fonda nombre d'institutions importantes. Il fit ériger en 1866 un tombeau sur le lieu de sépulture de notre mère Rachel, monument magnifique que tout le monde connaît. Les Juifs d'Erets Israël le considéraient comme un messager envoyé par Dieu pour leur venir en aide.

Quand le terrible « libelle du sang » éclata à Damas en 1840, Sir Mosès Montefiore s'y rendit personnellement afin de défendre les Juifs faussement accusés. Cette croyance, outrageusement mensongère (selon laquelle les Israélites incorporaient du sang chrétien à la matsa de Pessa'h) qui avait coûté tant de vies juives durant l'obscur Moyen Âge, et qui connaissait un regain de vigueur à Damas, était une menace non seulement pour la vie des accusés, mais aussi pour la communauté entière, voire de tous les Israélites du monde. Sir Mosès Montefiore, avec l'aide d'autres personnalités juives et non juives, réussit à persuader le Sultan de prendre un « firman » (décret) déclarant le «libelle du sang» dénué de tout fondement, et interdisant qu'on s'en prévalût à l'avenir.

En 1846, le gouvernement russe invita officiellement Sir Mosès Montefiore à visiter la Russie afin d'examiner sur place la situation des Juifs dans le pays. Le gouvernement tsariste, aidé par quelques chefs du mouvement de la « Haskalah » (les « Lumières »), faisait à cette époque de grands efforts pour « russifier » (terme qu'il fallait traduire par s’« assimiler ») la masse des Juifs de Russie. Il espérait qu'avec le concours d'une personnalité israélite de l'envergure de Sir Mosès Montefiore, il gagnerait la bataille qu'il avait engagée contre les chefs juifs du pays, qui, refusant de coopérer avec lui dans ce sens, mettaient en échec toute tentative d'assimilation. Le Rabbi de Loubavitch d'alors, le Tséma'h Tsédek lui-même, farouchement opposé à toute tentative destinée à intégrer les Juifs dans la masse du peuple russe, faisait de son mieux pour que l'entreprise échouât.

Sir Mosès Montefiore accepta l'invitation. Décidé, certes, à ne pas servir d'instrument aux mains des assimilationnistes, il voulait profiter de l'occasion qui lui était offerte pour examiner sur place la situation en Russie, où vivait la plus grande partie des Juifs du monde. De plus, il espérait, par ce voyage, avoir une action salutaire et efficace sur les persécutions et les pogroms fréquents qui s'abattaient sur les Israélites dans ce pays.

Quand il arriva à Saint-Pétersbourg (aujourd'hui Leningrad), le ministre de l'Intérieur, le comte Kissilev, et le ministre de l'instruction publique, Ouvarov, l'accueillirent en lui présentant une longue liste de griefs et d'accusations contre les Juifs de Russie et leurs chefs spirituels.

Sir Mosès Montefiore loin de prêter foi à ces témoignages d'une partialité flagrante, puisqu'ils émanaient de ministres notoirement antisémites et desMaskilim égarés, entreprit une tournée dans les villes et les villages où vivaient des Juifs. À son retour à Londres, il rédigea, avec le matériel ainsi rassemblé, deux memoranda. Il les envoya, l'un au ministre de l'intérieur russe, l'autre au ministre de l'instruction publique. Sir Mosès Montefiore, s'adressant à eux sur un ton ferme, mais courtois, afin de ne pas les indisposer, leur disait que le problème des Juifs en Russie n'était pas lié à leur instruction qui lui avait paru d'un niveau très élevé. Il réfutait les fausses accusations dont ils étaient l'objet, et, passant à l'attaque, accusait à son tour le gouvernement russe de faire preuve de grande partialité à leur égard. Et, à l'appui de ce qu'il avançait, il évoquait la terrible situation économique où se trouvaient les Juifs par la faute de décrets abusifs, des expulsions, des pogroms et des sanctions économiques. Il réclamait l'égalité des droits pour ses coreligionnaires, soulignant : que d'une telle décision résulterait, de surcroît, le bien général du pays.

Un défenseur infatigable

Cela, uni aux efforts et aux sacrifices que surent s'imposer les Juifs de Russie qu'avait encouragés Sir Mosès Montefiore, le gouvernement tsariste finit par renoncer à une grande partie de son programme d'assimilation et de conversions forcées des Juifs. De plus, la situation économique de ces derniers, grâce aux suggestions et aux recommandations de Sir Mosès Montefiore, se trouva considérablement améliorée.

En 1872, celui-ci fit une seconde visite en Russie, et fut reçu par le Tzar Alexandre II. Il eut la satisfaction de constater la naissance dune nouvelle classe d'hommes d'affaires et de professionnels juifs, qui n'existait pas vingt-six ans auparavant, lors de son premier voyage. Mais ce qui lui échappa, ce furent les progrès de l'assimilation au sein, de cette classe dite « élevée ».

Sir Mosès Montefiore fut aussi reçu en audience par le Pape en 1858 quand il se rendit à Rome pour intercéder en faveur d'un garçon juif italien, qu'on avait converti au catholicisme alors qu'encore enfant la maladie le clouait au lit. Sa bonne, chrétienne, l'avait « baptisé », ce qui avait suffi à l'Église pour le déclarer converti. Arraché à ses parents, il avait reçu une éducation chrétienne. Le cas de ce garçon, qui se nommait Murtara avait déchaîné une tempête d'indignation, mais aucune intervention ne réussît à le faire restituer à ses parents israélites.

Une fois, se trouvant en Roumanie où il s'était rendu pour essayer d'aider ses frères juifs, Sir Mosès Montefiore échappa de justesse à la populace déchaînée contre lui. Rien ne le faisait reculer dès qu'il s'agissait de venir en aide à ses coreligionnaires persécutés.

Il mourut le 13 Av en l’an 5645 (1885), plus que centenaire.

Le musée Montefiore abrite quantité d'objets d'or et d'argent d'une grande valeur artistique qu'avaient offerts comme présents à Sir Mosès des rois et des chefs d'État de différents pays ; il contient également de nombreux documents historiques très importants. L'anniversaire de sa mort est observé chaque année par des institutions qui subsistent encore aujourd'hui grâce aux fonds qu'il leur a légués. 

'HABAD 

Partager cet article
Repost0
15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 05:13

Par Aschkel

15/02/1896
Outré par l’affaire Dreyfus, le Juif hongrois Theodor Herzl publie "l’État juif", un ouvrage qui prône l’établissement d’un territoire juif indépendant en Palestine. Selon lui, ce serait là l’unique solution à l’antisémitisme. Son ouvrage servira de base, plus tard, au mouvement sioniste, qui conduira à la création de l’État d’Israël.





Voici un extrait en PDF de l'Etat des Juifs -  Der Judenstaat - pdf ICI

Relire la superbe série d'articles de Sacha Bergheim

>Sionisme : La pensée de Herzl - Altneuland par Sacha Bergheim 1/5
 2/5 -  3/5 -  4/5 -  5/5


Rappel sur Théodore Herzl.
Source Wikipédia



Theodor Herzl
, de son nom hébreu Benjamin Ze'ev (בנימין זאב), né le 2 mai 1860 à Budapest et mort le 3 juillet 1904 à Edlach, est un journaliste et écrivain juif autrichien.

Fondateur du mouvement sioniste au Congrès de Bâle en 1897, il est l'auteur de Der Judenstaat(« L'État des Juifs ») en 1896 et fondateur du Fonds national juif pour l'achat de terres en Palestine.

180px-Herzldohanyi.jpg
magnify-clip.png
Plaque sur le lieu de naissance de Théodore Herzl
180px-Theodr-Herzl-1904.jpg
magnify-clip.png
Theodor Herzl en 1904

Theodor Herzl est né dans le quartier juif de Budapest, capitale de la Hongrie caractérisée par son cosmopolitisme très important. La ville abrite une population juive nombreuse, qui représente 20 % de ses habitants. Aussi certains antisémites nommaient-ils la ville « Judapest »1.

Theodor Herzl (ou Tivadar en hongrois, Wolf Théodore en allemand) grandit dans une famille bourgeoise tout près de laGrande synagogue de Budapest. La famille pratique unjudaïsme que l'on pourrait qualifier de progressiste.[réf. nécessaire] Son père, issu de l'immigration de la partie orientale de l'empire austro-hongrois, se définit lui-même comme réformiste et demeure un partisan de l'assimilation des Juifs au sein de leurs terres d'accueil.

Vie professionnelle 

Docteur en droit de formation, Herzl commence par écrire des pièces de théâtre puis devient journaliste et part à Paris comme correspondant de 1891 à 1896. Il rentre alors à Vienne et devient directeur littéraire du plus grand et du plus prestigieux quotidien viennois, la Neue Freie Presse.

L'affaire Dreyfus et le sionisme 

Il était au début si peu tenté par le sionisme qu'il n'hésitait pas à écrire les lignes suivantes en faisant le compte-rendu pour son journal d'une pièce d'Alexandre Dumas filsLa Femme de Claude, où un certain Daniel encourageait les juifs à revenir à la terre de leurs ancêtres:

« Le bon Juif Daniel veut retrouver sa patrie perdue et réunir à nouveau ses frères dispersés. Mais sincèrement un tel Juif doit savoir qu'il ne rendrait guère service aux siens en leur rendant leur patrie historique. Et si un jour les Juifs y retournaient, ils s'apercevraient dès le lendemain qu'ils n'ont pas grand'chose à mettre en commun. Ils sont enracinés depuis de longs siècles en des patries nouvelles, dénationalisés, différenciés, et le peu de ressemblance qui les distingue encore ne tient qu'à l'oppression que partout ils ont dû subir »2.

L'affaire Dreyfus et les manifestations antisémites qui l'accompagnent sont donc pour lui un coup de tonnerre. En tant que correspondant à Paris du journal Die Neue Freie Presse, il suit l'Affaire depuis le premier procès de Dreyfus. Révolté par les manifestations de l'antisémitisme français, il estime désormais absolument nécessaire la constitution d'un « abri permanent pour le peuple juif », thèse qu'il reprend dans son livre "l'État des Juifs" (Der Judenstaat), écrit en 1896. Il y expose les trois principes fondamentaux du sionisme : l'existence d'un peuple juif ; l'impossibilité de son assimilation par d'autres peuples ; d'où la nécessité de créer un État particulier, qui prenne en charge le destin de ce peuple. A ces trois fondements du sionisme, le Congrès de Bâle de 1897 ajoute un quatrième : le droit des Juifs à s'installer en terre d'Israël, donc dans la région palestinienne de l'Empire ottoman.


La mise en œuvre du projet 

Pour mener à bien son projet d'État pour les Juifs, il décide de lancer une campagne internationale et de faire appel à toutes personnes susceptibles de l'aider. Il va ainsi successivement se rapprocher du Baron Edmond de Rothschild qui a déjà commencé à acheter des terres en Palestine depuis 1882, de Maurice de Hirsch. Il demande des lettres de soutien à des personnages importants de l'époque comme le pape Pie X, le roi Victor-Emmanuel III d'Italie ou Cecil Rhodes.

En avril 1896, il se rend à Istanbul en Turquie et à Sofia en Bulgarie pour rencontrer des délégations juives. A Londres, le groupe desMacchabées l'accueille froidement, mais il reçoit un mandat d'encadrement de la part des sionistes de l'East End de Londres. Au cours des six mois suivants, ce mandat est approuvé par toutes les organisations juives sionistes mondiales. Le nombre de ses partisans augmente alors nettement.

En 1897, à grands frais personnels, il fonde à Vienne l'hebdomadaire Die Welt Contrairement à l'idée répandue, Herzl n'est pas à l'origine du Congrès de Bâle de 1897, il n'a fait que lui conférer une dimension remarquable après avoir rejoint et rallié le mouvement sioniste, comme cela apparait à la lecture de son hebdomadaire, à la suite des déceptions rencontrées auprès de Rotschild notamment. Le mot "sionisme" (en allemand Zionismus) ne figure pas dans l'Etat Juif alors qu'il était déjà en vigueur.

Il est élu président, poste qu'il a occupé jusqu'à sa mort en 1904. En 1898, il commence une série d'initiatives diplomatiques afin d'obtenir un soutien pour un pays juif. Il est reçu par l'empereur Guillaume II d'Allemagne à plusieurs reprises, puis à nouveau par l'empereurottoman le 2 novembre 1898 à Jérusalem. Il participe à la première conférence de La Haye, ou il bénéficie d'un chaleureux accueil par de nombreux autres Etat.

En mai 1901, il rencontre pour la première fois Abdülhamid II, le Sultan de Turquie, pour négocier le don des terres de Palestine mais celui-ci lui répond: « Je préfère être pénétré par le fer que voir la Palestine perdue. »

En 1902-03, Herzl est invité à témoigner devant la Commission royale britannique sur l'immigration des étrangers. Cette occasion lui permet de se retrouver en contact étroit avec les membres du gouvernement britannique, notamment avec Joseph Chamberlain, à l'époque secrétaire d'État aux colonies, par l'intermédiaire duquel il négocie avec le gouvernement égyptien une charte pour l'installation des Juifs dans la région d'Al Arish, dans la péninsule du Sinaï, jouxtant le sud de la Palestine.

Suite à l'échec de ce projet, qui l'a conduit au Caire, il reçoit en août 1903, par l'intermédiaire de L. J. Greenberg une offre de la part du gouvernement britannique afin de faciliter l'implantation d'une grande colonie juive de peuplement, avec gouvernement autonome et sous souveraineté britannique, en Afrique de l'Est.

Dans le même temps, le mouvement sioniste est menacé par le gouvernement russe. Au lendemain du premier pogrom de Kichinev en 1903, il se rend à Saint-Pétersbourg et est reçu par Sergei Witte, alors ministre des Finances, et Viatcheslav Plehve, ministre de l'intérieur, antisémite notoire et crédité d'être responsable desdits pogroms.

À cette occasion, Herzl présente des propositions pour l'amélioration de la situation juive en Russie. Il propose à Plehve une véritable alliance : « Soutenez mon projet, je vous débarrasserai de vos révolutionnaires juifs » 4. Il publie la déclaration russe, et présente l'offre britannique, connue sous le nom de « Projet Ouganda » devant le sixième Congrès sioniste (Bâle, août 1903), qui remporte la majorité (295:178, 98 abstentions), avec lui sur la question d'étudier cette offre, malgré le très mauvais accueil de l'offre par la délégation russe.

En 1905, après enquête, le congrès sioniste décide de décliner l'offre du Royaume-Uni et s'engage à créer un état juif en terre historique d'Israël.

Mort en 1904, Herzl avait demandé à être enterré en Palestine quand le peuple juif y aurait fondé un état indépendant. Le 17 août 1949, son corps, ainsi que celui de ses parents, Yaakov et Jeannette, et sa sœur Pauline sont inhumés au Mont Herzl. En septembre 2006, les dépouilles de ses enfants Hans et Pauline y ont été transférés depuis Bordeaux. Sa fille cadette, Trude Norman, est morte dans le camp de concentration de Theresienstadt et ses restes n'ont jamais été retrouvés. Le corps du fils unique de Trude, Stephen Theodore Norman, suicidé en 1946 à Washington, est transféré au Mont Herzl le 5 décembre 2007.

Partager cet article
Repost0
19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 04:58
 
.universtorah. 


Par le Rav Aharon Bieler



A Nétivote, on se prépare à célébrer la Hilloula de Rabbi Israël Abou'hatséra, universellement connu sous le nom de Baba Salé. 
La date anniversaire tombe cette année le mardi 19 janvier 2010 (c'est à dire à partir du lundi soir).


1. Naissance du Tsadik  

Il naquit en 5650 (1890), le jour de Roch-Hachana, dans le sud marocain, plus précisément à Rissani dans la région du Tafilalet. Son père, le Tsaddik Rabbi Massoud, était d'ailleurs le Rabbin du village de Rissani. 
Rabbi Israël Abou'hatséra, Baba Salé, était le petit fils de Rabbi Ya'akov Abou'hatséra, qui signifie en arabe marocain "le père de la natte", nom rappelant le miracle d'une natte qui s'était changée en bateau. Ainsi, à l’origine, la famille portait le nom de Élbaz. 

L’un des aïeux, le rabbin Chémouel Élbaz était le chef spirituel de sa communauté. 
Un jour qu’un capitaine lui refusa l’accès de son navire, parce qu’il n’avait pas assez d’argent, il s’assit sur sa natte, pria et prit ainsi la mer à la stupeur des témoins. Chémouel changea de nom alors et s’appela Abou'hatséra. 


Depuis son jeune âge, Rabbi Israël avait coutume de se lever aux aurores, et après s’être trempé au Mikvé de purification, il se dépêchait d’aller à la synagogue pour l’office du matin, au Nèts Ha'hama (Lever du soleil). Il priait avec une grande ferveur, et une grande concentration. Après la prière, il étudiait avec une extraordinaire persévérance. 

Le douze Iyar 5668, Rabbi Massoud (son père) quitta ce monde. Lors de son décès, Rabbi Israël était alors âgé de dix-huit ans. Cependant, il était déjà un Gaone (grand érudit), dont la crainte de D. dépassait la sagesse.



2. Vie du Tsadik  

Les juifs de Tafilalet le supplièrent d’accepter, malgré son jeune âge, le poste de Rabbin, et d’être le dirigeant spirituel de la Yéchiva. Rabbi Israël, très modeste essaya d’esquiver les charges qu’ils voulaient lui imposer. Mais les juifs de Tafilalet savaient qu’il leur serait difficile de trouver un autre saint homme tel que lui. Ils insistèrent tant qu’il accepta de remplir les fonctions à la place de son père. 





Ainsi, outre le poste de Roch Yéchiva, Rabbi Israël reçut la direction de la Rabbanoute. Les juifs de Tafilalet observaient scrupuleusement ses instructions, et ses paroles étaient pour eux, le Saint des Saints, les paroles de l’oracle. Tout comme son ancêtre, c’était un kabaliste qui s'adonnait à la méditation et à la contemplation. Il utilisait les prières des textes manuscrits de son grand père Rabbi Ya'akov sur les kavanote (pensées), élaborées par le Ari Zal. 

Il vivait, depuis sa tendre enfance, détaché des choses de ce monde. Etudiant tout autant le « Niglé » (Talmud et décisionnaires) que la Kabbala, chaque jour pendant 18 heures, il acquiert très vite un niveau exceptionnel dans l'étude de la Tora. 

En l’an 5681, à l’âge de trente et un ans, Rabbi Israël vint visiter la Terre Sainte. Tous les Rabbins du pays allèrent à sa rencontre avec crainte et respect, et l’ accueillirent avec de grands honneurs. Son nom était célèbre et connu : Le saint homme, qui accomplissait des miracles et dont les bénédictions étaient toujours exhaussées. Tous les habitants de Jérusalem affluèrent à son domicile afin de recevoir sa bénédiction. 

Rabbi Israëleut beaucoup de difficultés à quitter la Terre Sainte, pour laquelle il gardait une grande nostalgie. Et malgré son désir ardent d’y rester, il décida de retourner à Tafilalet, au Maroc, pour diriger sa Communauté, restée tel un troupeau sans berger. En 5724 (1963), âgé de 73 ans, Baba Salé décida de réaliser son projet le plus cher : s’installer en Terre Sainte. La plupart des juifs du Maroc avaient alors quitté leurs pays, et étaient montés en Terre d’Israël. 

Son modeste domicile à Netivote était ouvert à tous, Ses adeptes affluaient de tous les coins du pays. Il recevait chacun écoutait son récit, le bénissait, lui donnait une bouteille d’eau bénite par lui et le renforçait dans sa foi. Cette eau du robinet, comme il l’expliquait lui-même n’avait aucun pouvoir transcendant ; son efficacité naissait de la rencontre de la foi en D. la force de la bénédiction.


3. Le Tsadik nous quitte  

Le dimanche vingt Téveth 5744, Rabbénou tomba malade de sa dernière maladie. Il agonisa durant deux semaines. Partout en Israël on implorait, Celui qui réside dans les cieux pour sa guérison complète. Mais les portes de Cieux restèrent fermées, et le dimanche 4 Chévate 5744 (1984), Rabbénou fut rappelé devant le Tribunal Céleste. 

Il fut enterré à Nétivote, village du Néguev fondé et peuplé par des dizaines de milliers de juifs d’Afrique du Nord. Ses fidèles affluèrent par dizaines de milliers pour ses funérailles, venant de tous les coins du pays. 

On estima à plus de cent mille le nombre de personnes qui vinrent accompagner le saint homme à sa dernière demeure. Tous regrettèrent profondément la disparition de ce grand Tsaddik. Depuis, chaque année, des milliers de Juifs se rendent à Nétivote pour assister à sa Hilloula. 


Partager cet article
Repost0
10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 06:18



Rabbi CHNEOUR ZALMAN - LADMOUR HA-ZAKEN - A. 18 Eloul 1745.jpg



Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi, l'Admour Hazakène
(1745-1812)


Une âme nouvelle
Une âme nouvelle
Le Baal Chem Tov déclara : Une âme nouvelle est descendue en ce monde. Cette âme éclairera le monde par la connaissance talmudique ainsi que par la pensée 'hassidique. Elle donnera toutes ses forces pour les chemins du ‘Hassidisme et elle réussira jusqu’à l’avènement des temps messianiques...
Les années de recherche
Les années de recherche
Les débuts extraordinaires de Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi dans l'étude de la Torah, nommé "Tana Oufalig" par les autorités de son temps le jour de sa Bar Mitsva. Son engagement en faveur des pauvres et sa découverte de la Kabbale et du comportement mystique
Rencontre avec le 'Hassidisme
Rencontre avec le 'Hassidisme
Comment Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi décida de se rendre chez le Maguid de Mézéritch dont il devint l'un des disciples les plus éminents...
L’émergence d’un maître
L’émergence d’un maître
Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi, défenseur de la cause du 'Hassidisme devant les plus hautes autorités rabbiniques de Lituanie. Il se voit confier par son maître, le Maguid, la mission de rédiger un nouveau Code de Loi juive comprenant les raisons des lois.
Le monde des érudits
Le monde des érudits
Le mouvement 'hassidique fait face à une opposition grandissante de la part de certains cercles érudits et Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi pour dissiper les malentendus entretenus par certaines personnes mal intentionnées...
Les débuts d’un maître
Les débuts d’un maître
Suite à la disparition du Maguid de Mézeritch et du départ de Rabbi Menahem Mendel de Horodok en Terre Sainte, Rabbi Chnéour Zalman devient maître de tous les 'hassidim de Russie. Il fonde à Lyozna un nouveau centre, où il mettra en pratique une méthode nouvelle...
Rabbi Mena'hem Mendel de Horodok
Rabbi Mena'hem Mendel de Horodok
La montée des 'Hassidim en terre d'Israël
Suite au décès du Maguid de Mézeritch, Rabbi Mena'hem Mendel de Horodok assuma la direction du mouvement ‘hassidique de Russie et de Lituanie entre les années 5533 (1773) et 5537 (1777).

http://www.fr.chabad.org/
Partager cet article
Repost0
29 décembre 2009 2 29 /12 /décembre /2009 05:47

http://www.universtorah.com/ns2_dossier-747-le-ram-hal-ce-grand-kabbaliste--.htm
 

      Ram’hal, initiales de Rabbi Moché ‘Haïm Luzzatto est sans aucun doute l'un des maîtres les plus prolifiques et les plus innovateurs que le Judaïsme ait connu.Kabbaliste et logicien, talmudiste et poète, moraliste et grammairien, théologien et dramaturge – telles sont les facettes apparemment antinomiques de la personnalité exceptionnellement riche de ce géant de la Tora. 

      Mais le Ram’hal est d'abord le plus grand érudit de la Kabbala, après le Arizal, qui a pensé la véritable dimension ésotérique en termes rationnels. Ainsi, il a clairement défini les fondements authentiques de la foi juive à partir de la Kabbala (Dérèkh Hachèm - La voie de D.). 

 
Une des ruelles du quartier juif de Padoue
      Rabbi ‘Haïm Moché Luzzato naît dans le ghetto de la ville italienne de Padoue en 1707. Son père lui donne deux maîtres : Rabbi Icha’ya Bassane pour le Talmud et la Kabbala et RabbiIts’hak ‘Haïm Cantarini pour la culture universelle. 

      La Kabbala de Rabbi Its’hak Louria avait influencé les communautés juives d'Italie, mais leChabtaïsme avait détérioré les rapports entre juifs et la tradition orthodoxe. 

      Rabbi Yossef Halévi de Livourne parla en public: « le repentir, c'est rendre à son prochain son bien, s'abstenir du vin des gentils et de raser les péote ; ne pas s'associer à des femmes étrangères ». 

 
Adeptes de Chabtaï Tsvi venant le visiter en prison
      Cela déplut à la grande masse, car ils croyaient fermement que celui qui croyait fermement en Chabtaï Tsvi était sauvé ; tout le monde croyait en cette hérésie comme si c'était la loi de Moché. 

      La faillite du Chabtaïsme provoqua une grande méfiance envers les courants messianiques. Certains Rabbanim accuseront la propagation de la Kabbala qui était à leurs yeux comme la cause de la catastrophe. 

      Quelle utilité tire-t-on de ces connaissances ? « La foi dans l'unité du Créateur que partage toute l'assemblée de la communauté d'Israël, dans le fait qu'il dirige son monde, qu'il nous a donné sa Tora et que notre Machia’h viendra est bonne. On n'a guère besoin des notions étranges forgées par la Kabbala, les Séfirote, qui n'engendrent que de l'embarras ». 

      Le Ram’hal avait à peine 14 ans qu'il connaissait déjà toute la Kabbala du Arizal (Rabbi Its’hak Louria) par cœur, et personne, pas même ses parents n'étaient au courant. 

      Le jeune Ram’hal forma des cercles d'étude dont le but était de communiquer le désir profond de la Guéoula. Le but du cercle formé était d'étudier continuellement le Zohar. D'autre part, le voyage du Ram’hal dans la "vallée des secrets" aboutit à une expérience décisive. 

      La révélation du Maguid (narrateur céleste) qui joue un si grand rôle dans la littérature kabbalistique qui lui dicte leZohar Tinyana ou le (second) Zohar de la rédemption. Le Ram’hal a alors 20 ans, et affirme lui même : Je ne le vois pas (le Maguid) mais j'entends sa voix qui parle par ma bouche. A l'instar de Rabbi Chimon Bar Yohaï – le maître du Zohar, le Ram’hal s'impose dès l'âge de vingt ans dans le monde Toranique. Pourtant, en 1730, sous la pression des sages, hantés par l'idée du "faux messie", le Ram’hal accepte de signer un aveu, sur le conseil de son maître, Rabbi Icha’ya Bassane. 

      Cet aveu stipule l'interdiction d'écrire les secrets ou les révélations sous la forme araméenne du Zohar. La signature de l'aveu n'apaise pas les détracteurs du Ram’hal, et les attaques se poursuivent sans répit. 

      Il va vite susciter l'opposition de Rav Moché ‘Haguiz d'Altona-Hambourg. Ce dernier était un farouche adversaire des Chabtaïstes et est scandalisé par l'hérésie qu'il croit déceler dans ce groupe d'Italie

      " Vous montagnes d'Israël, mes maîtres, enquêtez afin de déraciner ce groupe pervers avant qu'il ne propage sa perversité parmi les multitudes ignorantes". Mais son maître et ami Rabbi Icha’ya Bassane semble avoir des doutes et lui fait remarquer: « Il semble difficile d'admettre que tu en reviennes toujours aux sujets d'ordre messianique. 

      En effet, tel est l'un des signes les plus évidents de la nature mauvaise du Maguid, puisque les forces mauvaises ont pris l'habitude d'embarrasser les esprits avec les choses messianiques afin de faire trébucher Israël ». 

 
Poème écrit en l'honneur 
du mariage du Ram'hal
      A cette époque le Ram’hal épouse Tsipora, fille de David Finzi, éminent érudit de Padoue. Cela lui permet de se soustraire aux soupçons qu'un homme de 33 ans ne soit pas marié. 

      En dépit de cet acte, la suspicion des Rabbanim reste. Il se maria en 1731 et comme suite à une série de calomnies (afin de le déstabiliser) fatigué de mener une guerre qui n'en finissait plus, en 1735 le Ram’hal décide de quitter l'Italie à la recherche d'une vie sereine vers la Hollande. 

      En 1743 il décide de réaliser ce vieux rêve: La montée en Israël. Cette même année il est à Acco près de Tibériade et de Safed. 



      Le Gaone de Vilna fut un des admirateurs du Ram’hal, tant en matière de Kabbala que d'éthique pour son livre "les sentiers de la rectitude". Le Gaone aurait revêtu des habits de fête pour célébrer l'acquisition du manuscrit "Adir Bamarom" du Ram’hal. 

      On attribue au Maguid de Meseritch la remarque que la génération ne fut pas digne de comprendre la piété et l'ascèse du Ram’hal. Un sage d'Israël, Rabbi David HaKohen écrivait : « Ces trois courants de pensées ('Hassidim - Mitnagdim - Haskala) trouvent leurs racines dans l'âme du Ram’hal. 

      Depuis Rabbi Chim’one Bar Yohaï, la priorité à l'étude du Zohar était donnée au Ma’assé Beréchit (la genèse). Après l'exode d'Espagne en 1492, il faut mobiliser et libérer toutes les forces capables de "précipiter le A’harite Hayamim". Mais la fin (A’harite) est contenue dans le Réchite (début). La lumière cachée dans le Réchite (lumière du Machia’h) se révélera dans le A’harite. Pour le Ram’hal, le Zohar serait donc le moyen, la clé de la rédemption et de la venue du Machia’h 

      Au cours d'une épidémie lui et sa famille sont décimés en 1746. Certains pensent qu'il fut enterré à Kfar Yassif près de Acco et d'autres pensent qu'il fut enterré à Tibériade où sa tombe est proche de celle de Rabbi ‘Akiba. Celui-ci a commencé à étudier à l’âge de 40 ans et a vécu jusqu'à120 ans, alors que le Ram’hal a terminé la sienne à 39 ans. 

      Tout porte à croire qu’il a complété la vie deRabbi ‘Akiba, celui pour quiMoché Rabbénou avait envié son sort. De même que la tombe de Moché n'est pas connue, de même celle du Ram’hal n'est pas connue avec certitude. Qui plus est, comme Moché Rabbénou avait fait 515 prières pour pouvoir rentrer en Terre Sainte, le Ram’hal en fit de même. 

 
Interieur de la synagogue 
du Ram'hal à Acco

Interieur de la synagogue 
du Ram'hal à Acco

Partager cet article
Repost0
20 décembre 2009 7 20 /12 /décembre /2009 20:18

 

Natan Sharansky, homme de l’année

[Dimanche 20/12/2009 20:03]

 

L’Union des communautés juives de Russie a décoré dimanche l’actuel président de l’Agence Juive pour Israël, Natan Sharansky. C’est lors d’une réunion spéciale  qui s’est déroulée dans le Sanctuaire des Cérémonies du Kremlin, avec la participation du Grand Rabbin de Russie, Berl Lazar, et des dirigeants des communautés juives. De nombreuses personnalités officielles ont rehaussé la solennité de l’événement.

Sharansky a déclaré qu’il n’a pas l’intention de se reposer sur ses lauriers: « Je poursuivrai avec conviction mes efforts pour renforcer la conscience juive en ex Union soviétique, ainsi que dans toutes les communautés juives dispersées à travers le monde. J’ai l’intention d’employer l’important prix qui m’a été remis dans le but de promouvoir les activités de l’Agence Juive en ex Union Soviétique et de renforcer le lien entre les Juifs de ces contrées et l’Etat d’Israël ».

Considéré de nombreuses années comme dissident soviétique, Natan Sharansky a été privé de son travail puis enfermé de nombreuses années en Union Soviétique, accusé notamment d’avoir enseigné l’hébreu. Entre autres tortures, ses geôliers ont tenté de le convaincre que l’Etat d’Israël n’existait plus.

Arrivé en Israël, après l’accueil triomphal dont il a fait l’objet, il s’est lancé dès l’effondrement du Rideau deFer dans la politique, malgré les nombreux conseils qu’il a reçus et selon lesquels un parti fondé sur les origines territoriales des électeurs était voué à l’échec.

Luttant contre les injustices dont font l’objet les Juifs, l’une de ses actions a été la dénonciation, en 2003, d’un feuilleton, diffusé par satellite, provenant de la chaîne libanaise Al-Manar TV, du Hezbollah. Cette émission (Al-Shatat, diaspora), se faisait l’écho des accusations de crimes rituels, et reprenait le thème de l’hypothétique domination du monde par les Juifs: dans le premier épisode, Rothschild appelle les siens, sur son lit de mort, à soumettre le monde par le pouvoir, l’argent et le sexe. Dans le vingtième, un rabbin fait égorger un enfant chrétien pour récupérer son sang.

Un satellite, propriété de la société française Eutelstat, dans le 15e arrondissement de Paris, permet au monde entier de suivre ce feuilleton. C’est Sharanski qui en alerte, le 6 décembre, Roger Cukierman, alors président du Crif, lors d’une rencontre fortuite à Berlin dans le cadre d’un débat organisé sur le Proche-Orient. Ce dernier en informe le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel), à Matignon, cassette vidéo à l’appui.

Les autorités compétentes, impuissantes, doivent combler un vide juridique, car l’état de la loi ne permet alors, à l’époque, ni de poursuivre Al-Manar, ni Eutelstat, contrôlée par France Telecom, et dont le responsable, Beretta, se déclare aussi peu responsable du contenu des émissions qui transitent pas son satellite que ne le sont les responsables des lignes téléphoniques du contenu des conversations qui y circulent.

Le CSA reconnait, étant donné le nombre de chaînes transitant par les supports médiatiques qu’il contrôle, quelque 1400, être contraint d’attendre les réactions de téléspectateurs mécontents. Il intervient toutefois dès que sont signalés des programmes dont le contenu appel au racisme et à la haine.

C’est l’une des multiples démarches entreprises par l’actuel président de l’Agence Juive, et qui a suscité des réactions jusqu’au bureau du Premier ministre français, entre 2003 et 2004.

Partager cet article
Repost0
20 décembre 2009 7 20 /12 /décembre /2009 05:32
par Rav Meïr Hazan

http://www.universtorah.com/ns2_dossier-814-don-its-hak-abravanel-le-financier-des-rois-d-espagne.htm
 


      Don Its’hak ben Yéhouda Abrabanel est né à Lisbonne au Portugal en 1437, membre de la célèbre famille Abravanel à la célébrité de laquelle il a largement concouru, fut un homme d’état, philosophe, grand commentateur biblique, et financier juif.

      On se réfère souvent à lui par son seul nom de famille, dont la prononciation devient selon qu’on se réfère à l’opinion d’érudits ou de lettrés, Abravanel, Abrabanel, ou, dans ses livres de commentaires sur la Tora, Abarbanel. 

      La famille Abravanel, réputée être d’ascendance royale, c'est-à-dire de David Hamélèkh, est l’une des plus anciennes et distinguées, à la fois parmi les juifs et les Grands d’Espagne. 

 
Rav It'hak Abouav


      Abravanel fut l’élève de Rabbi Yossèf ‘Haïm Bèn Chèm Tov, Rav de Lisbonne, et étudia à la Yéchiva du fameux Rav Its’hak Abouav

      Versé tant dans la littérature rabbinique que dans les sciences profanes de son temps, il consacra ses jeunes années à l’étude des sciences. 

      A 20 ans, il écrivait divers traités sur la forme originelle des éléments primordiaux (feu, air, etc.), la religion, la prophétie, etc. Mentionnons tout particulièrement son affinité pour le livre du prophète Icha’ya. 

      Il fut d’abord ministre des Finances du roi de Portugal, avant de devenir banquier et receveur des impôts royaux (ministre des Finances) des rois catholiques d’Espagne. Il entra en tant que trésorier et collecteur d’impôts au service de la maison de Bragance, les premiers parmi les grands du Portugal, dont les avoirs couvraient le tiers des terres, et confidents du Roi Alphonse V. 

 
Reddition des Musulmans devant 
les rois catholiques en Espagne
      Abravanel, l’homme qui a contribué de façon décisive au triomphe de laReconquista (entreprise historique de reconquête chrétienne des terres Espagnoles occupées par les musulmans) ainsi qu’à la victoire des rois catholiques, n’est pas un inconnu à la Cour. 

      Sa contribution se distingua par un prêt d’un million et demi de ducats d’or ! Un geste patriotique qui aida à la réunification du pays. Maintenant, toute l’Espagne est aux mains d’une seule royauté Chrétienne. Sa famille, était depuis plus d’un siècle au service des rois de la péninsule. Pour autant, Don Its’hak responsable communautaire ne s’effaçait pas devant le financier qu’il était. Dans une lettre adressée à son ami juif Yé’hièl de Pise, banquier italien, il raconte comment, lors de la prise de la ville d’Azrilla au Maroc, les juifs y habitant furent réduits en esclavage. Il employa une grande partie de sa fortune à les faire libérer et reloger ces juifs exclusivement arabophones au Portugal. 

 
Le fils d’Afonso V: João II
      Les choses se gâtèrent à la passation du pouvoir. Le fils d’Afonso V, João II du Portugal, accusa Abravanel de complicité et de haute trahison avec le Duc de Bragance. Abravanel, averti à temps, s’enfuit précipitamment en Castille (1483). 

      Sa fortune fut confisquée par décret royal, et il fut condamné à mort par contumace. Il parvint néanmoins à faire transférer sa famille. 

      À Tolède, où il avait élu domicile, interprétant sa disgrâce comme une réprimande divine, il s’attela aux études bibliques, et produit en six mois un important commentaire sur le livre de Yéhochoua’, le livre des Juges, et du prophète Chmouèl. Néanmoins, un Bragance exilé à la cour de Castille ayant vanté ses mérites, il entra rapidement au service des rois catholiques. L’armée espagnole se ruinait dans une guerre épuisante contre le royaume sarrasin de Grenade. Abravanel entreprit rapidement, avec son ami Don Abraham Senior, d’approvisionner l’armée espagnole.


1. La journée fatidique  


 
Le roi Ferdinand d'Espagne
      Les souverains seront-ils reconnaissants à leur très dévoué banquier ? Le vent tourne, et la gratitude n’est pas la vertu primordiale d’Isabelle et de Ferdinand. 

      Si Don Its’hak jouit d’un prestige certain au palais royal, il reste néanmoins un étranger. Des voix hostiles et fanatiques se lèvent pour stigmatiser ce puissant Juif, fils de l’infidèle nation déicide, car Don Its'hak n’est pas un vulgaire politicien, un aventurier avide de pouvoir prêt à trahir ses croyances pour un fauteuil ministériel. 

      Il est non seulement un homme d’État, mais aussi un éminent penseur juif, inspiré par la Tora, la Michna, le Talmud, le Midrach, les écrits kabbalistiques. 

      Dans tous ses ouvrages apparaît une pensée lucide : le pouvoir politique ne rend pas les hommes meilleurs ; la puissance est source d’orgueil, de haine, de jalousie, d’ambition, de folie. Les souverains ignorent tout de cette facette de la personnalité de l’argentier de la Couronne. 

 
Le Rav Abravanel devant le roi Ferdinand et Isabelle
    























 Forts
opportunistes,
Isabelle et Ferdinand ont besoin du talent de leur ministre et restent sourds aux dénonciations des cercles judéophobes. Pas pour longtemps… 

      La Cour et l’Église soupçonnent les centaines de milliers de Juifs convertis de force au catholicisme, un siècle plus tôt, de pratiquer en secret leur ancienne religion, avec l’aide discrète de leurs frères restés officiellement juifs. 

      Pour couper court à ces liens, le Tribunal de l’Inquisition surveille, arrête, interroge, torture, juge, condamne et brûle dans des gigantesques autodafés des milliers d’hommes et de femmes accusés de judaïser dans l’intimité de leurs foyers. 

      Cependant, Ferdinand II d'Aragon et la Reine Isabelle édictèrent l’expulsion des juifs d’Espagne trois mois à peine après la chute de Grenade, par le décret de l'Alhambra. 

      Par trois fois,Abravanel tenta de faire annuler l’édit, offrant des sommes considérables qui ont servi à financer l'expédition de Christophe Colomb. 

      On raconte qu’il y parvint presque, mais que l’Inquisition, en la personne de Torquemada, s’en mêla. Don Its’hak, au nom de la communauté juive, aurait proposé aux rois la somme de 30 000 pièces d’argent en échange de l’annulation du décret d’expulsion. Ferdinand, plus cupide que sa royale épouse, aurait hésité. 

 
Signature du Décret de l'Alhambra, 1492
      Mais Torquemadafait son entrée dans la salle du trône et s’adresse avec sévérité aux souverains : « Juda a trahi le seigneur pour 30 pièces d’argent, et vous le trahissez pour 30 000 »! 

      Troublés par le discours du prélat, ils refusent la proposition d’Abravanel. L’édit d’expulsion est promulgué le 29 avril 1492. 

      Le prestige d'Abravanel était si grand que les Rois Catholiques utilisèrent de tous leurs stratagèmes pour le retenir en Espagne. 

      Ils lui offrirent de rester, en tant que Juif, ainsi que neuf autres juifs, de façon à pouvoir réunir un Minyane (quorum de 10 personnes pour la prière). Ils tentèrent d'enlever son petit-fils, mais celui-ci avait déjà été envoyé au Portugal. 


La fureur inquisitrice
      Le Rav Don Its’hak Abravanel aura tout tenté pour sauver les Juifs de la fureur inquisitrice et refusa toute faiblesse. 

      Il invite les Juifs à partir, au prix de leur fortune, de leurs terres, de leurs maisons, de leurs biens. Pour lui, le trésor le plus précieux est la Tora. Un Juif digne de ce nom ne saurait l’abandonner pour sauver sa situation matérielle. Finalement, il préféra l’exil, tandis que son gendre Mélamed était contraint à un baptême en grande pompe, et parrainés par les rois catholiques. 

      L'exil du Rav Don Its’hak Abravanel est conté dans son introduction au livre de Yéhochoua’. On lui a attribué une réponse au décret de l’Alhambra, qui aurait été perçue comme une malédiction juive contre l’Espagne, et aurait eu pour effet d’interdire aux juifs fût-ce de fouler le sol espagnol, jusqu’à ce que Franco abolisse le décret d’Alhambra en 1967. 

 
Monument représentant le juif humilié de l'inquisition
      Abravanel arriva à Naples, seule terre d’exil pour les juifs et entra rapidement au service du roi. Il connut une brève période de calme, mais l’Italie étant une terre de guerre et de convoitise, Naples fut bientôt envahie par l’armée de France. 

      Abravanel fait voile alors vers Corfou en 1495, à Monopoli en 1496, avant de se fixer à Venise en 1503, où il négocia un traité entre la république vénitienne et le Portugal. Le traité ne fut pas conclu, sans que cela nuise en rien à son prestige, les Portugais ayant refusé. Abravanel, chef de la communauté Juive et son éternel défenseur, a fait tout ce qui était en son pouvoir pour annuler le décret d’Alhambra. A son échec personnel, sa souffrance d’individu (bien qu’il ait été relativement plus fortuné dans son destin), s’ajoute la perception de la souffrance de tous ses frères, subitement dépouillés de tout et sans abri. Beaucoup mourront au cours de leur exil, dépourvus de toute splendeur. 


Commentaire sur le Tanakh 
du Rav Abravanel; édition 1520
      Avec son œuvre ‘Atérèt Zékénim , rédigé à Lisbonne, la question messianique n’a cessé de se poser au Rav Abravanel. 

      Il est donc naturel qu’il s’attelle à ce qui sera l’aspect majeur de son œuvre, et qui vise à renforcer la foi chez ses frères d’exil. Ces malheurs n’annoncent-ils pas les douleurs de l’enfantement du Messie? 

      C’est dans ce contexte qu’il écrit le:
-Migdol Yéchou’ote, 
-Ma’yané Hayéchou’a (les Sources du Salut) est achevé en 1496, 
-Yéchou’ote Méchi’ho, les Annonces Salvatrices de Son Messie, en 1497, 
-Machmi’a Yéchou’a, le Héraut du Salut en 1498.

Étant Juif, Abravanel ne put être enterré à Venise en 1508, et repose à Padoue. 




Médaille frappée à l'occasion des 500 ans du Rav Abravanel
Partager cet article
Repost0

Traducteur/translator

 

 

France  ISREAL  English

Recherche

logo-lien-aschkel-copie-1.jpg

 

France  ISREAL  English
Traduire la page:
By
retour à l'acueil

------------------------------------- 

 

Communication and Information

 

Vous souhaitez 

- proposer un article ?
 - communiquer une info ?

Contactez la rédaction

bOITE-a-mail.jpg

-------------------------------

 

Nous remercions par avance tous ceux

qui soutiendront le site Aschkel.info

par un don

icone paypal

Paiement sécurisé


Consultez les dossiers

Archives

Mon livre d'or

 

 Livre_dor

 


 

Visites depuis la création du site


visitors counter

Catégories