Par Reuters, publié le 30/06/2009 à 18:10 - mis à jour le 30/06/2009 à 19:19
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PARIS - L'accusation a requis devant la cour d'assises de Paris la condamnation de 25 des 27 personnes jugées pour l'enlèvement et l'assassinat du jeune juif Ilan Halimi en 2006, demandant des peines allant de la prison avec sursis à la perpétuité.
La réclusion à perpétuité assortie d'une période de sûreté incompressible de 22 ans a été requise à la cour d'assises de Paris contre Youssouf Fofana, principal suspect de l'assassinat du jeune juifIlan Halimi en 2006. Le verdict est attendu le 11 juillet. (Reuters/HO)
La réclusion à perpétuité assortie d'une période de sûreté incompressible de 22 ans, la plus forte peine prévue par la loi, a été requise contre le seul Youssouf Fofana, 28 ans, chef présumé du "gang des barbares" de Bagneux (Hauts-de-Seine).
Les autres peines demandées commencent ensuite à 20 ans de réclusion. Me Francis Szpiner, avocat de la famille Halimi, s'est dit "scandalisé", car à part le cas Fofana, il trouve les sanctions réclamées incohérentes et trop faibles.
"Si le point de vue du ministère public n'est pas à la hauteur de la gravité de ce crime, c'est quelque part une banalisation de ce crime", a-t-il dit à la presse.
Cette affaire est devenue emblématique de l'antisémitisme en France. Ilan Halimi, exhumé et enterré à Jérusalem en février 2007, est devenu un martyr de la communauté juive.
Une peine de 20 ans de réclusion est requise contre les deux lieutenants présumés de Fofana, Samir Ait Abdelmalek, 30 ans, et Jean-Christophe Sombou, 23 ans, qui encouraient aussi la perpétuité.
Des peines allant de 10 à 15 ans de réclusion criminelle sont réclamées contre les personnes suspectées d'avoir surveillé Ilan Halimi pendant sa détention et celles ayant participé à son enlèvement.
Contre les autres accusés, qui se voient reprocher des délits en lien avec les crimes - notamment le fait de n'avoir pas dénoncé les faits -, l'avocat général Philippe Bilger recommande des peines inférieures, dont plusieurs de prison avec sursis. Deux acquittements sont suggérés.
L'ANTISÉMITISME RETENU
Le magistrat retient le scénario d'un assassinat à mobile antisémite, pourtant contesté en 2006 par le parquet.
"Il s'agit d'un antisémitisme de haine, de destruction et de mort", a-t-il dit, selon des propos rapportés par une source judiciaire. Le procès se tient à huis clos depuis fin avril.
Ilan Halimi avait été enlevé le 20 janvier 2006 à Sceaux (Hauts-de-Seine), où il avait été attiré dans un guet-apens par une jeune fille servant d'appât.
Une peine de 10 à 12 ans de réclusion est demandée contre cette jeune fille, mineure au moment des faits, une peine jugée particulièrement basse par Me Szpiner pour "celle qui a envoyé Ilan à la mort", dit-il.
Ilam Halimi a été détenu nu, aveuglé et entravé durant 24 jours dans un logement puis une cave d'un immeuble de banlieue.
Après de vaines négociations avec sa famille, qui avait prévenu la police, autour d'une demande initiale de rançon de 450.000 euros, il a été tondu, poignardé et brûlé à l'essence, puis laissé pour mort près d'une gare RER dans l'Essonne. Il est décédé lors de son transport à l'hôpital.
"Fofana transmet une forme de fascination, sa conception de l'islam a créé cette forme d'antipathie de tout ce qui n'est pas de l'islam, un grégarisme qui a conduit à la dépendance, une adhésion qui ressemble à une dépendance affective, un substitut aux familles éclatées", a dit l'avocat général.
Depuis le début du procès le 29 avril, Youssouf Fofana, jugé avec 26 co-accusés, a lancé en pleine audience "Allah Akhbar" ("Dieu et grand"), s'est livré à des déclarations antisémites et a renvoyé successivement tous ses avocats.
Deux nouveaux lui ont été assignés d'office et devront plaider. Le 28 mai, il a reconnu pour la première fois avoir tué Ilan Halimi.