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Antisionisme, peut-on critiquer Israël ?
Par Georges Gabriel
Tout un courant de la pensée politiquement correct impose la critique sans réserve de la politique de l’Etat hébreu. Chaque mouche qui tombe au Proche Orient, chaque chameau qui expectore doit son incommodité à l’Etat d’Israël. Soit.
A-t-on le droit de critiquer la politique d’Israël ?
Bien sûr.
Ne critique-t-on pas la politique de la France de Sarkozy ?
Ne critique-t-on pas la politique isolationniste de la Grande Bretagne ?
Ne critique-t-on pas la gestion économique maladroite de l’Espagne ou de la Grèce ?
Il faut des voix pour critiquer, il faut une force d’opposition pour se remettre en question et évoluer.
D’ailleurs, en Israël, il y a une presse libre et souvent fort critique à l’égard de son gouvernement. Il faut de la critique, c’est cela la démocratie, c’est cela la liberté, c’est cela l’évolution. On a le droit de critiquer la politique d’Israël.
Mais a-t-on le droit de critiquer Israël ? Là nous répondons un non catégorique.
Pourtant, comme il fait bon, en ce moment, de critiquer Israël !
Comme un raz de marée continuel et dévastateur, l’opinion balaie l’Etat hébreux sous un déluge d’opprobres.
Ayez le malheur de prendre la défense d’Israël ou même de tenter de comprendre les motivations de ses dirigeants, ayez le malheur d’avoir l’opinion qu’Israël se comporte en état démocratique, juste et libre et voilà qu’on dresse déjà les bûchers ! Les amis enlèvent leur masque, révèlent leur personnalité d’inquisiteurs et se détournent (ce qui n’est pas plus mal d’ailleurs, quelle personne saine voudrait de ce type d’amis ?), on vous jette des pierres, on crie à l’hérésie ! Comment ose-t-on en effet aller contre l’idée établie ? Quelle infamie !!! Quel scandale !!!
Donc, non, on n’a pas le droit de critiquer Israël ! En tout cas pas en ma présence. On peut être ou non d’accord avec le Likoud, trouver que Olmert est un pourri, ne pas aimer la tête de Netanyahou et se foutre de la balle de Tsipi Livni… Je n’ai aucun problème avec ça.
Mais on n’a pas le droit de critiquer Israël. Pourquoi ?
Tout simplement, parce qu’on ne critique pas un pays en tant que tel… et encore moins un pays libre, ardent défenseur de la démocratie. On ne critique pas Israël car très vite, critiquer Israël lui dénie le droit d’exister. On ne critique pas ses décisions, ses actions, mais sa vie même, son droit à l’existence. Critiquer Israël inclus de facto le désir de le voir disparaître et cela est abject.
Imagine-t-on qu’on souhaite la disparition des USA, de la France ou de l’Italie en tant que tel ? Inacceptable. Même lors de la dernière guerre mondiale, on n’a pas souhaité la disparition de l’Allemagne mais la chute du régime nazi. La nuance est de taille.
D’ailleurs, en parlant de ce diable là, il y a un comble à l’abjection : la translittération qui permet de passer en tout confort intellectuel de la critique à la planification du meurtre de masse et ce, sans quitter les rails balisés du politiquement correct. Comment ?
Très simple. On critique Israël et dans le même temps, on dit qu’il est comme une épine dans les sables du Proche Orient. Par un petit, mais alors un tout petit pas, on feint de se rappeler sa re-naissance il y a 62 ans tout en remettant cette existence en jeu et donc en lui déniant le droit d’exister. On en arrive donc, en moins de mots qu’il ne faut pour l’écrire, à souhaiter sa disparition pure et simple… D’ailleurs, ce n’est même pas qu’on le souhaite, c’est une fatalité : que peut ce petit pays contre l’ensemble du monde arabe ? Attaque atomique, attaque surprise des armées arabes, ce serait si facile de l’éliminer… Et la population ? Et bien, elle serait rejetée à la mer, brûlée vive par le feu nucléaire, exilée en Alaska… les solutions ne manquent pas.
Et lorsqu’on a le malheur de dire que ce type de raisonnement confine à du nazisme pur et simple, on fait l’étonné, on hausse les yeux au ciel et on prend des airs offusqués sortant alors l’argument le plus abject qu’il m’ait été donné d’entendre : « Mais pas du tout !!! Je ne suis pas nazi, j’ai d’ailleurs des amis juifs… C’est Israël qui se comporte comme un régime nazi !!! De persécutés, ils sont devenus pires que leur persécuteurs !!! De victimes, ils sont devenus des bourreaux !!! Je ne suis juste qu’antisioniste »
Fier de lui, fier d’avoir même décrypté la géopolitique à la lumière d’une psychanalyse de comptoir, notre intellectuel bien pensant peut s’en retourner chez lui la conscience tranquille.
C’est sûr, avec une population gazaouie qui a plus que doublé en trente ans, avec les raids ciblés de l’armée qui tentent de ne viser que les terroristes reconnus, avec les aides à l’éducation et à la médecine fournie aux palestiniens par Israël, avec l’aide alimentaire fournie par l’état hébreu à Gaza malgré la nécessité d’y empêcher les armes d’entrer, avec 20% de Palestiniens dans les universités israéliennes… C’est sûr, c’est là un véritable génocide…
D’un côté un état libre, démocratique, qui poursuit ses premiers ministres déficients, qui auto critique sa politique via sa presse, qui fait la guerre en prévenant la population des bombardements, qui soigne dans ses hôpitaux tous les blessés quelque soit leur origine… et qui serait en réalité un état génocidaire de la pire espèce ?!?!?
De l’autre un état totalitaire, fanatisé, où les femmes n’ont pas presque le droit de sortir de chez elles, où l’on flagelle, où l’on lapide, où l’on crucifie, où l’on éduque les enfants dans la haine, où l’on envoie des enfants de 5 ans défiler avec des ceintures d’explosifs, où l’on torture et exécute systématiquement les opposants… et qui serait en réalité un peuple de combattant de la paix et de la liberté ?!?!?
Que n’y avais-je pensé ?!?!?!? C’est…comment dire ? Surréaliste. Un tel aveuglement, un tel renversement de valeurs est presque… surnaturel. Mais déjà un certain démon au service de son maître affublé d’une petite moustache n’avait-il pas dit « Plus le mensonge est gros, plus le peuple le croira » ? Dans le même ordre d’idée, on pourrait dire, « plus l’idée est grotesque, plus le peuple la défendra ».
Le politiquement correct d’aujourd’hui n’est qu’un avatar des forces antisémites brunes, noires et rouges qui ont sévi dans le passé contre les Porteurs de la Loi. Les perroquets sans cervelle égrainant le credo politiquement correct qui consiste à voir en Israël un Etat fascisant devant absolument disparaître ne sont que les portes paroles du vrai fascisme drapé aujourd’hui d’un manteau vert.
Et les juifs anti-Israël alors ? Malheureusement, certains juifs ont voté pour Hitler. Malheureusement certains sont fatigués qu’on leur jette des pierres et sont prêt à se rallier à la majorité bien pensante même si celle-ci les a en horreur. Que dire ? C’est triste.
Disons le clairement : il n’y a pas d’antisionisme… Il n’y a qu’un antisémitisme plus ou moins conscient et policé qui ne demande qu’à s’affirmer une fois de plus. Il n’y a pas d’antisionisme, il n’y a qu’un désir génocidaire plus ou moins refoulé qui ne demande qu’à faire couler le sang des juifs "fouteurs de merde " , et "bouffeurs d'enfants"… Le mal s’insinue pernicieusement dans les consciences les plus faibles, prenant l’aspect du politiquement correct. Seul la vigilance, le discernement et la fermeté nous en prémuniront.
