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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 15:01
Joyeux anniversaire Herzl !

Par EVA SAMAK 
02.05.10

jpost.

 

Relire la superbe série d'articles de Sacha Bergheim

>Sionisme : La pensée de Herzl - Altneuland par Sacha Bergheim

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Une petite autobiographie de Theodor Herzl

par Sacha Bergheim

 

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herzl bale aout 1897

 

Tiré de Jewish Chronicle, Londres, 14 janvier 1898.

Il y a 150 ans naissait Theodor Herzl. Dans cette autobiographie de la main de Theodor Herzl, on découvre un homme intelligent, enthousiaste, qui, après avoir cherché sa voie, s'est révélé déterminé à réagir vis-à-vis de la judéophobie ambiante de la seconde moitié du 19e siècle, en se dévouant à son peuple et à sa restauration.

Une époque où par crainte de ce voir exclus d'une société européenne où ils luttaient depuis plus d'un siècle pour l'égalité des droits, de nombreux Juifs accueillirent avec scepticisme le sionisme, dont Herzl pourtant ne doutait pas un instant de ses futures réalisations.

Car elles étaient la seule solution possible aux persécutions et discriminations subies par les minorités juives alors que Dreyfus était condamné et que Vienne élisait un maire sur programme antisémite.


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Herzl et ses enfants à vienne dans son bureau 1897

« Je suis né en 1860 à Budapest, près de la synagogue dont le rabbi, autrefois, me reprochait durement que mes revendications pour les Juifs d'une plus grande liberté et d'un plus grand honneur qu'ils peuvent obtenir actuellement. Sur la porte de la maison de la Tabakgasse, où je vus le jour, on pouvaitt lire vingt ans plus tard un écriteau indiquant « à louer ».



« Je ne peux pas nier que je suis allé à l'école. Je fus tout d'abord envoyé dans une école maternelle juive, où je profitais d'une certaine considération, parce que mon père était un commerçant aisé. Mes plus anciens souvenirs de cette école sont les punitions que je recevais car je ne connaissais pas en détail la sortie des Juifs d'Egypte. Aujourd'hui, de nombreux maîtres d'école me puniraient car je me souviens trop bien de chacun des détails de la sortie d'Egypte. À l'âge de dix ans, je suis allé au collège, où, à la différence du lycée qui mettait l'accent sur les langues anciennes, on insistait sur l'apprentissage des sciences modernes. Lesseps était le héros à l'époque, et j'élaborais un plan pour percer l'autre isthme, celui de Panama. Je perdis bientôt ma préférence pour les logarithmes et la trigonométrie, en raison de l'orientation ouvertement antisémite du collège. Un de nos enseignants nous expliquait le sens du terme « païen » en disant que dans cette catégorie, on trouvait les idolâtres, les musulmans et les juifs. Après avoir écouté cette explication, j'en eus assez du collège et voulut fréquenter un établissement classique. Mon père eut la bonté de ne pas me contraindre à mener mes études dans une voie étroite, et je devins écolier d'un lycée. Malgré tout, mon plan d'un canal de Panama n'était pas encore tout à fait mis de côté. Des années plus tard, alors que j'étais correspondant parisien de la « Neue Freie Presse » de Vienne, je ressentis le devoir d'écrire sur les événements tristement célèbres du « scandale de Panama ».

 

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Herzl au centre, au café luber Wien, avec membres org sioniste 1896


« Au lycée évangélique, les Juifs formaient la majorité des élèves, et pour cette raison, nous n'avions pas à nous plaindre d'un quelconque attitude de dénigrement envers les Juifs. Dans la septième classe, j'écrivis mon premier article, bien sûr sans nom d'auteur, sans quoi on m'aurait sévèrement puni. Pendant mon séjour dans les premières classes du lycée est décédée mon unique soeur, une jeune fille de dix-huit ans, et ma bonne mère était si accablée de chagrin que nous avons déménagé à Vienne en 1878.

« Pendant la semaine de deuil, le rabbi Kohn nous rendit visite et me demanda quels étaient mes projets d'avenir. Je lui répondis que je voulais devenir écrivain : le rabbi dodelina la tête de déception, de la même façon que plus tard il accueillit avec désapprobation le sionisme. Être écrivain n'est pas un véritable métier, conclut le rabbi avec mécontentement.

« À Vienne, j'ai étudié le droit, j'ai participé à toutes les incartades des étudiants, et je portais le bonnet d'une association d'étudiant jusqu'au jour où ils décidèrent qu'ils n'accepteraient dorénavant plus aucun Juif parmi eux. Ceux qui l'étaient déjà seraient amicalement convié à rester. Je quittais aussitôt ces jeunes gens de la noblesse, et me mit dès lors à travailler avec application. En 1884, je devins le titre de docteur en droit et j'obtins un poste de fonctionnaire non rémunéré sous la direction d'un juge, travaillant dans un tribunal à Vienne et à Salzbourg. Dans cette ville, le travail m'apparut particulièrement intéressant, et le paysage autour de la ville est comme chacun sait très pittoresque. Mon bureau se situait dans une vieille tour de forteresse juste en deçà de la chaise du clocher, et trois fois chaque jour j'entendais la sonnerie des cloches qui me semblait vraiment jolie.

« Bien sûr, j'écrivais alors plus sur le théâtre que sur la justice. J'ai passé à Salzbourg parmi les moments les plus heureux de ma vie. Je serais très volontiers resté dans cette belle ville, néanmoins, en tant que Juif, je n'aurais jamais pu prétendre à devenir juge. C'est pourquoi je pris le parti de quitter Salzbourg et le droit.

 

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Herzl avec la délégation sioniste à jaffa 1898

« À nouveau, je suscitai la colère du Rabbi de Budapest, car, au lieu de chercher un véritable métier ou un emploi, je me mis à voyager et à écrire pour le théâtre et des revues. Beaucoup de mes pièces ont été jouées dans différents théâtres, certains avec beaucoup de succès, d'autres avec peu. Jusqu'à maintenant, je ne parviens pas à comprendre pourquoi certaines de mes pièces de théâtre trouvèrent du succès quand d'autres furent sifflées. Cette réception différente m'apprit cependant à ne pas faire attention à la réaction du public vis-à-vis de mes oeuvres. Il faut se contenter soit même de son travail, tout le reste est indifférent. Je rejette aujourd'hui toutes mes pièces, même celles qui ont encore du succès au Burgtheater impérial de Vienne, et je ne m'y intéresse plus du tout.

« En 1889, je me suis marié, et j'ai trois enfants, un garçon et deux filles. Pour moi, mes enfants ne sont loin d'être laids ou idiots. Bien sûr je peux me tromper.

« Lors de mon voyage en Espagne en 1891, le journal « Neue Freie Presse » de Vienne me sollicita pour être leur correspondant à Paris. J'acceptais ce poste bien que je méprisais et détestais à cette époque la politique. À Paris, j'eus l'occasion de comprendre ce que le monde entend par politique, et j'exprimais mes vues sur la question dans un petit livre intitulé « le Palais Bourbon ». En 1896, j'en eus assez de Paris et revint à Vienne. C'est lors des deux derniers mois de mon séjour à Paris que j'écrivis « l'Etat des Juifs », qui me valut l'honneur d'être contacté pour une notice biographique dans votre journal concernant ma modeste personne. Je ne me souviens pas d'avoir vécu dans une tel enthousiasme lors que j'ai écrit ce livre. Heine écrit qu'il entend le battement des ailes d'un aigle au-dessus de sa tête lorsqu'il met sur papier certains vers. Je crois également avoir entendu quelque chose de similaire quand j'ai écrit ce livre. Je travaillais chaque jour à ce livre, jusqu'à ce que je sois complètement épuisé, et mon unique réconfort le soir consistait à écouter la musique de Wagner, en particulier Tannhäuser, un opéra que j'ai écouté toutes les fois où il fut joué. Ce n'est que les soirs où aucun opéra n'était joué que je doutais de la bonne direction de mes pensées.

« Tout d'abord j'avais pensé que je ne diffuserais ce petits livres concernant la résolution de la question juive que de façon privée, parmi mes amis. Ce n'est que plus tard que j'ai envisageais de publier cet écrit : je n'avais aucunement l'intention de me lancer dans une polémique publique autour du judaïsme. La plupart des lecteurs seront surpris d'apprendre cette réserve initiale. Je concevais les choses que d'une seule façon : éviter toute polémique qui n'aurait été qu'un ultime recours au cas où les conseils diffusés en privé n'étaient ni écouté ni suivi.

« Lorsque je terminai le livre, je priais mon plus vieil et meilleur ami de lire le manuscrit. Il se mit à pleurer tout à coup au milieu de la lecture. Je trouvais cette émotion tout à fait naturelle, car il était Juif, et que j'avais moi-même à plusieurs reprises pleurer lors de son écriture. Mais à ma consternation il me donna une tout autre explication. Il pensait que j'étais devenu fou et il était attristé, en tant qu'ami, de mon malheur, et partit sans dire un mot de plus. Après une nuit sans sommeil, il revint et me poussa à abandonner ce projet qui me vaudrait d'être pris par tous pour un fou. Il était si agité que je le lui promis pour le rassurer. Puis il me conseilla de demander conseil à Max Nordau pour savoir si mon plan était l'oeuvre d'un hommes sensé. Ma réponse fut sans appel : « je ne solliciterai personne, à partir du moment où mes pensées produisent une telle impression sur un ami très cher et instruit. Je vais abandonner ce plan. »

« Je venais de traverser une très sérieuse crise, que je ne peux comparer qu'avec un corps chauffé à vif plongé dans l'eau glacée. Il ne fait aucun doute que si ce corps se trouvait être du fer, il devint alors de l'acier.

« Cet ami, dont j'ai précédemment parlé, avait comptabilisé mes dépenses en télégramme. Lorsqu'il me présenta le compte – qui incluait un très grand nombre de courrier – je remarquai d'emblée qu'il les avait comptabilisé de façon inexacte. Je le lui fis remarquer, et il reprit son calcul, mais ce n'est qu'à la troisième ou quatrième fois que la somme qu'il obtint correspondit à la mienne. Ce petit détail me redonna tout ma confiance. J'étais tout à fait capable de compter avec précision mieux que lui : ma raison devait donc ne pas m'avoir totalement abandonné.

« À partir de ce jour commencèrent mes souci concernant l'Etat des Juifs. Pendant les années suivantes, j'ai vécu beaucoup, beaucoup de jours tristes, et je crains devoir encore en vivre beaucoup d'autres. C'est à partir de 1895 que je commençais à tenir quotidiennement un journal, et aujourd'hui, quatre larges volumes sont remplis. Si je devais les publier, le monde serait surpris d'apprendre ce que j'ai dû endurer, qui furent les ennemis de mon projet et, à l'opposé, qui me soutint.

« Mais il m'est certain et indubitable que le mouvement va perdurer. Je ne sais pas que je vais mourir, mais le sionisme ne mourra jamais. Depuis ces journées à Bâle [du premier Congrès sioniste] le peuple juif dispose à nouveau d'une représentation populaire, et ainsi, « l'Etat des Juifs » va renaître dans son propre pays. Je travaille activement à donner naissance à une banque, et j'ai espoir qu'elle se révélera un aussi grand succès que le Congrès. »

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commentaires

S
<br /> Je suis tout à fait d'accord. En allant à la découverte de ses écrits, de sa personalité, loin des réductions et images d'Epinal, apparaît un homme à l'humble détermination, d'une rare<br /> intelligence, d'une lucidité vaillante, et profondément attaché à son peuple. Lorsqu'il dit que le sionisme lui survivra, c'est tellement juste, puisque le sionisme est l'expression moderne et<br /> volontariste (contre les forces assimilationnistes) de l'identité juive dans son coeur même. C'est sa grande force je pense, de ne s'être vu que comme l'initiateur d'un projet de restauration, et<br /> de ne pas en avoir fait une cause personnelle. C'est à travers lui que le sionisme a pris son essor et pouvait lui subsister. Mais à l'image de toute la vie de Herzl le sionisme reste exigeance,<br /> endurance et tenacité contre ses ennemis, de l'intérieur (hélas) et de l'extérieur. Cette ligne de front entre le déni culturel et l'affirmation identitaire dont jcall peut être vu comme<br /> l'illustration contemporaine.<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Ces articles sur le grand Theodor Herzl sont passionnants.Ils nous encouragent à continuer à croire en nos rêves les plus «fous» du moment qu' ils concernent l' amour du peuple juif et de sa terre<br /> comme le fit Herzl !<br /> <br /> <br />
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