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24 octobre 2010 7 24 /10 /octobre /2010 06:28

 

 

La semaine dernière Moubarak a annoncé qu'il se représente.

Essayons d'être un moment aussi optimiste que l'auteur de cet article.

 

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>La « déclaration de guerre » des Frères musulmans peu remarquée par la presse internationale… par Richard DARMON

 

 

L'après-Moubarak : la transition pourrait se révéler moins traumatisante qu'il n'y paraît

Le Caire - Lorsqu'on déambule dans la ville sous la chaleur étouffante, rien n'indique qu'un changement se prépare en Egypte : partout, des portraits ternis du jeune Hosni Moubarak de 1981 côtoient des images du franchissement du Canal de Suez en 1973, du Sphinx et des grandes pyramides... Dans les cafés, les hommes suivent les matchs de football en buvant du thé et en fumant le narguilé, ou la shisha, comme on l'appelle ici. A chaque coin de rue ou presque, des policiers en faction sommeillent sur leurs fusils ou trahissent leur ennui par de continuels bâillements.

Binyamin Netanyahou et Hosni Moubarak. Faisant écho à la politique de son père, Gamal a affirmé que Sadate a sans nul doute pris la bonne décision concernant Israël. 
PHOTO: AMR NABIL/AP , JPOST

Quant aux médias - et notamment ceux financés par l'Etat - ils préfèrent éviter les sujets qui, depuis plusieurs mois, préoccupent l'Occident : l'état de santé du président et l'après-Moubarak. Des journaux indépendants comme l'Al-Doustour, l'Al-Masry Al-Youm ou l'Al-Shourouq en parlent à l'occasion, mais les unes sont surtout consacrées aux transferts de footballeurs, au siège de Gaza ou au conflit qui oppose actuellement avocats et juges.

Pourtant, les constantes rumeurs sur la santé fragile de Moubarak et la question de sa succession et de la future politique de l'Egypte préoccupent quiconque s'intéresse à la région, sur les plages de Tel Aviv comme sur les campus américains. Après tout, Moubarak dirige le pays depuis l'assassinat d'Anouar el-Sadate, en 1981, et la fin de son cinquième mandat présidentiel approche. Qu'il disparaisse cette année ou au cours d'un nouveau mandat de six ans (les élections sont prévues pour septembre 2011), le changement est inévitable et les spéculations vont bon train.

Certains observateurs affirment que la politique intérieure de l'Egypte subira bientôt des transformations profondes, d'autres annoncent des changements dans les alliances internationales de l'Egypte après Moubarak. Une éventualité qui, en Israël, inquiète. Des craintes cependant sans fondement. Comme le soulignait le quotidien panarabe Al-Hayat dans un récent éditorial, l'Egypte n'est pas la Somalie : promettre un changement radical, c'est, affirme le journal, bien mal connaître les rouages du pouvoir dans un pays où des décennies passées à l'affermir auront plutôt pour effet d'amener une transition paisible, dans la continuité, selon un processus qui, bien sûr, ne sera pas nécessairement démocratique.

Plus de vésicule, et alors ?

Depuis quelques mois, l'état de santé de Moubarak, domaine dans lequel on ne peut guère compter sur la transparence du pouvoir égyptien, fait couler beaucoup d'encre à l'étranger. Entre les rumeurs et les dénégations catégoriques du gouvernement, séparer le bon grain de l'ivraie n'est pas chose facile. Au cours de cette année, on a parlé de bilan de santé irréprochable, puis de cancer en phase terminale, et même de décès. Or, s'il est évident que l'Egypte connaîtra bientôt une transition, les bruits annonçant la mort prochaine de Moubarak sont largement infondés.

La version de la tumeur de Moubarak en phase terminale, reprise par de nombreux médias, a été lancée par deux sources contestables : le Washington Times, détenu par le très controversé révérend coréen Sun Myung Moon, et le journal panarabe Al-Qods Al-Arabi, basé à Londres et connu pour son hostilité au président égyptien. On y affirmait entre autres que Moubarak partait souvent se faire soigner en Europe et que c'étaient des raisons médicales qui l'avaient empêché de participer au sommet de l'Union africaine en Ouganda.

Toutes ces rumeurs avaient pour origine l'opération du président en Allemagne, où il a subi, en mars dernier, une ablation de la vésicule biliaire. Une intervention courante et sans gros risque, très pratiquée chez les personnes âgées. Or, si la santé de Moubarak et sa succession politique préoccupent beaucoup au-delà des frontières, il en va autrement dans les rues du Caire. Les Caïrotes répugnent à évoquer le sujet, surtout devant des étrangers.
A la différence des consommateurs des cafés de Tel-Aviv, qui adorent exprimer leurs idées politiques, les Egyptiens se ferment dès que l'on aborde ce domaine ; une réaction bien naturelle quand on sait qu'un représentant de l'ordre peut surgir à chaque instant...

Tenir sa langue en public

En effet, qu'elles soient en uniforme ou en civil, les forces de sécurité font partie intégrante du paysage urbain. On les croise partout, portant de lourds uniformes sans élégance ou en vêtements de ville, une arme cachée sous la veste. Aux abords de la synagogue du centre-ville, rue Adly - l'un des lieux de culte juifs les plus prestigieux d'Egypte - de nombreux hommes en civil servent de renfort à ceux qui, en uniforme, montent la garde derrière des barricades, armés d'AK-47, au point que l'on se croirait dans une zone de guerre.

Ils sont ainsi une bonne trentaine à assurer la sécurité d'une institution fréquentée par quelques rares fidèles à peine. Il faut savoir que le ministère de l'Intérieur est un très gros employeur : on estime que 10 % des Egyptiens ont un rapport professionnel proche ou lointain avec lui. Et cette présence policière ne semble pas près de disparaître. Dans un café branché du quartier huppé de Zamalek, les langues ne se délient pas davantage. Interrogé, un très chic jeune homme, lecteur du quotidien d'Etat Al-Ahram, s'empresse d'affirmer que le président se porte comme un charme et qu'il n'a lui-même aucune inquiétude à son sujet. La serveuse paraît gênée, assure qu'elle n'a jamais entendu de telles rumeurs et s'éloigne d'un pas vif.

En Egypte, l'âge moyen de la population est de 24 ans. Sachant que Moubarak occupe le pouvoir depuis près de 29 ans, la majorité des Egyptiens n'a donc connu que lui. Cette très jeune population ne participe que de loin à une vie politique marquée par des simulacres d'élections et des partis d'opposition en demi-teinte. C'est toujours sous le regard attentif de Moubarak qu'elle marche dans les rues, fait son shopping, se rend à l'aéroport et visite même le zoo du Caire : entre les cages des hyènes et celle de Rex, le golden retriever, le portrait grand format du président rappelle l'importance du chef de la nation.

Pourtant, la majorité des Egyptiens sont trop cyniques pour tomber dans le piège d'une telle propagande : dotés pour beaucoup d'une formation universitaire, ils sont plus cultivés que ne pourrait le laisser entendre cet affichage intensif.

Les expatriés et résidents étrangers du Caire se montrent plus préoccupés par l'avenir du pays que les Egyptiens. L'un d'eux affirme se préparer au chaos qui pourrait bien suivre la disparition de Moubarak en constituant des stocks de bonbonnes de gaz. Le gouvernement, qui ne cache pas sa colère face aux rumeurs, continue à fonctionner comme si de rien n'était. Toutefois, les dénégations de tels régimes peinent souvent à se faire entendre. Pour y ajouter foi, Moubarak multiplie donc les apparitions télévisées et les discours radiophoniques.

Ces derniers temps, il semblait bel et bien en forme. Au dernier anniversaire de la révolution du 23 juillet 1952, il est même resté debout dix minutes pour prononcer son discours. Lors de ses récentes rencontres avec plusieurs chefs d'Etat et hauts responsables étrangers, dont George Mitchell, Binyamin Netanyahou, Shimon Peres et Mahmoud Abbas, ou autres diplomates occidentaux, tous l'ont trouvé en bonne santé et dynamique.
Pour contrer les rumeurs, Karim Haggag, du service égyptien de presse et d'information, a adressé une réponse officielle au Washington Times fin juillet, en insistant sur la bonne santé du président ; il espérait qu'à l'avenir, ce sujet serait traité "avec plus de sérieux, en se fondant sur des faits réels plutôt que sur des spéculations".

Le journal d'Etat Al-Gomhuriyya a également mis son grain de sel : selon lui, ce sont les Israéliens qui ont diffusé ces mensonges pour détourner la pression à laquelle est soumis le gouvernement Netanyahou. A présent, deux scrutins se préparent en Egypte : les élections parlementaires en décembre 2010 et les présidentielles en septembre 2011. Interrogé sur ces dernières en mai dernier, Moubarak s'est contenté d'affirmer : "Dieu est le seul à savoir qui sera mon successeur."

Le scénario le plus probable est d'ores et déjà illustré par une campagne d'affichage lancée par le groupe "Coalition du Soutien populaire à Gamal Moubarak" et qui appelle le fils du président à se présenter. Si beaucoup le trouvent trop inexpérimenté pour prétendre à la fonction suprême, Gamal, 47 ans, siège déjà dans plusieurs institutions importantes, dont le comité politique du Parti national démocratique au pouvoir (PND), qu'il préside, et le Haut Conseil de ce parti. C'est ce dernier qui choisira le candidat du parti à l'élection présidentielle.
Génération désabusée

Tandis que certains redoutent une telle succession de père à fils, pointant l'exemple de la Syrie, beaucoup d'Egyptiens estiment que le jeune Moubarak apporterait stabilité et familiarité. Un sentiment qui domine en tout cas dans la classe moyenne lettrée, où l'on ne croit guère à la possibilité d'un réel changement.
C'est sans doute le cynisme qui a amené la jeune élite égyptienne à se désintéresser de la politique. Parmi elle, rares sont ceux qui se sont déplacés pour aller voter, voire qui ont suivi l'élection du Conseil Shoura (la Chambre haute) en juin dernier. Et cela n'a rien de surprenant quand on sait qu'avec l'influence du PND dans l'activité politique, les élections truquées et les nombreux obstacles auxquels se heurtent les partis d'opposition, les résultats étaient connus d'avance.

Parmi cette jeune élite, les garçons sont nombreux à esquiver le service militaire obligatoire dans un pays où l'argent peut tout acheter. On les croise ainsi dans les clubs de sport et dans les bars, à la piscine du très sélect club Gezira ou fumant des substances illicites. Sanctuaire de la haute société égyptienne, le club Gezira est l'un des rares établissements de luxe du pays, loin de la pollution qui règne dans les rues encombrées du Caire et dans ses zones industrielles. Les hommes âgés y parlent de commerce, les jeunes, de musculation, tout en se faisant servir par des nuées d'employés en costume traditionnel de domestiques.

On trouve à peu près tout dans ce club, du Big Mac aux matchs de polo. Sur les courts de tennis où de petits enfants prennent des leçons particulières, des garçons du même âge ramassent les balles pour quelques pièces. Au bord de la piscine, on passe son temps à détailler ses semblables, comme on le fait partout ailleurs dans le monde quand on a vingt ans. On parle tatouages, musique, voiture, amours et sport. Beaucoup évoquent aussi leurs projets de quitter le pays et de s'installer en Occident avec leur famille, mais il faut pour cela décrocher un visa d'étudiant ou de travail, une denrée rare.
Tandis que la population aisée d'Egypte compose une majorité silencieuse favorable à la stabilité économique et politique qu'offre Gamal, les basses classes se montrent dociles et ne pèsent pas lourd dans la balance. Comment un gardien d'immeuble de Haute-Egypte, qui dort sur un matelas dans un vestibule du Caire, se préoccuperait-il de la succession de Moubarak, quand toute son attention se focalise sur les pourboires, ou bakchich, qu'il pourra (ou pas) obtenir ?

Outre Gamal, Omar Suleiman, le chef des services secrets égyptiens, pourrait poser sa candidature à la succession de Moubarak. Le général Souleiman est connu pour sa longue et étroite collaboration avec l'Occident. Sa gestion des dossiers importants liés à la sécurité et à la diplomatie (dont Gaza et les pourparlers israélo-palestiniens) lui confère un certain poids dans le cercle présidentiel.

El Baradei, le contestataire

Côté opposition, Mohamed El Baradei, ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique, a fait sensation en annonçant son éventuelle candidature. Sa contestation du pouvoir en place lui a, dès lors, valu de nombreux problèmes judiciaires et politiques.
C'est en 2005 que l'Egypte a pour la première fois autorisé des élections présidentielles multipartites ; peu après le scrutin, l'avocat Aymar Nour, arrivé deuxième derrière Moubarak avec à peine 7 % des voix, se retrouvait derrière les barreaux à la suite d'accusations inconsistantes.

L'éventuelle candidature d'El Baradei vaut déjà à ce dernier des attaques en règle de la presse d'Etat. Ainsi le voit-on souvent photographié en compagnie de l'ambassadrice américaine Margaret Scobey, images qui visent à le présenter comme étant à la solde de puissances étrangères. Le journaliste d'Al-Ahram, Abdel Moneim Saïd Aly, a par ailleurs signé un éditorial suggérant qu'El Baradei s'était rapproché de personnages marginaux désireux de déclarer la guerre à Israël.


Le PND, une valeur sûre et assurée
Autant d'obstacles qui se sont dressés devant le candidat El Baradei. Sachant qu'il n'appartient à aucun parti politique officiellement reconnu, sa présence continue sur la scène publique a testé les limites du régime égyptien. Interrogé sur la possibilité de laisser un éventuel candidat à l'élection présidentielle s'exprimer sur une télévision d'Etat, le ministre de l'Information Anas el-Feki a répondu que le candidat en question pourrait y faire une apparition s'il a quelque chose de vraiment important à déclarer, ajoutant qu'El Baradei était un "rêveur romantique qui n'avait jamais présenté le moindre manifeste proposant des solutions aux problèmes de l'Egypte". En outre, sa non-appartenance à un parti politique lui ôtait toute légitimité.
Si le camp d'El Baradei a certes forgé de vagues associations politiques avec d'autres factions de l'opposition, celles-ci peinent à s'organiser et à s'entendre avec lui, de sorte qu'elles finiront sans nul doute par lui préférer d'autres groupes, comme Kefaya, et que cela donnera lieu à de sérieuses querelles d'ici là.

Autre possible candidat d'opposition, Al-Sayyid Al-Badawi, du parti Wafd, qui siège depuis toujours au Parlement dans l'opposition loyale. Son programme promet de revenir sur les accords de paix israélo-égyptiens, mais ses chances de l'emporter sont inexistantes.

Selon les experts, tout indique que le PND se maintiendra donc au pouvoir quelle que soit la date choisie par Moubarak pour quitter la scène. Aussi bien leader du parti que de son pays, celui-ci a construit un réseau administratif vaste et compétent qui comprend un solide cabinet de technocrates. Ashraf Naguib, membre du PND et directeur d'une ONG de soutien aux réformes économiques, a déclaré à Al-Jazira que, selon lui, Moubarak avait "posé les fondations d'un changement" en transmettant de nombreuses responsabilités à une nouvelle génération, génération qui reste néanmoins loyale au PND.
Pour le moment, la liste définitive des candidats au scrutin de 2011 reste un mystère et, de l'extérieur, on ne voit guère dans quelle mesure les Egyptiens seraient prêts pour un changement.

Sur ses affiches, Moubarak pose toujours seul, mais il a bâti un régime politique stable et un apparatus qui ne risque pas de se désintégrer de sitôt. Bref, le chaos n'est pas pour demain.
Peut-être le PND connaîtra-t-il des clivages au moment de choisir un successeur à Moubarak, mais beaucoup restent persuadés que, dès l'instant où se feront sentir des pressions venues d'autres groupes, comme les Frères musulmans, ce parti politique vieux de plusieurs dizaines d'années saura resserrer les rangs derrière un candidat unique. Si tous les partis d'opposition se voient imposer des limites dans leur fonctionnement, le groupe d'opposition islamiste le plus menaçant - les Frères musulmans - doit pour sa part jongler avec des restrictions particulièrement draconiennes venues du PND et des services de sécurité.

Les Frères musulmans, réduits au silence

Après avoir créé la surprise aux élections parlementaires de 2005 en remportant 88 sièges, le parti a souffert de mesures de répressions gouvernementales, qui l'ont presque réduit à l'impuissance, mis à part quelques manifestations de rues et blogs. Ses candidats, qui cherchent généralement à gagner du pouvoir en jouant le jeu démocratique, ont dû se présenter comme indépendants et de nouvelles limitations les ont empêchés de remporter des sièges aux élections de juin dernier.

Pourtant, des signes de l'intérêt croissant porté à la religion en Egypte apparaissent depuis peu au Caire, où une femme se promenant tête nue ne peut être qu'une Copte ou une étrangère, ou appartenir à la haute bourgeoisie. Dans les taxis, la radio diffuse plus souvent des émissions coraniques que des chansons populaires. L'alcool se trouve encore sans difficulté, mais dans certains restaurants, la liste des vins est donnée oralement, les bouteilles sont cachées sous les tables et le vin servi dans des verres à eau.

Mais malgré cette ferveur croissante, les Egyptiens ne croient guère à une montée en puissance des Frères musulmans aux prochaines élections de l'Assemblée du peuple et, avec les mesures draconiennes imposées à leurs membres, il est peu probable qu'on les laisse gagner du terrain une fois Moubarak hors-jeu. Dans la presse locale, certains d'entre eux ont manifesté leur opposition à Gamal, arguant que les mauvaises relations existant entre le père et les groupes d'opposition ne s'arrangeraient pas sous le règne du fils. Un éditorialiste du quotidien indépendant Al-Masry Al-Youm estimait récemment peu probable l'émergence d'une Egypte conduite par les Frères musulmans et la mutation du pays en un Etat-voyou islamiste, similaire à l'Iran. Selon lui, l'extrémisme n'est en aucun cas une menace ; le pays choisira plutôt la voie de la moindre résistance.

Une "vieille garde" toujours solide

Cet analyste a sans doute raison. Le système égyptien est stable, malgré le désordre et l'animation qui règnent dans les rues du Caire. Les trottoirs sont défoncés et pleins de flaques d'eau générées par les fuites des appareils de climatisation, mais, sur leurs hauts talons, les Egyptiennes parviennent toujours à s'y promener. Les rues sont encombrées, mais les automobilistes communiquent par coups de klaxon : non qu'ils soient furieux ou frustrés, mais parce que c'est leur langage pour annoncer leurs mouvements et leurs intentions. Rares sont les feux de signalisation qui fonctionnent, mais la circulation se fait sans problème, comme si les véhicules obéissaient à des signaux invisibles. La ville est à la fois très riche et très pauvre et, malgré toutes ses dichotomies, sa folie et ses problèmes sociaux et économiques, elle ne paraît pas devoir se taire un instant.

Dans cette Egypte qui semble s'acheminer vers une transition en douceur, Gamal Moubarak apparaît comme un successeur logique. Il s'est imposé doucement, mais sûrement sur la scène politique, travaillant de concert avec les réformateurs économiques du cabinet égyptien et rencontrant les ministres pour discuter politique ou stratégie. Certains parlent déjà de "cabinet Gamal", qui, selon l'écrivain et figure de l'opposition égyptienne Wael Nawara, fait partie de ce qui constitue la "propre garde" du fils, jeu de mots avec la "vieille garde" du père, composée de militaires et des services de sécurité.


Sur les traces de son père
Une vieille garde qui demeure solide. Certains scénarios imaginent le général Suleiman, meilleur exemple de ce qu'est cette portion du gouvernement égyptien, prenant la place de Moubarak pour gérer les affaires courantes en attendant de voir Gamal acquérir de l'expérience et asseoir sa crédibilité face à l'appareil sécuritaire et militaire.

Reste à savoir si le fils entreprendra les réformes politiques nécessaires pour faire de l'Egypte un Etat plus libre et plus démocratique. Si on lui doit les récentes réformes économiques, on ignore dans quelle mesure il s'éloignera du modèle paternel, pour peu qu'il le fasse. Dans toutes les interviews qu'il a accordées jusque-là, il a critiqué le gouvernement iranien et souligné les mérites de l'homme de paix qu'était Anouar El Sadate. "Le seul moyen de faire avancer la région", a-t-il affirmé, "c'est la paix et la conciliation." Faisant écho à son père, il a également déclaré au sujet des accords de paix avec Israël : "Il ne fait aucun doute que Sadate a pris la bonne décision."

Peu de chances, donc, de voir un outsider prendre les commandes à la mort de Moubarak. Tout porte à croire au contraire que, dans un proche avenir, Gamal Moubarak, Omar Suleiman ou un autre membre non encore déclaré du PND dirigera l'Egypte. Sous un tel leadership, la politique étrangère du pays devrait rester largement inchangée. Mostafa el-Feki, membre du PND et président du Comité des Relations avec l'étranger au parlement, a d'ailleurs confirmé que le gouvernement n'avait aucune intention de changer de cap.

S'adressant aux journalistes du Al-Masry Al-Youm, il a déclaré que "pour le prochain président de l'Egypte, l'approbation des Etats-Unis et la non-objection d'Israël seront nécessaires".
Si Hosni Moubarak se présente en 2011, il n'est pas certain qu'il terminera son sixième mandat. S'il venait à mourir au pouvoir, le porte-parole du parlement assurera l'intérim pendant 60 jours, conformément à la constitution égyptienne, en attendant la tenue de nouvelles élections. Un cadre strict qui n'empêche pas les tensions de croître.

Toutefois, aussi consternante qu'elle puisse être pour les Israéliens, la perspective d'une vacance du pouvoir, d'une instabilité et d'une fracture dans le statu quo pacifique entre l'Egypte et Israël, les scénarios les plus probables pour la succession politique n'apporteront aucune de ces calamités. Après avoir consacré ses 29 années de règne à renforcer son parti et son appareil sécuritaire, Hosni Moubarak laisse de nombreux partisans en place pour préserver son héritage après sa disparition.

L'auteur de cet article est un analyste indépendant d'origine américaine qui travaille en Egypte.

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