13.07.10
J.POST
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La décision de Tsahal de rendre publiques cartes, photos et vidéos des positions du Hezbollah au Sud-Liban est évidemment risquée. Le mouvement chiite sait maintenant que l'armée connaît ses cachettes et il pourrait très bien décider de les déplacer à d'autres endroits. Tsahal a pesé le pour et le contre avant de finalement décider, mercredi 7 juillet, qu'elle avait plus à gagner qu'à perdre en diffusant ces informations.
Plusieurs raisons expliquent ce geste. D'une part, il faut rappeler les efforts systématiques de dissuasion de l'Etat hébreu face à un Hezbollah de plus en plus armé. Le découragement engendré par la seconde guerre du Liban en 2006, ainsi que par l'assassinat du commandant militaire du groupe, Imad Moughniyeh, en 2008, constituent une force qu'il faut sans cesse renouveler. Ainsi, la publication d'informations sensibles collectées par l'armée permet de faire savoir au Hezbollah qu'elle sait exactement ce qu'il fait et où.
Le deuxième argument de Tsahal est d'ordre diplomatique : lancer, à quelques semaines du quatrième anniversaire de la seconde guerre du Liban, une campagne pour informer la communauté internationale du réarmement massif du Hezbollah et ses conséquences. En juin, le général Yossi Heiman, à la tête du département de planification stratégique, s'est rendu aux quartiers généraux de l'ONU à New York et a présenté l'ensemble de ces informations aux délégués des Nations unies.
Quelques semaines plus tard, le responsable des services de renseignements de la région Nord exposait les mêmes preuves au commandant de la FINUL (Forces intérimaires des Nations unies au Liban), Alberto Asarta Cuevas. "Le monde doit comprendre que le Hezbollah prend délibérément position dans des zones fortement peuplées. Et une telle stratégie a des conséquences", explique un autre officier.
Le Hezbollah a peur
L'armée a déjà fait savoir, par le passé, qu'elle riposterait de manière disproportionnée à toute nouvelle attaque du Hezbollah et que chacun des 160 villages où se trouvent actuellement les membres du groupe sera ciblé. Quoi qu'il en soit, la publication de toutes ces informations reflète, de manière plus générale, une autre théorie aujourd'hui largement acceptée par Tsahal : le rapport Goldstone serait une conséquence de l'échec israélien à préparer le monde à ce qui allait se produire en cas d'incursion à Gaza. Le même problème s'est posé lors de l'incident du Mavi Marmara, le 31 mai dernier. Là encore, l'armée a reconnu qu'elle aurait dû préparer le public, avant l'opération, à toutes les éventualités, y compris des morts.
Tout cela ne veut pas dire qu'une guerre contre le Hezbollah risque d'éclater demain, mais seulement que Tsahal s'y prépare. De sources militaires, les risques de conflit cet été restent minces. Et pour cause : le Hezbollah a peur de l'ampleur de la riposte israélienne. Et il craint surtout les conséquences que pourrait avoir une nouvelle guerre sur son rôle, désormais prépondérant, au sein du Liban.
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