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SAVANT IRANIEN : UNE AFFAIRE ROCAMBOLESQUE
Le physicien nucléaire iranien Shahram Amiri parti à la Mecque se purifier, au propre comme au figuré, disparait en Arabie saoudite en juin 2009. Il vient d’être retrouvé quelques mois plus tard à l’Ambassade du Pakistan aux Etats-Unis. Son histoire reste pour le moins incohérente et suspecte. Il n’a donné aucune indication sur la façon dont il s’est retrouvé aux Etats-Unis et ses enregistrements vidéo sont contradictoires. Il avait d’abord affirmé avoir été enlevé par des agents américains et saoudiens, voire israéliens, puis il a changé sa version des faits en justifiant sa présence aux Etats-Unis par une volonté de parfaire ses connaissances universitaires.
Cette épopée est à rapprocher avec la déclaration publique d’Ayoub Kara, vice-ministre israélien chargé du développement du Néguev et de la Galilée qui avait récemment affirmé qu’Israël avait aidé à la défection d’un savant iranien impliqué dans le programme nucléaire de son pays. Il avait précisé à la radio : « Il est encore trop tôt pour donner d’autres détails. Ce savant séjourne actuellement dans un pays ami ». Les coïncidences sont troublantes. Le porte-parole du ministère américain des Affaires étrangères, P.J. Crowley a confirmé « qu’il se trouve aux Etats-Unis de son propre chef et il est, de toute évidence, libre de partir ».
Cette déclaration n’exclue pas la suspicion sur la réalité des faits. S’il décidait d’un retour en Iran, Amiri a intérêt à peaufiner l’explication sur son enlèvement car les iraniens ne rigolent pas avec ceux qui font défection à leur régime. Durant ces quelques mois, il aurait pu en effet collaborer avec les services américains en livrant des informations sensibles sur le programme nucléaire iranien. Il est difficile de croire qu’il ait consacré tout ce laps de temps à du tourisme civil.
Les israéliens seraient intéressés à l’entendre et même à le protéger car sa position restera toujours suspecte aux yeux des iraniens qui pourraient croire à moitié à son histoire rocambolesque teintée d’invraisemblances. Il devra trouver des arguments percutants s’il ne veut pas se trouver pendu à une grue en plein place publique à Téhéran. Il est de toute façon brûlé pour une fonction active dans les usines nucléaires iraniennes car, suspecté d’être un agent double, les mollahs pourraient l’accuser d’être retourné au pays pour saper le programme nucléaire. C’est la seule conséquence positive à la fois pour les américains et pour les israéliens qui cherchent par tous les moyens à ralentir la course à la bombe nucléaire de l’Iran.