Commentaires haineux ou carrément ignobles (mais très instructifs) en réponse au texte de Pierre Assouline sur Stéphane Hessel - par OCCAM
Tout d'abord le texte de Pierrre Assouline -
passouline.blog.
A t'-on le droit de ne pas s'indigner avec Stéphane Hessel
Etrange phénomène que celui d’Indignez vous ! (29 pages, 3 euros, Indigène éditions). Qui n’aime pas Stéphane Hessel, son sourire désarmant, son incroyable mémoire de la poésie, sa courtoisie d’un autre temps, sa gentillesse si rassurante ? Il vaut vraiment que l’on s’y arrête et que l’on y regarde de plus près, ne fût-ce que parce que, au-delà du demi million d’exemplaires, tout essai revêt des allures de phénomène de société. Or, curieusement, s’il a été loué de toutes parts, en raison de son message humaniste et de l’itinéraire impeccable de son auteur, il n’a guère été analysé dans un esprit critique. L’objet tout d’abord. Ce n’est pas un livre mais stricto sensu une brochure dont le texte proprement dit, p)luitôt mal fichu, mi-discours mi-interview le tout colligé, n’occupe que 13 pages, comme un gros article, le reste étant occupé par des notes et une postface de l’éditeur. Il est donc abusif non seulement de parler de livre, d’expliquer son succès par son faible prix (3 euros) alors que des nouvelles inédites sont en vente à 2 euros (Folio), mais aussi de commenter la liste des meilleures ventes en clamant partout qu’il a même dépassé le Goncourt de Michel Houellebecq (!). Mais on s’en doute, là n’est pas le plus important.
L’indignation en est le leitmotiv. Quand on pense que ceux qui l’achètent par dizaines pour l’offrir autour d’eux y voient un programme d’action, une philosophie morale, un bréviaire, on est consterné tant le contenu manque de contenu, ce qui ne lui est guère reproché en raison de son statut d’icône. Mais la démonstration est si faible et la plume si incertaine que l’appel n’a pas la puissance d’un pamphlet. Qui pourrait décemment s’opposer à un texte dégoulinant de bons sentiments, aux grands principes, aux grands idéaux et aux grandes idées qui y sont énoncées ? D’autant qu’elles sont présentées sous le label « issu de la Résistance ». C’est déjà là que le bât blesse. Non dans le programme du Conseil national de la Résistance, même si depuis son adoption le 15 mars 1944, la France a un peu changé et qu’il ne suffit plus de réclamer « une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours », revendication qui paraît un peu courte aujourd’hui, même pour les syndicalistes les plus chevronnés. Stéphane Hessel, qui s’est tôt engagé dans la Résistance, ce qui lui valut d’être torturé puis déporté à Buchenwald et à Dora, dit l’avoir fait car« j’ai été indigné par le nazisme». Il nous appelle donc à l’indignation permanente en toutes circonstances et en tous lieux, même si cette manière de mettre ainsi sur une même ligne morale la situation des sans-papiers, la dérégulation du capitalisme et les crimes du totalitarisme national-socialiste devraient nous… indigner. Le Monde a récemment publié deux pleines pages dans lesquelles des personnalités s’indignaient toutes de quelque chose, à l’exception du neuropsychiatre Boris Cyrulnik, et comme sa lumineuse réaction ouvrait le bal, elle eut pour effet d’anéantir toutes celles qui suivaient :
« J’ai beaucoup de tendresse, d’admiration, pour Stéphane Hessel avec qui j’ai beaucoup de concordances de vue mais je m’indigne qu’on nous demande de nous indigner parce que l’indignation est le premier temps de l’engagement aveugle. Il faut nous demander de raisonner et non de nous indigner. »
On ne saurait mieux dire qu’il est bizarre de pousser ses contemporains à s’engager sous l’empire de l’émotion et non sous celui de la réflexion. Mais allons plus loin. Dès la troisième page de son texte, Stéphane Hessel écrit : « Nous, vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes… » Nous ? Mais qui l’a délégué pour parler au nom de tous les survivants de la Résistance intérieure et de la France Libre, d’autant qu’il y revient à plusieurs reprises ? A la dernière page, cela peut se concevoir car son « nous » renvoie en note à un appel de 2004 fort d’une dizaine de noms (Aubrac, Cordier, Vernant…), mais avant, si on lit bien, Stéphane Hessel est l’auteur et il est censé écrire en son nom. A le suivre dans son raisonnement, on comprend qu’un homme n’est humain que s’il s’indigne et s’engage en conséquence. Un peu comme lui en somme. De quoi nier leur qualité d’humains à tous les Bartleby engendrés par la société. A la fin de son texte, après avoir rappelé les principes de la Déclaration des droits de l’homme à la rédaction de laquelle il fut associé, et s’être fait l’apôtre de la non-violence, le pourfendeur des inégalités, le dénonciateur de la consommation à outrance (mais qui est contre ?), il s’indigne de ce qui se passe à l’étranger.
« Aujourd’hui, ma principale indignation concerne la Palestine, la bande de Gaza, la Cisjordanie ». Deux pages suivent (2 sur 13, c’est dire la proportion) en défense et illustration du peuple palestinien, attitude légitime et respectable, mais qui contient difficilement la colère haineuse qui altère son flegme poétique chaque fois que, dans un débat, il est question d’Israël. Faisant le décompte des pertes de l’opération « Plomb durci » qui a provoqué la mort de plus d’un millier de gazaouis, il remarque qu’elle a fait « seulement » une cinquantaine de blessés du côté israélien, et on y sent l’ombre d’un regret, d’autant qu’il croit bon ajouter cette énormité : « Que des Juifs puissent perpétrer eux-mêmes des crimes de guerre, c’est insupportable ». Comme si quoi que ce soit, dans leur qualité, leur passé, leur souffrance, devait les préserver, les immuniser ou leur interdire de se comporter salement comme tous les hommes sous toutes les latitudes en tous temps car toute guerre est une sale guerre. Si Stéphane Hessel avait été se promener un peu plus en Israël, il y aurait croisé à sa stupéfaction nombre de maîtres chanteurs, de salauds, de maquereaux, de violeurs d’enfants, de négationnistes, de trafiquants de drogue, de tueurs en série. Après quoi suivent des considérations sur l’inévitabilité du terrorisme comme une forme d’exaspération. On croit en avoir fini mais non, deux pages plus loin, il y revient. Evoquant une marche pacifique contre le mur de séparation, il rapporte que les autorités israéliennes l’ont qualifiée de « terrorisme non-violent » puis il commente goguenard : « Pas mal… Il faut être israélien pour qualifier de terroriste la non-violence. » Imaginez un instant l’évocation de la stigmatisation des Roms par Sarkozy&Hortefeux suivie de ce commentaire : « Il faut être français pour … ».
Imaginez mais ne cherchez pas car cela n’y est pas. Vous n’y trouverez pas non plus d’indignation sur la violation des droits de l’homme en Birmanie, en Chine, en Iran, en Corée du Nord, en Libye, en Tunisie et dans tant d’autres pays car l’indignation de Stéphane Hessel est à géométrie variable. Manifestement, sa boussole intérieure s’est bloquée sur ce pays honni. Par une ironie de l’Histoire, il a tenu à faire figurer en liminaire la reproduction de Angelus Novus, dans laquelle son premier propriétaire, le philosophe Walter Benjamin, un ami de son père, voyait « un ange repoussant cette tempête que nous appelons le progrès ». Et comme l’éditeur est obligé d’en indiquer la propriété, la présence de cette aquarelle de Paul Klee permet de faire éclater dès la première page la mention « Musée d’Israël, Jérusalem »… Ce qui doit passablement indigner l’auteur. Mais que ces détails n’empêchent pas les hommes de bonne volonté de s’indigner en reprenant en chœur le puissant slogan qui lui sert d’excipit : « Créer, c’est résister. Résister, c’est créer »
(”Stéphane Hessel” photo Fred Joli/ CICR; “Angelus Novus, 1920″ de Paul Klee, don de Fania et Gershom Scholem, Musée d’Israël, Jérusalem)
Oui, il y a de quoi s'indigner de la haine et de l'ignorance qui ressortent de ces commentaires, Bravo Mr Hessel !
Aschkel
- Onésiphore de Prébois (4 janvier, 23:20) - le génocide passé des Juifs accentue leur culpabilité d'aujourd'hui. Ces salauds ont bien morflé, alors maintenant qu'ils se tiennent à carreaux !
"[...] Je partage entièrement l’indignation de Stéphane Hessel [...]. Ce ne sont pas des crimes individuels, ce sont des crimes d’Etat, des crimes tolérés, voire encouragés et planifiés par l’Etat d’Israël. Comme si l’héritage de l’Holocauste n’entraînait pour Israël aucune responsabilité morale. Comme si l’on pouvait trouver normal que l’Etat d’Israël se comporte comme n’importe quel Etat sans foi ni loi. [...]"
- aribo (00:15) - Israël, Etat raciste, emprisonne les Juifs du monde entier dans des "colonies".
"Oui il faut s’indigner, Oui il faut acheter ce livre pour montrer que nous sommes indignés et que nous sommes d’accords avec les propos de ce monsieur [Hessel]. [...] Comment ne pas s’indigner lorsqu’on nous ment tous les jours sur Israel ? comment appeler démocratie un État qui n’a pas de frontières ? [...] Oui il faut s’indigner, oui il faut montrer que nous sommes indignés. Non Israel n’est pas une démocratie, c’est un état raciste, communautariste, qui se targue de l’antisémitisme pour piéger les hommes et femmes de confession juive, les inviter à rejoindre la “Terre promise” et les cloîtrer dans des colonies sur des terres qui ne sont pas encore siennes. [...] Et lorsque c’est un État qui tue, non pas pour sa survie mais pour son confort, eh bien cet État n’est pas respectable, il est même détestable. Et il faut que cela cesse."
- oomu (11:35)
"[...] Il est effectivement insupportable qu’Israel, avec son histoire, sa raison d’être, en soi arrivé à nier tout avenir à la région entière. [...]"
- Hugo (12:11) - la Shoah justifie le double-standard à l'encontre des Juifs, qui de toute manière sont eux-mêmes des nazis en se prétendant "peuple élu".
"[...] qui, mieux que les juifs, qui ont souffert de l’idéologie nazi et ne cessent d’en cultiver le ’souvenir’ devrait oeuvrer pour la paix avec les autres peuples ? [...] Israel, donc, c’est l’hopital qui se fout de la charité : on se prétend ‘peuple elu’ et on a le droit de pourrir les gens qui habitaient en ‘terre promise’ avant .. on ne cherche même pas la cohabitation, on s’impose par la force. Toute ressemblance avec la notion de ‘race aryenne, supérieure’ du dogme nazi est bien sûre purement fortuite… [...]"
- lucide (12:18) - les Juifs dominent les médias.
"La riposte sioniste ne s’est pas fait attendre. Ce sont eux qui s’indignent constamment, à croire que le seul massacre perpétré a été la Shoah. Ils sont partout et surtout à la tête des merdias."
- kervennic (12:26)
"La “gauche” a besoin de combat emblematique, israel en est un. Il saute aux yeux de tous que l’oppression des palestiniens est absolument injustifie. Ce peuple qui n’est strictement pour rien dans le genocide des juifs paie aujourd’hui a la place des allemands suite au dikatat des europeens et des americains qui se sont batti une bonne conscience sur leur dos en les considerant comme une parti negligeable car non occidentale. [...]"
- geniealpages (12:54) - les critiques envers Hessel prouvent qu'il existe un lobby juif pour protéger Israël.
"Je trouve effarant que tous les critiques de Hessel ne soient que des prétextes pour lui reprocher son attitude critique vis-à-vis d’Israël. C’est à croire qu’il existe une omerta de fait sur l’Etat Hébreu en France, ce qui serait inacceptable et accréditerait les pires thèses antisémites. [...]"
- ElGringo (13:09)
"[...] oui, de par son histoire RECENTE [la Shoah], ses liens avec l’occident et le fait qu’il s’agisse d’une politique d’ETAT, Israël a moins le droit que d’autres de faire ce qu’il fait. [...]"
- GUEYE (13:14)
"[...] Il est triste de constater qu’une toute petite minorité israëlite en soit là et mette le Monde en danger majeur.Et là mon indignation est totale et militante.Merci Mr HESSEL."
- Edmond (13:31)
"[...] Justement, quand un Etat ne cesse de pilonner le monde de la souffrance passée [la Shoah] tout en menant des sales guerres, on ne peut que le condamner plus lourdement. [...]"
- Yvan Najiels (14:28)
"Billet ignoble. Il serait commandé par l’Elysée et le gouvernement israélien que je ne serais pas surpris. Indigne, vraiment, cet occidentalisme à outrance. Indigne. [...]"
- Ryf (14:48)
"[...] Oui, Hessel a raison de montrer le comportement de l’Etat d’Israël qui constitue le problème majeur de notre époque. [...]"
- ElGringo (15:28)
"[...] en tant que victimes récentes d’une des pires barbarie du XXIème siècle -si on omet toutes les autres- NON ce pays n’a SURTOUT, SURTOUT pas le droit de rogner la terre d’un peuple comme elle le fait, de façon organisée en niant de fait le droit à ce peuple à vivre lui aussi en paix chez lui. [...] R.I.E.N [...] ne justifie qu’on se comporte comme un colonialiste quand on a soi-même été chassé traqué et exterminé et chassé de son pays à peine 60 ans au paravent. OUI, quand on fonde un pays pour se préserver de ce qu’on a vécu, quand on le rêve comme un idéal, on n’a pas le droit de le rabaisser à ça. [...]"
- bertin (16:22) - les Juifs dominent les médias.
"Aujourd’hui, seuls les journalistes et les intellectuels juifs ont le droit de critiquer la bien-pensance, qu’ils ont largement contribué à forger par la dictature qu’ils ont exercé et qu’ils exeercent toujours sur les différentes formes d’expression depuis les années 70. [...] en quoi cela concerne -t-il la France et les Français ? En quoi ?"
- Sébastien (21:08)
"Les occidentaux portent une lourde responsabilité dans le caractère colonial et les crimes d’Israël, parce qu’Israël est une extension géopolitique, militaire, économique, affective et culturelle de l’occident [...]."
NB : Ainsi pour beaucoup de commentateurs la haine de l'Etat juif est motivée, justifiée par les persécutions subies par les Juifs dans le passé. Le raisonnement est absurde (ce serait comme considérer qu'un passé d'enfant battu serait "circonstance aggravante" plutôt qu'atténuante pour juger un homme battant à son tour ses enfants), mais pas si étonnant si l'on se rappelle les quelques propos lumineux de Jankélévitch sur le sujet de la haine pure :
"la méchanceté abonde cyniquement dans l'injustice et l'exagère jusqu'à la caricature. C'est ainsi que la haine antisémite en veut aux juifs de leurs malheurs ; pour un peu, elle serait jalouse des persécutions mêmes que les juifs ont endurées. (...)
Au fond c'est la méchanceté du haï qui désarmerait le plus sûrement la méchanceté du haineux en lui fournissant, dans une offense, la justification empirique nécessaire pour remonter du plan de la haine métaphysique, c'est-à-dire insoluble, au plan de la rancune fondée et de l'hostilité motivée. Si seulement les juifs haïssaient les chrétiens ! Cette méchanceté de la victime serait une aubaine providentielle. Les accusations immémoriales dont la haine antisémite accable les juifs lui servent quasi d'alibi : elles lui permettent de légaliser sa propre méchanceté, de projeter sa propre haine dans le haï, de justifier la haine que le juif inspire par la haine qu'il est censé éprouver, elles contribuent à faire de cette méchanceté un ressentiment concret, avouable et rassurant ; elles soulagent sa lourde conscience.
Car l'antisémite ne peut avouer qu'il hait les juifs à cause de leurs tribulations et de leurs épreuves elles-mêmes : ce serait trop absurde, ce serait incroyable ! Dieu merci, la haine a quelque chose à reprocher à ses juifs : grâce à ce peuple maudit, l'inquiétante méchanceté sans causes sera toujours en règle avec la raison ; il ne sera pas dit que les souffrances des persécutés sont imméritées." (Traité des vertus, tome III : L'innocence et la méchanceté, chapitre I, IX, La haine pure (1970))
Ces commentateurs tentent de "justifier la haine que le juif inspire par la haine qu'il est censé éprouver", et la Shoah est un merveilleux outil pour cela, car elle permet de supposer les Israéliens haineux, rancuniers et vindicatifs - autant de bonnes raisons pour les détester !