Le 29 octobre 1956 débutait la seule guerre menée par Israël conjointement avec des armées étrangères : la France et la Grande Bretagne. Cette campagne, plus connue en Israël sous le nom d’Opération Kadesh fut dirigée contre l’Egypte de Gamal Abdel Nasser et permit à Israël de prendre pour quelques jours seulement le contrôle de la moitié de la péninsule du Sinaï. Ce conflit intervint près que le Raïs égyptien ait fermé en 1955 le détroit de Tiran, près du Golfe d’Eilat, empêchant la navigation israélienne, et surtout après qu’il eut décidé en 1956 de nationaliser le canal de Suez, point de passage obligé d’une grande partie de la flotte marchande internationale. Israël se sentait de plus en plus isolé, et craignait, en plus de nombreuses infiltrations terroristes, une nouvelle offensive arabe sur trois fronts, après la signature la même année d’un accord stratégique entre l’Egypte, la Syrie et la Jordanie.
Pour illustrer l’atmosphère de l’époque, il suffit de lire ces quelques phrases prononcées à l’époque par le représentant d’Israël à l’ONU : « Encerclé par des armées ennemies sur la totalité de ses frontières, exposé aux incursions et aux raids perpétuels, pleurant de nouveau morts chaque jour et chaque nuit, injurié par les gouvernements voisins qui lui annoncent son extermination imminente, voilà dans quelles conditions Israël doit reprendre, à chaque aube, sa lutte solitaire pour la vie ». Phrase intemporelle.
De leur côté, la France et la Grande Bretagne voyaient d’un très mauvais œil la nationalisation du Canal de Suez par un dictateur imprévisible tel que Nasser, qui privait également d’un coup d’énormes droits de passages perçus jusqu’alors par les deux puissances européennes. Une convergence d’intérêts se fit alors jour entre Israël, la France et la Grande Bretagne.
Dès le mois de juin 1956, Ben Gourion envoyait sa nouvelle ministre des Affaires Etrangères Golda Meïr, préparer la riposte avec Guy Mollet – le Premier ministre français le plus pro-israélien qui n’ai jamais existé – et le britannique Anthony Eden. Il se rendit lui-même à Paris le 22 octobre pour finaliser ces accords, qui portèrent le nom de « Protocole de Sèvres ». Les objectifs de l’intervention militaire qui s’annonçait étaient quadruples : rouvrir le Détroit de Tiran à la navigation israélienne, forcer Nasser à libéraliser le Canal de Suez, faire cesser les incursions terroristes en Israël en provenance d’Egypte, de la Bande de Gaza, de Syrie et de Jordanie et enfin, freiner le réarmement égyptien par l’URSS via la Tchécoslovaquie. Selon les accords militaires, Tsahal devait attaquer les armées égyptiennes dans le Sinaï, avant que la France et la Grande Bretagne n’utilisent un stratagème en lançant un ultimatum à l’Egypte et à Israël, pour qu’ils se retirent simultanément à 15 km du canal de Suez. Un deuxième accord franco-israélien devait assurer un soutien aérien et maritime français des villes israéliennes au cas où l’armée de l’air égyptienne attaquait. Il était enfin prévu que des troupes franco-britanniques interviennent plus tard au cas où l’Egypte ne se plierait pas à l’ultimatum.
Le 29 octobre 1956, les troupes blindées de Tsahal déferlèrent dans le désert du Sinaï en deux directions : l’une vers le sud, pour forcer le blocus du détroit de Tiran, et la 2e vers l’ouest en direction du Canal de Suez. En quatre jours, Tsahal défit les armées égyptiennes, fit la conquête de Sharm-El-Sheikh à l’extrême sud, de la Bande de Gaza, à l’ouest et arrivait jusqu’à proximité du Canal de Suez, pendant que les troupes franco-britanniques prenaient le contrôle de Port-Saïd. Comme prévu par le plan, la France et la Grande Bretagne lancèrent alors leur ultimatum, qui fut accepté par Israël mais refusé par Nasser.
Alertées par l’Egypte, les Nations-Unies condamnèrent le 5 novembre l’intervention israélo-franco-britannique, et exigèrent « le retrait immédiat de toutes les troupes étrangères du Sinaï ». Parallèlement, les Etats-Unis et l’URSS firent une pression énorme pour qu’Israël et ses alliés du moment mettent fin à cette campagne, l’URSS envoyant même de nouvelles armes à l’Egypte. « Israël joue dangereusement avec son avenir », déclarait alors Nicolas Boulganine, Président du Conseil des Ministres de l’URSS !
Le 8 novembre, le gouvernement israélien acceptait de se retirer du Sinaï après avoir obtenu l’accord des Nations-Unies quant au déploiement d’une force internationale dans la Péninsule.
Malgré qu’elle fut stoppée, la rapide victoire militaire israélienne fut reconnue sur le plan international, et l’image de Tsahal s’en trouva encore rehaussée. Cette courte campagne accorda au pays un répit de 10 ans, jusqu’à la Guerre des Six Jours. Mais durant cette période, l’Egypte accueillait sur son sol l’Union des Etudiants Palestiniens, dirigée par un certain Yasser Arafat, qui put librement poser les bases de la lutte terroriste contre Israël, et de la création de l’OLP, en 1964, trois ans avant la Guerre des Six Jours.
Les années de l'édification de l'Etat furent néanmoins assombries par de graves problèmes de sécurité. Non seulement les accords d'armistice de 1949 n'avaient pas débouché sur une paix permanente, mais ils étaient constamment violés.
Contrairement à la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU du 1er septembre 1951, les liaisons maritimes avec Israël étaient entravées par l'interdiction faite aux navires à destination ou en provenance d'Israël de traverser le canal de Suez.
Le blocus du détroit de Tiran fut renforcé; des incursions en Israël, à partir des pays arabes voisins, semant la mort et perpétrant des actes de sabotages se multiplièrent ; et la péninsule du Sinaï devint progressivement une immense base militaire égyptienne.
Avec la signature de l'alliance militaire tripartite entre l'Egypte, la Syrie et la Jordanie (octobre 1956), l'imminence de la menace contre l'existence d'Israël se précisa.
Au cours d'une campagne de huit jours, Tsahal (l'armée israélienne) conquit la bande de Gaza et toute la péninsule du Sinaï, en s'arrêtant à 16 kilomètres à l'est du canal de Suez.
La décision des Nations unies d'envoyer des forces d'urgence pour stationner le long de la frontière israélo-égyptienne et les garanties fournies par l'Egypte d'assurer la libre navigation dans le golfe d'Eilat conduisirent Israël à accepter une évacuation par étapes (de novembre 1956 à mars 1957) des territoires conquis par Israël quelques semaines plus tôt. En conséquence, le détroit de Tiran a été ouvert, permettant le développement de relations commerciales avec les pays d'Asie et d'Afrique, ainsi que l'importation de pétrole du golfe Persique:
http://www.terredisrael.com/ISRAGuerresinai.php
[Jeudi 29/10/2009 14:17]