Le prochain défi d’Israël : la proximité d’Obama à l’égard des Frères Musulmans
DEBKAfile Reportage exclusif 9 mai 2011, 8:49 AM (GMT+02:00)
Adapté par Marc Brzustowski
Pour © 2011 lessakele et © 2011 aschkel.info
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La prochaine rencontre pourrait marquer le carrefour des chemins qui se séparent.
Les Israéliens célèbrent dans la bonne humeur le 63ème anniversaire de leur indépendance cette semaine. Leurs dirigeants, pas plus en paroles que par allusion, n’ont mentionné le défi auquel le pays sera confronté dans l’année à venir : Barack Obama, le Président du pays, meilleur ami et allié d’Israël, cherche à ce que le mouvement des Frères Musulmans du Moyen-Orient devienne son partenaire privilégié, afin de promouvoir les intérêts américains dans le monde arabe, à la place de ses dictateurs qui ont été ou vont être renversés. Selon les sources de Debkafile à Washington et du contre-terrorisme, la cour qu’il fait à cette organisation, qu’il considère comme « modérée », a été la justification de la décision grave d’en finir avec Osama Ben Laden. C'est une étape que ses prédécesseurs, George W. Bush et Bill Clinton, se sont abstenus de franchir, bien qu’ils sachent pertinemment où il se trouvait.
Beaucoup ont oublié la promesse faite par Obama, au Caire, le 4 juin, de réparer les ponts en direction du monde musulman, mais il pensait vraiment chaque mot qu’il a prononcé. La Maison Blanche, sous sa férule, a forgé un pacte entre les Etats-Unis et les Frères Musulmans, afin qu’ils atteignent leurs objectifs politiques ultimes, bien qu’ils ne s’attendent pas à pouvoir les réaliser d’un seul coup.
La mort de Ben Laden s’inscrit dans le déroulement du plan ou Grand jeu du Président américain :
1. Il avait besoin de faire la pleine démonstration de sa résolution inébranlable d’éradiquer le danger terroriste posé par les extrémistes islamistes.
2. Il est nécessaire qu’on empêche les Frères Musulmans et leurs versions nationales de tomber dans les bras du radicalisme islamiste, si on veut qu'ils se qualifient comme la pièce maîtresse du nouveau départ de l’Amérique avec le monde arabe.
Une autre partie importante du grand jeu du Plan Obama a été “le Printemps Arabe”, s’agissant de paver la voie qui mène à ce nouveau départ. Il a montré que la présence au pouvoir de dictateurs régnant sans partage depuis des décennies est devenue insupportable.
C’est Hosni Moubarak d’Egypte qui devait s’en aller le premier – et, de fait, il a, par conséquent, été le seul dirigeant arabe dont le Président américain a carrément exigé le départ, et non Mouammar Kadhafi ou même Bachar al Assad – tout simplement parce que l’Egypte est le centre mondial des multiples branches des Frères Musulmans et de son Conseil de la Shura.
Plus que n’importe quelle autre parti ou organisation au Moyen-Orient, la confrérie détient de puissants leviers d’influence en Libye, en Syrie, en Jordanie, dans l’arène palestinienne et même en Arabie Saoudite, à travers son implantation au sein des institutions nationales et religieuses et plusieurs membres éminents dans leurs bureaux directeurs. C’est pourquoi elle a été si souvent réprimée par tous ces régimes, comme ce fut le cas en Egypte.
Les dirigeants arabes fidèles à Moubarak ont observé et remarqué de quelle façon expéditive et sans ménagement Obama l’a congédié. Ils ont alors mis en commun toutes leurs ressources pour défaire les révoltes soutenues par les Etats-Unis contre leurs régimes, avant d’être eux-mêmes renvoyés comme de vulgaires déchets.
Le roi saoudien Abdallah s’est battu le dos au mur depuis son divorce avec Washington. Il est amèrement hostile à l’Administration Obama – pas seulement à cause de l’humiliation subie par la chute de Moubarak, mais parce qu’il pense qu’un pacte entre l’Amérique et les Frères Musulmans menacerait la Maison royale des Saoud, en engouffrant les institutions cléricales qui confèrent au trône sa légitimité.
Kadhafi en Libye a tenté de se préserver en mettant l’accent sur la cause commune qu’il partageait encore avec les Etats-Unis, contre une rébellion infiltrée par Al Qaeda et d’autres musulmans extrémistes. Quand il a enfin réalisé que Washington ne partageait pas sa vision et favorisait les éléments islamistes, il a décidé de se battre contre la rébellion et de défier ses soutiens de l’OTAN.
Bachar al Assad en Syrie, qui représente un régime laïc, au moins en ce qui concerne son Credo, en est venu à sortir ses tanks, l’artillerie et les tirs à balles réelles, lançant une répression féroce pour mettre fin à ce qu’il perçoit comme un défi à la famille Assad et son clan dirigeant alaouite, mené par les Frères Musulmans et qui a déjà été lancé contre son père, il y a 19 ans.
Une nouvelle pièce du puzzle construit par Obama a été mise en place au Caire, mercredi 4 mai, par l’ancrage du pacte d’unité palestinienne, entre le Président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas, pour le Fatah, et Khaled Meshaal, pour le Hamas.
Juste après que le Premier Ministre Benyamin Netanyahou ait mis en garde Abbas du fait que les Palestiniens devaient choisir entre la paix et le Hamas, les sources de Debka au Caire rapportent qu’Abbas s’est demandé, en privé, pourquoi les Israéliens venaient s'en plaindre auprès de lui : « Ils feraient mieux de s’en plaindre directement auprès d’Obama, aurait-il dit. Le Hamas n’est jamais qu’une ramification des branches égyptiennes et jordaniennes des Frères Musulmans. « Je ne fais jamais qu’agir selon ses lignes directrices, consistant à intégrer les Frères Musulmans au sein des gouvernements du Moyen-Orient ».
Le Président américain a pris certaines mesures pour que son projet devienne réalité. Il est encore bien loin d’avoir le vent en poupe. En Israël et dans certaines capitales occidentales, on ne s’attend pas à ce que la Junte militaire, qui a succédé à Hosni Moubarak, au Caire, ouvre toutes grandes les portes aux Frères Musulmans. Les généraux égyptiens ont repris l’initiative en canalisant les mouvements palestiniens, espérant ainsi focaliser l’attention des Frères Musulmans sur le problème palestinien, plutôt que sur leur appétit aiguisé par la conquête du pouvoir. Ce dispositif a bien fonctionné depuis Gamal Abdel Nasser, dans les années 60 et 70.
Mais, tôt ou tard, les Frères Musulmans et Washington réaliseront que les dirigeants militaires ont pleinement l’intention de se maintenir au pouvoir. Plutôt que se tenir aux côtés d’un candidat présidentiel des Frères Musulmans, ils en soutiendront un autre de leur choix. Le Président Obama sera alors confronté à devoir prendre une grave décision.
Face à cette Maison Blanche qui jongle avec les balles de sa politique fondamentale au Moyen-Orient, il n’y a pas grand-chose qu’Israël puisse faire. Par conséquent, on ne s’attend pas à ce que la rencontre du Premier Ministre Netanyahou avec Obama, le 21 mai et son discours face à l’assemblée de la Chambre des représentants du Congrès provoquent des changements capitaux. Il n’y a pas beaucoup de points qui permettraient de dévoiler quelques nouvelles propositions de paix, ou de tenter de mettre en garde Obama contre les conséquences d’un rapprochement entre les Etats-Unis et les Frères Musulmans. Alors qu’une prise de pouvoir des Frères Musulmans dans les pays arabes environnants, même si elle restait graduelle, poserait une menace directe contre la sécurité d’Israël, Obama, entraîné par le courant de ses premiers succès durant les phases initiales, il y a peu de chances pour qu'il se montre particulièrement réceptif aux arguments d’Israël.