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6 février 2010 6 06 /02 /février /2010 22:50




Une tradition bien établie exige que toute personnalité officielle étrangère débute sa visite en Israël par un moment de recueillement au Mémorial de la Shoah de « Yad Vashem ». Dernier exemple en date, le Premier ministre italien, Silvio Berlusconi, visiblement très ému.
Nul ne nie l’importance capitale de ce moment fort pour aider à la compréhension de ce qui se joue dans cette partie du monde, et il est clair que chaque hôte étranger verra son séjour en Israël d’une autre façon une fois s’être arrêté devant les images de l’indicible ou avoir parcouru le Mémorial des Enfants.
Mais en Israël, de plus en plus de personnes se demandent s’il ne faudrait pas aborder une nouvelle réflexion sur ce thème, non pas dans le but d’annuler la visite à Yad Vashem, mais pour la mettre en perspective avec d’autres éléments forts de l’Histoire juive, notamment en Erets Israël, et l’insérer dans un cadre didactique plus judicieux et authentique. Selon ces personnes, la visite à Yad Vashem serait devenue une sorte de « carte de visite de l’Etat d’Israël », une justification unique et exclusive du droit d’Israël à exister.
En voulant bien faire et évoquer avec les hôtes étrangers le souvenir ineffable des 6 millions de Juifs exterminés par la barbarie nazie, l’éthos israélien a imprimé dans l’esprit des dirigeants de ce monde que l’Etat d’Israël ne doit sa création et son droit d’exister qu’à cette catastrophe vécue par le peuple juif il y a sept décennies. Une sorte de compensation à la souffrance juive. Cette vision des choses n’est pas seulement nocive pour la perception d’Israël à l’étranger. Elle fausse également le sentiment national en Israël même, en faisant croire qu’il a fallu la Shoah et l’engloutissement de tout un monde juif pour que naisse cet Etat.
Les arguments en boomerang sont alors très faciles et destructeurs : le monde arabe, et surtout les Arabes palestiniens, s’indignent du fait de devoir « payer pour les fautes et les méfaits commis sur le sol européen », et la communauté internationale, dédouanée de sa responsabilité, peut allégrement exiger d’Israël d’être « payée en retour pour la faveur accordée au peuple juif en 1948 », par le biais de concessions en direction de ces « nouvelles victimes par ricochet de la Shoah » que seraient les Palestiniens. Sans parler des odieuses comparaisons entre l’attitude de Tsahal et les crimes nazis. La formule récurrente « Sécurité pour Israël, justice pour les Palestiniens » découle directement de ce schéma de pensée : les Palestiniens ont des droits, et les Juifs doivent être « protégés » car ils ont trop souffert. Ce qui n’implique pas la même chose pour les deux populations.
La Shoah et la création de l’Etat d’Israël sont ainsi devenues un binôme pratiquement inséparable. Le Président Obama en a fait clairement allusion dans son discours au Caire en direction du monde musulman, et le Premier ministre israélien, Binyamin Netanyahou a évoqué ce lien lors de son « discours de Bar Ilan » ou plus récemment à Auschwitz. Que ce soit lors des différentes manifestations annuelles en Pologne, dans les cérémonies officielles de Yom Hashoah dans les communautés du monde, et dans les programmes scolaires des écoles juives, ce lien est rappelé de manière permanente, non sans une certaine justification d’ailleurs, du fait de la proximité chronologique de ces deux événements phares du 20e siècle.
Mais il y a l’envers de la médaille soulevé aujourd’hui par des chercheurs, historiens, enseignants, hommes politiques ou rabbins : à une époque où le Sionisme est tant honni, il serait bon de rappeler de manière forte que le mouvement national juif est né bien avant la Shoah, et qu’il se base non pas sur la martyrologie juive mais sur le Droit historique et biblique du Peuple juif sur sa terre. La Shoah a certes donné un coup de pouce au Mouvement national juif, en poussant la communauté internationale à soutenir plus aisément la création de l’Etat, mais elle ne l’a pas généré. Même Herzl, qui s’est lancé dans le sionisme politique après avoir entendu les cris de « Mort aux Juifs » lors de la dégradation d’Alfred Dreyfus, ne fut pas le créateur de l’aspiration à Sion. Celle-ci remonte à 20 siècles, depuis que les légions de Titus incendièrent le Temple et déportèrent la population dans l’Empire romain. « L’an prochain à Jérusalem » n’a pas été introduit dans nos prières en 1945.
Certains évoquent alors aujourd’hui l’idée de faire débuter le séjour des personnalités étrangères en Israël non pas par la visite de « Yad Vashem », mais par des lieux qui expliquent le lien ancien et indestructible entre le Peuple juif et sa terre. On pourrait imaginer la visite du Caveau des Patriarches à Hevron, celle de la Ville de David, des Tunnels du Kotel, et des différents vestiges du Temple de Jérusalem.
Cela afin de modifier une fois pour toutes le message transmis au monde entier à travers ses dirigeants qui foulent le pays : Israël n’est pas un Etat-refuge, ni une compensation à la souffrance juive. Il est la continuité d’une histoire ancienne et réalise les retrouvailles d’un peuple dispersé avec ses racines et son Histoire.

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2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 17:14
Le camp de Vittel
1940-1944

par Jean Camille BLOCH



EXTRAIT :

L’enquête que nous avons menée dans les Vosges, concernait l’application dans ce département de la solution finale des nazis. Elle n’était pas axée spécifiquement sur les détenus du camp de Vittel, mais englobait l’ensemble de la population juive vosgienne de souche ou réfugiée dans les Vosges.


Le camp de Vittel n’est malheureusement que l’un des aspects, de la répression nazie qui s’est exercée dans ce département et qui a touchée toutes les couches de la population.


La barbarie de l’occupant s’est également acharnée sur les nombreux patriotes de l’ombre que compte cette région : réfractaires, résistants et passeurs, ainsi que sur leurs familles. Ils ont souvent payé de leurs vies leur attachement à la Patrie et à la Liberté.


Nous n’en oublions aucun.


La destination « anti-juive » du camp de Vittel ne s’est avérée qu’assez tardivement, puisqu’elle n’est apparue qu’au début de l’année 1943. Précédemment et depuis le début de l’année 1941, les détenus avaient été regroupés à Vittel en fonction de leur nationalité et non en fonction de leur appartenance religieuse.


Il n’existe, aucun document exhaustif concernant les internés et les victimes de ce camp, totalement sous la coupe du commandement allemand. Il n’y avait aucune forme de communication concernant le camp, entre les autorités allemandes et françaises. En particulier, la Préfecture des Vosges était tenue scrupuleusement à l’écart. Ceci justifie que les archives du département des Vosges soient quasi muettes sur le sujet.


Les recherches diligentées auprès des témoins de l’époque et auprès d’organisations internationales ont permis, outre l’éclairage quant aux finalités du camp de Vittel, de reconstituer une liste inédite de victimes. Cependant, il est nécessaire de préciser que compte-tenu de l’opacité entourant les entrées et sorties de ce camp, compte-tenu également des doutes subsistant quant à l’identité réelles de certaines victimes, il n’est pas possible de garantir que ce martyrologe soit exhaustif, c’est dirons-nous, une estimation a minima, comportant au total plus de 1200 victimes juives vosgiennes, dont environ 330 ont été extraites du camp de Vittel...

 





 Ce document en entier est librement téléchargeable ici :



Avec l'aimable autorisation de M. Jean Camille Bloch

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2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 05:42

Polémique Haenel: C’est en connaissance de cause que les Alliés n’ont pas cherché à arrêter l’extermination des juifs d’Europe (We would simply have saved the Germans work)

1 février, 2010

jcdurbant
Saving the jews (Robert Rosen)C’est en connaissance de cause qu’ils n’ont pas cherché à arrêter l’extermination des juifs d’Europe. Peut-être à leurs yeux ne fallait-il pas qu’on puisse l’arrêter? Peut-être ne fallait-il pas que les juifs d’Europe soient sauvés? Yannick Haenel (Extrait de « Jan Karski »)
Le Lt Col. Uttal, vétéran de 35 missions de bombardement au-dessus de l’Allemagne au cours de la Seconde Guerre Mondiale (…) cite un raid de bombardement d’octobre sur les installations de pétrole de Merseberg, au cours duquel 400 chasseurs nazis attaquèrent la force de bombardement et abattirent 26 avions. Kitchen ajoute que l’installation pétrolière de Monowitz était défendue par 79 canons lourds. (…) A titre de comparaison, il note qu’il n’a pas fallu moins de 10 raids de bombardements séparés, entre juillet et novembre 1944, avec des flottes de 100 à 350 bombardiers lourds, pour que les Alliés arrivent à paralyser l’installation pétrolière de Blechhammer, près d’Auschwitz. (…) il rappelle qu’aux bombardiers qui ont attaqué les raffineries de pétrole à Ploesti il fallut plus de 6 000 sorties et 13 464 tonnes de bombes pour accomplir leur mission. 350 bombardiers furent perdus. Uttal note que les bombardiers lourds de la Deuxième Guerre Mondiale « touchèrent leurs cibles 3% du temps », et insiste sur leur difficulté à viser leurs cibles lorsqu’ils volaient à 25000 à 30000 pieds d’altitude. (…) Il reconnaît que les Mitchells auraient pu atteindre Auschwitz qui se trouvait à la limite de leur portée, mais la nécessité de voler en formations de masse pour la protection leur aurait fait perdre tout élément de surprise et aurait conduit à des pertes prohibitives. Le Jerusalem Post
Le Professeur Martin Van Crefeld, un historien militaire renommé de l’Université Hébraïque (de Jérusalem) affirme que des raids de bombardement répétés auraient été nécessaires pour qu’Auschwitz fût mis hors d’état pour de bon. Il dit que le camp était comparable, en tant que cible, à Peennemunde, une île près de la côte Baltique, où les Allemands assemblaient les fusées V2. « Les Alliés menèrent une attaque aérienne sur celle-ci en 1942 ou en 1943, et l’endommagèrent, mais ils ne réussirent pas à la faire fermer définitivement ». Van Crefeld ajoute que, si les Alliés avaient décidé de viser de façon répétitive Auschwitz, les Allemands auraient frappé en retour. « Si les Allemands savaient qu’ils venaient, les bombardiers auraient rencontré de l’opposition. En octobre 1943, les bombardiers alliés attaquèrent le principal centre nazi de fabrication de roulements à billes, à Schweinfurt. Le premier assaut ne fit pas beaucoup de dommage. Quand les Alliés attaquèrent une seconde fois 100 bombardiers furent perdus ». Le Jerusalem Post
Si les Alliés avaient utilisé quelques dizaines de leurs bombardiers lourds, qui manquaient de précision, pour un raid unique sur Auschwitz, les Juifs en auraient été les principales victimes. (…) Un seul bombardement lourd aurait simplement fait le travail des Allemands. quatre-vingt-dix pour cent des tués auraient été Juifs. Et le camp n’aurait pas été détruit de façon permanente. Les nazis auraient pu le reconstruire assez rapidement. Van Crefeld
L’opinion juive informée était dans son ensemble contre l’opération. Levy
Les premières victimes seraient des Juifs [et un raid allié pourrait servir comme un] « prétexte bienvenu pour les Allemands pour affirmer que leurs victimes juives avaient été massacrées non par leurs assassins mais par les bombardiers alliés. Leon Kubowitzki (responsable du service d’aide du Congrès Juif Mondial, lettre au Conseil des réfugiés de guerre)
Une autre considération cruciale, facile à négliger 50 ans après, est que, alors qu’aujourd’hui nous pouvons voir qu’une victoire alliée était virtuellement inévitable en 1944, les stratèges militaires de l’époque n’avaient pas cette assurance. Chaque bombardement était potentiellement crucial, chaque écart par rapport aux buts stratégiques principaux, était catastrophique. Le Jerusalem Post
Les Alliés n’ont jamais été sûrs combien de progrès les Allemands avaient fait sur leur projet de bombe atomique. Uttal

Où l’on (re)découvre que « c’est bien en connaissance de cause » que les Alliés ont dû renoncer à « arrêter l’extermination des juifs d’Europe » …

Alors que s’accumulent les preuves du peu de sérieux et de l’amateurisme de quelqu’un qui prétendait en remontrer aux historiens …

Et suite à l’actuelle polémique autour de l’ouvrage de Yannick Haenelsur le résistant polonais Jan Karski …

Retour, avec l’historien américain Robert Rosen, à la polémique originelle (l‘accusation de non-assistance, voire de complicité passive, des Alliés et tout particulièrement de l’Administration Roosevelt face au génocide juif) qui avait secoué l’historiographie américaine il y a quelque 25 ans.

Notamment autour des livres des historiens David Wyman(« L’Abandon des Juifs », 1984), Henry Feingold (« Politique du sauvetage ») ou Arthur D. Morse (« Alors que six millions mouraient »).

Sur l’abandon des passagers du St. Louis en 1939 (où un navire plein de juifs se vit refouler de Cuba vers l’Europe) :

Rosen rappelle qu’avec les efforts des autorités américaines, plus des tiers furent sauvés mais surtout qu’à la veille de la guerre et donc bien avant le début de la Solution finale, bien peu imaginaient la tournure qu’allaient prendre les évènements.

Sur l’échec de Roosevelt à changer les lois sur l’immigration:

Rosen ajoute que les Etats-Unis venaient d’accueillir des millions de juifs, Polonais, Italiens, Grecs, Slaves et d’autres nationaux mais qu’après les attentats anarchistes de Haymarket à Chicago, la montée de mouvements syndicaux violents et radicaux et même révolutionnaires, l’assassinat du Président McKinley par un anarchiste polonais comme l’attentat contre un cadre de Carnegie Steel par l’ami d’Emma Goldman, la Révolution bolchévique et la montée du Parti communiste et sans parler, à partir des années 30, de la Grande Dépression et de toute une série d’autres réfugiés (anti-Nazis, anti-Fascistes, Socialistes, syndicalistes, refugiés de la Guerre civile espagnole, nombre d’Américains prirent peur et exigèrent les mesures particulièrement répressives contre l’immigration de 1921 et 1924, d’où l’impossibilité de changer ces lois.

Sur sa non-dénonciation de la Shoah:

Rosen signale qu’après la Nuit de Cristal, Roosevelt avait été l’un des seuls à protester publiquement et rappelé son ambassadeur d’Allemagne jusqu’à la fin de la guerre, menaçant les nazis de rétribution. Et qu’avec sa Commission pour les réfugiés de guerre, les Etats-Unis étaient le pays ayant accueilli le plus de juifs, qui représentaient, entre 1938 et 1940, la moitié de ses réfugiés et plus de deux fois plus que le total du reste du monde (200,000 sur 300,00). Sans compter que personne n’imaginait que l’Europe occidentale (France, Norvège, Danemark, Pologne, Pays-Bas et Belgique) s’effondrerait si vite devant Hitler, d’où la réticence devant une telle menace (Hitler controlait l’essentiel de l’Europe où les juifs n’étaient pas accessibles) et celle du Japon, de recevoir plus de réfugiés.

Sur le refus de bombarder Auschwitz:

Rosen conclut avec le manque de précision des bombardiers de l’époque (seulement 1 sur 5 réussissait à approcher à moins de 7 km sa cible), les morts de juifs (dont la propagande aurait pu tirer parti) et la diversion de bombardiers pour le Débarquement de Normandie que cela aurait impliqué, l’inutilité de bombarder des voies ferrées qui auraient été très vite réparées. Et même si cela avait été possible, comme le complexe industriel qui y avait déjà été bombardé entre mai et novembre 1944 la majorité des leaders juifs (dont le futur premier miistre isrélien David Ben-Gurion, la Jewish Agency Executive of Palestine et le World Jewish Congress) y étaient opposés.


POURQUOI LES ALLIES N’ONT PAS BOMBARDE AUSCHWITZ
David HOROWITZ
Extrait de PLURIELLES N° 4
1995

Cinquante ans après la libération du plus connu des camps de la mort nazi il est presque accepté comme un fait établi que les Alliés auraient pu et dû agir pour arrêter le meurtre. Mais non seulement un assaut réussi aurait été extrêmement complexe, mais il aurait sans doute coûté plus de vies qu’il n’en aurait sauvé. Le 13 septembre 1944, une force de bombardiers américains, poursuivant la stratégie alliée d’attaque des installations de production de pétrole sur lesquels reposait l’effort de guerre nazi, lançait un assaut sur Monowitz, une installation de production de pétrole synthétique qui se trouvait juste à quatre kilomètres du camp principal d’Auschwitz, et à moins de huit kilomètres des chambres à gaz d’Auschwitz-Birkenau. Volant sous un intense feu anti-aérien les bombardiers ne purent infliger que des dommages légers à l’usine. Beaucoup de leurs bombes ratèrent également leur cible. Quelques unes, par accident, tombèrent sur Auschwitz, frappant un atelier d’habillement, dans lequel 23 Juifs et 17 autres occupants furent tués. Elles détruisirent des baraques S.S.tuant 15 membres de la S.S., et en blessant 28.

D’autres bombes perdues frappèrent Birkenau qui était proche- tuant 30 personnes dans un abri anti-bombe, endommageant un remblai de chemin de fer et la voie de garage qui menait aux crématoires. Quatre mois et demi plus tard, le 27 janvier 1945, les troupes soviétiques “libéraient” les 7500 survivants d’Auschwitz – les derniers rescapés de l’humanité dans un camp où, au cours des deux années et demi qui venaient de s’écouler, des millions de Juifs et d’autres victimes avaient été systématiquement tués dans les chambres à gaz. L’estimation des morts varie de un à quatre millions; le premier commandant du camp ayant confessé que lui-même ”avait personnellement organisé le gazage de deux millions de personnes entre juin-juillet 1941 et la fin de 1943”.

Cinquante ans après la libération du camp, il est presque accepté comme un fait établi, par beaucoup d’historiens de l’Holocauste, d’analystes et de survivants que les Alliés auraient pu mettre un terme au meurtre de masse à Auschwitz et qu’un assaut aérien direct aurait pu sauver des centaines de milliers de vies.

Et rétrospectivement, une telle affirmation semble à priori bien fondée. Le raid de bombardement accidentel de septembre 1944 pourrait apparaître comme une démonstration absolue qu’un assaut aérien sur Auschwitz était tout à fait dans les capacités des Alliés.” Il n’y pas de doute, « c’était possible” dit Yaakov Silberklang, un historien supervisant le projet d’extension actuel du Mémorial de l’Holocauste à Yad Vashem à Jérusalem.

”Il est évident que les avions auraient pu arriver là”. Il est également évident que si les Alliés en avaient la capacité il aurait fallu l’utiliser. Des milliers de gens étaient mis à mort chaque semaine. L’impératif moral était d’agir. Mais aussi tentant que puisse être le fait de chercher des boucs émissaires parmi les stratèges militaires alliés, d’attribuer à l’antisémitisme ce qui autrement serait une inexplicable indifférence aux prières des victimes d’Auschwitz, un examen sans à priori de la controverse révèle cependant que bombarder le camp constituait une opération bien plus complexe que beaucoup d’historiens ne voudraient nous le faire croire.

En réalité les premières demandes juives concernant une intervention alliée arrivèrent trop tard dans la guerre pour sauver la majorité des victimes d’Auschwitz. Et qui plus est, un raid unique opéré par des bombardiers lourds aurait bien pu tuer plus de Juifs qu’il n’en aurait sauvé, n’endommageant le camp lui-même que superficiellement. S’il est vrai qu’un assaut soutenu sur Auschwitz aurait pu le mettre hors service, ce type de mission aurait constitué une diversion majeure de l’effort de guerre allié – qui consistait à démanteler la machine de guerre allemande aussi rapidement que possible. Irving Uttal, un lieutenant colonel à la retraite de l’U.S. Air Force qui lui-même participa à des missions de bombardement sur des objectifs nazis au cours de la seconde guerre mondiale, soutient qu’Auschwitz n’aurait pas pu ni dû être visé.

Il raisonne avec son expérience personnelle pour réaffirmer que le bombardement réussi de petites cibles comme les chambres à gaz de Birkenau, à partir d’une hauteur de 25 000 pieds, aurait nécessité plusieurs missions, et des milliers de tonnes de bombes, jetées par des douzaines d’avions. Les pertes auraient été lourdes. Le détournement de l’effort de guerre principal aurait retardé la fin de la guerre, et aurait coûté encore beaucoup plus de vies. Dans son introduction à une analyse convaincante de cette question, publiée dans le Journal of Military History, James H. Kitchen III, un archiviste à l’Agence Historique de l’U.S Air Force, résume succinctement : “Des contraintes opérationnelles, en plus des préjugés, ont empêché les autorités alliées de bombarder Auschwitz.” Les leaders alliés ont fait les fautes que tous les humains font, écrit-il, “mais à l’évidence le non-bombardement du camp de la mort ne peut être attribué à des préjugés.” Dégoutté par “toutes les choses insensées” qui ont été publiées au cours des cinquante années passées sur le fait qu’il aurait été simple de bombarder Auschwitz, et que tant de vies juives auraient pu être sauvées, Richard H. Levy, un ingénieur à la retraite, de Seattle, vient juste de terminer un long article de recherche intitulé « Le bombardement d’Auschwitz revisité- une analyse critique », à paraître chez St Martin Press à New York. « Le traitement des aspects opérationnels de cette affaire par les « historiens de l’Holocauste » est pathétique », écrit-il avec colère. « Nombreux parmi eux sautent à la conclusion que le bombardement aurait pu être réalisé facilement, et passent directement de cette affirmation à celle que l’incapacité à avoir opéré le bombardement était dû à des motivations politiques ».

Les historiens d’Auschwitz ne sont pas toujours d’accord avec cela. Mais il y a une question au sujet de laquelle il y a peu de conflit : celle concernant le moment où des nouvelles détaillées, crédibles arrivèrent aux Alliés au sujet de ce qui se passait dans ce camp. Il se peut qu’il soit vrai que de la fin 1942 au printemps 1994 des informations soient parvenues à l’Ouest suivant lesquelles des Juifs étaient mis à mort dans cet endroit : Dans une étude qui fait date  » Auschwitz et les Alliés » l’historien anglais Martin Gilbert détaille les rumeurs concernant de « grands bâtiments en béton » sur la frontière russo-polonaise » où les gens sont tués par gaz et sont brûlés »; il évoque les comptes rendus de seconde main sur des « masses de Juifs » qui sont exterminés « en masse » ; la lettre qui parlait de « fusillades et brûlage » à Auschwitz. Mais ce ne fût que fin juin ou début juillet 1944, avec la réception de témoignages de première main de rescapés d’Auschwitz que la « destination inconnue » vers laquelle tant de Juifs disparaissaient fut révélée dans toute son horreur et des demandes pressantes d’intervention faites par des dirigeants Juifs aux Alliés, commencèrent à se multiplier. Et à ce moment, l’immense majorité des Juifs qui devaient mourir à Auschwitz-Birkenau avaient déjà rencontré leur destin. Cependant, les chambres à gaz fonctionnaient encore, et des dizaines de milliers de Juifs furent encore anéantis avant que celles-ci ne fussent démantelées en novembre.

Les transports vers Auschwitz durant la fin du printemps, durant l’été, et l’automne amenèrent des Juifs hongrois par dizaines de milliers; des Juifs de Corfou, d’Athènes, de Rhodes; de l’Italie du Nord; de Transylvanie; de Paris, de Belgique, de Berlin, de Slovaquie; des Juifs d’autres camps de concentration qui ne servaient plus à rien; les Juifs du ghetto de Lodz… La liste de ceux qui sont prêts à blâmer les Alliés pour leur inaction déraisonnable est longue, et s’allonge. Dans « Auschwitz et les Alliés », Gilbert affirme sans équivoque que lorsqu’ils furent pressés d’intervenir, par les dirigeants juifs orthodoxes et sionistes à la fin du printemps et au début de l’été de 1944 , les « Alliés avaient la capacité technique de bombarder aussi bien les voies de chemin de fer conduisant au camp, que les chambres à gaz dans le camp lui-même ».

Les installations de production de pétrole dans la zone d’Auschwitz furent, après tout, bombardées de façon répétée par les Alliés cette année là. Elie Wiesel, survivant d’Auschwitz, a allègrement émis un blâme à l’égard de « d’une bureaucratie lente et insensible » pour le manque d’avoir fait bombarder Auschwitz. Michael Barenbaum, dans son livre « Le monde doit savoir- L’histoire de l’Holocauste comme il est raconté dans le Musée Mémorial de l’Holocauste » affirme que l’U.S. Air Force avait depuis mai 1944 la capacité de frapper Auschwitz « à sa guise ». Dans un livre récemment publié et intitulé « La guerre secrète contre les Juifs », John Loftus et Mark Aarons déclarent abruptement que « pour le prix de quelques bombes américaines, les camps de la mort restèrent ouverts ».

Et David Wyman, auteur d’une autre étude américaine majeure, « L’abandon de Juifs » raille le Département de la Guerre américain pour avoir rejeté les supplications à bombarder en arguant de leur impossibilité à être exécutées. Pour lui cet argument n’est « rien de plus qu’une excuse pour l’inaction ». Wyman affirme que les Alliés avaient le contrôle complet du ciel au dessus de l’Europe- et donc rien à craindre de l’aviation allemande; que leurs avions avaient la portée nécessaire pour atteindre leur cible; que le bombardement aérien pouvait « certainement » être suffisamment précis pour mettre hors service les chambres à gaz; et que même (le temps) la météorologie était du côté allié pendant les mois d’août et septembre 1944.

Wyman, un professeur d’histoire dont la biographie ne mentionne aucune expertise militaire, va même jusqu’à détailler le type d’avions qui auraient pu être utilisés pour la mission : bombardiers lourds, des bombardiers Mitchell volant plus bas, plus précis, des bombardiers en piqué Lightning, ou finalement, des chasseurs bombardiers britanniques Mosquito. Aussi bien l’historien militaire Kitchens que le Lt Col. Uttal, vétéran de 35 missions de bombardement au-dessus de l’Allemagne au cours de la Seconde Guerre Mondiale et qui est à présent à la retraite et vit en Californie, contestent systématiquement tous les arguments de Wyman. Contredisant l’affirmation de Wyman selon laquelle les Alliés avaient la maîtrise des cieux, Uttal note qu’au cours de l’année 1944, les Allemands avaient concentré beaucoup de leurs chasseurs pour la défense des installations pétrolières comme celles de la zone d’Auschwitz.

Il cite un raid de bombardement d’octobre sur les installations de pétrole de Merseberg, au cours duquel 400 chasseurs nazis attaquèrent la force de bombardement et abattirent 26 avions. Kitchen ajoute que l’installation pétrolière de Monowitz était défendue par 79 canons lourds. « Des formations tournantes de bombardiers lourds au-dessus de Birkenau auraient difficilement pu éviter ce parapluie défensif ». Uttal détaille ensuite la véritable masse d’avions et de bombes qui auraient été nécessaires pour mettre hors service les installations des chambres à gaz d’Auschwitz, en partie souterraines. A titre de comparaison, il note qu’il n’a pas fallu moins de 10 raids de bombardements séparés, entre juillet et novembre 1944, avec des flottes de 100 à 350 bombardiers lourds, pour que les Alliés arrivent à paralyser l’installation pétrolière de Blechhammer, près d’Auschwitz. Citant l’étude, qui fait autorité, « Les forces armées dans la Deuxième Guerre Mondiale », il rappelle qu’aux bombardiers qui ont attaqué les raffineries de pétrole à Ploesti il fallut plus de 6 000 sorties et 13 464 tonnes de bombes pour accomplir leur mission.

Trois cent cinquante bombardiers furent perdus. Uttal note que les bombardiers lourds de la Deuxième Guerre Mondiale « touchèrent leurs cibles 3% du temps », et insiste sur leur difficulté à viser leurs cibles lorsqu’ils volaient à 25000 à 30000 pieds d’altitude. Et Kitchen, expose l’impossibilité d’utiliser les autres avions suggérées par Wyman. Il reconnaît que les Mitchells auraient pu atteindre Auschwitz qui se trouvait à la limite de leur portée, mais la nécessité de voler en formations de masse pour la protection leur aurait fait perdre tout élément de surprise et aurait conduit à des pertes prohibitives.

Il note que les bombardiers de plongée Ligthning ont été utilisé une seule fois, expérimentalement, dans une attaque en juin 1944 sur la raffinerie de Ploesti, attaque au cours de laquelle 22 sur les 94 avions furent perdus. L’installation reprit ses activité huit jours plus tard. Il établit que pas un Mosquito n’était stationné durant l’été 1944 en Méditerranée. L’auraient-ils été, les chances de succès d’une opération à la limite de leur portée, étant donné qu’ils n’avaient pas d’armement de défense, « aurait été improbable », affirme-t-il.

Le Professeur Martin Van Crefeld, un historien militaire renommé de l’Université Hébraïque (de Jérusalem) affirme que des raids de bombardement répétés auraient été nécessaires pour qu’Auschwitz fût mis hors d’état pour de bon. Il dit que le camp était comparable, en tant que cible, à Peennemunde, une île près de la côte Baltique, où les Allemands assemblaient les fusées V2. « Les Alliés menèrent une attaque aérienne sur celle-ci en 1942 ou en 1943, et l’endommagèrent, mais ils ne réussirent pas à la faire fermer définitivement ».

Van Crefeld ajoute que, si les Alliés avaient décidé de viser de façon répétitive Auschwitz, les Allemands auraient frappé en retour. « Si les Allemands savaient qu’ils venaient, les bombardiers auraient rencontré de l’opposition. En octobre 1943, les bombardiers alliés attaquèrent le principal centre nazi de fabrication de roulements à billes, à Schweinfurt. Le premier assaut ne fit pas beaucoup de dommage. Quand les Alliés attaquèrent une seconde fois 100 bombardiers furent perdus ».

Pour Uttal, Kitchen et Van Crefeld, ces facteurs permettent de défendre l’argument allié officiel, mis en avant par le Département de la Guerre U.S. en juin 1944, mais dédaigné et même raillé par tant d’historiens, à savoir « que l’opération aérienne suggérée est impraticable … et ne pourrait être exécutée qu’en détournant un appui aérien considérable essentiel pour le succès de nos forces engagés dans des opérations décisives ailleurs … Nous considérons que l’aide la plus efficace aux victimes de la persécution par l’ennemi est la défaite rapide de l’Axe, une entreprise à laquelle nous devons consacrer toutes les ressources à notre disposition. » Et Uttal furieux écrit : « Gilbert, Wyman et d’autres spéculent à propos de ce qui aurait pu arriver si l’on avait détourné des missions du grand plan aérien pour le bombardement d’Auschwitz.

Mais les arguments dans le sens opposé sont des faits – à savoir qu’en nous tenant à notre stratégie nous avons vaincu l’Allemagne plus tôt et non plus tard. La tuerie cessa dans les camps et sur les champs de bataille. Et les Juifs furent sauvés des pays occupés par les nazis avant qu’ils ne puissent être transportés » 6 Cet argument trouve un appui dans le témoignage après guerre du ministre allemand des Armements et de la Guerre, Albert Speer, qui raconta à ses interrogateurs alliés en juillet 1945 que la stratégie Alliée consistant à attaquer les installations allemandes de production, de raffinage et de stockage de pétrole avait été d’une efficacité dévastatrice. Vers l’hiver 1944, « Pour autant que l’armée était concernée, le manque d’essence liquide devint catastrophique. » Pour preuve, Richard Levy cite l’offensive nazie dans les Ardennes en décembre 1944, qui a failli atteindre Anvers et répéter la victoire écrasante nazie de 1940. « Un facteur important a été le manque d’essence de l’ennemi », note Levy. Si les avions US qui avaient bombardé les usines d’essence synthétique dans la zone d’Auschwitz avaient été détournés des plans stratégiques d’ensemble, afin de bombarder à la place Birkenau, affirme-t-il simplement, « l’essence aurait moins manqué. » Même si le bombardement d’Auschwitz n’apparaît pas aussi évident que certains historiens l’ont suggéré, on peut affirmer qu’une telle mission aurait au moins dû être tentée.

Si les Alliés avaient pu bombarder Auschwitz, même si cela représentait un écart par rapport aux objectifs stratégiques globaux, alors ils auraient dû le faire. « Les gens venaient, à raison de 10 000 ou 15 000 par jour », se souvient Leo Laufer, un survivant qui est resté à Birkenau d’août 1943 à novembre 1944. « Quelques bombes sur les côtés des voies de chemin de fer, même si les dégâts n’avaient mis que quelques semaines à être réparés, auraient signifié cent mille personnes sauvées. Les transports auraient dû être détournés vers quelque autre destination, et il n’y avait pas d’installations de remplacement dans lesquelles autant de gens pouvaient être éliminés. » Le fait est que, loin d’avoir été examinée en profondeur, une attaque avait été rapidement rejetée en Grande-Bretagne comme étant au-dessus du pouvoir de la Royal Air Force, et n’avait pas été sérieusement évaluée par les stratèges militaires aux USA. Les suppliques de l’Agence Juive avaient été appuyées en Grande-Bretagne par le Premier Ministre Winston Churchill et son ministre des Affaires Étrangères Anthony Eden, mais le Ministre de l’Air était peu disposé à agir.

A Washington, John J. McCloy, le Secrétaire-adjoint à la Guerre, ordonna sans ménagement à ses collaborateurs de « tuer » cette idée. Hugo Gryn, à présent, un important Rabbin britannique, a été adolescent à Birkenau. Se souvenant du son des bombardiers alliés, qui passaient au-dessus de têtes pour aller bombarder d’autres objectifs, il dit à Gilbert que « l’un des aspects les plus pénibles de la vie dans le camp était la sensation d’avoir été totalement abandonnés. » Mais plus important que le soutien psychologique aux Juifs d’Auschwitz, la question réelle est de savoir si le bombardement du camp aurait sauvé des vies. Wyman n’a aucun doute. Il estime que 150 000 Juifs ont été gazés entre le début de juillet, où les demandes de bombardement d’Auschwitz ont commencé à arriver à Washington, et le démantèlement des chambres à gaz en novembre. Si les raids de bombardement avaient été immédiatement approuvés, suggère-t-il, « le mouvement des 437 000 Juifs qui ont été déporté de Hongrie à Auschwitz aurait très probablement été arrêté. » Non, ce n’est pas cela, contredit Richard Levy dans sa nouvelle étude. Les appels de juillet à bombarder Auschwitz « coïncidèrent avec la fin de la déportation et le meurtre massifs de Hongrie », affirme-t-il.

« Il n’a jamais été possible », poursuit-il, « que des bombardements aient pu interrompre le meurtre à large échelle des Juifs hongrois. » Et comme le rythme des meurtres à Auschwitz  » tomba fortement après la mi-juillet,il est beaucoup moins probable qu’un raid aurait sérieusement perturbé les opérations de meurtre »,conclut-il. Uttal soutient, de plus, que les nazis auraient rapidement récupéré même après un raid très réussi, ayant causé de larges dégâts. Il cite le ministre allemand de l’Armement, Speer, faisant remarquer, à propos des raids sur des installations de production de pétrole, qu’il « était possible de faire redémarrer une installation en six à huit semaines après une attaque, grâce à nos mesures de réparation. »

De plus, avec une population « résidente » à Auschwitz en été 1944, au-dessus de 100 000 unités, un bombardement imprécis aurait pu signifier plus de vies perdues que sauvées. Wiesel a lui-même écrit que « si une bombe était tombée sur les blocks » où les Juifs étaient logés à Auschwitz, » elle aurait fait elle-même des centaines de victimes sur le lieu même. » L’historien de l’Air Force, James Kitchen, est sans équivoque : les bombardiers lourds B-17 et B-24, affirme-t-il simplement, « ont été conçus pour bombarder à partir (d’une altitude) de 15 000 à 30 000 pieds.

Malheureusement frapper de cette hauteur, des immeubles choisis, sans faire de victimes humaines, était une mission tout à fait impossible. Il cite des études de l’Air Force pour montrer que « dans des conditions optimales » au moins la moitié des bombes jetées seraient tombées à au-moins 500 pieds de leur cible, et ensuite il note sobrement que deux des chambres à gaz de Birkenau se trouvaient exactement à 300 pieds des logements du camp. Une étude datant de 1983 réalisée par Pierre Sprey, un analyste d’armes du bureau de l’adjoint au Secrétaire d’État à la défense, a estimé que si des bombardiers lourds avaient attaqué Auschwitz, un tiers des bombes auraient frappé la zone des baraques des prisonniers.

Le professeur à l’Université Hébraïque Van Crefeld, affirme que, si les Alliés avaient utilisé quelques dizaines de leurs bombardiers lourds, qui manquaient de précision, pour un raid unique sur Auschwitz, les Juifs en auraient été les principales victimes. « Nous avons tous vu les photographies des longues lignes de Juifs à Auschwitz gardés par trois officiers allemands et un chien, » dit-il.  » La réalité était ainsi. » Un nombre minuscule d’Allemands et des masses de prisonniers. Un seul bombardement lourd aurait simplement sauvé le travail des Allemands. quatre-vingt-dix pour cent des tués auraient été Juifs. Et le camp n’aurait pas été détruit de façon permanente. Les nazis auraient pu le reconstruire assez rapidement. »

En août et septembre 1944, les Alliés s’écartèrent de leur objectif général qui était de terminer la guerre aussi vite que possible; ils surmontèrent les difficultés techniques, et envoyèrent des dizaines d’avions dans des dizaines de missions pour lâcher des armes et des approvisionnements aux Polonais qui se battaient contre les Allemands dans Varsovie. Les pertes furent lourdes, et la majeure partie de l’équipement n’atteignit pas l’Armée Intérieure polonaise. « Malgré le coût tangible , qui dépassait de loin les résultats tangibles obtenus, » un rapport des forces aériennes stratégiques U.S. expliqua que « cette mission était amplement justifiée.. L’Amérique tint ses promesses envers son allié. »

Pour Wyman, le fait que les Alliés étaient prêts à détourner une partie considérable de leur puissance aérienne pour une telle mission, mais non pour une tâche similaire consistant à bombarder Auschwitz, équivaut à la preuve la plus claire que « pour les militaires américains, les Juifs d’Europe représentait un problème extérieur et un fardeau non désiré. » Pour Uttal, qui note que « nous n’avons jamais parachuté de la nourriture aux millions de troupes soviétiques mourant de faim dans les camps de prisonniers de guerre nazis, ni essayé d’aider les soldats américains ou les britanniques enfermés dans les camps de prisonniers de guerre allemands ou japonais, » les aides lâchées sur Varsovie furent une « exception malencontreuse » à la règle suivant laquelle « tous les écarts humanitaires [à la stratégie définie] étaient subordonnés aux besoins militaires. » Gilbert vient quelque part au milieu de ces positions, en suggérant dans son livre que « l’histoire de la réponse négative des Alliés aux demandes d’aide juives fut celle du manque de compréhension et d’imagination, en face de l’incroyable. » Il note, qu’après tout, de nombreux Juifs trouvèrent l’échelle du massacre difficile à comprendre. »

En effet dans le demi-siècle qui vient de passer, beaucoup de gens semblent avoir oublié que les appels juifs à bombarder Auschwitz ne furent ni soutenus de façon convaincante ni même largement soutenus.. « L’opinion juive informée », dit Levy, « était dans son ensemble contre l’opération. » Une figure aussi connue que Leon Kubowitzki, responsable du service d’aide du Congrès Juif Mondial, s’opposa publiquement au bombardement, affirmant dans une lettre au Conseil des réfugiés de guerre que « les premières victimes seraient des Juifs » et qu’un raid allié pourrait servir comme un « prétexte bien venu pour les Allemands pour affirmer que leurs victimes juives avaient été massacrées non par leurs assassins mais par les bombardiers alliés. » Le Comité d’aide de l’Agence Juive à Jérusalem vota contre le fait même de réclamer un bombardement. Et alors que les représentants de l’Agence Juive plaidèrent pour un bombardement au cours d’une réunion avec Anthony Eden, ils rédigèrent ensuite un document affirmant qu’il aurait peu d’effets pratiques. « Aucun ne produisit un argument cohérent au moment où le bombardement d’Auschwitz était réalisable, et possible » affirme Levy.  » Personne n’amena le sujet directement au Président américain Roosevelt, qui était la seule personne qui aurait pu donner l’ordre de l’opération. »

Une autre considération cruciale, facile à négliger 50 ans après, est que, alors qu’aujourd’hui nous pouvons voir qu’une victoire alliée était virtuellement inévitable en 1944, les stratèges militaires de l’époque n’avaient pas cette assurance. Chaque bombardement était potentiellement crucial, chaque écart par rapport aux buts stratégiques principaux, était catastrophique. Voici une raison citée par Levy pour montrer l’urgence qui était ressentie : « Les Alliés n’ont jamais été sûrs combien de progrès les Allemands avaient fait sur leur projet de bombe atomique. » Il est facile, d’un fauteuil d’histoire de pointer des doigts accusateurs, de blâmer, de railler l’engagement allié résolu pour un écrasement le plus rapide possible de la machine de guerre allemande. Cinquante ans plus tard, demande Uttal, « N’est-il pas temps de terminer la calomnie? » ( avec l’aimable autorisation du Jérusalem Report. Copyright The Jerusalem Report 1995)

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27 janvier 2010 3 27 /01 /janvier /2010 21:08
Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier
Par MYRIEM ALNET 
27.01.10

On ne peut nier le fait que la guerre et les conquêtes militaires ont lourdement fait souffrir les populations civiles. Réactions morales et affectives ont été altérées, la population française, préoccupée par ses propres problèmes, n'a pas toujours fait preuve de compassion envers les Juifs promis aux déportations nazies.

Jean Deffaugt, un Juste parmi les nations français, plante un arbre dans l’Allée des Justes à Yad Vashem, le 24 février 1968. 
PHOTO: YAD VASHEM , JPOST

Pour beaucoup, l'attitude générale variait de l'indifférence à l'hostilité. Nombreux furent ceux qui regardèrent leurs voisins se faire encercler puis tuer, certains collaborèrent, d'autres récupérèrent les propriétés. Dans ce sombre paysage, de belles exceptions se sont pourtant - et heureusement ! - démarquées. Des résistants politiques ou hommes d'Eglise s'engageront dans des missions de sauvetage. Pour n'en citer que quelques-uns : le réseau Zagota qui verra ainsi le jour en Pologne. Ou l'opération d'envergure menée au Danemark : aider les Juifs à s'enfuir vers la Suède pour ne pas les livrer aux forces allemandes.

Lorsque la question est posée aux générations qui n'ont pas connu la guerre, la réponse est souvent : "bien sûr, j'aurais aidé !" Les anciens se défendront - et ils n'ont pas tort, si on recontextualise les faits : la situation pour les simples citoyens n'était pas facile, loin de là. Temps bien sombres, restrictions alimentaires drastiques, libertés de mouvement limitées, climat permanent d'inquiétude, on ne pouvait plus faire confiance à personne. La moindre querelle de voisinage était une raison suffisante pour dénoncer l'autre à la police et l'accuser d'un quelconque méfait... Alors aider, en plus de cela, les Juifs, fallait-il être fou ! Cette guerre d'invasion a miné les faibles esprits révoltés, tout espoir, tout patriotisme s'est envolé pour la majorité, les hommes sont devenus individualistes et aigris.

Cependant, certains réussissent à éclairer l'obscurité. Ils étaient Mme X. et M. Y., des gens ordinaires, menant la même vie ardue que le reste de la population. Pourtant, par conviction politique, idéologique, religieuse ou simplement humaine, ils ont tendu la main, tantôt faible et tremblante, tantôt forte d'assurance. Dans la majorité des cas, la décision fut prise sur le coup : quelqu'un frappe à la porte, demande de l'aide, que faire ? Le refouler (et l'envoyer à la mort) ? L'aider mais prendre alors autant de risques que celui qu'on sauve ? Ils n'avaient jamais prévu de jouer ce rôle, ils n'avaient jamais été préparés à une telle situation. Mais ils ont décidé d'agir, et, par conséquent, sacrifier la "normalité" quotidienne pour passer dans la clandestinité.

L'aide providentielle...mais tardive...

L'aide variait. Certains nourrissaient simplement : une pomme volée, cachée dans la poche, était apportée le matin, sur le chemin du travail, aux Juifs cachés. D'autres indiquaient les personnes à qui s'adresser, quelques-unes offraient le gîte pour une nuit avec la consigne de repartir le matin suivant.

Plus rares étaient ceux qui ont assumé l'entière responsabilité de la survie des Juifs. Ceux-ci les cachaient dans leurs maisons ou propriétés, fournissaient de faux papiers ou fausses identités, organisaient et aidaient à l'exil vers des zones non concernées par la déportation (en Suisse où vers quelques régions d'Italie par exemple), prenaient sous tutelle les enfants, confiés à ces gens de confiance par des parents rongés d'inquiétude. Vivant dans une angoisse permanente, ils ont pris le risque d'éveiller les suspicions chez les occupants et leurs voisins, d'être épiés sans relâche, eux et leur famille.
Souvent simples campagnards ou diplomates, hommes d'Eglise ou fonctionnaires, ils se sont engagés dans le sauvetage des Juifs, tout en prenant leurs propres risques.

L'archevêque de Toulouse, Mgr Saliège, fit lire dans ses paroisses, par un calme dimanche d'août 1942, une lettre pastorale qui n'était autre qu'un véritable cri de révolte au nom de la morale chrétienne pour s'insurger contre les violations des droits des Juifs, "nos frères". Ce document contribua entre autres, par sa diffusion massive en France, à informer et alerter l'opinion. Citons aussi pour exemple, le sauveur de Juifs le plus connu, Oscar Schindler, qui sauva 1 200 Juifs pour "l'effort de guerre", déclarant cette main-d'œuvre indispensable au fonctionnement de son usine de Brinnitz et les arrachant aux chambres à gaz.

Quant aux risques encourus, ils dépendaient de l'aide apportée et des pays : en Europe de l'Est, les sauveurs démasqués étaient tués, suivis de leur famille. En Europe de l'Ouest, les lois étaient moins dures - même si certains se sont retrouvés avec ceux qu'ils hébergeaient dans les camps ou exécutés.

Ces individus, ordinaires à la base, sont honorés du titre de "Justes parmi les nations" et gratifiés par les Juifs sauvés et leurs familles à travers les générations.

Suis-je le gardien de mon frère ?

La question s'est toujours posée de savoir qui étaient ces sauveurs ? Etres exceptionnels ayant consacré leurs vies à l'accomplissement de tâches essentielles ? Croyants dont la personnalité a fortement été forgée par la foi ? Ou simples opposants à la déshumanisation orchestrée par les nazis ? Quoi qu'il en soit, c'est grâce à eux qu'a été conservé, de justesse, le germe de la dignité humaine.

Ce sont ces hommes et femmes qu'Israël et les Juifs du monde entier ont voulu remercier, par la voie de Yad Vashem. Car leur geste est un signe d'espoir et une leçon exemplaire pour l'avenir.
Le concept de Justes parmi les Nations est emprunté à la littérature talmudique (traité Baba Batra, 15 b). Il désigne toute personne non juive ayant manifesté une relation positive et amicale envers les Juifs. Ce titre est décerné sur la foi de témoignages des personnes sauvées ou de témoins oculaires et de documents fiables. En 1953, la Knesset adopte une loi sur la mémoire de la Shoah et la Résistance. La décision est prise d'édifier sur la Colline du Souvenir à Jérusalem, le Mémorial Yad Vashem. Une commission de 35 membres (juristes, historiens, et autres, souvent rescapés de la Shoah) est constituée pour la nomination des Justes parmi les Nations en 1962. Le titre sera décerné en fonction de la jurisprudence des cas passés.

Le nouvel honoré se voit remettre une médaille avec, inscrite, la maxime du Talmud : "Quiconque sauve une vie, sauve l'univers tout entier" et un diplôme d'honneur. Son nom est ensuite gravé sur le mur d'honneur du Mémorial (depuis que l'allée des Justes est remplie d'arbres plantés par les concernés). En 2007, 22 000 personnes, issues de 44 pays, ont été honorées de ce titre.
Outre cette cérémonie, la direction de Yad Vashem a jugé obligatoire la publication d'une encyclopédie complète présentant l'histoire de chaque Juste. Un volume distinct est dédié à chacun des pays. Porteuses d'un message universel, ces histoires sont celles d'individus qui se sont entièrement dédiés à leur prochain.

Jean Deffaugt, un Juste parmi les nations français, plante un arbre dans l’Allée des Justes à Yad Vashem, le 24 février 1968. 
PHOTO: YAD VASHEM , JPOST

"Des héros silencieux" car des Justes inconnus, anonymes, il y a en a plusieurs milliers, ne serait-ce qu'en France. Leurs rôles multiples, comme on l'a dit précédemment, floue leur trace. Les retrouver est une longue et laborieuse tâche que les rescapés de la Shoah se sont pourtant évertués et s'évertuent toujours à accomplir. Souvent, en vain. Et, mêlée à cette première barrière : l'impossibilité de les localiser (les rescapés se sont dispersés à travers le monde après la guerre) ou le fait que certains sauveurs aient décidé de garder l'anonymat. Car nombreux sont ceux qui considèrent ne pas mériter une telle gratification. Ceux qui représentent l'humanité d'un homme et l'essence de sa liberté à choisir le bien en face du mal se caractérisent aussi par leur grande modestie.

A l'exemple du Hongrois Imre Bathory qui expliquait que "lorsque je me tiendrai devant Dieu au Jour du Jugement dernier, on ne me posera pas la question faite à Caïn 'où étais-tu lorsque le sang de ton frère appelait à Dieu ?'." Lorsqu'il rencontre Martin Wiesel, qu'il hébergera ensuite avec quatre autres Juifs, il lui dit simplement "je crois que tu as besoin d'aide". Souvent revient aussi ce : "Ce que j'ai fait allait de soi. N'importe qui à ma place aurait fait la même chose." Si seulement c'était vrai... C'est pourquoi il est nécessaire de mettre en avant des histoires exemplaires, notamment au moment où la génération des témoins directs est en train de s'éteindre. Et ce, dans un moment où l'antisémitisme et le négationnisme semblent être revenus à l'ordre du jour...
N'oublions pas les Justes, ni nos valeurs humanistes, défendons-les jusqu'au bout - car autrement, de quoi s'agit-il ? - et veillons à répondre toujours, de tous temps, de façon exemplaire à la question biblique : "Suis-je le gardien de mon frère ?"

Les petites actions de la grande Histoire
Par HELENE JAFFIOL 
27.01.10

"Cette histoire ne me laissait pas en paix." Victor Gecel se souvient parfaitement de cette nuit de juillet 1944 : le saut dans l'obscurité, la marche dans les bois le ventre vide jusqu'à l'arrivée dans une ferme isolée. Il ne sait pas où il est. Il a marché deux heures un peu au hasard vers le sud. Seule compte la destination : la maison familiale de Roanne (près de Lyon).

Victor Gecel se recueille devant la tombe de sa bienfaitrice, Germaine Maillot. 
PHOTO: VICTOR GECEL , JPOST

Mais là, il n'en peut plus. Durant des jours, il a vécu entassé avec d'autres malheureux dans un wagon à bestiaux après avoir été forcé à monter à coups de crosse dans un convoi en Avignon. Direction Drancy, l'antichambre des camps de la mort.

Sa fuite, il l'avait mûrie depuis plusieurs jours. Le wagon est vétuste et grimper jusqu'au toit n'est pas une entreprise impossible pour ce jeune homme vif de 19 ans. Plusieurs autres hommes avaient déjà tenté leur chance. Certains sans succès. Si tu réfléchis trop, tu es perdu", se souvient Victor Gecel aujourd'hui âgé de 84 ans. "Alors j'ai sauté."

Une fois dehors, commence une marche de la survie à l'aveugle. Mais le sort est de son côté. Il trouve sur son chemin une ferme dans laquelle habite une femme seule. A la vue du fugitif, elle fait un signe de croix ponctué d'un "doux Jésus" effrayé. Le jeune homme s'explique : il n'est pas un voleur, il a juste fui le STO (Service de travail obligatoire).
La femme reprend ses esprits : "Vous avez plus de chance que mon mari. Il est prisonnier en Allemagne depuis 1940." Victor ne se souvient pas des traits de son visage : "Je n'avais d'yeux que pour la table de la cuisine. J'étais affamé." Il mange et aucun des deux n'échange un mot. Victor reste sur ses gardes. Et préfère dormir dehors à la belle étoile plutôt que de loger dans la chambre d'ami. Le lendemain matin, pourtant, il revient, et la femme le nourrit à nouveau. Personne n'est venu le chercher, elle ne l'a pas dénoncé. Alors le jeune homme se livre : il ne fuit pas le STO, il est juif et pourchassé. Il veut rejoindre Roanne et rentrer chez lui. La femme ne se démonte pas : "Je suis d'autant plus contente de vous avoir aidé". Elle se lève, va chercher des provisions et quelques sous pour qu'il prenne le train à la gare la plus proche, celle d'Arfeuilles (Bourbonnais, Auvergne).

Victor est désarmé par cette gentillesse désintéressée mais son périple n'est pas terminé, il doit filer. Il ne lui demande ni son nom, ni celui du hameau où se trouve la ferme. "Je l'ai toujours regretté. Après la guerre, j'ai tenté de refaire le chemin plusieurs fois mais je n'ai jamais retrouvé l'endroit." Comme si la ferme n'avait jamais existé.

Convocation fatale au STO

Ce souvenir, à lui seul, est presque aussi vivace que tous les autres. Son enfance à Lodz, ville polonaise reine du textile, ses premières confrontations à l'antisémitisme face à ces enfants qui tirent sur les barbes, puis son arrivée en France, à Roanne à 60 km de Vichy, à l'âge de 10 ans dans les années 1930 avec ses six frères et sœurs. Le jeune garçon ne parle pas un mot de français, baragouine le polonais et ne s'exprime qu'en yiddish.

Pourtant, il s'acclimate à la vitesse grand V et saute des classes. Il parvient au certificat d'études en trois ans au lieu des six années réglementaires. A 15 ans, Victor est marqué par l'image de la débâcle de l'armée française : "Un jour de 1940, mes parents nous ont consignés dans les chambres car les Allemands se trouvaient aux portes de Roanne. Mais moi, je voulais voir. J'ai couru vers le pont. Là j'ai aperçu deux soldats français abandonner leurs mitraillettes et prendre leurs jambes à leur cou." Puis s'en suivent les années d'occupation dans la "France de Vichy". Victor rejoint les troupes des Eclaireurs israélites de France, se fabrique lui-même de faux papiers et apprend le métier d'ébéniste dans le camp des EIF à Moissac. C'est l'appel au STO au printemps 1944 qui lui est fatal. Comme d'autres jeunes hommes de Roanne, il est convoqué à une visite médicale. Se pose alors un dilemme : donner sa vraie ou sa fausse carte d'identité ? "J'avais les deux dans ma poche. J'ai eu peur de me pendre une balle dans la tête sur le champ si je me hasardais à montrer la fausse et qu'ils le découvrent. C'était la roulette russe. J'ai donné mes vrais papiers."

Juif, naturalisé français et originaire de Pologne, la réaction est immédiate, Victor est amené dans une pièce à côté. Il réussit à s'échapper mais est rattrapé alors qu'il franchit la porte de chez lui. Fait prisonnier, Victor erre de longs mois entre la Kommandantur de Roanne, la Gestapo de Lyon et la prison des Baumettes à Marseille. Toujours le même traitement face à son mutisme : des coups de crosse sur le visage, dans l'aine et dans les jambes. "J'étais leur ballon de football." Le jeune homme de 19 ans perdra l'usage de son œil gauche. Victor reste très pudique sur cet épisode. Une blessure de guerre minime par rapport aux souffrances de beaucoup d'autres. A la veille du débarquement, il préfère encore encaisser les coups plutôt que de monter dans des trains dont la destination est inconnue. Pourtant, le trajet qui devait le mener à Drancy a été celui de la liberté retrouvée.

A la recherche de l'inconnue de la ferme

Après la nuit passée dans la ferme, Victor rejoint Roanne mais la pression de la Gestapo devient de plus en plus forte. Alors, il prend la direction des Pyrénées et de l'Espagne. Et survit aux derniers jours de la guerre, comme ses six frères et sœurs cachés dans des orphelinats et ses parents, Israël et Glika, qui habitent à 150 mètres de la Kommandantur de Roanne. Installé en Israël depuis 1970, Victor Gecel vit aujourd'hui dans un appartement coquet de Ramat Aviv avec sa femme Mila, Polonaise elle aussi, et miraculée de cette époque sombre.

Plus de 65 ans après, l'homme aux multiples vies reste hanté par l'épisode de la ferme. Les allers-retours sur les traces de cette fameuse nuit n'ont jamais rien donné. Alors, il entreprend de publier un appel à témoin dans la presse. Les grands journaux déclinent mais le quotidien local La Montagne prend l'affaire en main et sort un numéro spécial dans le département en question, l'Allier, le 30 août 2008. Le jour même, Anne-Marie Marchandeau décroche son téléphone. Elle reconnaît les traits de sa tante, Germaine Mallot, "seule femme de la région à avoir eu un mari prisonnier en 1944" et les lieux de la ferme inconnue dans le lieu-dit de "La Vernière", près de la petite bourgade de Saint-Christophe.

Hospitalité désintéressée ou entreprise risquée ?


C'est par regroupement que sa nièce a mis en lumière l'action de son aïeule. Néanmoins, Anne-Marie Marchandeau révèle une information qui pourrait faire pencher la balance en faveur de la requête de Victor : les parents de Germaine Mallot ont été fusillés pour avoir hébergé un jeune homme fuyant le STO. Et ce, peu de temps avant l'arrivée du fugitif de 19 ans. Dans ce cas, la dame savait exactement les risques qu'elle encourrait en hébergeant Victor Gecel.Tous les événements du puzzle sont réunis. Victor Gecel a aujourd'hui un autre objectif : donner à sa bienfaitrice, décédée en 1988, le titre posthume de "Juste parmi les nations". Mais l'entreprise auprès du mémorial de Yad Vashem s'annonce difficile. Le titre répond, en effet, à des critères précis : le bienfaiteur non juif doit s'être mis consciemment en danger durant un laps de temps conséquent. Par ailleurs, il faut dans la mesure du possible corroborer les faits avec plusieurs preuves et témoignages. Germaine Mallot a porté secours à Victor Gecel durant une seule nuit. La ferme était isolée et il faisait nuit noire. Les patrouilles allemandes ou les milices ne risquaient donc pas, sauf malchance, de repérer le fugitif dans la ferme. Par ailleurs, Germaine ne savait pas au début que Victor était juif, et elle n'a jamais évoqué cet épisode devant son entourage.

Le petit Polonais de Lodz entend bien mener ce nouveau combat jusqu'au bout. Quelle qu'en soit l'issue, la générosité désintéressée de cette femme reste exemplaire en ces temps où l'"on vendait pères et mères".

 
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27 janvier 2010 3 27 /01 /janvier /2010 06:55
Yerouchalmi avec le Figaro présente 

Le Grand Rabbin de France
 

L'Homme après Auschwitz...

 
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   La Guerre a bouleversé la carte de la planète, ses mœurs et mentalités. Son coût monstrueux pèse encore sur les destins du fait des dizaines de millions de morts, blessés, endeuillés, transplantés. 
Le Grand Rabbin de France propose sa vision de l'Homme, 65 ans après Auschwitz, se demandant si le monde actuel est vraiment plus civilisé que celui de l'avant-guerre (réflexion amorcée en son temps par Émile Touati). 
   Il en conclut que "
Seul le souvenir vigilant et actif permet de détruire à la racine les influences maléfiques d'Amalec. Le souvenir des horreurs du passé nous inspire dans le combat contre les horreurs d'aujourd'hui.  
À l'inverse, qui veut oublier le mal se condamne à le revivre".

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Auschwitz : le mal absolu commis par l'Homme
S'il veut mesurer la nouvelle condition humaine d'après Auschwitz, l'homme doit réaliser qu'il peut exister pire que l'esclavage ou le délire meurtrier. 
  • Des personnes tout à fait « normales », à visages et à intelligences humains, peuvent être amenées par esprit hiérarchique ou gestionnaire à agir plus sauvagement que la plus folle des bêtes fauves.
  • Il a été possible - c'est même devenu techniquement plus simple - de planifier et d'organiser méthodiquement l'assassinat de millions d'humains, sans aucun intérêt matériel, sans raison militaire ou économique, par haine pure et gratuite.
  • Au moins, à l'époque obscure de l'esclavage et des rançons, le cheptel humain avait-il une valeur d'échange. Dans la Shoah, des millions de Dreyfus, avec ou sans grade, ont été assassinés, sans procès ni protestation, comme on tue des microbes ou des moustiques… et incinérés comme des ordures. Faudrait-il les oublier ?
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Le mal reste présent au monde   
   On peut se demander si, 65 ans après, le monde actuel est meilleur, plus civilisé ou plus lucide que celui de l'avant-guerre. Du double programme de la moralité : combattre le mal et faire le bien, on n'a réalisé (imparfaitement) que la 1ère partie : le nazisme, expression du mal absolu, a été vaincu, mais non éradiqué et les grandes illusions de 45 ont été rapidement déçues. La création de l'ONU, du FMI, Bretton Woods faisaient espérer un nouvel ordre international, politique, économique et financier, dans une société plus juste, et sans chômage.  À cet égard, force est d'enregistrer un bilan de faillite : 
  • les conflits nationalistes, idéologiques, ethniques, partout, non résolus
  • le terrorisme, cancer de notre époque, constitue pour certains une «contre-société» potentielle où la mort est le seul refuge contre le mal
  • l'économie mondiale semble vouée aux déséquilibres, aux crises, aux spéculations sans frein et à l'élimination des plus faibles
Intelligence sans morale n'est que ruine de l'Homme
   Ce que nous retenons avant tout de la Guerre, c'est la Shoah dans sa singularité absolue. Sans rechercher ici les significations de la Shoah, nous nous contenterons d'en tirer des enseignements, en quelque sorte expérimentaux. L'un a été formulé il y a déjà 26 siècles par Jérémie (9) : « 
Que l'intelligent ne se glorifie pas de son intelligence, que le riche ne se glorifie pas de sa richesse, et que le courageux ne se glorifie pas de son courage », mise en garde qui vaut pour l'individu comme pour les sociétés. 
   Il s'est malheureusement avéré que sciences et cultures ne pouvaient nous prémunir contre la barbarie, malgré l'espoir que nous avions mis en elles.    
   Des civilisations non armées moralement, peuvent se conduire, même avec technologies les plus sophistiquées, de façon plus atroce encore que les primitifs féroces ou que les fanatiques aveugles. En l'espèce, notre ère d'ingénieurs, plus préoccupée par innover que par comprendre est une époque de transformation radicale, réfractaire à l'Histoire. 
.
L'Homme doit rester moralement sur ses gardes
   À cet égard, ce que l'humanité doit aussi comprendre d'Auschwitz, c'est qu'elle doit adopter une position de plus grande réserve face à la civilisation performante qui nous a déjà trahis hier. Une position d'Homme face au monde, faite de discernement et d'une adhésion mesurée aux réussites brillantes et autres leurres. Notre époque est aussi celle des statistiques et donc, de la réduction du divers au semblable, conduisant à la confusion. 
   La parole de Jérémie reste le cri de l'individu singulier en sa souffrance à nulle autre pareille, opposable à toutes les tentatives idéologiques de comparaison des souffrances, à ces comptabilités démentes qui voudraient que des victimes rachètent  ou soient en compétition avec d'autres victimes.
.
Garder la Mémoire de nos horreurs
   Dans la Bible et la tradition Rabbinique, Amalec, descendant d'Esaü, le mauvais frère, est le premier peuple qui combattit les Hébreux sortis d'Égypte, l'attaquant par derrière en s'en prenant aux plus faibles ; il ne craignit pas de perdre la vie pour chercher à l'anéantir ou au moins à montrer sa vulnérabilité. C'est l'ennemi par excellence, 
Deutéronome (25) : "Souviens-toi d'Amalec…Efface la mémoire d'Amalec de dessous les cieux. N'oublie pas". 
   Par ces formules étonnantes, en apparence contradictoires, la Bible nous alerte avec une leçon pour toutes les générations et toute l'humanité :
seul le souvenir vigilant et actif permet de détruire à la racine les influences maléfiques d'Amalec. Le souvenir des horreurs du passé nous inspire dans le combat contre les horreurs d'aujourd'hui. À l'inverse, qui veut oublier le mal se condamne à le revivre.
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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 19:41
Par Aschkel
Pour aschkel.info et lessakele


27 Janvier 2010

PLUS JAMAIS CA !


Tous les liens cliquables sont en rouges


Libération du camp de Dachau


CARTE DE LA LIBERATION DES CAMPS


Carte de la libération des camps




En attendant la sélection pour la mort ou le travail

Women and children on the ramp, immediately after their disembarkation from the train. On the right is one of the veteran inmates allocated to help the newcomers



Cliquez pour voir SUR DIAPORAMA pour voir les photos défiler DIAPORAMA ou voir l'ALBUM ALBUM
 
Les Photos aériennes du camp
Aerial Photographs of Auschwitz

 



 

Auschwitz-Birkenau (Pologne)
"L'usine de mort"

jewishgen


Le porche d'entrée de Birkenau (1945)

  • Localisation: Oswiecim, Pologne
  • Créé en: 26 mai1940
  • Libération: 27 janvier 1945, par l'Armée Russe.
  • Estimation du nombre de victimes: entre 2,1 et 2,5 millions de morts (Cette estimation est considérée par de nombreux historiens comme étant un chiffre minimum. Le nombre réel de morts est inconnu mais pourrait dépasser les 4 millions)
  • Camps annexes: 51 camps annexes et kommandos extérieurs (cf la liste des camps)

Le complexe concentrationnaire d'Auschwitz était constitué de trois camps: Auschwitz I camp principal; Auschwitz II, ou Birkenau, ouvert le 8 octobre 1941 en tant que camp d'extermination; Auschwitz III ou Monowitz, ouvert le 31 mai 1942 en tant que camp de travail; sans compter les camps annexes. Il y eu jusqu'à 7 chambres à gaz utilisant du Zyklon-B et trois ensembles de crématoires. Auschwitz II comprenait un camp pour les nouveaux arrivants ainsi que ceux devant être envoyés dans un kommando extérieur; un camp pour tziganes; un camp dit "camp familial"; un camp ne s'occupant que de la garde et du triage des biens confisqués aux détenus et un camp de femmes. Auschwitz III fournissait de la main d'oeuvre gratuite à un complexe industriel qui produisait du caoutchouc synthétique appartenant à IG Farben. Nombre maximum de détenus, camps annexes inclus: 155.000. Estimation du nombre de morts: entre 2,1 et 2,5 millions dans les chambres à gaz, dont près de 2 millions de juifs, ainsi que des polonais, tziganes et des prisonniers de guerre soviétiques. Près de 330.000 détenus moururent suite à la faim, les mauvais traitements, ect...

En avril 1940, Rudolph Höss, qui devint le premier commandant du camp, nota la ville de Oswiecim comme site possible pour la construction d'un camp. La fonction première de ce camp devait être d'intimider les polonais et de prévenir toute action de résistance. Le 27 avril, Himmler ordonna la construction du camp.

En mai 1940, les populations polonaises des villages environnant le camp furent expulsées et dans de nombreux cas massacrées. Une équipe de travail composée de détenus du camps de Sachsenhausen fut envoyée pour les travaux. Près de 300 membres de la communauté juive d' Oswiecim furent également arrêtés et utilisés comme travailleurs dans la construction du camp.

Le premier transport de prisonniers, composé quasi exclusivement de civils polonais, arriva en juin 1940. A la même époque, l'administration SS s'installa dans le camp. Le 1er mars 1941, la population du camp s'élevait déjà à 10.900 prisonniers. Déjà à cette époque, la réputation d'auschwitz en tant que centre d'exécution de masse était établie.

Himmler visita Auschwitz en mars 1941 et ordonna son agrandissement afin de pouvoir contenir 30.000 prisonniers. Himmler ordonna également la construction d'un second camp pour 100.000 prisonniers sur le site du village de Brzezinka (Birkenau), à environ 4 km du camp principal. Cet énorme camp était à l'origine prévu pour des prisonniers de guerre russes destinés à servir de main-d'oeuvre gratuite à la SS en Haute Silésie. Le géant de l'industrie chimique I.G. Farben exprima rapidement son intérêt pour cette main-d'oeuvre. Les travaux de construction commencèrent de manière intensive en octobre 1941 dans des conditions abominables, entraînant de ce fait une mortalité incroyable. Plus de 10.000 prisonniers de guerre russes moururent à cette époque.

La population du camp principal grossit de 18.000 en décembre 1942 à 30.000 prisonniers en mars 1943. En juillet ou en août 1941, Himmler expliqua à Höss en quoi consistait le "Solution Finale". Le 3 septembre 1941, des prisonniers soviétique du camp principal furent utilisés comme cobayes lors d'essai sur l'efficacité du Zyklon-B. Ce gaz empoisonné était produit par la société allemande "Degesch" (Deutsche Gesellschaft zur Schädlingsbekämpfung). Les gazages eurent lieu dans les cellules souterraines du Block 11. Après cet essai, une chambre à gaz fut construite à l'extérieur du camp principal en février 1942, tandis que 2 chambres à gaz temporaires furent ouvertes à Birkenau. Les crématoires furent construits par la société allemande "Topf & fils" établie à Erfurt.


L'usine de mort... (1945)

En mars 1942, un camp de femmes fut construit à Auschwitz pour 6.000 prisonnières. En août 1942, ce camp fut déplacé vers Birkenau. En janvier 1944, 27.000 femmes étaient incarcérées à Birkenau, dans la section B1a, dans des quartiers séparés.

En février 1943, une section pour les Tziganes fut construites à Birkenau (camp BIIe), et en septembre 1943 un terrain - le soit-disant 'Camp Familial' BIIb - fut réservé pour les juifs tchèques déportés de Theresienstadt. Les chambres à gaz et les crématoires furent ouverts en mars 1943.

En automne 1943, l'administration du camp fut réorganisée suite à une affaire de corruption. A la fin de 1943, la population totale du complexe Auschwitz (camp principal, Birkenau, Monowitz et autres camps annexes) comptait plus de 80.000 prisonniers: 18.437 dans le camp principal, 49.114 à Birkenau, et 13.288 à Monowitz où I.G. Farben possédait une usine de production de caoutchouc synthétique. Plus de 50.000 prisonniers furent répartis entre 51 camps annexes tels que Rajsko, un centre d'agriculture expérimental, et Gleiwitz, une mine de charbon. Les conditions de vie dans les camps annexes étaient souvent pires que celles qui existaient dans les camps principaux (cf la liste des camps).

Au milieu de 1944, Auschwitz fut désignée en tant que zone de sécurité SS en Haute Silésie. En août 1944 la population du camp atteignit 105.168. Le dernier recensement de prisonniers, datés du 18 janvier 1945, indiquait 64.000 prisonniers.

Durant son existence, la composition de la population du camp changea de manière significative. Au début, les prisonniers étaient exclusivement polonaise. D'avril 1940 à mars 1942, sur près de 27.000 prisonniers, 30% étaient polonais et 57% étaient juifs. De mars 1942 à mars 1943, sur près de 162.000 prisonniers, 60% étaient juifs.

Auschwitz devint rapidement une énorme source d'esclaves ainsi qu'un centre d'extermination. Sur les 2,5 millions de prisonniers déportés à Auschwitz, 405.000 reçurent le statut de prisonniers et furent immatriculés. Parmi ces derniers, près de 50% étaient des juifs et 50% étaient polonais ou autres nationalités. Sur ce nombre total de prisonniers immatriculés, seuls 65.000 d'entre eux survécurent.

Ceux qui étaient déportés à Auschwitz débarquaient dans une gare située près du camp principal et devaient marcher ou étaient transportés au camp pour l'enregistrement. Ils étaient alors tatoués, déshabillés, désinfectés puis rasés, douchés tandis que leurs vêtements étaient désinfectés au gaz Zyklon-B. Ils entraient enfin dans le camp par la grande porte portant la fameuse inscription 'Arbeit Macht Frei' ("Le travail rend libre")

Un système identique fonctionna un peu plus tard à Birkenau en 1942-43, à la différence près que les douches étaient en fait des chambres à gaz. A peine 10% des prisonniers juifs étaient enregistrés, tatoués, douchés et désinfectés au 'sauna central' avant d'être transférés dans les baraques. En mai 1944, une ligne de démarcation fut construite à l'intérieur du camp afin d'accélérer et de simplifier la procédure de triage des dizaines de milliers de juifs hongrois déportés au cours de l'été 1944.

L'histoire d'Auschwitz-Birkenau en tant que centre d'extermination est complexe. Depuis fin 1941 jusqu'à octobre 1942, la morgue du camp principal, déjà équipée de crématoires, fut transformée en chambre à gaz. Au printemps 1942, deux chambres à gaz provisoires furent construites dans des maisons paysannes. Elles étaient connues sous le nom de "bunkers".

Le premier "bunker", composé de deux salles hermétiques, fut opérationnel de janvier 1942 à la fin de la guerre. Le second, composé de quatre salles, devint superflu au printemps 1943, mais subsista et resta en activité jusqu'à l'automne 1944, quand les autres chambres à gaz utilisées pour l'extermination des juifs hongrois et des habitants des ghettos ne purent plus suivre. Les victimes gazées dans les deux bunkers étaient obligées de se déshabiller dans des baraques en bois situées tout près des chambres à gaz. Après gazages, les corps étaient évacués et brûlés à l'air libre. Entre janvier 1942 et mars 1943, 175.000 juifs y furent exterminés, dont 105.000 entre janvier et mars 1943.


Porte d'une des chambres à gaz d'Auschwite. Sur le panneau on peut lire l'avertissement "Danger de mort" (1945)

Jusqu'à cette époque, Auschwitz ne représentait "que" 11% des victimes de la "Solution Finale". Néanmoins, en août 1942, des plans furent établis pour la mise en place d'infrastructures permettant le gazage de masse. D'après ces plans il semble que les deux premières chambres à gaz furent établies suite à la transformation des morgues. Les morgues, équipées de crématoires, étaient à l'origine conçues pour gérer l'énorme taux de mortalité qui régnait parmi la main-d'oeuvre d'esclaves (près de 100.000). Il est clair cependant qu'à partir de l'automne 1942, les projets des SS visaient à la constructions d'infrastructures permettant l'extermination à une bien plus grande échelle encore.

Les deux paires de chambres à gaz étaient numérotées II et III ainsi que IV et V. La première s'ouvrit le 31 mars 1943, la dernière le 4 avril 1943. La surface totale de ces chambres à gaz s'élevait à 2.255 mètres carrés; leur capacité totale étant de 4.420 personnes.Ceux qui étaient sélectionnés pour le gazage devaient se déshabiller dans un vestiaire puis étaient poussés dans les chambres à gaz. La mort survenait après 15 à 20 minutes. Dans les chambres à gaz II et III, le gazage s'effectuait dans des salles souterraines, et les corps étaient transférés aux 5 fours par un ascenseur électrique. Avant la crémation, les dents en or étaient arrachées et tous les bijoux enlevés (alliances, bagues, etc...). Les chambres à gaz IV et V étaient quant à elles situées au même niveau que les crématoires, mais ceux-ci étaient tellement mal conçus et leur usage tellement intensif qu'ils étaient sujets à des pannes fréquentes et qu'ils furent finalement abandonnés. Les corps furent brûlés à l'air libre, comme en 1943. Les "sonderkommandos" juifs (équipes chargées de la crémation des corps) travaillaient aux crématoires sous la surveillance des SS.

A l'origine, ces infrastructures furent "sous-utilisées". D'avril 1943 à mars 1944, "à peine" 160.000 furent gazés à Birkenau, mais de mars 1944 à novembre 1944, alors que tous les autres camps d'extermination étaient abandonnés, Birkenau battit tous les records précédents en matière d'extermination de masse. La déportation des juifs hongrois et la liquidation de tous les ghettos juifs polonais, tel celui de Lodz, eut comme conséquence le gazage de 585.000 juifs. Cette période fit d' Auschwitz-Birkenau le plus grand et le plus célèbre camp d'extermination de tous les temps.

En octobre 1944, le "sonderkommando" du crématoire IV se révolta et détruisit plusieurs fours. En novembre Himmler ordonna l'arrêt des gazages, et une opération de "nettoyage" fut mise en place pour effacer touts les traces d'extermination. En janvier 1945, les nazis évacuèrent du camp 58.000 prisonniers encore capables de marcher. Ils laissèrent derrière eux dans le camp principal, Birkenau et à Monowitz près de 7.000 prisonniers malades ou invalides. Les nazis étaient persuadés qu'ils ne survivraient que très peu de temps.

Quand les troupes soviétiques libérèrent Auschwitz le 27 janvier 1945, ils trouvèrent ces survivants dans un état pitoyable. Ils découvrirent en même temps 836.525 vêtements féminins, 348.820 vêtement masculins, 43.525 paires de chaussures ainsi qu'un nombre incroyable de brosse à dent, miroirs et autres effets personnels. Ils découvrirent de même 460 prothèses et 7 tonnes de cheveux humains provenant des victimes gazées. Ces cheveux humains étaient achetés 50 pfennig/kilo par la société allemande "Alex Zink" (établie en Bavière) pour la réalisation de vêtements.


Ce qui reste des victimes: des montagnes de vêtements et de chaussures (1945)

De façon incroyable, il y eu de nombreux cas de résistance individuelle ou collective à l'intérieur même du camp. Des polonais, des communistes ainsi que de nombreux autres groupes nationaux établirent des réseaux d'aide et de résistance dans le camp. Quelques juifs parvinrent à s'évader de Birkenau, et de nombreux cas de révolte et d'attaque contre les gardes SS furent enregistrés, même aux portes des chambres à gaz. La révolte du "sonderkommando" en octobre 1944 est et restera un extraordinaire exemple de courage et de résistance à la barbarie.


Les enfants d'Auschitz à la libération du camp par les troupes soviétiques (1945)

LA LIBERATION DU CAMP

DOSSIER PHOTOS ET TEMOIGNAGNES


 
Cliquez sur le titre pour lire le texte correspondant

 
Chronologie [1944 - 1950]



27 janvier 1945 Libération du camp d'Auschwitz
30 avril 1945 Décès d'Adolf Hitler
7 mai 1945 Signature de la reddition sans conditions de l'Allemagne
5 juin 1945 Proclamation des Alliés sur l'Allemagne
20 novembre 1945 Ouverture du procès de Nuremberg
26 juin 1948 Début du pont aérien reliant l'Allemagne occidentale à Berlin-Ouest
23 mai 1949 Création de la République fédérale d'Allemagne
14 août 1949 [Résultats] Élections législatives
12 septembre 1949 Theodor Heuss : chef d'État (investiture/assermentation)
15 septembre 1949 Konrad Adenauer : chef du gouvernement (investiture/assermentation)
7 octobre 1949 Création de la République démocratique allemande 


 

L'armée de l'air d'Israël survole Auschwitz
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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 05:42
La Solution finale



27 Janvier 2010 Commémoration de la libération du camp d'Auschwitz

Auteur : Le Rav Ken Spiro
pour : lamed
Traducteur: Jacques Kohn
Adapté par Aschkel

Voir l'article 

20/01/1942 - La conférence de Wannsee, les nazis adoptent la "Solution Finale"


Au début de 1942, les Allemands tenaient sous leur botte 9 millions de Juifs (sur un total de 11 millions vivant en Europe et en Union Soviétique), avec l'intention, bien entendu, de les massacrer tous.
Les tueurs des
 Einsatzgruppen avaient éliminé à la mitrailleuse un million et demi de Juifs, comme nous l'avons vu au chapitre 60. Cela n'était cependant pas un moyen efficace de tuer tous ces millions de gens : il était trop désordonné, trop lent, et d'un coût trop élevé en munitions.
C'est pourquoi les Allemands ont entrepris une politique appelée la " Solution finale ", qui a été décidée au cours d'une conférence tenue à Wannsee, près de Berlin, le 20 janvier 1942 :


"Au lieu de l'émigration, il existe maintenant une autre solution possible à laquelle le Fuhrer a déjà donné son accord. Il s'agit de la déportation vers l'est. Bien que ce ne doive être considéré que comme une mesure provisoire, cela nous fournira l'expérience pratique qui sera spécialement valable lorsque sera entreprise la future solution finale. Au cours de la mise en œuvre pratique de la solution finale, l'Europe sera balayée d'ouest en est".

 

LES CAMPS DE LA MORT


La " Solution finale " - le gazage systématique de millions de Juifs - a été mise en place principalement par les chefs de la Gestapo, à savoir Adolf Eichmann et Reinhardt Heydrich.
Sur les 24 camps de concentration (outre les innombrables camps de travail), six " camps de la mort " à proprement parler ont été créés, à savoir :

 

Auschwitz - 2 millions de personnes massacrées
Chelmno - 360 000 personnes massacrées 
Treblinka - 840 000 personnes massacrées
Sobibor - 250 000 personnes massacrées
Maïdanek - 200 000 personnes massacrées
Belzec - 600 000 personnes massacrées.

Auschwitz est le plus célèbre de tous parce que c'est là que la machine à tuer a été la plus efficace. Entre 1941 et 1944, 12 000 Juifs y ont été gazés chaque jour. En plus des Juifs, des centaines de milliers d'autres individus, considérés comme des menaces envers le régime nazi ou tenus pour racialement inférieurs ou socialement déviants, ont été également mis à mort.

Comme si le meurtre de sang-froid de millions de Juifs n'était pas assez, on les a tués avec une cruauté perverse extrême.

Les victimes étaient entassées dans des wagons à bestiaux où elles ne pouvaient se tenir que debout, sans nourriture ni eau, ni chauffage en hiver, ni aménagements de toilettes. Beaucoup mouraient avant d'arriver à destination. Ceux qui y parvenaient avaient la tête rasée, leur chevelure servant à bourrer les matelas. Dépouillés de tous leurs vêtements, la plupart étaient conduits nus dans les chambres à gaz.
Des " expériences médicales " bizarres et sadiques ont été pratiquées sur de nombreuses victimes hors de toute anesthésie. C'est ainsi que l'on a cousu ensemble des gens pour en faire des frères siamois artificiels. D'autres ont été jetés dans de l'eau glacée pour vérifier les limites de l'endurance humaine.
Les Juifs étaient même humiliés après la mort. Les dents en or étaient arrachées des bouches des cadavres. Dans certains cas, on a fait du savon de leurs corps et des abat-jour de leurs peaux.
Certains de ceux qui paraissaient assez robustes étaient utilisés comme esclaves pour l'effort de guerre nazi. Avec des rations de famine, on les portait jusqu'à leurs extrêmes limites physiques, puis on les tuait ou on les envoyait dans les camps de la mort.

 

LES EFFORTS DE RÉSISTANCE


Toute tentative d'évasion ou de résistance entraînait des représailles brutales. Le 14 mars 1942, par exemple, un certain nombre de Juifs ont échappé, sur un chantier de travail, au détachement chargé de leur surveillance à Ilja (Ukraine) et ont rejoint les partisans. En punition, tous les Juifs vieux et malades ont été tués à coups de feu dans la rue, et 900 ont été conduits dans un bâtiment où on les a brûlés vifs.
Sam Halpern, un survivant du camp de travail de Kamionka a expliqué : " Je n'ai jamais envisagé de m'évader. Je ne voulais pas que d'autres soient mis à mort à cause de ma décision. "
Il y a eu néanmoins des soulèvements, et ce dans au moins cinq camps et vingt ghettos.
La tentative la plus célèbre a été la révolte du ghetto de Varsovie. Le 19 avril 1943, les Nazis ont commencé sa liquidation - en envoyant ses habitants à Auschwitz - mais ils ont rencontré une résistance armée.
Mordekhaï Anielewicz, qui dirigeait à 23 ans le soulèvement, a écrit dans sa dernière lettre, datée du 23 avril 1943 :

 


"Ce qui est arrivé a dépassé nos rêves les plus insensés. Deux fois les Allemands se sont enfuis de notre ghetto. Un de nos pelotons a tenu quarante minutes et l'autre six heures… Je n'ai pas de mots pour vous décrire les conditions de vie des Juifs. Seul un petit nombre survivra ; les autres périront tôt ou tard. Les dés en sont jetés. Dans les caves où se cachent nos camarades, on ne peut, faute d'aération, allumer aucune bougie… L'essentiel est que le rêve de ma vie est devenu vrai ; j'ai assez vécu pour voir la résistance juive dans le ghetto dans toute sa grandeur et toute sa gloire."


Mais à la fin, les Juifs ne pouvaient plus tenir face à l'artillerie, aux mitrailleuses et aux troupes allemandes. Les Allemands détenaient 1 358 fusils contre 17 chez les Juifs. Le résultat final a été la destruction de tout le ghetto, ceux qui se cachaient dans les caves étant brûlés vivants.

 

SANS PRÉCÉDENT


La tentative nazie visant à l'élimination délibérée et systématique de tout un peuple de la planète a été sans précédent dans l'histoire humaine.
Hitler s'en est pris aux Juifs pour une raison spécifique, qui n'était pas seulement raciale. L'élimination des Juifs avait un " statut " unique dans son plan directeur. S'il est vrai qu'il a fait massacrer des millions d'autres êtres humains, comme les Gitans, les homosexuels, etc., il a prévu des exceptions dans chacun de ces groupes. Le seul groupement humain pour lequel aucune exception n'a jamais été tolérée était les Juifs : Ils devaient mourir tous.
Voici ce qu'écrit Lucy Dawidowicz dans 
The War Against the Jews :

 


"La solution finale a transcendé les frontières de l'expérience historique moderne. Jamais avant dans l'histoire moderne un peuple n'avait fait du massacre d'un autre l'accomplissement d'une idéologie, où les moyens employés étaient identiques aux fins. L'histoire a enregistré, nous le savons tous, des massacres et des destructions terribles perpétrés par des peuples contre d'autres peuples. Mais tous, pour cruels et injustifiables qu'ils aient été, étaient destinés à des fins instrumentales, comme étant des moyens employés en vue d'un aboutissement, et non des aboutissements en eux-mêmes."


Autrement dit, l'élimination des Juifs n'était pas une fin en soi. Elle était un moyen en vue d'une fin. Ce qu'était cette fin, Hitler l'a expliqué lui-même dans ses écrits et ses discours.

Hitler avait compris qu'avant la naissance de la vision éthique juive, le monde fonctionnait comme une jungle.

Hitler était persuadé qu'avant le monothéisme et la naissance de la vision éthique juive, le monde fonctionnait selon les lois de la nature et de l'évolution : la survie du plus robuste. Le fort survivait et le faible périssait. Mais dans un monde opérant selon un système éthique dicté par une divinité, où ce sont des normes d'origine divine qui s'appliquent et non la loi du plus fort, les faibles n'ont pas à craindre les forts. Selon la vision de Hitler, les forts s'en trouvent émasculés, et cela par la faute des Juifs.
Son plan - dont il s'en est fallu de peu qu'il ne parvînt à exécution - a consisté à conquérir le monde et à y installer une race barbare supérieure. Mais pour y arriver, il fallait commencer par se débarrasser des Juifs. Comme il disait :


"Les Dix Commandements ont perdu leur validité… La conscience est une invention juive. Elle est une souillure comme la circoncision… La lutte pour la domination mondiale est menée entièrement entre nous, entre les Allemands et les Juifs."


(Hermann Rauschning, Hitler Speaks, p. 220 et 242.)

Toute sa machine de guerre a été orientée dans ce but. Tout à la fin, la destruction de son armée par les Alliés le dérangeait moins que de savoir que des Juifs étaient encore en vie.
Il a dérouté des trains dont il aurait eu le plus grand besoin pour transporter des renforts de troupes sur le front russe, où il était en train de perdre la guerre, uniquement pour continuer d'envoyer des Juifs à Auschwitz. Pour lui, le plus grand ennemi était le Juif.
La dernière chose qu'il a affirmée avant de se suicider dans son bunker le 30 avril 1945 a été une exhortation à continuer le combat contre l'ennemi de toute l'humanité - les Juifs. Voici ce qu'ordonnait sa dernière dépêche :


"Et surtout, j'enjoins aux dirigeants de la nation et à ceux placés sous leurs ordres d'appliquer intégralement les lois raciales et de s'opposer impitoyablement à l'empoisonneur universel de tous les peuples, la juiverie internationale."

 

LE CONTEXTE HISTORIQUE


Il est important de noter ici que l'antisémitisme qui a conduit les Nazis à commettre l'impensable n'est pas apparu spontanément. Ce n'était même pas la philosophie personnelle de Hitler.
Rappelons (voir chapitre 53) que c'est un grand penseur allemand du XIXème siècle, Wilhelm Marr, qui a employé pour la première fois le terme " antisémitisme ". Il voulait, en introduisant ce mot, distinguer la haine des Juifs comme membres d'une religion (" antijudaïsme ") de celle des Juifs comme membres d'une race/nation (" antisémitisme "). Il écrivit en 1879 un livre intitulé
 Victoire du judaïsme sur le germanisme qui a connu de grands succès et où il avertissait :

 


"Il n'y a pas moyen d'arrêter les Juifs. Existe-t-il quelque signe que leur crépuscule soit proche ? Non ! Le contrôle de la société et de la politique par la juiverie ainsi que sa domination sur la pensée religieuse et ecclésiastique n'en sont encore qu'au début de leur développement. Oui, grâce à la nation juive l'Allemagne va devenir une puissance mondiale, une nouvelle Palestine occidentale. Et cela n'arrivera pas par une révolution violente mais par la soumission des gens. Nous ne pouvons rien reprocher aux Juifs. Ils se sont battus contre le monde occidental pendant 1 800 ans et ont fini par le vaincre. Nous avons été vaincus. Les Juifs ont entrepris tardivement leur assaut sur l'Allemagne, mais une fois commencé rien ne les a arrêtés…"


"Je réunis les dernières forces qui me restent afin de mourir paisiblement comme quelqu'un qui ne capitulera pas et qui ne demandera pas pardon. Il est un fait historique patent qu'Israël est devenu la première superpuissance politique et sociale du XIXème siècle. Nous avons parmi nous une tribu étrangère malléable, tenace et intelligente qui sait comment et de beaucoup de manières différentes rendre palpables les réalités abstraites. Ce ne sont pas des Juifs individuels mais l'esprit et la conscience juifs qui ont terrassé le monde. Tout cela est la conséquence d'une histoire culturelle si unique et si grandiose en son genre, que les polémiques de chaque jour ne peuvent rien contre elle. Malgré la puissance de ses armées, l'orgueilleux Empire romain n'a pas accompli ce que le sémitisme a réalisé à l'ouest et particulièrement en Allemagne."


Gardons bien présent à l'esprit que lorsque Marr a écrit ces mots, l'Etat d'Israël n'existait pas, et rien ne laissait penser, au plan de la situation géopolitique de l'époque, qu'il pourrait naître un jour. Lorsque Marr parlait de la menace nationale juive, il faisait allusion à la grande lutte idéologique menée par la judaïsme contre le paganisme, telle qu'elle avait caractérisé toute l'histoire juive. Nous l'avons observée entre les Grecs et les Juifs (chapitre 27) et entre les Romains et les Juifs (chapitre 33).
Pour Hitler, elle était en train de continuer entre les Allemands et les Juifs.

 

UNE LUMIÈRE POUR LES NATIONS


L'idée que se faisait Hitler du rôle des Juifs dans le monde n'était pas fausse. Elle correspondait, en fait, à la vision juive traditionnelle. Quand les Juifs ont accepté la Tora au Mont Sinaï, ils sont devenus le peuple élu dont le rôle et la responsabilité sont d'introduire dans le monde un code de moralité d'origine divine. Ils devaient devenir, selon les termes employés par le prophète Isaïe, " une lumière pour les nations ".
C'est à cela que Hitler voulait mettre fin, considérant que les Juifs, aussi longtemps qu'il y en aurait, même en petit nombre, continueraient d'accomplir cette mission donnée par Dieu :

 


"S'il ne reste qu'un seul pays, pour quelque raison que ce soit, à tolérer une famille juive sur son sol, cette famille deviendra le point d'éclosion d'une nouvelle sédition. Si un seul petit garçon juif survit, même sans aucune éducation juive, sans aucune synagogue ni aucune école hébraïque, le judaïsme n'en habitera pas moins son âme. Même s'il n'y avait jamais eu de synagogue ou d'école juive ou d'Ancien Testament, l'esprit juif continuerait d'exister et d'exercer son influence. Il en a été ainsi depuis les origines, et il n'est pas un Juif, pas un seul, qui ne le personnifie pas."

(Hitler's Apocalypse, de Robert Wistrich, p. 122.)


Quand nous considérons cela selon cette perspective, nous recueillons une vision complètement différente de ce qu'a représenté la Shoah. Le judaïsme traditionnel considère qu'elle a fait partie de la lutte ultime entre le bien et le mal telle qu'elle se poursuit depuis le commencement des temps.

 

LA LIBÉRATION


En fin de compte, Hitler n'a pas réussi à mettre à exécution son plan d'élimination complète des Juifs. Il a cependant réussi à massacrer un tiers de la population juive mondiale et à enseigner au monde la signification du mal.
Quand les armées alliées (les Russes à l'est et les Américains et les Britanniques à l'ouest) ont libéré les camps vers la fin de la guerre, ils ont été accueillis par des scènes d'une indéfinissable horreur.
Les films tournés par les forces alliées lorsqu'elles sont entrées dans les camps étaient si horribles qu'ils n'ont pas été projetés publiquement de nombreuses années durant.

 

La libération n'a pas mis fin à la mort de Juifs.

Malgré les efforts des Alliés pour les sauver, beaucoup de victimes ont péri d'épuisement et de maladie après la libération. Dans le camp de Bergen-Belsen, 13 000 sont morts après l'arrivée de leurs libérateurs britanniques.
Certains survivants ont été tués par des partisans et des paysans non juifs après être sortis des camps. Certains ont essayé de récupérer leurs appartements, mais n'y ont rien trouvé ou se sont heurtés à de nouveaux occupants qui refusaient de quitter les lieux.
Le total des morts a dépassé tout ce qu'on pouvait imaginer.
En se basant intentionnellement sur les chiffres minimaux et probablement sous-estimés, Sir Martin Gilbert, dans son ouvrage The Holocaust, estime à au moins 5 950 000 le nombre de Juifs massacrés entre 1939 et 1945.
Ce chiffre représente à peu près la moitié de toute la population juive d'Europe.
Le judaïsme d'Europe de l'est a été presque entièrement effacé.
Mais si la Shoah a marqué le fin de la communauté juive d'Europe de l'Est, elle a été la cause - au moins indirectement - de la renaissance d'Erets Yisrael, sous la forme d'un Etat juif pour la première fois depuis 2 000 ans. Nous verrons dans notre prochain chapitre comment cet Etat est devenu de nos jours le grand refuge pour les Juifs.

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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 05:25

La ShoahTandis que l’Allemagne nazie entreprenait de se saisir systématiquement des Juifs et de les exécuter, le reste du monde fermait ses yeux et ses portes.


27 Janvier 2010 Commémoration de la libération du camp d'Auschwitz

Auteur : Le Rav Ken Spiro
pour : lamed
Traducteur: Jacques Kohn
Adapté par Aschkel

C’est un vaste sujet , l’un des plus douloureux de l’histoire du peuple juif. Il existe actuellement environ 1 200 livres imprimés qui examinent pourquoi c’est arrivé, comment c’est arrivé, avec tous les détails.

Voici quelques ouvrages classiques relatifs à la Shoah :

The Holocaust, par Martin Gilbert.
The War Against the Jews 1933–1945, par Lucy S. Dawidowicz.
La nuit, par Elie Wiesel, lauréat du Prix Nobel.
Le Journal d’Anne Frank.
Hitler’s Willing Executioners : Ordinary Germans and the Holocaust, par Daniel Jonah Goldhagen.
La destruction des Juifs d’Europe, par Raul Hilberg.
On peut également visiter :
Le Musée 
Yad Vashem à Jérusalem.
Le Musée de la 
Shoah à Washington.
Le Musée de la Tolérance à Los Angeles.


Sur Internet, on essayera : www.aish.com/holocaust/default.asp


Il n’est pas possible, dans le cadre de ce résumé d’histoire juive, de développer amplement ce terrible événement au cours duquel toute une nation, l’Allemagne nazie, a pris pour cible tout un peuple, les Juifs, dont elle a assassiné systématiquement et avec une froide cruauté six millions de ses membres. Le mot « génocide » est celui qui le décrit le mieux, et il n’existait pas auparavant.


La Shoah jette une question à la face de toute l’humanité : comment des peuples civilisés ont-ils pu en arriver là ?


Non seulement l’Allemagne nazie a essayé d’éliminer les Juifs de toute la terre, mais presque aucun autre pays dans le monde n’a levé le petit doigt pour l’en empêcher.
Il y a eu, bien sûr, des actes isolés d’héroïsme de la part de certains non-Juifs, mais l’histoire en apporte un témoignage muet : leur effort a été dérisoire. La plupart n’ont rien fait quand les Juifs mouraient.

 

La Shoah jette une question à la face de toute l’humanité : comment des peuples civilisés ont-ils pu en arriver là ?
Nous disposons d’un indice, où transparaît la réponse à cette question, provenant d’Adolf Hitler lui-même :
Oui, nous sommes des barbares ! Nous voulons être des barbares, c’est un titre qui nous honore… La Providence a décrété que je serai le plus grand libérateur de l’humanité. Je veux libérer l’homme des… répugnants et dégradants scrupules d’une vision erronée (une invention juive) connue sous les noms de « conscience » et de « moralité ».

(Voir les livres de Hermann Rauschning : 
Hitler Speaks et Voice of Destruction.)

 

 

ADOLF HITLER

 

Nous allons pour commencer explorer quelques-uns des grands mythes relatifs à Hitler.

Adolf Hitler, qui est né à Braunau (Autriche) en 1889, n’a eu dans son enfance et son adolescence que de bons rapports avec les Juifs, contrairement à une croyance populaire qui essaie de mettre ses actes au compte de quelque vendetta. Dans sa jeunesse, quand il s’essayait à des travaux d’artiste, beaucoup de ceux qui l’ont soutenu étaient des Juifs. Bien plus, il a fréquenté de nombreux Juifs, comme son médecin de famille ou l’officier commandant son unité pendant la première Guerre mondiale, qui lui a attribué la Croix de Fer.

Et pourtant, malgré ces expériences positives, Hitler ressentait une haine envers les Juifs profondément ancrée en lui-même. Selon les enseignements de l’histoire juive, le seul peuple à éprouver une telle aversion pathologique est celui d’Amaleq.
(Amaleq, a toujours été l’ennemi héréditaire du peuple juif à travers l’histoire. Son ambition majeure est de débarrasser le monde des Juifs et de leur influence morale et de ramener la planète à l’idolâtrie, au paganisme, et à la barbarie.)

La haine de Hitler envers les Juifs n’était pas illogique.
La haine de Hitler envers les Juifs, comme celle des Amalécites, n’était pas illogique. On peut même dire qu’elle était rationnelle, en ce qu’il avait un motif qu’il comprenait très bien, comme nous allons le voir.
Hitler n’était pas fou non plus. Il avait ses névroses, mais il n’était pas fou. Le fait est qu’il était un brillant manipulateur politique. Nous pouvons certainement dire beaucoup de choses horribles à son sujet, mais il a été l’un des plus grands orateurs publics de l’histoire humaine. Celui qui sait l’allemand comprendra que des foules de Germains blonds et aux yeux bleus aient pu applaudir avec un tel enthousiasme un homme dont l’apparition même contredisait tout ce qu’il prêchait. Il était là, avec des cheveux noirs et des yeux bruns, aussi éloigné que l’on pût être des modèles proposés par les Aryens, la race supérieure dont il voulait peupler la terre. Et pourtant ils lui ont été d’une totale loyauté et lui ont sacrifié leurs vies.
Hitler a été démocratiquement élu en 1932, et il est devenu l’année suivante Chancelier d’Allemagne. Dès son accession au pouvoir, il a créé le camp de Dachau, non pas comme camp de concentration pour les Juifs, ce qui viendra plus tard, mais comme un lieu d’internement pour ses adversaires politiques. Peu à peu, il s’empara du système démocratique très sophistiqué de la République allemande de Weimar et en a fait un Etat totalitaire.
Une fois sa dictature en place, Hitler s’engagea dans une politique consistant à arracher brutalement des parties entières de l’Europe.
L’Europe n’eut au début aucune réaction, et encore moins les Etats-Unis. Hitler annexa l’Autriche à l’Allemagne en 1938, par consentement mutuel. Puis il s’empara d’une grande partie de la Tchécoslovaquie, à savoir une région appelée les Sudètes, sans l’accord des Tchèques mais avec la bénédiction des puissances européennes, notamment l’Angleterre et la France. Le Premier ministre britannique en fonctions à cette époque, Neville Chamberlain, montra dans son discours le peu d’intérêt que son pays portait aux problèmes de l’Europe de l’est :

"Il est horrible, fantastique et incroyable qu’ici nous creusions des tranchées et essayions des masques à gaz, à cause d’une querelle dans un pays lointain entre des gens dont nous ne savons rien… Quelle que soit notre sympathie pour une petite nation opposée à un grand et puissant voisin, nous ne pouvons nous engager à entraîner dans la guerre, en toutes circonstances, l’Empire britannique tout entier pour le seul compte de cette nation."



Le 29 octobre 1938, l’Angleterre et la France conclurent à Munich un pacte avec Hitler, promettant de regarder ailleurs… Après quoi, Chamberlain, satisfait de voir l’Europe préservée de Hitler, déclara :
Je crois que notre époque sera celle de la paix… la paix dans l’honneur.
Une année après cette annonce infâme éclata la seconde Guerre mondiale, une guerre qui fit cinquante millions de morts, démontrant ainsi la naïveté criminelle du dirigeant d’un pays qui voulait croire que l’on peut gagner la paix en pactisant avec le mal.

 

 

L’OFFENSIVE CONTRE LES JUIFS

 

Trois ans avant de commencer de défiler à travers l’Europe, Hitler se préparait déjà à mettre au point son programme pour se débarrasser des Juifs.
Cela commença en 1935 avec les lois de Nuremberg. Ces lois ont totalement aboli tous les droits que les Juifs avaient obtenus dans l’Allemagne d’après les « Lumières ».
Longtemps avant les « Lumières », les Juifs étaient haïs parce qu’ils étaient différents et qu’ils refusaient de s’assimiler. Puis l’Allemagne, après les « Lumières », a été le pays où ils ont pu s’assimiler le plus facilement (voir chapitres 53 et 54). C’est dans ce même pays, maintenant, qu’on les haïssait parce qu’ils s’étaient trop bien mélangés. Hitler était hanté, comme dans un cauchemar, par la crainte de voir les Juifs et les Allemands se marier ensemble et corrompre le patrimoine génétique de la race des Maîtres.
D’où les lois suivantes, destinées à préserver « la pureté du sang allemand » :
– Interdiction des mariages entre Juifs et sujets de sang allemand ou d’ascendance allemande.
– Interdiction des relations extraconjugales entre Juifs et sujets de sang allemand ou d’ascendance allemande.
– Un citoyen du Reich doit être obligatoirement un Allemand de sang allemand, et il doit montrer par sa conduite qu’il est à la fois désireux et apte à servir dans la foi du peuple allemand et du Reich. Seul le citoyen du Reich est titulaire de droits politiques.
– Un Juif ne peut pas être un citoyen du Reich. Il ne possède pas le droit de vote. Il ne peut occuper de fonction publique.
– Il est interdit aux Juifs d’arborer le drapeau national du Reich ou de porter les couleurs nationales.
Systématiquement, les Juifs ont perdu leur citoyenneté, leurs droits politiques, leurs droits économiques.
C’est alors qu’a commencé la violence.

 

PORTES CLOSES

 

La première explosion majeure de violence nazie contre les Juifs a été la Kristallnacht – la « nuit du verre brisé ». Elle a eu lieu le 9 novembre 1938. Cette nuit-là, 191 synagogues ont été détruites et 91 Juifs ont été tués, beaucoup après avoir été frappés à mort.
Ensuite, 30 000 Juifs ont été arrêtés et condamnés à une amende d’un milliard de Marks (soit environ 400 millions de Dollars) pour le dommages qui avaient été causés par les Allemands.
Ç’ en était trop ! Beaucoup d’entre eux ont alors essayé de quitter l’Allemagne. Malheureusement, très peu d’endroits dans le monde les ont acceptés. Par exemple, quand on demanda au ministre des Affaires Etrangères du Canada combien de Juifs son pays allait accueillir, il répondit : « Aucun, et c’est encore trop ! »

Quand on demanda au ministre des Affaires Etrangères du Canada combien de Juifs son pays allait accueillir, il répondit : « Aucun, et c’est encore trop ! »

Le Etats-Unis, où régnait, comme nous l’avons vu au chapitre 59, un fort courant antisémite, n’en acceptèrent que 200 000.
Même quand il devint clair que les Allemands persécutaient les Juifs, le Département d’Etat américain imposa des conditions si strictes à leur admission dans ce pays que 75 % des contingents d’entrée auxquels ils auraient eu droit ne furent pas attribués. On ne peut que s’étonner que tant de Juifs qui auraient pu, en théorie, partir en Amérique, n’aient pas rempli ces conditions.
Tout comptes faits, ce sont environ 800 000 Juifs qui ont effectivement trouvé refuge dans divers pays du monde. Mais la majorité n’a pas pu sortir d’Allemagne.
(Pour plus de détails sur ce sujet, on pourra lire : 
While Six Million Died: A Chronicle of American Apathy, par Arthur D. Morse, un ouvrage contenant des accusations cinglantes.)

 

LA SECONDE GUERRE MONDIALE

 

 

La seconde Guerre mondiale commença le 1er septembre 1939, quand l’Allemagne envahit la Pologne.
Cette invasion déclencha l’entrée en guerre contre l’Allemagne de l’Angleterre et de la France. Le 22 juin 1940, la France signa un armistice avec l’Allemagne, laissant l’Angleterre continuer seule la lutte. Les Etats-Unis n’ouvrirent les hostilités qu’en 1941, après que le Japon eut bombardé Pearl Harbor.
A ce moment-là, presque toute l’Europe était sous le contrôle de Hitler. Les Allemands s’étaient montrés particulièrement habiles dans la conduite des opérations militaires. Ils avaient développé l’utilisation des blindés avec soutien aérien ce qu’ils appelaient le
blitzkrieg, c’est à dire la « guerre-éclair » et aucune armée n’avaient pu les arrêter.
D’abord les Russes, puis les Britanniques et les Américains, les ont finalement contenus, mais il leur a fallu de nombreuses années et le coût en vies humaines a été particulièrement élevé.
Au début du conflit, Hitler avait signé un pacte de non-agression avec Staline, mais en juin 1941, il le viola et envahit l’Union Soviétique. Ici aussi, les Allemands enregistrèrent au début de nombreux succès, et ce parce que Staline avait purgé son armée de tous ses généraux compétents : Il les avait tous fait tuer.

 

Les Einsatzgruppen, unités allemandes spéciales, ont commencé d’exécuter les Juifs.
Au début, les Allemands se sont enfoncés en Union Soviétique comme par une promenade. Et sur leur chemin se trouvaient de nombreux Juifs. Aussitôt, Hitler inaugura sa campagne en vue de les éliminer.
Les 
Einsatzgruppen, unités allemandes spéciales, ont commencé d’exécuter systématiquement les gens et environ un million et demi de Juifs ont été tués rien que par eux. Ils les rassemblaient, habituellement au sommet d’un profond ravin ou devant une fosse qu’ils étaient souvent forcés de creuser eux-mêmes, et ils étaient alors mitraillés. Ceux qui ne mouraient pas immédiatement de leurs blessures par balles étaient enterrés vivants.
C’est ce qui est arrivé dans la forêt de Babi Yar près de Kiev, en Ukraine. A cet endroit, selon les archives « officielles » allemandes, 33 782 hommes, femmes et enfants furent exécutés au-dessus d’un ravin en septembre 1941.
Mais le pire restait à venir.

A suivre ....
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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 12:15


1942 
Les nazis adoptent la solution finale



     
Des milliers de juifs sont ainsi réunis dans les pays conquis par l'allemagne et envoyés dans des camps.

La conférence de Wannsee près de Berlin réunit quinze hauts responsables nazis et des officiers SS sous la présidence de Reinhard Heydrich, chef des services secrets allemands. La réunion a pour objectif de débattre sur "la solution finale de la question juive". Il est décidé que les juifs d'Europe en état de travailler seront transférés dans des camps de travaux forcés. Pour ceux incapables de travailler, l'élimination pure et simple est décrétée. Certains camps seront bientôt essentiellement consacrés à cette extermination de masse : Belzec, Sobibor, Treblinka puis Auschwitz. Le génocide du peuple juif est clairement amorcé. Plus de 6 millions d'entre eux périront dans les camps de la mort.

   

    

Des femmes et enfants envoyés dans des camps de concentration

.lessignets.









National Archives
  Reinhard Heydrich, chef de la SD (Service de sécurité) et gouverneur nazi de la Bohème et de la Moravie. Lieu incertain, 1942.
Autres photographies
  LA CONFÉRENCE DE WANNSEE ET LA "SOLUTION FINALE"  

 

Le 20 janvier 1942, une réunion fut organisée par Reinhard Heydrich, l'adjoint d'Heinrich Himmler et le directeur de l'Office central de sécurité du Reich (Reichssicherheitshauptamt). Quinze hauts fonctionnaires du Parti nazi et de l'administration allemande se réunissaient dans une villa réquisitionnée par l'Office central de sécurité du Reich, dans la banlieue de Berlin, au bord du lac de Wannsee.

La signification véritable de cette réunion, connue sous le nom de Conférence de Wannsee, reste débattue par les historiens. S'agissait-il de coordonner et de discuter de la mise en œuvre de la "Solution finale" entre les grandes administrations allemandes, ou d' "officialiser" une décision qui avait été prise précédemment ? En effet, cette réunion n'était pas la première de ce type, une semblable l'avait précédée et une autre sera organisée quelques mois plus tard. La seule certitude, c'était que Reinhard Heydrich tint cette réunion pour mettre au courant les membres clé des rouages ministériels allemands, dont les ministres des Affaires étrangères et de la Justice. En effet, leur coopération était vitale pour la mise en oeuvre des mesures d'extermination.

 

 

La "Solution finale" était le nom de code nazi pour la destruction délibérée, programmée, des Juifs d'Europe. La Conférence de Wannsee détermina la façon dont la solution du "problème juif" selon Hitler, par des assassinats de masse, serait transmise aux ministères et fonctionnaires concernés.

Au moment de la Conférence de Wannsee, la plupart des participants avaient déjà conscience du fait que le régime national-socialiste s'était engagé dans les meurtres de masse des Juifs. Certains avaient eu connaissance des actions desEinsatzgruppen (unités mobiles d'intervention) : au moment de la conférence de Wannsee, au moins 50 000 Juifs avaient déjà été assassinés en Europe orinetale ou dans les Balkans.


Parmi les participants il n'y eut aucune opposition à la politique prévue. Heydrich annonça que la « Solution finale » s'appliquerait à tous les Juifs d'Europe, et précisa qu'elle concernerait environ 11 millions de Juifs. Les 
Lois de Nuremberg servant à déterminer qui était juif. « Sous bonne surveillance, les Juifs devraient être (…) transportés à l'Est », annonça Heydrich, « et affectés à un travail approprié… Les Juifs valides, séparés selon leur sexe, seront emmenés dans ces régions pour y travailler à la construction de routes, et la plupart d'entre eux seront éliminés naturellement. Il faudra traiter les survivants convenablement ». Les discussions portèrent seulement sur le sort des demi-Juifs et des conjoints d'aryens. Cette question ne fut d'ailleurs pas tranchée complètement.

 


Le compte rendu de la réunion fut rédigé en trente exemplaires. L'un d'entre eux sera retrouvé après la guerre au ministère des Affaires étrangères. La conférence de Wannsee reste le symbole du caractère bureaucratique de la Shoah.

Source memorial-wlc. et .wikipedia.









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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 06:18
Eglise, Shoah et Israël
Michel Grinberg
© Primo, 18-01-2010
 

En déclarant « vénérable » Pie XII, une étape sur la voie de la « sanctification » de l’un de ses prédécesseurs, Benoît XVI a incontestablement jeté une fois de plus le trouble sur l’attitude de l’Eglise.

Autant que l’attitude de Pie XII ou d’une partie de l’Eglise pendant la Shoah, il importe de s’attacher à quelques faits, qui courent depuis la fin de la Guerre jusqu’à nos jours, pour essayer de mieux comprendre le cheminement de l’Eglise.

C’est en ce sens, que M. Ytshak Minerbi, ancien ambassadeur d’Israël, enseignant des Universités et très bon connaisseur de l’Eglise nous a fait part de quelques remarques à méditer.

A - L’Eglise veut établir comme principe qu’elle a été victime et non collaboratrice. 

Cette idée, l’Eglise la proclame dès le 2 juin 1945, alors que la Guerre qui vient de prendre fin en Europe, - l’armistice est du 8 mai-, n’est même pas encore terminée en Asie où elle ne s’achèvera que le 2 septembre 1945.

Cette déclaration est faite devant les cardinaux à l’occasion de la San Eugenio, dont le pape Pacelli (Pie XII) porte le prénom. L’Eglise estime « qu’une déclaration de responsabilité équivaudrait à l’article 231 du Traité de Versailles ». (Or l’article 231 engageait la responsabilité morale de l’Allemagne dans le conflit de la Première Guerre mondiale. L’Allemagne n’avait eu de cesse par la suite de faire supprimer par les Alliés cet article).

Progressivement, l’Eglise développe cette idée qu’elle est victime et non collaboratrice et que donc son Chef, le Pape, est un saint et un martyr.

B - Parallèlement diverses tentatives existent pour dire que Pie XII ‘ne savait pas’.

a – L’Italie est au courant dès septembre-octobre 39 : Vincenzo Soro, alors 2ème secrétaire à l’Ambassade d’Italie à Varsovie racontera à M. S. Minerbi en 1960, avoir déjà vu, dès le début de la Guerre dans les environs de Varsovie plus d’une dizaine de juifs tués d’une balle dans la nuque (La Shoah par balles). 

Soro informe le ministère italien des Affaires Etrangères et reçoit de son supérieur Luigi Vidau la réponse suivante : « après accord de Ciano (1), sauvez les gens », juifs, patriotes ou autres malheureux.2

Or une note du Pape en date du 18 mai 1940 fait très certainement allusion à un entretien qu’il aurait eu avec Soro à son retour à Rome et à divers renseignements recueillis par L’Eglise en Europe de l’Est.

Au fur et à mesure que les gouvernements occidentaux seront informés – et se tairont-, l’Eglise elle aussi recevra autant sinon plus de rapports.

C - Mais il y a surtout depuis longtemps un processus constant de volonté de christianisation de la Shoah.

Il suffit de rappeler l’affaire du Carmel d’Auschwitz. 

Outre que ce dossier a tiré en longueur (mais l’Eglise a l’éternité devant elle …), les accords n’ont pas été totalement satisfaisants.

Quand on connaît le pouvoir hiérarchique du Pape sur ses croyants, on peut s’étonner des embûches rencontrées et des tergiversations dans un règlement qui serait intervenu beaucoup plus rapidement si Jean-Paul II avait voulu trancher au fond. Il n’aura fallu que 7 ans pour que le Pape envoie aux sœurs une lettre leur donnant l’ordre de déménager. 

D- Tentative de reconnaissance ou « trompe-l’œil » ? Visite de Jean Paul II à la synagogue de Rome.

Le 13 avril 1986, le Grand Rabbin de Rome et Grand Rabbin d’Italie, M. Elio Toaff, accueille le Pape Jean-Paul II à la synagogue de Rome. Mais celui-ci se garde bien de se situer sur le même plan. Dans son discours de visite à la synagogue Jean-Paul II se présente « en tant qu’évêque de Rome .. » et accessoirement seulement en qualité de Pape 3.

Il s’agit bien là d’une visite pastorale dans son diocèse comme tout évêque est tenu de rendre à ses ouailles, de quelque origine ou condition que ce soit, honnêtes gens, prisonniers ou malfaiteurs. 

Ce n’est donc pas là une rencontre entre les représentants du Judaïsme et du Catholicisme, comme beaucoup de têtes pensantes, politiques ou journalistes ont voulu le croire et le dire. 

Presque tout le monde n’y aura vu que du feu et aura souligné à satiété le caractère « historique » qu’aurait eu cette visite.

De plus, Jean-Paul II dira à cette occasion qu’il voit en les « Juifs [nos] frère aînés ».

Cette déclaration pourrait réjouir les Juifs si elle ne faisait probablement référence à la déclaration de St Paul dans sa Lettre aux Ephésiens. Et dans la tradition juive l’aîné n’a pas toujours bonne presse. Il est surtout symbolisé par Esaü (qui refuse l’héritage d’Israël) alors que c’est le cadet, Jacob, qui suit la trace de son père Isaac et représentera Israël avec ses vertus.4 De là à dire que l’Eglise est la continuation de Jacob…

La visite de Benoît XVI à la synagogue de Rome a eu lieu ce 17 janvier 2010. Il y a fort à parier qu’elle a été certainement et avant tout .. pastorale.

Il faudra étudier avec attention et rigueur les paroles qu’il prononcera, s’attacher encore plus au dit et non à .. l’image.

E - Jean-Paul II et le Pardon.

Le 12 mars 2000, se tient, à Rome, en présence du Pape une cérémonie de demande de pardon de l’Eglise envers une dizaine de catégories diverses. Ce document déplore l’attitude de l’Eglise notamment envers les Juifs, les hérétiques, les femmes ou les peuples indigènes. 

C’est la première fois dans l'histoire de l'Eglise que l'un de ses dirigeants proclame une demande de pardon d'une telle envergure... 
La partie de cette déclaration qui concerne les Juifs se décompose en :
- a : une demande de pardon pour le mal causé au peuple juif par les Chrétiens
- b : une déclaration vague et creuse à l’égard des victimes que sont les « fils d’Abraham » 
- c : In nomine Cristi …


10 jours après, le Pape est à Jérusalem et glisse dans le mur du Temple, un billet que tout le monde croit être la copie de la déclaration du 12 mars.
Ce billet dit : 
Dieu de nos pères, tu as choisi Abraham et ses descendants pour apporter ton Nom aux nations. Nous sommes profondément attristés par le comportement de ceux qui, au cours de l'histoire, ont fait souffrir tes enfants, et, implorant ton pardon, nous voudrions nous engager sur la voie d'une fraternité authentique avec le peuple de l'Alliance. Nous demandons cela par l'intermédiaire du Christ, notre Seigneur. Amen.


Surprise : de ce papier ont été éliminés le premier paragraphe visant expressément les Juifs ainsi que le 3ème, purement chrétien. Juifs et Chrétiens disparaissent au profit des … fils d’Abraham, ce qui permet d’inclure certes les Juifs mais aussi les Musulmans !

La mention claire et précise évoquant les juifs a disparu en ne laissant que la partie vague qui évoque les fils d’Abraham. 

Une fois de plus, l’aveuglement des médias, des dirigeants juifs ou israéliens est tel que personne ne relève cette différence.

M. Minerbi ayant fait remarquer cette omission dans le document, dont le texte a été diffusé officiellement, à un officiel catholique, celui-ci lui répond : « Si avec un subterfuge diplomatique dont seul vous, Minerbi, vous êtes rendu compte, on peut sauver la situation, alors pourquoi pas ? »

F - Benoit XVI en Terre sainte et son attitude à l’égard d’Israël.

Lors de sa visite dans l’Autorité palestinienne, alors que l’estrade avait symboliquement été dressée devant le mur de séparation (barrière de sécurité), le Pape déclare aux Palestiniens :
« 
Vous, les réfugiés palestiniens, êtes comme la Sainte famille.. ».


Or la Sainte famille s’est enfuie en Egypte; et pourquoi ? Parce qu’ Hérode voulait tuer les enfants. De là à faire un rapprochement entre le Gouvernement israélien et .. Ceci alors que, même aux pires moments de l’Intifada, l’Eglise n’a pas dénoncé l’horreur représentée par les jeunes enfants palestiniens « shahid », enfants que les dirigeants terroristes ont envoyés pour se faire exploser. Le silence du Vatican a été alors … assourdissant.

Mais Benoît XVI ne s’arrête pas là. « Vous avez le droit de retourner dans le pays de vos ancêtres » dit-il. 

C’est délibérément méconnaître que les Palestiniens d’aujourd’hui ne sont en aucun cas des descendants de Marie, Joseph… et des chrétiens d’origine. Les actuels Palestiniens proviennent de populations des provinces avoisinantes qui ont afflués à la fin du XIXème et au début du XXème siècle de ces régions proches pour prendre part au développement économique initiée par la colonisation juive.

Pour conclure, nous dirons que l’Eglise a été aux courants des horreurs de la Shoa, c’est indubitable.

Que le Pape Pie XII a agi ou non, la question reste en suspens. 

Alors ouverture des Archives ou non ? Il faudrait être naïf ou stupide pour penser que si des documents compromettants existent, ils n’ont pas été mis « à l’abri » depuis longtemps.

L’important aujourd’hui est malheureusement, non pas de préciser des points d’Histoire, mais de se préoccuper du processus constant de christianisation de la Shoa et de la participation de l’Eglise à la délégitimisation d’Israël en tant que peuple et en tant que nation. Voilà l’urgence !

Notes

1 Ministre italien des Affaires Étrangères

2 Avant de fermer l’ambassade italienne (qui n’a pas lieu d’être dans un pays ennemi),Vincenzo Soro aura le temps de délivrer de nombreux visas de transit vers l’Italie. Comme les Allemands lui faisaient comprendre qu’ils n’étaient pas dupes, il se mit à émettre, parallèlement et avec la complicité du consul honoraire de St Domingue, des visas pour cette destination. 

Et quand les Allemands lui demandèrent alors comment les réfugiés allaient payer leur passage, il se mit en cheville avec le bureau à Varsovie de l’armateur de Trieste ; des billets de passage furent alors émis à Varsovie, qui pouvaient être présentés aux Autorités allemandes mais qui en fait n’avait pas de valeur commerciale.

3 … « que questa sera si incontrassero in questo Tempio maggiore la comuníta ebraica que vive in questa città, fin del tempo dei romani antichi, e il Vescovo di Roma et Pastore universale .. »

4 Il en a été de même avec Caïn et Abel


Michel Grinberg
© Primo, 18-01-2010
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