Merci Frédéric
Meir Dagan et le Mossad : du héros au zéro
par Frédéric SROUSSI
pour © 2011 www.aschkel.info
Si une étrange bactérie tueuse a frappé l’Europe et l’Allemagne en particulier, un mal tout aussi dangereux mais bien plus mystérieux est en train de s’attaquer au cerveau de différents anciens hauts responsables des services secrets israéliens.
L’affaire est connue mais revenons-y. Meir Dagan, dont j’ai souvent loué avec ardeur les mérites lors de ses huit années passées à la tête du Mossad, est en train de perdre totalement la boule. L’ancien super-guerrier de l’ombre s’est transmué en un pacifiste bêlant appelant Israël à ne pas lancer de frappes militaires contre l’Iran qui poursuit pourtant avec une énergie débridée sa course pour l’obtention de l’arme nucléaire.
Pis, devenue une vraie pipelette en répandant sa logorrhée défaitiste à chaque apparition publique, l’ancien maître espion met ouvertement en doute les capacités d’Israël à faire la guerre sur plusieurs fronts. Selon ses dires, des frappes militaires contre l’Iran verraient le Hezbollah et la Syrie entrer dans la bagarre. Oui, on se doute qu’Israël devra combattre alors plusieurs armées et forces terroristes dans un cas pareil (bizarrement Dagan ne prend même pas en compte l’affaiblissement du régime syrien qui fait face à une véritable révolution dont il se pourrait bien qu’elle devienne une grave épine dans le pied des pires ennemis d' Israël mais rien n' est encore joué.Wait and see...).
Comment Dagan ose t-il balancer ses craintes sur la place publique en mettant en question les capacités opérationnelles de Tsahal qui se prépare pourtant à ce scénario du pire depuis des années ?! Dagan veut-il anéantir la dissuasion de l’État hébreu et donc provoquer la guerre en décrivant un Israël incapable d’assumer un conflit sur plusieurs fronts (ce que l' État juif a pourtant réussi à faire en 1948, 1967 et 1973) ? Ce genre de discours est un encouragement offert aux ennemis d’Israël à attaquer en premier ! Chapeau M. Dagan !
Je sais que parfois la ruse militaire consiste à montrer un semblant de faiblesse pour mieux tromper notre ennemi sur nos réelles forces et intentions, cependant je ne crois pas que cette «stratégie» soit particulièrement efficace dans le cas d’Israël qui ne peut attendre les bras croisés que Messieurs les arabo-musulmans tirent les premiers. L’État hébreu manque trop cruellement de profondeur stratégique pour permettre à l’ennemi de lancer la première attaque.
Être dans la position du «counter-fighter» n’est donc pas la situation la plus aisée pour l’État juif et puis comme le disait Napoléon, «En résumé, je pense comme Frédéric (le Grand), on devrait toujours être le premier à attaquer ».
Mais, l’ancien patron du Mossad va encore plus loin dans son délire puisqu'il regrette qu’Israël n’ait pas accepté le Plan de paix…saoudien ! Celui d’Obama n’étant pas assez suicidaire à son goût, l’ex-mémouneh veut que l’État juif mette sa destinée entre les mains des émirs fanatiques et corrompus de DJeddah !
Pendant ce temps, Meir Dagan (aujourd' hui Président de la firme Gulliver Energy Ltd, une entreprise d’exploration de gaz et de pétrole) trouvait des soutiens auprès d’autres anciens des services de renseignements d’Israël tel que Danny Yatom (dit le «Kaiser »), ex-chef du Mossad (qui dut démissionner après le fiasco de l’affaire Khaled Meshal) reconverti dans le business de la sécurité privée (il est Président de GSG Ltd) et ancien député du Parti travailliste. L’oligarchie israélienne (voir mon article du 28/11/10 paru sur www. aschkel.info et sur mon blog analyses–Israël ‘‘Qui se cache vraiment dernière la «cinquième colonne » qui menace Israël ?) composée de politiciens, d’affairistes, de journalistes et d’anciens généraux et autres membres des services de sécurité, fait donc le jeu des ennemis d’Israël en mettant le destin de l’État hébreu entre les mains d’ennemis corrupteurs qui aideront ces oligarques «cananéens» à faire prospérer leurs petites et lucratives entreprises. Surtout, pas de vagues, business is business.
Une action militaire décisive, même si elle est malheureusement nécessaire comme cela est le cas face à un ennemi fanatique comme l’Iran, est une cause de grands soucis pour la fortune et/ou la fonction sociale des membres de l’oligarchie (Ils devraient pourtant plutôt s’inquiéter de la sécurité et de l’indépendance de l’État juif !).
Comme l’a écrit le philosophe Alexandre Koyré au sujet des oligarques trahissant leur pays: «Non seulement une guerre perdue, mais même une guerre gagnée, malgré le prestige accru que l’issue favorable du conflit donne, normalement, au régime social et politique du pays victorieux, produit, dans la structure économique et sociale du pays qui en subit le poids, des transformations tellement profondes qu’elles équivalent, parfois, à une véritable révolution» . Et les révolutions, quelles qu’elles soient, sont rarement bonnes pour les affaires…
Je finirai cet article en citant les propos de Reza Kahlili (c’est un pseudonyme), ancien agent de la CIA infiltré parmi les terribles Gardiens de la Révolution Islamique d’Iran :
« Pendant des années j’ai travaillé très dur pour faire prendre conscience aux leaders mondiaux que le régime iranien est déterminé à obtenir l’arme nucléaire. C’est un régime messianique qui croit réellement que son devoir vis-à-vis d’Allah est de détruire Israel et l’Amérique » (Reza Kahlili, FoxNews.com; le 31 mai 2011).
Les chefs des services de renseignements israéliens sont-ils donc les seuls aujourd’hui à ne pas le savoir ? Si c’est le cas, alors, changeons les chefs !
Aujourd’hui, nous pouvons même dire qu’il plane un doute quant aux actions menées par Meir Dagan pendant ses années passées à la tête du Mossad. Les différents gouvernements savaient-ils que les opinions du patron du Mossad étaient quasiment d’extrême gauche ?
Un audit du service secret hébreu devrait au plus vite être réalisé par une commission d’enquête parlementaire pour savoir ce que Meir Dagan, le laudateur du Plan de «paix» Saoudien, a vraiment produit comme travail à la tête du Mossad...